ZNIEFF 930012589
PRAIRIES ET COURS DE LA BRAGUE ET DE SES PRINCIPAUX AFFLUENTS

(n° régional : 06122100)

Commentaires généraux

Description de la zone

Cette zone se compose de la Brague, fleuve côtier caractérisé par une ripisylve riche en aulnes, noisetiers et frênes ainsi que par ses nombreuses launes et ses remarquables cascades calcifiées. Long de 21 km, il prend sa source sur la commune de Châteauneuf, à 340 m d’altitude et se jette dans la Méditerranée à Antibes. En amont de son embouchure, au milieu d’un secteur fortement anthropisés, se retrouvent des prairies humides constituées par des parcelles de pâturages et de près de fauche limités par des haies de Peupliers et de Frênes, et des petits bois. Certaines parcelles sont encore soit fauchées, soit pâturées par des chevaux.

Le Bruguet et la Valmasque, deux affluents de la Brague, viennent compléter cette ZNIEFF.

Flore et habitats naturels

Ces prairies humides de la zone littorale sont parmi les dernières du département. Elles abritent une grande diversité d’espèces parmi lesquelles certaines sont devenues rares du fait de la destruction de leur milieu. On note par exemple : la Tulipe d’Agen (Tulipa agenensis), la Jacinthe de Rome (Bellevalia romana). Dans la ripisylve on peut trouver la Cousoude bulbeuse (Symphytum bulbosum).

Faune

Trente-huit espèces animales d’intérêt patrimonial évoluent dans ce secteur. Parmi celles-ci, 10 sont déterminantes.

Elles correspondent à deux poissons remarquables d’eau douce d’intérêt communautaire, le Blageon (Telestes souffia), espèce grégaire des cours d’eau à fonds graveleux, et le Barbeau méridional (Barbus meridionalis), espèce d’affinité méridionale liée aux cours d’eau clairs et bien oxygénés, à débit rapide, sur substrat de graviers.

L’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse est représentées par des espèces remarquables comme l'Autour des palombes (Accipiter gentilis), espèce forestière peu commune et discrète, la Huppe fasciée (Upupa epops), espèce de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, le Martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis), espèce à large répartition mondiale et occupant les rives des cours d'eau, étangs, lacs aux berges meubles et érodées, le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), espèce liée aux cours d’eau froids, propres et bien oxygénés, à courant plutôt vif, entre 100 et 2 400 m. d’altitude, le Pic épeichette (Dendrocopos minor) ou encore le Petit-duc scops (Otus scops). Ces vallées et leurs prairies humides sont également des lieux de passage pour de nombreux autres oiseaux comme le Héron pourpré (Ardea purpurea), le Crabier chevelu (Ardeola ralloides), l’Aigrette garzette (Egretta garzetta) et bien d’autres encore.

Un amphibien déterminant a été observé dans cette zone, la Grenouille agile (Rana dalmatina) espèce déterminante largement répartie en Europe mais localisée en PACA. De plus, le site abrite la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), reptile remarquable du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

Les arthropodes sont représentés par plusieurs cortèges.

Six espèces de lépidoptères d’intérêt patrimonial ont été observées. Deux sont déterminantes, la Nigériane (Araeopteron ecphaea), Erebidae cité pour la première fois en France en 2003, de répartition afrotropicale et méditerranéenne et présente uniquement en Corse et sur le littoral en PACA et la Zygène du peucédan (Zygaena cynarae), espèce rare et localisée, en populations dispersées, qui fréquente les pelouses en lisière, les clairières et boisements clairs où croît sa plante hôte Cervaria rivini, représentée ici par la sous-espèce valletensis. Les autres espèces sont remarquables : l'Acidalie discrète (Idaea libycata), Geometridae présente uniquement dans le sud-est de la France et appréciant les milieux bien exposés, la Nonagrie des marais (Lenisa geminipuncta), espèce de papillon de nuit, en populations localisées et dispersées un peu partout en France, mais plus rare dans le sud, inféodée aux milieux marécageux et dont la chenille endophyte vit dans les tiges de roseau (Phragmites australis), la Zygène des bugranes (Zygaena hilaris, ssp. ononidis ici), espèce d'affinité ibéro-provençale, liée aux pelouses et friches sèches où croît sa plante hôte (Bugrane jaune Ononis natrix) et la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéo-asiatique, protégée au niveau européen, localement inféodée à Aristolochia pistolochia et parfois Aristolochia pallida, dans les chênaies claires et pentes rocailleuses bien exposées jusqu’à 1 300 m d’altitude.

