ZNIEFF 930012481
MOURRE D'AGNIS ET FORÊT DOMANIALE DE MAZAUGUE

(n° régional : 83177100)

Commentaires généraux

Commentaire général

 Massif d'un grand intérêt biologique présentant une morphologie différente de celle des autres chaînes montagneuses de la Provence calcaire marqué par un système de failles perpendiculaires à la ligne de crête en faisant une sorte de horst couronné par le plateau du Mourre d'Agnis.

 Flore et habitats naturels

 La dissymétrie dans la disposition des étages de végétation est moins nette que dans les autres massifs provençaux du fait d’une influence chaude venant par la vallée du Gapeau. La végétation est moins xérique en rapport avec les massifs protecteurs qui l’entourent.

Le climat moins xérique du Mourre d’Agnis a permis un grand développement spatial de la chênaie pubescente en comparaison avec les autres chaînes de la Basse Provence. Cette chênaie pubescente est riche à l’ubac avec les sorbiers (Sorbus aria et Sorbus domestica), les érables (Acer monspessulanum et Acer campestre), avec la présence de l’If (Taxus baccata). Elle révèle des influences septentrionales marquées par la présence du Genêt cendré, Pin sylvestre par place et l’abondance du Lis martagon.

 La zone par ailleurs présente une grande diversité de milieu et notamment :

- des enclaves dolomiticoles permettant le grand développement des formations rupicoles spécifiques (Linario origanifoliae Galietum pusilli) et même une végétation calcifuge à Arbousier, Fougère aigle, Bruyère arborescente, callune, Bruyère à balais, etc. ;

- des chênaies vertes à Aliboufier (Styrax officinalis), notamment entre Méounes et la Bergerie d’Agnis ;

- des formations de crêtes à Genêt de Lobel avec Jurinea humilis, Ephedra major, Orobanche santolinae ;

- des vires d’ubac à Sesleria avec Milium montianum ou Delphinium fissum ;

- des mares temporaires avec Polygala exilis et Lysimachia minima ;

- des cultures cynégétiques riches en messicoles.

 Le massif demeure néanmoins assez mal connu dans le détail, souffrant visiblement de l’attrait tout particulier, vis à vis des botanistes, du massif de la Sainte Baume tout proche.

 Faune

 Cette zone présente un intérêt élevé pour la faune. Elle recèle en effet un cortège de plus de 30 espèces animales patrimoniales dont douze déterminantes.

 La Genette y est présente en même temps que de nombreuses chauves-souris remarquables comme le très rare Murin de Bechstein (Myotis bechsteinii), espèce considérée comme menacée, liée aux forêts de feuillus âgées, dotées d’un sous-bois dense et de ruisseaux et de mares, la Barbastelle, dont c’est ici l’une des deux seules stations varoises de reproduction pour cette espèce forestière peu abondante et médio européenne plutôt nordique, le Vespère de Savi, espèce rupicole méridionale et thermophile, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) espèce déterminante et menacée, en déclin dans la région, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations, le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce déterminante glaneuse capturant les mouches et araignées, souvent liée aux milieux rivulaires et très stratifiés, utilisant des gîtes variés en reproduction (bâtiments, cavités, ponts), le Minioptère de Schreibers, la Noctule de Leisler, ainsi que le Petit rhinolophe.

 L’avifaune nicheuse comprend plusieurs espèces remarquables : Autour des palombes, Circaète Jean le blanc, Grand-duc d’Europe, Martin pêcheur d’Europe, Cincle plongeur, Bruant fou. Cette zone est utilisée comme territoire de chasse par l’Aigle de Bonelli et l’Aigle royal.

 Chez les amphibiens, on note la présence du Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus) et chez les reptiles celle du Lézard ocellé (Timon lepidus) espèce remarquable des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne. Deux autres reptiles remarquables sont mentionnés, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), couleuvre du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

 Les peuplements d’arthropodes sont particulièrement diversifiés et comportent de nombreuses espèces rares ou endémiques.

 Dans les mares temporaires, citons deux espèces remarquables de crustacés branchiopodes, Branchipus schaefferi et Chirocephalus diaphanus, espèces peu communes et localisées qui colonisent les pièces d’eau stagnantes très temporaires, grâce à leur développement rapide et la résistance de leurs œufs à plusieurs années au sec.

