ZNIEFF 930012410
MARAIS DE MEYRANNE ET DES CHANOINES

(n° régional : 13100151)

Commentaires généraux

Commentaire général
Les Marais de Meyranne et des Chanoines sont constitués d’un complexe de zones humides associant des prairies fauchées, des secteurs connaissant des remontées salines (à l’ouest), et de vastes marais. L’alimentation des marais grâce à l’eau qui jaillit des laurons, eau qui est d’une température constante toute l’année autour de 16°C, permet à une flore froide et tout à fait inattendue de se développer ici dans un ensemble parfois tourbeux. Ce site est en cela complémentaire du marais de l’Audience plus au sud.

Flore et habitats naturels
Il existe un contraste très prononcé entre les deux parties de la Crau. En Crau sèche pousse une végétation steppique des Thero Brachypodietalia, marquée par la quasi absence d’arbres. En Crau humide ou « coustière », on trouve toutes les strates de végétation, de la strate muscinale à la strate arborée. La transition entre ces deux milieux se schématise ainsi : Pelouse à Brachypode (Brachypodietum ramosi)à Steppe de Crau (Asphodeletum fistulosi)à Chênaie verte (Quercetum ilicis)à Forêt riveraine de peupliers (Populetum albae) à Friche à Brachypode de Phénicie (Brachypodietum phoenicoidis) à Marais inondable à Molinie ou à Marisque (Molinio Holoschoenion : Molinietum mediterraneum, Gentiano Cladietum) à Cariçaie inondée à Carex élevé (Caricetum elatae) à Roselière (Phragmitetum) entrecoupée de laurons à Nénuphars blancs (Myriophyllo Nupharetum).
Au sein de chaque ceinture de végétation au niveau des laurons, on rencontre parfois des formations herbacées très rases et d’étendue restreinte nommées tonsures par Molinier. Dans le Molinio Holoschoenion ce sont des associations de l’alliance médioeuropéenne du Nanocyperion qui occupent ces laurons.
Dans les laurons ouverts, on peut relever des communautés à Utricularia (U. vulgaris et U. minor) et des groupements à Nuphar et Nymphea, à Potamogeton pectinatus (op. cit.).
Ces divers groupements du Nymphaeion albae sont très épanouis dans certains canaux et roubines : Myriophyllo Nupharetum, groupements à Potamogeton natans, groupements à Polygonum amphibium, Potamogetono Vallisnerietum spiralis. On peut y trouver Hydrocharis morsus ranae, Nymphoides peltata, Vallisneria spiralis lorsque les roubines ne sont pas complètement envahies par les Jussies (Ludwigia peploides, L. grandiflora) qui sont des espèces exotiques envahissantes.
Molinier et Tallon ont décrit dans les stations émergées l’été et immergées de l’automne au printemps le Molinietum mediterraneum potentilletosum, race géographique formée par le Molinietum en dehors de son aire normale médio européenne. Ce groupement mêle des espèces eurosibériennes et méditerranéennes. Il est caractérisé par Silaum silaus, Genista tinctoria, Serratula tinctoria, Sanguisorba officinalis, Ophioglossum vulgatum, Epipactis palustris et Potentilla erecta. Le caractère extra méditerranéen de ce groupement tient aussi à sa phénologie : hormis les carex et orchidées qui fleurissent au printemps, la floraison est estivale.
Le marisque (Cladium mariscus) apparaît dès le faciès le plus humide de la moliniaie. A mesure que l’on avance des marais vers la zone toujours en eau, il devient de plus en plus abondant pour former des peuplements presque purs avec une densité de végétation extraordinaire. Il autorise, dans ses peuplements de faible densité, la présence de Lathyrus palustris, Pedicularis palustris, Senecio paludosus, Thalictrum flavum, Thelypteris palustris. Ces espèces disparaissent progressivement lorsque la densité de marisque augmente.
Le Populetum albae se développe dans les stations temporairement immergées entre l’automne et le début de l’été, en bordure des marais et des prairies largement irriguées de Crau.
On distingue à l’ouest le Marais de Meyranne, géré en partie à des fins cynégétiques et à l’est le Marais des Chanoines, le plus intéressant des deux au regard du patrimoine naturel.
C’est dans la tourbière de l’extrémité nord est que Tallon découvrit par hasard le Liparis loeselii en 1953, retrouvé ensuite en 1964 par Quézel (une centaine d’individus). Cette orchidée rarissime (unique station de France méditerranéenne) se trouvait dans le Gentiano Cladietum marisci avec Gentiana pneumonanthe, Lathyrus palustris, Senecio paludosus, Thelypteris palustris, Pedicularis palustris, Thalictrum lucidum, Thalictrum flavum et d’autres espèces comme Orchis laxiflora subsp. palustris, Anagallis tenella, Hydrocotyle vulgaris. Ce cortège existe toujours au même endroit, sur une parcelle de 1 ha confinée entre une voie rapide au sud ouest, une voie ferrée au nord et une route à l’est. Mais le Liparis loeselii n’y a pas été revu depuis plus de 20 ans.
Le pourtour des marais de Raphèle est cultivé en foin de Crau, importante ressource locale.

Faune

Les marais de Meyranne et des Chanoines constituent une zone humide très intéressante pour la faune aquatique et palustre. On y compte 13 espèces déterminantes et 10 remarquables.
On y trouve par exemple le Butor étoilé (Botaurus stellaris), la Cigogne blanche (Ciconia ciconia), la Grande aigrette (Ardea alba), le Héron pourpré (Ardea purpurea), le Blongios nain (Ixobrychus minutus), les Busard cendré et des roseaux (Circus pygargus et C. aeruginosus), l’Echasse blanche (Himantopus himantopus), l’Ibis falcinelle (Plegadis falcinellus), le Vanneau huppé (Vanellus vanellus), la Talève sultane (Porphyrio porphyrio), la Sterne hansel (Gelochelidon nilotica), la Sterne pierregarin (Sterna hirundo), la Mouette mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus), la Nette rousse (Netta rufina), le Martin pêcheur (Alcedo atthis), le Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), la Lusciniole à moustaches (Acrocephalus melanopogon), l’Outarde canepetière (Tetrax tetrax).
Les reptiles sont représentés par trois espèces remarquables, la Cistude d'Europe (Emys orbicularis), espèce remarquable ayant une répartition lacunaire en Europe, inféodée aux zones humides et localisée en PACA, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés et la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux.
Concernant les insectes, citons la présence du Sympétrum déprimé (Sympetrum depressiusculum), espèce déterminante de libellule, rare et en régression, dont la larve aquatique est inféodée aux pièces d’eau temporaires ou à niveau fluctuant.

Commentaires sur la délimitation

·la répartition des populations d’espèces de faune et de flore

·le degré d’artificialisation : les infrastructures routières, les décharges sauvages, l’hippodrome (Raphèle)sont évités

·les formations végétales palustres (roselières au sens très large, peupleraies, prairies humides) ont toutes été circonscrites.