Description de la zone
Grand complexe d’étangs, de sansouires ou de “pâturages” typiques de la Camargue moyenne, cette zone englobe du nord au sud, le marais de Romieu, la manche de la Braude, le marais de Grenouillet, le marais de St-Seren, le marais des Palunettes, l’étang du Fournelet, l’étang Redon, le marais du Pèbre, le canal du Japon, le Clos de l’Ane et le Clos du lièvre. Elle est collée à la bordure est de la réserve nationale.
Habitats naturels
Ce secteur de la Camargue est composé d’une mosaïque complexe de végétations qui s’agencent en fonction des gradients d’humidité et de salinité. Les cortèges les plus remarquables dans cette ZNIEFF sont sans nul doute ceux associés aux mares temporaires méditerranéennes (Isoeto – Nanojuncetea), ici représentés par l’Elatino triandrae – Cyperetalia fusci et l’Heleochloion schoenoidis.
On peut également y observer l’ensemble des cortèges des marais saumâtres à salés des Juncetea maritimi, Salicornietea fruticosae, Saginetea maritimae, et des Thero – Salicornietea. Les cortèges des Zosteretea, Ruppietea maritimae et Potametea sont quant à eux bien représentés dans les zones d’eaux libres.
Flore
Ce secteur de la Camargue fait partie des mieux connus et des plus riches au niveau floristique, avec plus d’une cinquantaine d’espèces végétales déterminantes et remarquables distribuées dans des milieux tout aussi riches et d’agencement complexe.
Parmi ces espèces, les plus remarquables sont celles associées aux cortèges de mares temporaires telles que les rarissimes pulicaire de Sicile (Pulicaria sicula), le trèfle faux-pied d’oiseau (Trifolium ornithopodioides) et l’étoile d’eau à nombreuses graines (Damasonium polyspermum). Leurs vicariants en milieux saumâtres sont eux aussi bien présents avec notamment les deux crypsides piquant (Sporobolus aculeatus) et faux-choin (S. schoenoides).
D’autres espèces annuelles pionnières à fort enjeu de conservation peuplent les petites surfaces de pelouses rases sablonneuses et autres montilles : myosotis ténu (Myosotis pusilla), gagée des Pouillles (Gagea apulica), colonne de Romulus (Romulea columnae) ou encore le céraiste de Sicile (Cerastium siculum).
Est également représenté tout un cortège associé aux marais saumâtres et salés, avec certaines espèces bien connues de Camargue telles que les endémiques provenço-languedocienne saladelles dure (Limonium duriusculum) et de Provence (L. cuspidatum).
Les prairies humides, saumâtres ou douces, abritent elles aussi plusieurs espèces déterminantes et remarquables telles que la fistule de Nantes (Oenanthe fistulosa), la fougère des marais (Thelypteris palustris), le mélilot de Messine (Melilotus messanensis) ou encore l’ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum).
Enfin, les pièces d’eau douce, saumâtre ou salées sont elles aussi des milieux propices à l’expression des zannichellies (Zannichellia obstusifolia, Z. peltata, Z. palustris et Z. pedunculata), de l’utriculaire négligée (Utricularia neglecta) ou encore de la ruppie maritime (Ruppia maritima).
Faune
Les marais situés à l’est de l’étang du Vaccarès possèdent un patrimoine faunistique extrêmement riche et diversifié.
Concernant les mammifères, notons la présence de la Crossope de Miller (Neomys milleri), espèce déterminante de musaraigne liée aux zones humides, rare, à aire de distribution disjointe et morcelée et dont les principales populations de Provence se trouvent en Camargue, du Rat des moissons (Micromys minutus) et de la Genette (Genetta genetta). Plusieurs espèces de chiroptères sont mentionnés sur le site, mais leur statut de reproduction reste à déterminer : le Rhinolophe euryale (Rhinolophus euryale), le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), le Petit Murin (Myotis blythii) et la Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii).
