ZNIEFF 930012516
MASSIF DES MAURES

(n° régional : 83200100)

Commentaires généraux

Commentaire général

Ensemble forestier exceptionnel tant du point de vue biologique qu’esthétique. Zone cristalline très diversifiée en biotopes encore bien préservés : paysages rupestres, ripisylves, taillis, maquis, pelouses et de très belles formations forestières. Relief accentué traversé par de nombreux ruisseaux et rivières plus ou moins temporaires.

Flore et habitats naturels

Les espèces forestières sont dominées par le Chêne liège et le Chêne vert. Bois de Pins parasols, régénération difficile du Pin mésogéen. Le Pin d’Alep est surtout présent à l’ouest et au sud-ouest du massif. Les châtaigneraies, dont beaucoup sont anthropogènes ont fait la réputation de Collobrières.

Les vallons frais et humides en ubac sont fréquemment peuplés par une grande fougère rare dans la région provençale = Osmunda regalis. D’autres espèces, d’un très grand intérêt biogéographique, sont particulièrement rares : Ophioglossum vulgatum, Ophioglossum lusitanicum, Blechnum spicant, Cicendia filiformis, etc.

Enfin, un bon nombre d’espèces sont protégées au plan national : Kickxia cirrhosa, Lythrum thymifolium, Ranunculus ophioglossifolius, Ranunculus revelieri, Genista linifolia, Vicia laeta, Serapias neglecta, Serapias parviflora, Spiranthes aestivalis, Isoetes duriei, Isoetes hystrix, Kickxia commutata, Nerium oleander, Gratiola officinalis, Allium chamaemoly, Heteropogon contortus, Vitex agnus castus, etc.

Pour les particularités locales, voir aussi les développements dans les sous zones :

- Saint Clair, pierre d’Avenon, Aiguebelle,
- Vallon de l’Estelle,
- Le Pansard,
- Le Maravenne, vallons de Valcros et Tamary
- La Verne,
- Vallée du Réal Collobrier,
- Maures septentrionales de Notre Dame des Anges à la Garde Freinet,
- Adret du mont Roux,
- Vallon de la Gaillarde,
- Grand Noyer, Petit Noyer,
- Lambert,
- Capelude,
- Forêt du Dom.

Intérêts géologiques et pédologues :
Remarquables affleurements de basaltes quaternaires : les basaltes de Maravielle sont à la Provence cristalline ce que sont les basaltes d’Evenos à la Provence calcaire.

Gisement de grenat de Sarvengude : les micaschistes de Sarvengude appartiennent au groupe des Berles et présentent un grand intérêt minéralogique car ils sont très riches en grenats de grande taille très recherchés.

Collobriérite de Collobrières : appartenant au groupe de micaschistes de Berles, la collobriérite, roche cristalline dense, est particulièrement bien représenté dans le vallon de Vaubarnier où elle est particulièrement riche en magnétite, amphiboles ou grenats.

A l’ouest du Plan de la Tour, zone d’érosion en boules caractéristiques pour ses granites. Les produits d’érosion et d’altération en place des granites ont donné des sols particuliers dans ce secteur de la Provence. On y rencontre :
- des sols minéraux bruts d’érosion.
- des sols peu évolués humifères (rankers) ou d’apports alluviaux et colluviaux, de structure très grossière, riches en graviers de quartz.
- des sols brunifiés modaux ou faiblement lessivés.
Voir aussi développement particulier dans les sous zones :
 - Le Pansard,
 - Le Maravenne, vallons de Valcros et Tamary,
 - Maures septentrionales de Notre Dame des Anges à la Garde Freinet.

Faune

Bien connu sur le plan naturaliste, le massif des Maures possède un intérêt faunistique exceptionnel, avec plus d’une centaine d’espèces animales d’intérêt patrimonial recensée.

L’avifaune patrimoniale y est représentée par plusieurs espèces déterminantes de grand intérêt telles que le Coucou geai (Clamator glandarius), l’Hirondelle rousseline (Cecropis daurica), la Pie grièche à tête rousse (Lanius senator). Parmi les autres espèces aviennes patrimoniales, citons parmi les rapaces diurnes l’Aigle royal (Aquila chrysaetos) (1 couple reproducteur découvert en 2000), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus) (6 couples nicheurs), le Faucon hobereau (Falco subbuteo), la Bondrée apivore (Pernis apivorus) et parmi les rapaces nocturnes le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo) (1 couple nicheur possible), la Chouette chevêche (Athene noctua) et le Hibou Petit duc scops (Otus scops). Chez les autres groupes d’oiseaux, les espèces nicheuses remarquables comprennent le Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis), le Guêpier d’Europe (Merops apiaster), la Huppe fasciée (Upupa epops), le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), le Pic épeichette (Dendrocopos minor), le Bruant proyer (Emberiza calandra), le Bruant fou (Emberiza cia), le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), la Pie grièche méridionale (Lanius meridionalis), la Fauvette orphée (Sylvia hortensis), le Gobemouche gris (Muscicapa sriata).

