ZNIEFF 930012462
MONTAGNE DE LA CANAILLE - FALAISES SOUBEYRANES - BEC DE L'AIGLE

(n° régional : 13108100)

Commentaires généraux

Description de la zone

L’ensemble constitué par la Montagne de la Canaille et le Bec-de-l’Aigle forme un large croissant d’axe nord-ouest. Les falaises s’étendent au-dessus de la mer sur 10 Km, depuis la Couronne de Charlemagne jusqu'au Cap de l’Aigle. Celle de la Ciotat est la plus haute falaise littorale d’Europe. La zone interne en forme d’hémicycle descend en pente douce, par l’intermédiaire d’une multitude de petits vallons, vers la plaine de la Ciotat. Ce site présente, outre des intérêts paysagers et naturalistes forts, un grand intérêt paléogéographique qui permet le long de la route des crêtes, d’étudier le contact d’une plate-forme carbonatée à Rudistes et d’une zone d’épandage deltaïque du Turonien

Flore et habitats naturels

Au-dessus de l’association classique des rochers littoraux provençaux soumis aux embruns (18-22), la garrigue à Hélianthème à feuilles de lavande et Bruyère multiflore colonise les marnes au bas des Falaises Soubeyranes et se retrouve jusqu’aux crêtes sommitales. Elle accueille localement, sur Cassis, de petites stations de Violette sous-arbustive, de Gaillet sétacé ou de Passerine hérissée, ou vers le Bec-de-l’Aigle de Liseron duveté et plus largement l’Anthyllis faux cytise et les fourrés à Myrte. Ces derniers, où s’observe le morphe leucocarpa, Myrte à fruits blancs, réapparaissent çà et là, en particulier dans les vallons encaissés qui descendent de la Grande Tête vers la Ciotat. Dans les falaises, à l’endroit de petites vires sablonneuses et légèrement nitrophiles pousse la Ficoïde à fleurs nodales (trois petites stations recensées). Elle est aussi connue sur quelques mètres carrés près du littoral, en contrebas des falaises. Sur la crête ventée, quelques pieds d’Ophrys de la Drome et de Genêt de l’Obel évoquent déjà la végétation des hautes croupes provençales et contrastent avec la flore thermophile présente à quelques mètres dans les formations tournées vers la Méditerranée. Les éboulis calcaires des croupes regardant vers la Ciotat montrent de belles populations de l’endémique provençale Gouffeia arenarioides.

De Cassis à la Ciotat, les calcaires passent latéralement à un faciès gréseux de plus en plus riche en silice puis à des poudingues au Bec-de-l’Aigle. La végétation calcicole à l’ouest cède ainsi la place à des formations à Lavande stoechas ou à cistes vers l’est : c’est une petite enclave de la végétation silicicole que l’on trouve plus à l’est, dans les massifs des Maures et de l’Esterel (Var) par exemple. C’est dans des sables de cette nature qu’existe la Canche de Tenore non loin du sémaphore.

Dans les garrigues rocheuses littorales près de ND de la Garde apparaît, en situation légèrement rudérale, le Gaillet à verrues et sur les flancs rocheux dénudés la Lavatère maritime. Enfin, le Bec de l’Aigle bénéficiant d’une douceur hivernale particulière voit se développer des formations thermophiles à Palmier nain parmi une riche flore de maquis.

Faune

Ce site renferme vingt et une espèces d’intérêt patrimonial dont sept sont déterminantes.

La faune de la Montagne de la Canaille et des Falaises Soubeyranes est caractérisée par son cortège d’espèces rupicoles, voire troglophiles : Faucon pèlerin (Falco peregrinus), Traquet oreillard (Oenanthe hispanica), Molosse de cestoni (Tadarida teniotis), Minioptère de Schreibers Miniopterus schreibersi (gîte de transit), Grand Duc d’Europe (Bubo bubo), Martinet pâle (Apus pallidus), Monticole bleu (Monticola solitarius), Monticole de roche (Monticola saxatilis), Hémidactyle verruqueux (Hemidactylus turcicus) (gecko extrêmement localisé dans les Bouches du Rhône et en région P.A.C.A.), Lézard ocellé (Timon lepidus). Enfin, curieusement, c’est une zone de halte migratoire favorable pour l’Aigrette garzette (Egretta garzetta) et le Flamant rose (Phoenicopterus ruber roseus) ainsi qu’une zone d’estivage de plus en plus régulière pour le Fou de Bassan (Morus bassanus) qui pourrait s’y installer dans un avenir proche en tant que nicheur.

Chez les insectes, signalons la présence de Duvalius auberti, espèce déterminante de coléoptère carvernicole et endémique des Bouches-du-Rhône et ouest du Var. Deux espèces remarquables sont également signalées, le Fourmilion géant (Palpares libelluloides) qui peuple les pelouses et les friches, ainsi que la Proserpine (Zerynthia rumina), papillon de jour ouest méditerranéen strictement lié à la présence de sa plante hôte locale, l’Aristoloche pistoloche ou crénelée (Aristolochia pistolochia) dans les garrigues et éboulis.

Commentaires sur la délimitation

La répartition des populations d’espèces de faune et de flore, la répartition et l’agencement spatial des habitats : les éboulis à Gouffeia, les vallons à Myrte comme les aires de chasses de rapaces (Grand-duc, Faucon pèlerin) s’étendent sur l’ensemble du massif. Le degré d’artificialisation justifie les limites à l’intérieur des terres : Vignoble de Cassis, l’autoroute, la ville de la Ciotat. Enfin, les pinèdes en contrebas des falaises tournées vers Cassis ont été évitées.