ZNIEFF 930012507
ÎLE DU LEVANT

(n° régional : 83162100)

Commentaires généraux

Commentaire général

Site exceptionnel, sauvage et peu fréquenté, contrastant singulièrement avec les autres îles d’Hyères. Les importants travaux de débroussaillage réalisés pour raisons stratégiques ont favorisé le développement de formations basses (pelouses et fruticées) très riches en espèces végétales absentes ou disparues des autres îles d’Hyères par fermeture du couvert forestier. Son statut militaire garantit la pérennisation de ces espaces particuliers. En effet, bien que les installations militaires aient induit une forte artificialisation des milieux d’une petite partie de l’île, ils ont paradoxalement permis à certains habitats, côtiers notamment, d’évoluer de façon naturelle à l’abri d’une pression humaine importante.

Flore et habitats naturels

Très grande richesse et diversité en espèces des pelouses et fruticées basses appartenant notamment aux groupements des pelouses annuelles à hélianthèmes ou de l’isoetion, contenant de nombreuses espèces devenues aujourd’hui rares ou localisées sur le continent voisin et couvrant parfois ici des surfaces très importantes. Présence d’endémiques thyrréniènes (ensemble Balèares Corse Sardaigne) : L’île du Levant représente le dernier maillon oriental d’un alignement méridional extrême presque en totalité immergé. Ses affinités avec la flore thyrréniène en font tout l’intérêt. Uniques localités de la côte provençale pour Ptilostemon casabonae et Teucrium massiliensis. Présence de tout un ensemble d’espèces rares dans le sud de la France comme Thymelaea tartonraira, Galium minutulum, Verbena supina, Galium verrucosum, Vicia elegantissima, Serapias olbia et S. neglecta etc. Station d'Alkanna lutea la plus importante du sud de la France. Abondance de l’endémique Romulea florentii, proche de Romulea requienii de Toscane, Corse et Sardaigne, et que l’on ne retrouve, en population plus réduites, qu’à Port Cros puis au Cap Bénat. Présence en peuplements localisés mais parfois numériquement importants de Romulea assumptionis, longtemps considérée comme endémique des Baléares avant sa découverte récente au Levant puis à Port Cros. L’île du Levant apparaît ainsi, sous l’aspect de son cortège floristique, comme la plus originale des trois îles d’Hyères. Formations thermophiles à Euphorbe arborescente (Euphorbia dendroides). Formations de ruisselets temporaires à Carex punctata, Linaire à vrille (Kickxia cirrhosa), pelouses à Isoète de Durieu ou Linaire grecque (Kickxia commutata). Du fait de la quasi-absence de pression anthropique, les formations littorales (brousses de l’oléolentisque, prairies maritimes, plages, rochers littoraux etc.) sont dans un état de conservation sans équivalent ailleurs en Provence. En revanche, certaines espèces ornementales introduites autrefois présentent un risque réel pour les écosystèmes. C’est particulièrement le cas de l’Herbe de la pampa qui étouffe de nombreux de ruisseaux de l’île.

Faune

Moins connue des naturalistes que celles de Port Cros et de Porquerolles, l’île du Levant abrite 16 espèces animales patrimoniales. Dix d’entre elles sont déterminantes.

L’avifaune nicheuse locale renferme des espèces à faibles effectifs reproducteurs en France telles que le Puffin cendré (15 couples nicheurs sur l’île), le Puffin yelkouan ou Puffin de Méditerranée (800 1300 couples nicheurs), l'unique couple varois de cormoran de Desmarest et le Faucon pèlerin (5 couple reproducteur). Il convient de souligner que l'île du Levant abrite l'essentiel de la population française de puffin yelkouan. On peut aussi ajouter d’autres espèces intéressantes comme le Martinet pâle, le Petit-duc scops et le Monticole bleu. A noter également l’observation d’Océanite tempête dont le statut d’espèce nicheuse serait à confirmer.

Les amphibiens sont représentés par une espèce déterminante très localisée, endémique de quelques îles méditerranéennes : il s’agit du Discoglosse sarde. Chez les reptiles, notons la présence de deux espèces déterminantes qui sont la Tortue d'Hermann (Testudo hermanni), espèce de distribution circumméditerranéenne rare et très localisée en France et le Phyllodactyle d'Europe (Euleptes europaea), espèce tyrrhénienne élargie, rare en PACA et localisée aux milieux rocheux secs du littoral méditerranéen et des îles provençales. Plusieurs espèces remarquables sont à notifier notamment l’Hémidactyle verruqueux, espèce à distribution circumméditerranéenne, localisée en PACA à la frange littorale et aux îles provençales et fréquentant les milieux rocheux secs, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), grand serpent du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés et la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux.

Les arthropodes sont représentés par deux espèces déterminantes de chilopodes, à forte valeur patrimoniale : Henia bicarinata, espèce halophile exclusivement inféodé aux plages méditerranéennes, considéré comme fortement menacée et Tuoba poseidonis, espèce circumméditerranéenne halobie rare et menacée dans notre région.

Commentaires sur la délimitation

Limites dictées par l’insularité, en soustrayant les secteurs fortement anthropisés de la base militaire et le secteur totalement artificialisé du village.