Cinq espèces remarquables d’odonates ont été inventoriées dans cette zone : le Caloptéryx occitan (Calopteryx xanthostoma), espèce ouest-méditerranéenne, inféodée aux rivières à eaux claires, l'Aeschne printanière (Brachytron pratense), espèce d'Europe tempérée préférant les eaux douces stagnantes et permanentes, le Cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), espèce de grande taille, inféodée par sa larve aquatique aux ruisseaux des versants pentus des montagnes sud-européennes, la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), espèce protégée au niveau européen, d’affinité ouest-méditerranéenne, dont la larve aquatique se développe au niveau du chevelu racinaire des arbres qui bordent les cours d’eau de plaine et certains lacs et le Gomphe semblable (Gomphus simillimus), espèce se reproduisant dans des eaux faiblement courantes et ensoleillées.

Du côté des orthoptères, citons la présence du Grillon des jonchère (Trigonidium cicindeloides), espèce déterminante d'orthoptères d'affinité thermo méditerranéenne, très localisée en France à certaines prairies humides et lisières de ripisylves sur le littoral, de Marseille aux Alpes Maritimes et du Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce remarquable cavernicole endémique franco-italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, fentes des rochers et autres recoins obscurs et humides.

Citons également la présence de l’Ascalaphe italien (Libelloides italicus), espèce déterminante extrêmement rare en France, dont la présence est limitée à quelques populations localisées sur le littoral des Alpes-Maritimes, de l'Eucnemidae Nematodes filum, espèce remarquable à répartition européenne mais toujours rare, xylophage dans le bois mort des feuillus de plaine, du Capricorne velouté (Cerambyx welensii), espèce de longicorne (Cerambycidés) remarquable, principalement inféodée au bois sénescent de chênes dont se nourrit la larve, de la Cigale argentée (Tettigetta argentata), espèce remarquable d'affinité méditerranéenne, localisée mais assez commune, qui recherche les milieux arides parsemés d'arbustes et de la Mante terrestre (Geomantis larvoides), espèce remarquable et peu commune d'affinité ouest-méditerranéenne, liée aux pelouses rases et sèches où elle chasse ses proies en courant sur le sol.

Deux Arachnides déterminantes sont aussi présentes, Cyrtarachne ixoides, Araneidés rare, très discrète et en limite d’aire de répartition en PACA et la Dolomède des marais (Dolomedes fimbriatus), espèce très rare et en régression, dont la taille imposante lui permet de chasser des invertébrés et des poissons dans les marais chauds et ensoleillés.

Enfin, un mollusque Gastéropode est connu du secteur, Argna ferrarii blanci, sous espèce déterminante et rare d’Argnidés, exclusivement répandue en France dans les Alpes Maritimes mais présente aussi en Espagne et en Italie, se rencontrant dans les bois humides et parmi les rochers.

Sur le plan hydrobiologique, la diversité en Invertébrés benthiques est assez élevée, en période de hautes eaux comme aux étiages ; la richesse taxonomique de la Brague est moyenne, plus faible que celle de cours d’eau homologue peu ou pas perturbés de la région.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF intègre le cours de la Brague et les derniers fragments encore intacts des prairies humides qui l’accompagnent, ainsi qu’une partie de la Valmasque et du Bruguet.