Les mammifères sont quant à eux représentés par la Genette commune (Genetta genetta) et par diverses espèces de chauves-souris comme le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), le Murin de Bechstein (Myotis bechsteinii), le Petit Murin (Myotis blythii), le Grand Murin (Myotis myotis), le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii) et le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis).

La Cistude d’Europe (Emys orbicularis) et la Tortue d’Hermann (Testudo hermanni) comptent dans ce massif parmi leurs plus belles populations provençales. Elles sont accompagnées d’autres reptiles appartenant à un cortège typiquement provençal : Seps strié (Chalcides striatus), Psammodrome d'Edwards (Psammodromus edwarsianus), Lézard ocellé (Timon lepidus) ou encore Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus) et la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris).

Parmi les amphibiens, citons notamment la présence du Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus et de la Grenouille agile (Rana dalmatina).

Les poissons d’eau douce comprennent notamment le Barbeau méridional, adapté aux ruisseaux temporaires, et le Blageon.

Le cortège d’arthropodes est très riche en espèces patrimoniales appartenant d’ailleurs à différents groupes (insectes, arachnides, crustacés) et associés à une palette de milieux naturels.

Les coléoptères du site comprennent une très grande diversité d’espèces, dont 61 taxons déterminants et 14 remarquables. Parmi eux, ce sont les Staphylinidae endogés, vivant souvent dans ou sous la litière des forêts et vallons du massif, qui représentent le plus d’espèces à statut. Celles-ci, toutes déterminantes car endémiques d’aires plus ou moins restreintes de Provence, comprennent  Etomoculia antheorensis, henryi, malierensis, opulentissima et theloti, Glyphobythus hervei, Leptotyphlus angelicus, argensis, balachowsky, coiffaiti, compitalis, dispar, dispersus, domensis, dujardini, fissuralis, furcatus, gardensis, hades, laneyriei, lobatus, londensis, monachus, sassii, stobinoi et sublaneyriei, Mayetia bonadonai, coiffaiti, debilis, delamarei, fagniezi, fossulata, jeanneli , jolyi et martelensis, ainsi que Paramaurops abeillei, aberrans, achaetus, collobrierensis, hervei, jeanneli, laneyriei, molinieri, provincialis, remotus, siettii, simoni et varensis. Parmi les espèces des litières forestières figure également le Ptérostique de Lasserre (Pterostichus lasserrei), espèce déterminante de Carabidés endémique des boisements de basse et moyenne altitude de Provence. Les forêts du massif des Maures sont aussi particulièrement riches en coléoptères saproxyliques rares et localisés, dont les espèces déterminantes Limoniscus violaceus, Lichenophanes varius, Opilo abeillei, Necydalis ulmi, Nustera distigma et Prinobius miyardi, et les espèces remarquables Brachygonus bouyoni, Brachygonus ruficeps, Ischnodes sanguinicollis, Megapenthes lugens, Nematodes filum, Psoa dubia, Aegomorphus francottei, Chlorophorus glaucus, Chlorophorus ruficornis, Stictoleptura trisignata, Stictoleptura fontenayi et Mycetophagus fulvicollis. Ces coléoptères, dont les larves sont cavicoles, lignicoles ou fongicoles, sont liés pour la plupart aux vieux arbres feuillus représentés ici principalement par les chênes verts et chênes-liège ainsi que par les châtaigniers.
Les espèces liées ruisseaux et rivières incluent deux taxons déterminants : Bembidion siculum winkleri, Carabique d'Europe méditerranéenne occidentale rare et localisé en France où il fréquente les bords de cours d'eau, et Dicronychus versicolor, Elateridae méditerranéen, localisé et en régression, lié aux ripisylves et milieux côtiers sur substrat sablonneux, présent en France uniquement en Provence.
Les milieux ouverts et semi-ouverts accueillent 4 espèces déterminantes connues : le Carabe voyageur (Carabus vagans), carabique franco-ligure xérophile, en limite d’aire, présent en France uniquement en Provence, Metadromius myrmidon, espèce très rare de Carabidés du Midi de la France, surtout inféodée à la litière des cistes dans les endroits secs et sablonneux, Dibolia veyreti, Chrysomelidae ouest-méditerranéen vivant sur Prunella vulgaris et Stachys officinalis, présent en France uniquement en PACA, et la Phytoécie blessée (Phytoecia vulneris), longicorne restreint aux Balkans, à l'Italie et à la France où il est présent uniquement dans le sud-est, inféodé au plantain de la serpentine. Deux espèces remarquables sont également recensées dans ces habitats : Longitarsus fallax, Chrysomelidae à large répartition mais très localisé en France vivant sur diverses Boraginacées des biotopes chauds et secs, et Triodontella bucculenta, Scarabaeidae franco-italien ne se trouvant en France que dans le sud-est où le massif des Maures constitue son principal bastion.