Ce secteur héberge aussi, et surtout, une avifaune nicheuse extrêmement intéressante avec des espèces déterminantes comme : le Busard cendré (Circus pygargus), la Nette rousse (Netta rufina), canard plongeur qui niche en bordure des plans d'eau ceinturés par la végétation, la Glaréole à collier (Glareola pratincola), espèce qui fréquente les marais ou les zones similaires à proximité de plans d'eau, mais également les friches, les steppes et les cultures et qui niche en colonies lâches sur les terrains plats dépourvus de végétation, la Sterne pierregarin (Sterna hirundo), espèce très sensible aux dérangements, aux aléas météorologiques, aux changements brusques de niveau d'eau et à la gestion du niveau d'eau dans les marais d'eau douce, l'Avocette élégante (Recurvirostra avosetta), espèce limicole typique des plans d’eau salins peu profonds, lagunes et estuaires, le Chevalier gambette (Tringa totanus), limicole strictement limité aux rivages méditerranéens en PACA, nichant dans les marais salants, sur des lagunes et des marais côtiers, des prés salés et des pâturages très humides et menacé par la disparition des zones humides, le Rollier d'Europe (Coracias garrulus), le Coucou geai (Clamator glandarius), la Talève sultane (Porphyrio porphyrio), espèce déterminante qui niche dans les roselières, les terrains marécageux et les berges humides des lacs et des rivières avec une végétation herbacée haute, Lusciniole à moustaches (Acrocephalus melanopogon) espèce à distribution paléarctique fractionnée nichant exclusivement en PACA dans les roselières du pourtour méditerranéen, la Fauvette à lunette (Sylvia conspicillata), espèce dont les effectifs nationaux sont très restreints, présente dans des habitats à strate arbustive basse et dense mais laissant place à des surfaces de sol nu, la Grande aigrette (Ardea alba), le Héron pourpré (Ardea purpuea), le Butor étoilé (Botaurus stellaris) espèce paléarctique, inféodée aux roselières et ne nichant en PACA que dans les Bouches-du-Rhône, le Blongios nain (Ixobrychus minutus), petit héron habitant les roselières inondées où il se nourrit et se reproduit, en forte régression dans toute l'Europe ou encore la Cigogne blanche (Ciconia ciconia).
De nombreuses espèces remarquables nicheuses viennent compléter ce cortège avec par exemple : le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), le Canard chipeau (Mareca strepera) espèce également hivernante sur le site, la Sarcelle d’été (Spatula querquedula) le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), le Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus), le Vanneau huppé (Vanellus vanellus), l’Huitrier pie (Haematopus ostralegus), l'Échasse blanche (Himantopus himantopus), le Martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis), la Rousserolle turdoïde (Acrocephalus arundinaceus), le Cochevis huppé (Galerida cristata), la Panure à moustaches (Panurus biarmicus), l'Aigrette garzette (Egretta garzetta), le Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax) ou encore le Grèbe huppé (Podiceps cristatus).Ces étangs constituent également une zone d’hivernage d’importance internationale pour l’avifaune, pour des espèces telles que le Cygne de Bewick (Cygnus columbianus) ou le Canard souchet (Spatula clypeata).
Les reptiles sont représentés par six espèces remarquables, la Cistude d'Europe (Emys orbicularis), espèce ayant une répartition lacunaire en Europe, inféodée aux zones humides et localisée en PACA, le Lézard ocellé (Timon lepidus), le Seps strié (Chalcides striatus), la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), le Psammodrome d'Edwards (Psammodromus edwarsianus) et la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris). Le groupe des amphibiens abrite trois espèces déterminantes, le Pélobate cultripède (Pelobates cultripes), espèce ibéro-française méridionale affectionnant les milieux ouverts, la Grenouille de Pérez (Pelophylax perezi), espèce Ibérique rare et en limite de répartition en PACA, présente surtout en Camargue et la Grenouille de Graf (Pelophylax kl. grafi), klepton (issu d'un processus d'hybridogenèse) en limite de répartition en PACA, présent seulement en Camargue et autour de l'Etang de Berre dans la région et deux espèces remarquables le Triton palmé (Lissotriton helveticus) et le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus).
L’ichtyofaune du site comprend l'Anguille d'Europe (Anguilla anguilla), espèce déterminante d'eau douce (zone tempérée) considérée comme en danger critique d'extinction en France et dans le monde. Deux espèces remarquables sont également mentionnées sur la zone : la Blennie fluviatile (Salaria fluviatilis) et la Bouvière (Rhodeus amarus).
Ce complexe marécageux présente un très fort intérêt concernant les arthropodes.
Les coléoptères sont représentés par de nombreux cortèges. Les habitats sableux et humides du littoral (halophiles) sont colonisés par les cicindèles Cephalota circumdata et Cylindera paludosa, Dyschirius cylindricus, Harpalus dispar ou encore Pentodon algerinum. Les milieux humides de ce secteur hébergent quant à eux le Carabique Poecilus puncticollis, espèce déterminante et menacée de Carabidés, Silpha puncticollis, Brachinus exhalans, B. humeralis, Onitis belial, Drypta distincta ou encore Platytarus faminii. D’autres espèces peuvent se rencontrer dans d’autres habitats comme Stromatium auratum (boisements de feuillus) ou encore Scarabaeus sacer (zones sableuses).