 Dans les eaux courantes fraiches subsiste une troisième espèce de crustacés rare en Provence, l’Écrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes).

 En bordure des cours d’eau et en lisière des versants boisés humides, citons l'Ephémère Habrophlebia eldae, espèce déterminante de la famille des Leptophlebiidae, la Diane (Zerynthia polyxena), espèce remarquable et protégée de papillon de jour dont la chenille se nourrit d’Aristoloches, en particulier Aristolochia rotunda. Ces mêmes milieux sont peuplés par la Thècle du frêne (Laesopis roboris), autre espèce remarquable inféodée aux boisements humides peuplés de sa plante hôte.

 Les boisements clairs peuplés par l’ombellifère Cervaria rivini (= Peucedanum cervaria) comportent un enjeu de conservation car ils sont localement colonisés par la rare Zygène du peucédan (Zygaena cynarae), dont la sous espèce florianii est endémique de la Sainte Baume et ses contreforts.

 Dans les pelouses sèches et garrigues ouvertes, le cortège d’insectes patrimoniaux est varié, citons le Lamie berger (Iberodorcadion fuliginator meridionale), sous-espèce remarquable de Cerambycidae aptère dont les larves terricoles se nourrissent de racines de fétuques, endémique de Provence, l’Anthophore Anthophora punctilabris, espèce déterminante de petite abeille velue (Apidés Mégachilinés) endémique de Provence, le Scorpion languedocien (Buthus occitanus), grande espèce remarquable d’affinité ouest méditerranéenne qui recherche des habitats au sol meuble, et les lépidoptères Marbré de Lusitanie (Iberochloe tagis), espèce déterminante très localisée représentée par la sous-espèce bellezina, endémique du sud de la France et de l’extrême nord-ouest de l’Italie, inféodée aux milieux ouverts où croît sa plante nourricière Iberis pinnata, Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), espèce déterminante d’affinité méditerranéo asiatique liée à des potentilles (du groupe Potentilla hirta), la Zygène des bugranes (Zygaena hilaris), espèce remarquable d'affinité ibéro provençale, liée aux pelouses et friches sèches où croît sa plante hôte la Bugrane jaune (Ononis natrix) et la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), espèce remarquable de lépidoptère diurne d’affinité ouest méditerranéenne, protégée en France, liée aux friches, garrigues et boisements clairs où croît la plante nourricière de sa chenille la Badasse (Dorycnium pentaphyllum). La présence en périphérie de la zone du Sablé de la luzerne (Polyommatus dolus dolus), espèce déterminante de rhopalocères, dont la sous-espèce dolus est endémique de Provence et peuple les chênaies claires, lisières et pelouses où croissent ses plante hôtes des sainfoins (Onobrychis ssp) est à remarquer, le papillon pouvant être recherché dans ses biotopes favorables. A signaler également la présence ancienne (disparue depuis) de la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), espèce déterminante de papillon de jour en forte régression, ne subsistant en France plus que dans les Alpes-Maritimes à l’est du fleuve Var.

 Enfin, il est important de signaler la présence du chilopode déterminant Lithobius fagniezi, espèce lithobiomorphe troglobie endémique du Var, rare et très localisée, vivant exclusivement dans quelques grottes de ce département (Jeannel, 1926 ; Iorio, 2010b) ; pour cette raison mais aussi parce que son milieu de vie peut être très vulnérable aux perturbations anthropiques, il possède une très forte valeur patrimoniale.

 Concernant les mollusques, une sous-espèce déterminante est mentionnée, le Maillot de la Sainte-Baume (Granaria stabilei anceyi). Elle est endémique et localisée sur les massifs de la Sainte-Victoire et de la Sainte-Baume et aux alentours du Mont Aurélien où elle fréquente les falaises et autres rocailles calcaires au niveau des crêtes bien exposées.

Commentaires sur la délimitation

Limites naturelles du massif, à l’ouest la ligne de séparation suit la vallée du Latay entre les glacières de Fontfrèges et Croquefigue.