Description de la zone
Cette portion de la Petite Camargue est constituée de dunes boisées orientées nord/sud parallèlement au Petit Rhône, séparées par d'anciens lits occupés par des roselières, des enganes ou des étangs peu profonds. Dans les dunes elles-mêmes apparaissent de nombreuses dépressions longitudinales alignées dans le même sens nord/sud avec affleurements temporaires d'eaux saumâtres. Les dunes sont couvertes de bois de Pins Pignon, absents de la Grande Camargue toute proche. Ces bois représentent les restes de l'ancienne Sylve Réal.
Habitats naturels
L'absence de toute route transversale dans cette portion de la Petite Camargue, l'existence de nombreux anciens lits du Rhône souvent envahis par l'eau qui séparent les différentes dunes boisées, souvent inclues dans d'importantes propriétés privées, limitent les possibilités d'accès ce qui a permis le maintien à l'écart du feu de magnifiques pinèdes. Mais pour ces mêmes raisons, la flore et la végétation de la Petite Camargue, sont surtout connues grâce aux travaux déjà relativement anciens de Molinier, Tallon et Zarzycki.
Trois grands types de milieux se rencontrent dans cette partie de la Petite Camargue, un cordon dunaire littoral dépourvu d'arbres, des dunes boisées de genévriers et de Pin pignon et des lagunes.
Les dunes littorales possèdent une végétation classique de cordon littoral camarguais avec, de la mer vers l'intérieur, la succession des laissées de mer, des dunes embryonnaires puis de la dune blanche couronnée par les Oyats et enfin, peu développée, la dune grise. Les dunes intérieures, orientées nord/sud sont d'origines fluviatiles, riches en éléments fins et pas ou peu salées. Elles sont couvertes de fourrés à Genévrier rouge souvent dominés par le Pin pignon. Des formations herbacées rases (pelouses) dominées par les espèces annuelles se développent en mosaïque de la junipéraies à la faveur d’années pluvieuses.Les nombreuses dépressions longitudinales présentes dans les dunes, avec affleurements temporaires d'eaux saumâtres abritent parfois des prairies à Jonc maritime, pauvre en espèces en Petite Camargue, ou quand la salinité est plus importante, différents types de sansouires (fourrés salés). En mosaïque avec ces dernières, sur de petites buttes sablonneuses, se rencontrent fréquemment des communautés à frankénia et spergulaires.
Flore
La mosaïque de milieux herbacés à arborés de ce secteur permet, en fonction de la microtopographie et de l’éloignement à la mer, l’expression d’un très riche cortège d’espèces végétales déterminantes et remarquables.
On peut en effet y observer l’une des deux seules localités françaises de marésie naine (Maresia nana), en compagnie d’autres espèces annuelles des sables telles que le catapode intermédiaire (Catapodium hemipoa), le myosotis ténu (Myosotis pusilla), le céraiste de Sicile (Cerastium siculum) ou encore la phléole des sables (Phleum arenarium).
Les formations dunaires dans leur ensemble (de l’embryonnaire à la dune grise) abritent la plupart des espèces rares et menacées typiques de ces milieux : euphorbe péplis (Euphorbia peplis), panicaut de mer (Eryngium maritimum), Lys maritime (Pancratium maritimum), liseron des dunes (Convolvulus soldanella), etc.
Les dépressions interdunaires accueillent parfois des pelouses humides à hautes herbes où s’observent la canne de Ravenne (Tridipidum ravenae) et l’impérate cylindrique (Imperata cylindrica). Localement, ces dépressions humides peuvent abriter les discrètes linaire à vrille (Kickxia cirrhosa) et queue de souris (Myosurus minimus).
Dans les boisements et terrains moins influencés par la nappe salée, on retrouve le dompte venin noir (Vincetoxicum nigrum), le grand mélinet (Cerinthe major) et le petit gratteron (Galium spurium).
Les lagunes accueillent elles aussi de nombreuses espèces déterminantes, tant dans les pièces d’eau, avec l'althénie filiforme (Althenia filiformis) et la rupelle maritime (Ruppia maritima), que les sansouires attenantes avec les saladelles de Girard (Limonium girardianum) et de Provence (Limonium cuspidatum).
Faune
Sur le secteur des étangs et dunes de Petite Camargue, quatre espèces déterminantes sont observées ainsi que 14 espèces remarquables.
Ce secteur offre un très grand intérêt pour l’avifaune. Plusieurs espèces s’y reproduisent notamment la Fauvette à lunettes (Sylvia conspicillata), espèce déterminante dont les effectifs nationaux sont très restreints, présente dans des habitats à strate arbustive basse et dense mais laissant place à des surfaces de sol nu, et sept espèces remarquables : le Martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis), oiseau à large répartition mondiale et occupant les rives des cours d'eau, étangs, lacs aux berges meubles et érodées, le Pipit rousseline (Anthus campestris), espèce eurasiatique, présente en PACA dans les milieux méditerranéens ouverts et secs, le Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus), strictement lié aux zones côtières en période de reproduction dont la protection dépend étroitement de celle des zones humides, le Bruant proyer (Emberiza calandra), espèce de plaine qui fréquente les milieux ouverts et qui semble en déclin dans la région, le Cochevis huppé (Galerida cristata), en régression sur l'ensemble de son aire de répartition, l’Huîtrier pie (Haematopus ostralegus), ou encore le Grèbe huppé (Podiceps cristatus), oiseau des plans d'eau, des estuaires et des cours d'eau lents, entourés de végétation dans laquelle il place son nid affleurant à la surface de l'eau.
Plusieurs reptiles patrimoniaux sont mentionnés localement tels que la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce remarquable du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés, la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce remarquable à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux, le Psammodrome d'Edwards (Psammodromus edwarsianus), espèce remarquable ouest méditerranéenne, affectionnant les milieux ouverts secs.
On note la présence de l'Anguille d'Europe (Anguilla anguilla), espèce déterminante de poisson d'eau douce (zone tempérée) considérée comme en danger critique d'extinction en France et dans le monde, originaire d'Europe, elle était abondante jusque dans les années 1980 et subit de plein fouet les effets de la surpêche.
Chez les arthropodes, deux espèces déterminantes font l'objet d'observations récentes : la Noctuelle du Pancrais (Brithys crini), hétérocère très localisé car strictement inféodé à sa plante hôte le Lys des sables ou maritime (Pancratium maritimum) ainsi que le Criquet des joncs (Chorthippus jucundus), orthoptère des milieux humides à végétation herbacée haute fréquentant en plaine les formations à Joncs des Tonneliers, et à plus haute altitude les prairies et bords de ruisseaux. Une troisième espèce déterminante n'a pas été revue depuis près d'un siècle : le coléoptère Bembidion abeillei, Carabidae ouest-méditerranéen strictement inféodé aux laisses de mer et galets du littoral. Ils sont accompagnés par des espèces remarquables comme Dyschirius cylindricus, Oedemera lateralis, Hypocaccus curtus (trois coléoptères), et l’Ascalaphe loriot (Libelloides ictericus), espèce remarquable d’affinité ouest-méditerranéenne qui affectionne les milieux très ouverts avec une strate herbacée dense.
Fonctionnalité lien avec ZNIEFF
Cette ZNIEFF est incluse dans la ZNIEFF « 930012415-CAMARGUE FLUVIO-LACUSTRE ET LAGUNO-MARINE ».
Carte d'occupation des sols,extension des pinèdes camarguaises et des étangs.