ZNIEFF 930012440
PLAINE DE BONNIEU ET POINTE RICHE

(n° régional : 13152127)

Commentaires généraux

Description de la zone
Secteur en deux parties séparées par l'agglomération de Carro : la Pointe Riche au sud et les garrigues littorales de Carro à l'anse de Bonnieu à l'ouest. La côte basse permet un passage insensible des formations littorales aux garrigues. Celles ci, développées sur une calcarénite miocène, sont entaillées par des vallons qui descendent vers la mer, et parsemées de dépressions où s'accumulent une terre rouge argilo sableuse. Une partie de ces garrigues est boisée de Pin d'Alep. Ce secteur de la Nerthe bénéficie d'un climat local particulièrement favorable, relativement abrité du mistral avec en contrepartie, une influence importante du vent marin, chaud et humide. Il en résulte en particulier des hivers doux (moyenne des minima du mois le plus froid de 5 °C), qui sont un élément explicatif de la présence d'une végétation très originale pour le littoral français. Cette végétation rappelle, par exemple, celle que l'on trouve, mieux développée, dans les garrigues littorales des Balèares (archipel d’îles méditerranéennes situé à l’est des côtes espagnoles).

Flore et habitats naturels
Les rochers soumis à l'influence des embruns portent la végétation classique du littoral calcaire provençal, avec le Statice nain, le Silène faux orpin, l'Anthémis à rameaux tournés du même côté ainsi que le rare Hyménolobe de Revelière récemment découvert. La nature en partie sableuse du calcaire explique sans doute que l'on y observe aussi, localement, le Panicaut de mer. Les mares et suintements temporaires du littoral (pointe de Bonnieu, Carro et Cap Couronne) sont occupés par des formations annuelles pionnières à salicornes où se rencontrent la Cresse de Crète ou la Renouée de Robert. Dans l'anse de Bonnieu existe un embryon de dune qui porte la végétation annuelle des laissées de mer ainsi que celle des dunes embryonnaires méditerranéennes. Faisant suite à ces formations vers l'intérieur des terres se rencontrent des végétations de garrigues et pelouses. Le passage des unes vers les autres est souvent très progressif, et des espèces halophiles côtoient souvent des espèces non littorales. La végétation la plus intéressante de ces garrigues se rencontre dans les nombreuses poches remplies de sable argileux rouge, temporairement humides à l'automne et en hiver, mais se desséchant rapidement. Il s'agit pour l'essentiel d'une flore précoce, déjà disparue quand le printemps arrive. Cette flore constitue des pelouses riches en annuelles et en géophytes, avec en abondance l'Ail petit Moly. Plus localement se rencontrent la Mérendère à feuilles filiformes, la Gagée de Mauritanie, la Chicorée scabre qui possèdent là leurs plus importantes populations en France, ainsi que le Sainfoin très épineux, le Liseron rayé, l’Hélianthème à feuilles de Lédon… Cette végétation exceptionnelle est très sensible à la fermeture du milieu, par la pinède en particulier, ainsi qu'aux perturbations liées à la circulation des véhicules, à l’eutrophisation consécutive à la surfréquentation. Les cultures installées, sur les sols les plus profonds, représentent donc une menace potentielle pour cette florule très originale, et il y aurait lieu de ne pas étendre les surfaces cultivées. Dans la garrigue plus haute, dominée par le romarin, existent plusieurs peuplements de l'Ophrys de la voie aurélienne et, en bordure de chemins, le Trisète faux Panic, l’Asphodèle de Crau ou l’Hélianthème à feuille de marum.

Faune
Ce périmètre abrite 7 espèces d’intérêt patrimonial dont 2 sont déterminantes.
L’avifaune est caractérisée par la nidification de trois espèces patrimoniales : le Traquet oreillard (Oenanthe hispanica), espèce déterminante en régression, le Cochevis huppé (Galerida cristata) et le Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus).
Du côté des reptiles, signalons la présence de trois espèces remarquables, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés et la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux.
Chez les insectes, deux espèces déterminantes sont connues. Il s’agit du Marbré de Lusitanie (Iberochloe tagis), papillon très localisé représenté par la sous espèce bellezina, endémique du sud de la France et de l’extrême nord-ouest de l’Italie et qui peuple les milieux ouverts où se développent ses plantes nourricières, les Iberis et du Criquet des dunes (Calephorus compressicornis), récemment signalé sur la zone ; cette espèce affectionne les pelouses rases, toujours à proximité d’étendues d’eau libre (douces ou salines).

Commentaires sur la délimitation

Limites dictées par la topographie, l'extension des populations végétales, la géologie (calcarénite du Burdigalien) ainsi que le degrés d'artificialisation, puisque les zones bâties de Carro ont été évitées, ainsi que les sites cabanisés de Bonnieu.