ZNIEFF 930012571
MONTAGNE DE BROUIS, GORGES DE L'ARTUBY, MONTAGNE DE CLARE

(n° régional : 83100139)

Commentaires généraux

Commentaire général

Sauvage et préservé, le massif du Brouis constitue une entité naturelle d’un exceptionnel intérêt, de par sa situation au confluent de deux mondes, le méditerranéen et l’alpin, et de par la très faible fréquentation dont il fait l’objet. Difficilement accessible, il offre cependant à l’excursionniste volontaire des paysages grandioses et variés, avec sonpittoresque défilé de l’Artuby se faufilant au travers de gorges étroites. Site grandiose du “coup de hache”, au moulin de Bargème, où la rivière entaille la montagne pour s’écouler en cascade un peu plus bas. Importantes dollines à la colline de la Clare. Nombreux monuments historiques: Ruines du Castellas, chapelle St Blaise, chapelle St Laurent.

 

Flore et habitats naturels

Très grande diversité de milieux sur un territoire restreint. Contact entre les étages méditerranéen, supra méditerranéen et montagnard. Forêts de chênes pubescents et de pins sylvestres à buis. Belles pinèdes mésophiles à sous-bois moussus avec localement (ubac de Clare) l’Orchis de Spitzel (Orchis spitzelii). Landes à genêt cendré avec, sur Brouis, l’Inule changeante (Inula bifrons). Fruticees basses à lavandes et thym où se rencontrent fréquemment la Carline à feuille d’acanthe et la Leuzée conifère. Sur le Brouis hétraies et sapinières à Androsace chaixii. Abondance dans les sous bois des Raisins d’ours, Cotoneaster et présence localisée de la Myrtille. Sur les crêtes présence d’Arenaria cinerea endémique provençale et sur les parois verticales (Falaises calcaires liguro apennines) une des rares populations varoises de la Primevère à feuilles marginées (Primula marginata). Les Lis martagon et de pompone sont présents dans toute la zone au Brouis, dans les gorges de l’Artuby et à la Clare. La Sabline du Verdon (Moehringia intermedia) est bien présente dans les escarpements d’Artuby. Le remarquable et très typique marécage du plan d’Anelle présente une formation à Carex davalliana, des zones fangeuses avec touradons de Carex paniculata, une moliniaie, des près de fauche et quelques haies vives. On y observe l’Ophioglosse (Ophioglossum vulgatum) et l’Orchis punaise (Orchis coriophora subsp. coriophora). Il mérite conservation étant donné son état intact et compte tenu de sa faible surface (1 hectare).

 

Faune

Cette zone accueille 33 espèces d’intérêt patrimoniale, dont huit sont déterminantes.

Parmi les mammifères, il convient de citer la présence remarquable du Loup (Canis lupus) carnivore forestier déterminant aujourd’hui en expansion mais présent avec de faibles effectifs. Pour les chiroptères, des données anciennes signalent la présence du très rare Rhinolophe euryale (Rhinolophus euryale) et du Petit Murin (Myotis blythii) espèce déterminante thermophile occupant des cavités souterraines ou bâtis en reproduction et chassant en milieux ouverts. Des études plus récentes signalent de nombreuses autres espèces en chasse sur le secteur. Des gîtes sont donc à trouver sur le site notamment pour le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) espèce déterminante et menacée, en déclin dans la région, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations et la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), espèce forestière déterminante, vulnérable et en régression, d’affinité médio-européenne, très résistante au froid.

En ce qui concerne l’avifaune locale et déterminante, seul le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) est représenté sur la zone, où il est nicheur. Pour les espèces patrimoniales remarquables : Autour des palombes (Accipiter gentilis), Aigle royal (Aquila chrysaetos), Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), Bondrée apivore (Pernis apivorus), Faucon hobereau (Falco subbuteo), Tétras lyre (Tetrao tetrix), Caille des blés (Coturnix coturnix), Pigeon colombin (Columba oenas), Chouette de Tegmalm (Aegolius funereus), Petit duc scops (Otus scops), Huppe fasciée (Upupa epops), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), Fauvette orphée (Sylvia hortensis), espèce remarquable d’affinité méridionale et liée aux milieux arborés clairs, Fauvette grisette (Sylvia communis), Gobemouche gris (Muscicapa striata), Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce remarquable de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle, Pie grièche à tête rousse (Lanius senator), Moineau cisalpin (Passer italiae), Venturon montagnard (Carduelis citrinella), espèce paléo-montagnarde remarquable, typique des boisements de conifères semi ouverts, Bruant fou (Emberiza cia), Bruant ortolan (Emberiza hortulana), Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax).

Du côté des reptiles, citons la présence de deux espèces remarquables, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.
L’entomofaune déterminante est représentée par le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce déterminante de lépidoptère d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea).

L’entomofaune remarquable est représentée notamment par deux lépidoptères rhopalocères (« papillons de jour ») : l’Apollon (Parnassius apollo) espèce montagnarde et en régression de Papilionidés, relicte de l’ère tertiaire ayant survécu à la dernière glaciation européenne, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis, surtout sur substrat calcaire, riches en Crassulacées, dont se nourrit sa chenille et l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce et protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki).

Commentaires sur la délimitation

Logique de massif entourant le lit de l’Artuby qui appartient à un autre système fonctionel, donc à une autre ZNIEFF.