ZNIEFF 930012415
CAMARGUE FLUVIO-LACUSTRE ET LAGUNO-MARINE

(n° régional : 13136100)

Commentaires généraux

Commentaire général
Il est difficile, voire impossible, de prétendre résumer en quelques mots la Camargue, cette vaste plaine alluviale, au débouché du sillon rhodanien, parsemée d'une myriade d'étangs et de lagunes qui contrastent avec les reliefs qui la dominent dans le lointain (Alpilles et collines cévenoles). Le delta du Rhône, delta d'une grande superficie est un vaste triangle limité à l'est par la plaine de la Crau (ancien cône de déjection de la Durance torrentielle) et à l'ouest par la Costière du Gard construite par les torrents cévenols. Le Parc Naturel Régional de Camargue couvre toute la partie deltaïque comprise entre le Grand Rhône et la limite départementale à l'ouest. Au niveau d'Arles, le Rhône se divise en deux bouches : le Grand Rhône à l'est et le petit Rhône à l'ouest, entre lesquels s'étale la Grande Camargue. Par-delà le Petit Rhône, à l'occident s'étend la Petite Camargue. La Camargue offre une multitude de milieux déterminés par les facteurs écologiques : sel, vent, eau, relief, sol, soleil. Mais le sel et l'eau sont les facteurs dominants. Le trait essentiel de la Camargue résulte de l'affrontement entre les eaux douces du Rhône et les eaux salées de la mer. Cet antagonisme se traduit par la coexistence de deux grands ensembles naturels. La Camargue laguno marine plus salée (centre et bord sud), et la Camargue fluvio lacustre sous l'influence des eaux douces apportées par le Rhône (nord, nord ouest et nord-est).
Il en résulte un gradient de salinité nord sud et une extraordinaire palette de milieux lacustres, allant des marécages d’eau douce aux marais sursalés, entrecoupés de terres émergées de salinité variable, bordés au sud par un immense cordon littoral sableux de plus de 60 Km de long. Ces biotopes imbriqués les uns dans les autres se présentent comme une mosaïque. Les écosystèmes camarguais sont variés, ouverts et changeants. L’architecture actuelle du delta est l’héritage d’une lutte incessante entre les terres émergées et la mer.

Flore et habitats naturels
La Camargue offre une grande diversité de milieux et donc une grande variété de phytocénoses. On peut citer :
  La plage et la dune, le plus souvent privées de végétaux supérieurs. On y trouve, parsemant le site, des touffes d'Arthrocnemum macrostachyum.
  Les dunes en cours de fixation couvertes par les végétaux de l’association de l'Elymetum farcti (assez tolérant au sel) et l'Ammophiletum arundinaceae (à l’arrière de la dune).
  Une fois consolidée, la dune est colonisée par le Crucianelletum maritimae.
  Sur les sansouires, se développe l’association la plus halophile de la Camargue : l'Arthocnemetum. Les enganes, terrains un peu moins salés, sont colonisés par les végétaux du Salicornietum fructicosae.
Les groupements à Ruppia sont les seuls à supporter le taux de sel des plans d’eau salés et saumâtres. Les pelouses basses à papilonacées sont bien représentées. Les montilles, dunes intérieures d’origine fluviatile, abritent l’Imperato Erianthion à leur base et l'Artemisio Teucietum à leur sommet. Le Callitricho Ranunculetum baudotii s’installe dans les roubines où court une eau très peu salée alors qu’en bordure se développe une roselière rattachée au Scirpetum maritimi.
Enfin, les rizières occupent de vastes territoires.

