Description de la zone
La chaîne de l'Estaque et de la Nerthe se présente comme un plateau monotone, entièrement recouvert par la garrigue à Chêne kermès. La végétation arborescente est surtout localisée sur les sols dolomitiques et sur la côte miocène, en particulier au voisinage des zones habitées (Pin d'Alep) et sur le versant nord plus arrosé (vestige de chênaie verte).
Flore et habitats naturelsLa flore y est, selon Molinier, en moyenne moins riche qu'au sein des autres massifs littoraux provençaux, mais présente des éléments très originaux tant à l’échelle régionale que nationale, particulièrement aux deux extrémités ouest et est du massif. Les pelouses à Brachypode rameux abritent, sur terrain dolomitique, la Germandrée à allure de pin. La répartition française de cette espèce est limitée à quelques versants entre l'Estaque et le massif voisin de l'Etoile (populations les plus importantes de France) en plus d'une de deux petites populations dans le Var et dans l'Aude. Cette espèce s'accompagne de l'Hélianthème à feuilles de lavande. Les garrigues à Hélianthème à feuilles de marum sont mieux réparties sur une grande partie du massif. Dans la portion occidentale de la chaîne de la Nerthe, la côte rocheuse basse est particulièrement riche en espèces rares. On y trouve en effet les seules populations françaises significatives de la Mérendère à feuilles filiformes, de la Chicorée scabre ou de la Gagée de Mauritanie. Ces espèces se développent dans des pelouses rases humides en hivers, caractérisées par l'Ail petit Moly, qui se présentent en enclaves au milieu des garrigues ou des pinèdes. Ces pelouses montrent un développement particulièrement spectaculaire de l'Anse de Sainte Croix à l'Anse d'Auguette. Dans le même secteur, plusieurs espèces d'Ophrys remarquables se rencontrent dans les garrigues, l'Ophrys brillant, l'Ophrys de la voie aurélienne et même quelques pieds de l'Ophrys miroir, ainsi qu’en abondance le Trisète faux panic. Ce dernier, qui possède sur la Nerthe quelques-unes de ses rares populations de France continentale, est localement accompagné par le Plumet du Cap (plaine St Martin en particulier). Les prairies maritimes et les mares littorales offrent en outre la Cresse de Crète, la Bugrane sans épine, l'Alpiste paradoxal … Dans l'Anse du Verdon, une dune relictuelle possède encore un cortège floristique riche et complet avec l'Epiaire maritime, le Lis de mer, le Liseron Soldanelle ainsi que l'Echinophore épineuse. Cette dernière, encore présente en 1990, n'a pas été retrouvée en 1997. Les rochers sous influence maritime portent régulièrement les formations caractéristiques de la côte provençale calcaire. On y trouve le Statice nain, le Panicaut de mer et plus localement, le Silène faux orpin (Bonnieu et entre la station du Rove et le port du Rouet), l'Anthémis à rameaux tournés du même côté (entre Carro et Bonnieu) ou le Statice de Provence (Rochers et murs de l'Estaque).
FauneCe site accueille 41 espèces d’intérêt patrimonial dont 14 sont déterminantes.
La faune des Chaînes de l'Estaque et de la Nerthe, du Massif du Rove et des Collines de Carro est caractérisée par son cortège d’espèces rupicoles et de milieux ouverts, souvent d’affinité méditerranéenne. On peut citer parmi les espèces déterminantes l’Aigle de Bonelli (Aquila fasciata) (nicheur régulier sur le site), le Traquet oreillard (Oenanthe hispanica), le Coucou geai (Clamator glandarius), la Fauvette à lunettes (Sylvia conspicillata), le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), l’Hirondelle rousseline (Cercropis daurica), la Pie-grièche à tête rousse (Lanius senator) et parmi les espèces remarquables le Grand-Duc d’Europe (Bubo bubo), la Pie-grièche méridionale (Lanius meridionalis), le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), le Martinet pâle (Apus pallidus),le Monticole bleu (Monticola solitarius), le Circaète Jean le Blanc (Circaetus gallicus). Citons également l’Outarde canepetière (Tetrax tetrax), une espèce déterminante et menacée, liée aux plaines cultivées. De façon plus anecdotique le fou de Bassan (Morus bassabus) est nicheur sur le site depuis 1995. La zone littorale est utilisée par la Sterne caugek (Sterna sandvicensis) comme zone d’alimentation et lui offre également des reposoirs diurnes appréciés.
Pas moins de six espèces de reptiles d’intérêt patrimonial, toutes remarquables, ont été inventoriés : le Lézard ocellé (Timon lepidus) espèce des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables, le Psammodrome d'Edwards (Psammodromus edwarsianus) espèce ouest méditerranéenne, affectionnant les milieux ouverts secs, l'Hémidactyle verruqueux (Hemidactylus turcicus) espèce à distribution circumméditerranéenne, localisée en PACA à la frange littorale et aux îles provençales et fréquentant les milieux rocheux secs, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés et la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux.
Une espèce déterminante d’amphibien est également présente, la Grenouille de Pérez (Pelophylax perezi), espèce Ibérique rare et en limite de répartition en PACA, présente surtout en Camargue et dans de rares stations dans le Var.
Concernant l’entomofaune, notons la présence du Marbré de Lusitanie (Iberochloe tagis), espèce déterminante très localisée qui se développe sur Iberis pinnata, représentée par la sous espèce bellezina, endémique du sud de la France et extrême nord-ouest de l’Italie, l'Hespérie de la ballote (Carcharodus baeticus), espèce déterminante de Lépidoptère Hespériidés d'affinité ouest-méditerranéenne, en régression et affectionnant les pelouses sèches et surfaces pâturées où croissent ses plantes hôtes, en particulier le Marrube commun (Marrubium vulgare), l’Ascalaphon du midi (Deleproctophylla dusmeti), espèce déterminante de neuroptères (fourmilions et ascalaphes) qui chasse ses proies en vol au-dessus de milieux arides et très ouverts, le Leste à grands stigmas (Lestes macrostigma), odonate déterminant très localisé et en régression, strictement inféodé aux eaux saumâtres temporaires dans lesquelles sa larve se développe, le Criquet des dunes (Calephorus compressicornis), espèce déterminante d’orthoptère très localisée et en limite d’aire associée aux surfaces sablonneuses sèches et le Grillon maritime (Pseudomogoplistes squamiger), espèce déterminante très rare, localisée et en régression, colonisant les bandes littorales avec laisses de mer des côtes méditerranéennes et des Canaries. Une espèce remarquable les accompagne, la Proserpine (Zerynthia rumina), papillon ouest méditerranéen typique des garrigues où croît sa plante hôte locale, Aristolochia pistolochia.
Enfin, citons la présence de l'Aiguillette ventrue (Cecilioides veneta), espèce remarquable de mollusque à distribution ponto-méditerranéenne qui possède la particularité d'être aveugle, ses milieux de vie étant les sols rocailleux calcaires et les vieux murets.
Limites fondées sur la topographie du massif, de manière à englober les populations d'espèces animales et végétales patrimoniales, en évitant cependant les secteurs trop fortement artificialisés (secteur de Lavéra, agglomérations et zones à forte vocation agricole).