De nombreux lépidoptères d’intérêt patrimonial ont été inventoriés dans cette ZNIEFF. Le cortège caractéristique des zones humides est composé de la Phalène du populage (Chariaspilates formosaria), espèce déterminante rare, présente dans quelques stations en France, dont fait partie la Camargue, la Nigériane (Araeopteron ecphaea), Erebidae déterminant cité pour la première fois en France en 2003, de répartition afrotropicale et méditerranéenne et présente uniquement en Corse et sur le littoral en PACA, et plusieurs espèces remarquables comme l'Herminie pointillée (Macrochilo cribrumalis), espèce répandue mais localisée de par la disparition de ses milieux, la Nudarie vieille (Thumatha senex), Erebidae dont la chenille se nourrit principalement d'algues vertes, de mousses et et de feuilles mortes déposées dans la litière, la Nonagrie des marais (Lenisa geminipuncta), espèce dont la chenille endophyte vit dans les tiges de roseau (Phragmites australis) ou encore la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéo-asiatique protégée au niveau européen. D’autres espèces se rencontrent plutôt dans les zones sableuses du littoral comme l'Eupithécie de l'Armoise (Eupithecia variostrigata), petite géomètre déterminante, la Noctuelle sablonneuse (Lacanobia blenna), espèce déterminante localisée en France, ainsi que la Phalène consacrée (Casilda consecraria) ou l'Acidalie des sables (Scopula emutaria). Parmi les espèces fréquentant d’autres habitats (où dont les exigences écologiques ne sont pas encore connues), citons trois espèces déterminantes, l'Acidalie resplendissante (Idaea efflorata), géomètre méditerranéenne répandue de l’Espagne à l’Italie et présente sur le littoral de la France où elle est rare et localisée, la Noctuelle pluviophile (Ulochlaena hirta), espèce très localisé inféodée à des graminées dans les milieux steppiques méditerranéens ou encore Crombrugghia laeta.
Plusieurs odonates sont inventoriées dans le secteur : le Leste à grands stigmas (Lestes macrostigma), très localisé et en régression, strictement inféodé aux eaux saumâtres temporaires dans lesquelles sa larve se développe, le Sympétrum déprimé (Sympetrum depressiusculum), espèce déterminante de libellule, rare et en régression, dont la larve aquatique est inféodée aux pièces d’eau temporaires ou à niveau fluctuant, ainsi que trois espèces remarquables, l'Agrion joli (Coenagrion pulchellum), l'Aeschne printanière (Brachytron pratense), et la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii).
Le groupe des orthoptères est représenté par trois espèces déterminantes, le Criquet des dunes (Calephorus compressicornis), espèce très localisée et en limite d’aire qui colonise les surfaces sablonneuses sèches, le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis), espèce strictement hygrophile, globalement rare et localisée, et le Grillon des jonchères (Trigonidium cicindeloides), d'affinité thermo-méditerranéenne, très localisée en France à certaines prairies humides et lisières de ripisylves sur le littoral et et plusieurs espèces remarquables comme l'OEdipode occitane (Oedipoda charpentieri), le Criquet tricolore (Paracinema tricolor bisignata), ou la Courtilière commune (Gryllotalpa gryllotalpa).
Les autres espèces déterminantes sont représentées par deux espèces d’Arachnides, Cyrtarachne ixoides, rare, très discrète et en limite d’aire de répartition en PACA et Dolomedes plantarius, Polytoxus sanguineus, Reduviidae connue uniquement de quelques stations sur le littoral méditerranéen et le Grand fourmilion des dunes (Synclisis baetica), espèce à répartition ponto-nord-méditerranéenne, très dispersée et localisée car strictement liée aux milieux sableux littoraux.
Une seule espèce de mollusque est renseignée sur le site : l'Hélicelle de Bollène (Helicella bolenensis), Geomitridae remarquable, endémique et dont la chorologie est mal connue car il est difficilement identifiable et passe inaperçu. Il est présent et localisé en Provence dans les pelouses sèches, souvent associé aux cultures.
Fonctionnalité lien avec ZNIEFF
Cette ZNIEFF est incluse dans la ZNIEFF II « 930012415 – Camargue fluvio-lacustre et laguno-marine ».
Limites fondées sur la répartition des espèces et habitats liés aux anciens bras du Rhône, tout en évitant les zones fortement artificialisées.