Concernant les lépidoptères, mentionnons trois espèces déterminantes, l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), d’affinité méditerranéenne orientale, vivant dans les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles où la chenille vit au dépend de différentes potentilles (Potentilla gr. hirta), la Thécla de l’Arbousier (Callophrys avis), espèce rare et localisée, typiquement méditerranéenne, de répartition ouest méditerranéenne, fréquentant les maquis et broussailles où croît sa plante hôte et le Marbré de Lusitanie (Iberochloe tagis), espèce très localisée représentée par la sous-espèce bellezina, endémique du sud de la France et de l’extrême nord-ouest de l’Italie, inféodée aux milieux ouverts où poussent ses plantes nourricières, les Iberis. A noter que l’Hespérie du barbon (Gegenes pumilio) semble avoir disparue du sud du massif où elle a été vue pour la dernière fois en 1982. Ces espèces sont accompagnées de quatre papillons remarquables, la Thécla de l'orme (Satyrium w album), l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), la Diane (Zerynthia polyxena) et la Proserpine (Zerynthia rumina).

Parmi les espèces intéressantes d’odonates figurent notamment le Caloptéryx occitan (Calopteryx xanthostoma), espèce remarquable d’affinité ouest méditerranéenne que l’on rencontre dans les ruisseaux et les rivières à eaux claires, la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), espèce remarquable d’odonate, protégée en Europe, d’affinité ouest méditerranéenne, dont la larve aquatique se développe au niveau du chevelu racinaire des arbres rivulaires.

Deux espèces remarquables de Neuroptères sont également signalées, le Grand fourmilion (Palpares libelluloides), espèce assez commune dans les Bouches-du-Rhône et le Var mais toujours localisée aux steppes et autres formations herbacées maigres et sèches, et l’Ascalaphe loriot (Libelloides ictericus), qui affectionne les surfaces ouvertes avec une strate herbacée dense.

Un Mantidae peut également être cité, la Mante terrestre (Geomantis larvoides), espèce remarquable et peu commune d’affinité ouest méditerranéenne, caractérisée par son déplacement vif en courant sur le sol. Les orthoptères se singularisent par la présence de l’Ephippigère provençale (Ephippiger provincialis), espèce remarquable méditerranéenne et thermophile, endémique des départements du Var et des Bouches du Rhône où elle peut être localement abondante dans les maquis, cultures, vignes et lisières forestières. Notons par ailleurs la présence de la spectaculaire Magicienne dentelée (Saga pedo), sauterelle protégée relativement bien représentée localement.

Les crustacés sont représentés par le Cyclops prealpinus prealpinus, Copépode propre aux eaux oligotrophes de la retenue du barrage de la Verne, par les Cloportes (Crustacés Isopodes) Armadillidium quinquepustulanum, espèce endémique des stations sablonneuses chaudes et sèches du massif des Maures et des îles d’Hyères, Trichoniscus darwini, espèce remarquable localisée en PACA aux départements du Var, des Alpes-Maritimes et du Vaucluse, Haplophthalmus provincialis, espèce remarquable propre aux départements des Bouches-du-Rhône, du Var et des Alpes-Maritimes, et Tiroloscia esterelana, espèce remarquable des sols siliceux des châtaigneraies, des subéraies et des yeuseraies, endémique des massifs des Maures et de l’Esterel.

Chez les Arachnides, notons la présence du Scorpion jaune languedocien (Buthus occitanus), espèce méditerranéenne remarquable, relativement localisée, liée aux endroits rocailleux, ouverts, secs, chauds et ensoleillés (espèce dite « xéro thermophile »), ainsi que de l’araignée forestière Leptoneta vittata.

Enfin, chez les mollusques, citons notamment la Fausse veloutée des chênes lièges (Urticicola suberinus), espèce déterminante d’Hygromiidés, décrite en 1882 puis redécouverte récemment dans les environs de Collobrières après être complètement tombée dans l’oubli, reconnue comme espèce bien caractérisée et endémique des subéraies des Maures et de l’Esterel, cette espèce étant très dépendante des feuilles de chêne liège dont elle se nourrit.

Commentaires sur la délimitation

Les limites de cette ZNIEFF ont été choisies pour englober le massif des Maures, en essayant d’éviter le plus possible les zones trop mitées (vigne ou habitation). La plaine des Maures et le rocher de Roquebrune (déjà en ZNIEFF par ailleurs) constituent les limites Nord de la zone.