ZNIEFF 930012404
MARAIS DE FIGUEROLLE ET MARAIS DES BAUX

(n° régional : 13104100)

Commentaires généraux

Description de la zone

A l’ouest se rencontrent des zones aujourd’hui drainées limitées au sud par les falaises de l’Ilon. Au centre et à l’est de la ZNIEFF se développe un marais constitué dans sa portion occidentale par une importante roselière qui s’étend au pied du massif des Alpilles suivant le même axe est ouest.

Au sud ces marais sont limités par la plaine caillouteuse de la Crau. La partie orientale de la zone palustre est alimentée par des résurgences d’eau souterraine. Cette zone représente le témoin d’un vaste complexe hydrologique qui occupait autrefois toute la dépression de la vallée des Baux entre Mouriès et les collines de Sousteyran. Le complexe est constitué des biotopes suivants :
- les sources et leurs émissaires ;
- le marais ;
- les Laurons.

Les sources se situent sur la bordure sud du complexe, le long des reliefs calcaires. Elles sont toutes du type rhéocrène.

Les laurons, définis par Molnier et Tallon comme des « puits naturels » ouverts dans la carapace des poudingues, se présentent comme des résurgences à écoulement lent situées en plein dans le marais. Les puits sont creusés dans le sédiment argilo limoneux et ont la forme d’un entonnoir.

La dynamique de l’eau conditionne la physiographie des laurons :
- les laurons à débit important ont l’aspect d’un cratère rempli d’une eau limpide : le fond est constitué d’un sable blanc qui provient de l’érosion interne du système karstique ; la végétation est absente ;
- les laurons à débit faible sont envahis par une végétation aquatique importante ; l’eau est moins claire, légèrement turbide ; les rhizomes des plantes aquatiques provoquent le colmatage du griffon par piégeage des éléments fins. Les laurons non colmatés ont une profondeur moyenne de 4 mètres. Leur température est constante dans le cycle annuel entre 16 et 17 degrés.

La présence et la contiguïté des biotopes lotiques et des biotopes palustres déterminent une variété et une richesse exceptionnelles des peuplements.

Flore et habitats naturels

En bordure du marais se développe la formation à Molinie, où l’Ophioglosse vulgaire est présente, ainsi qu’une pelouse à Agrostis stolonifera qui passe insensiblement à une cariçaie à Carex elata où poussent l’Epiaire des marais et l’Orchis des marais. La Gratiole y est parfois abondante, notamment au nord du bois de la Taulière. Dans la moliniaie, les laurons sont occupés par des formations flottantes à Nénuphar blanc. Les sources sont situées dans le groupement hydromorphe à Scirpus holoschoenus, Salicaire. Le centre du marais est occupé par une cladiaie longuement submergée. On peut y observer la Sagittaire au nord de l’Esclade. Pour mémoire, il convient de rappeller que l’Aldrovandie a été observée au siècle passé vers Barbegal ainsi que vers Santa Fé.

Faune

Ce site accueille plus de 50 espèces d’intérêt patrimonial, dont 22 sont déterminantes.

Chez les vertébrés, les Marais des Baux abritent plusieurs espèces animales de grand intérêt patrimonial.

Les oiseaux sont représentés par de très nombreuses espèces nicheuses : le Butor étoilé (Botaurus stellaris), le Rollier d’Europe (Coracias garrulus), le Blongios nain (Ixobrichus minutus), la Lusciniole à moustache (Acrocephalus melanopogon), l’Oie cendrée (Anser anser), la Talève sultane (Porphyrio porphyrio), l’Alouette lulu (Lullula arborea), le Bruant des Roseaux (Emberiza scheniclus sous espèce witherby), le Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax), le Bruant proyer (Milaria calandra), le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), la Chevêche d’Athéna (Athene noctua), le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), le Grêbe huppé (Podiceps cristatus), le Guêpier d’Europe (Merops apiaster), la Huppe fasciée (Upupa epops), le Martin pêcheur (Alcedo atthis), l’Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus), le Pic épeichette (Dendrocopos minor), la Rousserole turdoïde (Acrocephalus arundinaceus), le Grand-Duc d’Europe (Bubo bubo), le Héron pourpré (Ardea purpurea), l’Echasse blanche (Himantopus himantopus) et la Caille des blés (Coturnix coturnix) se reproduisent  dans ce secteur. Le site a également abrité le seul cas de reproduction (2004) de l’Aigle botté en PACA (Hieraaetus pennatus).

Les mammifères sont représentés par les Chiroptères, avec le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii), espèce bien représentée en PACA, mais dont la population régionale est répartie sur très peu de sites et ayant subi un déclin important suite à une épidémie, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce localisée et peu fréquente, espèces déterminantes, et le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis) d’affinité méditerranéenne dont très peu de colonies sont connues en PACA, la Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii), et le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèces remarquables. On note également la présence de la Loutre d’Europe (Lutra lutra) confirmée en 2013 à partir d’indices de présence et du Castor (Castor fiber).

Les amphibiens sont représentés par deux espèces déterminantes, le Pélobate cultripède (Pelobates cultripes) et la Grenouille de Pérez (Pelophylax perezi), et les reptiles par le Lézard ocellé (Timon lepidus), le Psammodrome d’Edwards (Psammodromus edwarsianus), le Seps strié (Chalcides striatus), la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris) et la Cistude d’Europe (Emys orbicularis).

Enfin, à noter également la présence de l’Anguille d’Europe (Anguilla anguilla).

Concernant l’entomofaune, on note la présence de cinq espèces remarquables et six déterminantes, toutes liées aux milieux humides ou aquatiques. Au niveau des ceintures marécageuses et prairies humides, citons chez les araignées la Dolomède des marais (Dolomedes plantarius), espèce déterminante, très rare et en régression, dont la taille imposante lui permet de chasser des invertébrés et des poissons dans les marais chauds et ensoleillés, chez les orthoptères le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis), espèce déterminante strictement hygrophile, rare et localisée, ainsi que plusieurs espèces remarquables telles que la Decticelle des ruisseaux (Roeseliana azami), sauterelle hygrophile endémique du sud-est de la France, le Criquet tricolore (Paracinema tricolor), espèce méditerranéenne hygrophile et la Diane (Zerynthia polyxena), lépidoptère méditerranéo asiatique des prairies humides et bordures alluviales où croît sa plante hôte locale, l’Aristoloche à feuilles rondes (Aristolochia rotunda).

Le canal de la Vallée des Baux est quant à lui caractérisé par la présence d’une population de Gomphe de Graslin (Gomphus graslini), espèce déterminante d’odonate, endémique franco-ibérique et en limite d’aire, protégée et rare au niveau régional et d’Agrion bleuissant (Coenagrion caerulescens), espèce méditerranéenne déterminante liée aux eaux courantes claires et ensoleillées, globalement rare, localisée et menacée en France. Elles sont accompagnées par un autre odonate protégé, la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), espèce ouest méditerranéenne remarquable inféodée aux eaux courantes lentes ou certains étangs bordés d’une ripisylve.

Citons enfin la présence du Sympétrum déprimé (Sympetrum depressiusculum), espèce déterminante de libellule, rare et en régression, dont la larve aquatique est inféodée aux pièces d’eau temporaires ou à niveau fluctuant.

Commentaires sur la délimitation

Zone humide située entre les Alpilles et la Crau qui s’étirent de l’ancien marais de Figuerolle à l’est jusqu’à la Vallée des Baux et les Quatres Platanes à l’ouest.