Faune
La Camargue abrite cinquante-quatre espèces déterminantes et cinquante espèces remarquables. Elle abrite un patrimoine biologique exceptionnel, d’intérêt international. L’intérêt faunistique de ce delta est réellement considérable, notamment en ce qui concerne l’avifaune. La richesse spécifique est extrêmement élevée à ce jour, on a pu dénombrer en Camargue pas moins de 337 espèces d’oiseaux. L’importance des effectifs aviens nicheurs, hivernants et migrateurs de passage ainsi que le nombre considérable d’espèces rares et menacées méritent d’être soulignés également. La Camargue est l’unique site de nidification régulier en France chez quatre espèces qui sont le Flamant rose (Phoenicopterus ruber) avec une colonie comportant un nombre moyen de 13 000 couples reproducteur, le Goéland railleur (Chroicocephalus genei) avec environ 600 couples nicheurs dans les Bouches du Rhône, la Glaréole à collier (Glareola pratincola) avec des effectifs qui varient de 37 à 71 couples, la Sterne hansel (Gelochelidon nilotica) au moins 500 couples, espèces auxquelles il faut rajouter la Grand Aigrette (Egretta alba) qui est une acquisition récente de l’avifaune nicheuse de Camargue avec une trentaine de couples nicheurs. D’autres oiseaux d’intérêt patrimonial se reproduisent en Camargue avec des effectifs importants à l’échelle régionale comme le Crabier chevelu (Ardeola ralloides), le Butor étoilé (Botaurus stellaris), le Canard chipeau (Anas strepera), la Nette rousse (Netta rufina), la Cigogne blanche (Ciconia ciconia), le Chevalier gambette (Tringa totanus), la Fauvette à lunettes (Sylvia conspicillata), le Rollier d’Europe (Coracias garrulus), le Blongios nain (Ixobrychus minutus), le Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax), l’Aigrette garzette (Egretta garzetta), la Sterne caugek (Sterna sandvicensis), la Sterne pierregarin (Sterna hirundo), la Sterne naine (Sternula albifrons), le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), l’Huîtrier pie (Haematopus ostralegus), l’Echasse blanche (Himantopus himantopus), l’Avocette élégante (Recurvirostra avosetta), le Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus).
La Camargue est même au niveau régional, le site majeur, voir unique, de reproduction pour l’Ibis falcinelle (Plegadis falcinellus), l’Oie cendrée (Anser anser), le Canard souchet (Anas clypaeta), la Mouette mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus), la Guifette moustac (Chlidonias hybrida), et de la discrète Marouette poussin (Porzana parva). Le delta de Camargue représente également une zone d’importance internationale pour l’avifaune hivernante et migratrice de passage. Du fort de la diversité extraordinaire et de la grande qualité trophique de ses biotopes et de son climat relativement clément, elle est une halte migratoire et une zone d’hivernage extrêmement fréquentée, en particulier par les ardéidés, les anatidés, les laro limicoles, les rallidès et les passereaux.
En dehors de l’avifaune, la Camargue abrite de nombreuses autres espèces remarquables comme la Loutre (Lutra lutra), à nouveau observée depuis 1992, la Cistude d’Europe (Emys orbicularis), pour laquelle la Camargue abrite un  noyau important  pour cette espèce en région PACA, le Pélobate cultripède (Pelobates cultripes), le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), le Lézard ocellé (Timon lepidus) avec une population au bord de l’extinction, le Psammodrome d’Edwards (Psammodromus edwarsianus), la Lamproie marine (Petromyzon marinus), l’Alose feinte (Alosa fallax), la Blennie fluviatile (Blennius fluviatilis).
Concernant les Mammifères, le Castor (Castor fiber), la Genette (Genetta genetta), le Rat des moissons (Micromys minutus) fréquentent ce site. Plusieurs espèces déterminantes de Chiroptères sont observées en Camargue. Le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), en déclin dans la région et le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) sont deux espèces fortement liées aux milieux agricoles pâturés et aux ripisylves en Camargue. Ces deux espèces forment des colonies parmi les plus importantes de la région. Le Grand Murin (Myotis myotis), espèce plutôt commune, mais localement en régression, le Petit Murin (Myotis blythii), espèce d’affinité méditerranéenne, le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii), espèce bien représentée en PACA, mais dont la population régionale est répartie sur très peu de sites et ayant subi un déclin important suite à une épizootie en 2004. Parmi les espèces remarquables on notera le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce d’affinité méditerranéenne et la Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii), espèce peu fréquente en PACA.
L’intérêt entomologique de la Camargue est également considérable avec un nombre très important d’espèces rares ou menacées. Parmi les 14 espèces déterminantes et neuf espèces remarquables d’arthropodes, les cortèges hygrophiles se distinguent par la présence d’espèces telles que l’araignée Dolomède des marais (Dolomedes plantarius), les coléoptères Carabe grillagé (Carabus clatratus arelatensis) et Carabe à chaînons (Carabus alysidotus), les odonates Leste à grands ptérostigmas (Lestes macrostigma), Sympétrum déprimé (Sympetrum depressiusculum) et Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii, les orthoptères Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) et Decticelle des ruisseaux (Metrioptera fedtschenkoi azami).
Les milieux plus secs relèvent aussi d’un très fort intérêt patrimonial, en particulier lorsqu’ils sont sablonneux. Par exemple le delta de la Camargue abrite la principale population régionale du Criquet des dunes (Callephorus compressicornis).

Commentaires sur la délimitation

Limites du Parc naturel régional. Seules les zones d’habitats liées au Rhône ont été rattachées à la ZNIEFF du Rhône (ripisylves).