Commentaire général
Les îles du Frioul sont constituées par l'île de Ratonneau au nord et l'île de Pomègues au sud, de superficie équivalente.
D'une largeur moyenne de 350 m pour une ligne de crête variant entre les côtes de 25 et 80 m, elles présentent dans leur totalité un relief accidenté et varié qu'accentuent les nombreuses criques et pointes.
Ces îles, dont le point le plus proche est situé à 2 km face à Marseille sont fortement présentes, par leur volume rocheux et blanc, dans le paysage maritime perçu depuis la cité phocéenne.
La rareté du sol et la faible pluviométrie contribuent à renforcer le caractère d'aridité de cette zone.
Flore et habitats naturels
La flore des îles ressemble beaucoup à celle de Marseilleveyre, bien que les conditions y soient dures et les floraisons rares. Ces sites ont en commun entre autres Sedum litoreum, Silene sedoides, Astragalus tragacantha, Pancratium maritimum, Phleum arenarium, Mesembryanthemum nodiflorum et les associations halophiles des Crithmo Limonietea. L’archipel abrite également des stations d’Ephedra distachya, de Hyoseris scabra et Melilotus siculus y a été indiqué mais n’a pas été revu.
L’Ilot de Tiboulen, de dimensions plus petites, est soumis à des conditions qui ne permettent pas le développement d’une végétation importante.
Faune
Ce site renferme 25 espèces d’intérêt patrimonial dont 12 sont déterminantes.
L’intérêt faunistique principal de l’Archipel du Frioul réside dans la présence de colonies de reproduction de trois espèces phares d’oiseaux marins, rares et très localisées : il s’agit du Puffin de Méditerranée (Puffinus yelkouan), du Puffin cendré Calonectris diomedea (50 à 70 couples nicheurs) et de l’Océanite tempête Hydrobates pelagicus (environ 10 couples reproducteurs). Cet intérêt biologique est encore renforcé par la nidification sur place du Faucon pèlerin (Falco peregrinus) et d’un couple de Traquet oreillard (Oenanthe hispanica), par la présence d’une colonie d’une centaine de couples nicheurs de Martinet pâle (Apus pallidus) ainsi que de dix couples de Monticole bleu (Monticola solitarius). De nombreux oiseaux transitent par cet archipel dans le cadre des migrations qu’ils effectuent.
Du côté des reptiles, citons la présence du Phyllodactyle d'Europe (Euleptes europaea), espèce déterminante tyrrhénienne élargie, rare en PACA et localisée aux milieux rocheux secs du littoral méditerranéen et des îles provençales et de la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce remarquable du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.
Concernant l’entomofaune, il faut citer l'Hespérie de la ballote (Carcharodus baeticus), espèce déterminante de Lépidoptère Hespériidés d'affinité ouest méditerranéenne, en régression et affectionnant les pelouses sèches où croissent ses plantes hôtes, en particulier le Marrube commun (Marrubium vulgare). Est également présente l'Hespérie de l'Herbe au vent (Syrichtus proto), espèce remarquable de lépidoptère Hespériidés d'affinité méditerranéenne, peu commune et localisée aux pelouses et friches sèches, dont la chenille se nourrit principalement de Phlomis herbaventi. De plus, il faut noter la présence du Grillon maritime (Pseudomogoplistes squamiger), espèce déterminante très rare, localisée et en régression, colonisant les bandes littorales avec laisses de mer des côtes méditerranéennes et des Canaries. Enfin, la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce ouest méditerranéenne de Papilionidés, protégée en France, inféodée à l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia), qui fréquente les pentes sèches, éboulis et coteaux pierreux, chauds et ensoleillés est connue sur l’archipel. Enfin, sont présents sur l’île deux coléoptères déterminants : le carabique Orthomus barbarus et la chrysomèle Cyrtonus rotundatus. Sept espèces de coléoptères remarquables les accompagnent : les carabiques Amara simplex, Amara (= Percosia) brevis, Dyschirius cylindricus et Masoreus wetterhalli, le Méloé Zonitis fernancastroi, les Ténébrions Allophylax picipes et Scaurus tristis.
Ces îles ont un fonctionnement particulier (populations pouvant présenter des différenciations génétiques, des adaptations plus ou moins importantes en fonction de la distance qui les sépare du continent) qui justifie leur séparation des milieux équivalents du continent (Marseilleveyre, Calanque, Nerthe). La délimitation de la Z.N.I.E.F.F. a été réalisée en fonction de :
·la répartition des populations d’espèces de faune et de flore et la répartition et l’agencement spatial des habitats : seules les plus grandes îles présentent un intérêt floristique, mais tous les îlots servent aux oiseaux marins (reposoirs). Donc tous les îlots et les îles de l’archipel sont concernés.
·le fonctionnement et les relations des écosystèmes entre eux : ces îles réalisent des échanges entre elles et avec le continent voisin (faune : déplacements sur de courtes distances, flore : phénomènes de zoochorie, d’anémochorie, d’hydrochorie).
·le degré d’artificialisation : il n’est significatif que sur l’Ile Ratonneau (Archipel du Frioul) où le port et la digue sont exclus de la Z.N.I.E.F.F.
·les contraintes du milieu physique : Le Frioul est abrité au sein du Golfe de Marseille, mais ses reliefs, moins élevés (86 m) que ceux de Riou (187 m), entraîne une influence du vent et des embruns en tous points des îles.
·L’archipel du Frioul se distingue encore parce qu’il ne comporte pas de végétation arborée. Dans l’ensemble la végétation est peu épanouie en raison de la force des vents.