ZNIEFF 930012442
ÉTANG DE BOLMON - CORDON DU JAÏ - PALUN DE MARIGNANE - BARLATIER - LA CADIÈRE

(n° régional : 13110100)

Commentaires généraux

Description de la zone
L’étang de Bolmon borde au sud est l’étang de Berre, dont il n’est séparé que par l’étroit cordon sableux du Jaï, et avec lequel il communique par trois pertuis ou « bourdigues » perçant le cordon. Il est limité, côté terre, par des zones de marais. C’est un vaste plan d’eau saumâtre hyper eutrophe d’environ 600 ha et 1,50 m de profondeur, qui reçoit les eaux fortement polluées de la Cadière dont le bassin versant est très urbanisé (villes de Vitrolles et de Marignane). Sa salinité est passée de 18 g/l en 1955 à moins de 10 g/l en 1990, avec de très fortes variations dans l’année. Cette baisse de salinité a eu pour conséquences, entre autres, le remplacement des peuplements aquatiques à Zannichellia et Ruppia par des Potamogeton et des Chara. Elle entraîne aussi la régression des groupements halophiles au profit de roselières.
Ses rives présentent, en revanche, une diversité remarquable de milieux :
   Associations dunaires sur le cordon du Jaï
   Groupements palustres d’eau douce, d’eaux saumâtres et de formations halophiles.
   Groupements de la série du Chêne vert sur les sols secs au sud de l’étang : pinèdes à Pin d’Alep, garrigues à romarin et pelouses à Brachypode.

Flore et habitats naturels
Le cordon du Jaï possède encore une flore et une végétation intéressante avec les associations dunaires classiques, mais souvent altérées. On y relève l’Impérate, ainsi que de belles populations de Raisin de mer. Sur les rives de l’étang de Bolmon s’étendent des zones palustres où se rencontrent des formations halophiles de sansouires, saumâtres de prairies maritimes, ou même d’eau douce telles les roselières. Les milieux lagunaires, de l'Aire d'Aiguette à la Palun de Marignane, inondés toute la mauvaise saison et s'asséchant l'été, possèdent une flore et une végétation halonitrophile peu commune. On y trouve principalement des annuelles comme diverses soudes, le Crypsis en forme d'aiguillon ou le Chénopode à feuilles charnues et une vivace, la Cresse de Crète. Les prairies de la Palun de Marignane sont l'habitat d'une des dernières populations françaises de la Scorsonère à petites fleurs. En périphérie du vallat du ceinturon, les friches et pâtures montrent de belles prairies dominées par les Alpistes, en particulier l’A. bleuâtre et l’A. paradoxal. Les pelouses et pinèdes en bordure du canal du Rove montrent une flore riche en annuelles, dont des légumineuses comme la Bugrane sans épines, accompagnées de quelques vivaces tels le Liseron rayé et diverses orchidées, l’Ophrys de la voie aurélienne, l’Ophrys de Provence ou l’Ophrys miroir. Enfin, dans un reste de garrigue à Romarin sur un coteau à la Palunette avant d’arriver au Jaï subsistent les deniers pieds, des rives de l’Etang de Berre, de la Tartonraire. Cette plante, connue ici depuis le XVIe siècle, a progressivement disparu, d’abord suite à la construction du canal du Rove, puis à celle de la route littorale entre Martigue et la Mède.

Faune
Ce site abrite trente-huit espèces d’intérêt patrimonial dont treize sont déterminantes. L’ensemble constitué par l’Etang de Bolmon, le Cordon du Jaï, les Paluns de Marignane, le Barlatier et la Cadière forment une petite zone humide très intéressante pour la faune, en particulier pour l’avifaune aquatique et son cortège spécifique ici très diversifié. Les espèces déterminantes nicheuses comprennent le Chevalier gambette (Tringa totanus), le Butor étoilé (Botaurus stellaris), le Blongios nain (Ixobrychus minutus), la Nette rousse (Netta netta), le Rollier d’Europe (Coracias garrulus), le Coucou geai (Clamator glandarius) et l’Alouette calandrelle (Calandrella brachydactyla). Les espèces remarquables nicheuses comprennent l’Echasse (Himantopus himantopus), le Petit Gravelot (Charadrius dubius), le Bihoreau gris Nycticorax nycticorax (48 couples), le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), le Canard chipeau (Anas strepera), la Huppe (Upupa epops) et. Une importante population de Cistude d’Europe (Emys orbicularis) est également présente. C’est enfin une zone humide très appréciée par de nombreuses espèces aviennes hivernantes et de passage.
Chez les insectes, sept espèces patrimoniales sont signalées dont le Perce oreille maritime (Anisolabis maritima), espèce déterminante rare, localisée et en régression, qui affectionne les plages maritimes et parfois alluviales de la frange littorale. Il est accompagné par deux coléoptères remarquables : Necrobia ruficollis, espèce remarquable de la famille des clérons (Cleridae), de régime nécrophage, se nourrissant ici de poissons morts, à vaste répartition en France mais peu commune et Brachinus exhalans, propre au littoral méditerranéen, abondant en Camargue mais très localisé ailleurs (possiblement disparu du Var).
Au niveau des Paluns, notons la présence de l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce remarquable d’odonate (ordre des libellules et demoiselles) inféodée aux eaux courantes naturelles (ruisseaux) et artificielles (canaux), et la Diane (Zerynthia polyxena), lépidoptère remarquable lié aux prairies humides et ripisylves où croît sa plante hôte locale, Aristolochia rotunda. Enfin, les surfaces recouvertes par la strate herbacée abritent deux neuroptères méditerranéens et remarquables : le Grand fourmilion (Palpares libelluloides) et l’Ascalaphe loriot (Libelloides ictericus).

Commentaires sur la délimitation

Zone centrée sur l’étang de Bolmon, qui englobe des secteurs peu anthropisés et de fortes valeurs patrimoniales dans des ZNIEFF de type I. les zones d’avantage altérées, comme l’étang, ou anthropisées au sud du vallat du ceinturon en particulier, mais possédant à la fois un intérêt patrimonial et fonctionnel (zones de chasse voir de nidification de l’avifaune, population relictuelle de Tartonraire) sont incluses dans la ZNIEFF de type II.