ZNIEFF 930012596
MONTAGNE DU CHIER

(n° régional : 06110100)

Commentaires généraux

Description de la zone
L’utilisation et l’exploitation de ces territoires par l’homme depuis le Néolithique ont favorisé les mosaïques de végétation qui impriment au paysage des ambiances très contrastées. La fraîcheur des forêts d’ubac et des vallons encaissés s’oppose à la chaleur et la sécheresse des adrets caillouteux. La montagne du Chier est une zone de forte condensation atmosphérique favorable à une puissante dynamique du Noisetier qui forme ici des peuplements exceptionnels. Elle présente un modelé karstique très caractéristique avec de nombreuses dolines et d’étendues de lapiaz boisées.

Flore et habitats naturels
La végétation du karst présente des associations originales et étonnantes, comme des ourlets herbacés colonisant les fissures de lapiaz riches en espèces patrimoniales : la Dauphinelle fendue (Delphinium fissum), la Serratule à feuilles de lycope (Klasea lycopifolia), la fritillaire à involucre (Fritillaria involucrata), l’aristoloche pâle (Aristolochia pallida). Les boisements denses de noisetiers et chênes pubescents bordant les dolines abritent la Clandestine écailleuse (Lathraea squamaria), la scille d’Italie (Hyacinthoides italica) et la scille à deux feuilles (Scilla bifolia). La présence ancienne du Vérâtre noir (Veratrum nigrum) est signalée. Les pelouses sèches et lavandaies abritent de belles populations du Cytise d’Ardoino (Cytisus ardoinoi), tandis que les pelouses karstiques sont riches en espèces de gagées (Gagea bohemica, Gagea villosa, Gagea pratensis).

Faune
Ce massif montagneux possède un patrimoine faunistique d’un intérêt biologique élevé, avec 23 espèces animales d’intérêt patrimonial, dont 5 sont déterminantes.

Le peuplement avien nicheur, ou probablement nicheur, s’illustre par la présence de nombreuses espèces remarquables : Bondrée apivore (Pernis apivorus), rapace , d’affinité médioeuropéenne, recherchant les forêts claires de feuillus et les mosaïques de milieux boisés et de milieux ouverts, Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, Caille des blés (Coturnix coturnix), espèce des milieux dégagés à végétation herbeuse haute (prairies et cultures notamment), jusqu’à 2 200 m d’altitude, Petit duc scops (Otus scops), espèce d’affinité méridionale, en diminution aujourd’hui, présent jusqu’à 1 800 m d’altitude, Chevêche d’Athéna (Athene noctua), espèce de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, en déclin général, présente jusqu’à 1100 m d’altitude, Huppe fasciée (Upupa epops), espèce de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, en diminution aujourd’hui, Torcol fourmilier (Jynx torquilla), espèce plutôt localisée et pas très fréquente en région PACA, des milieux boisés clairs à tendance xérothermique jusqu’à 1 400 m d’altitude, Pic épeichette (Dendrocopos minor), espèce  plutôt localisée et pas très fréquente en région PACA, liée aux forêts claires de feuillus caducifoliés jusqu’à 1 600 m d’altitude, Monticole bleu (Monticola solitarius), espèce rupicole d’affinité méditerranéenne, se rencontrant dans les zones de falaises et d’escarpements rocheux, les gorges, les ruines, les garrigues claires rocailleuses, jusqu’à 1 600 m d’altitude, Monticole de roche (Monticola saxatilis), espèce rupicole moins méridionale que la précédente, des terrains accidentés secs, rocailleux et ensoleillés à végétation rase, jusqu’à 2700 m d’altitude, Fauvette orphée (Sylvia hortensis), passereau plutôt localisé et en léger déclin, d’affinité méridionale marquée, propre aux coteaux boisés, secs et ensoleillés riches en buissons élevés jusqu’à 1 300 m d’altitude, Fauvette à lunettes (Sylvia conspicillata), espèce méditerranéenne des zones ouvertes, peu fréquente et localisée en région PACA, Pie grièche méridionale (Lanius meridionalis), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle, Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle, Bruant fou (Emberiza cia), passereau d’affinité à la fois méridionale et montagnarde, propre aux milieux ouverts et rocailleux, secs et ensoleillés, de 300 à 2 600 m d’altitude, Bruant ortolan (Emberiza hortulana), espèce xérothermophile des milieux ouverts et semi ouverts, secs et ensoleillés, parsemés d’arbres et de buissons, d’affinité méridionale, en nette régression en France depuis 1950, jusqu’à 1 300 m d’altitude. A signaler également le passage régulier de Vautour fauve (Gyps fulvus) lors de leurs déplacements.

Du côté des reptiles, citons la présence de trois espèces remarquables, le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce d’affinité méditerranéenne des milieux ouverts, rocailleux et ensoleillés, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

Les amphibiens sont représentés par une espèce remarquable, le Spélerpès de Strinati (Speleomantes strinatii), dont l’aire de répartition mondiale est très restreinte et dont la présence sur le site constitue un enjeu majeur de conservation.

Trois lépidoptères d’intérêt patrimonial sont également présents : le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce déterminante d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea), accompagnée de deux espèces remarquables, l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), espèce à aire de distribution morcelée, inféodée aux milieux rocheux où croissent les plantes nourricières de sa chenille, des orpins (Sedum) et la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéo asiatique, protégée au niveau européen, localement surtout inféodée à Aristolochia pistolochia dans les chênaies claires et pentes rocailleuses bien exposées jusqu’à 1 300 m d’altitude.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF prend en compte le massif de la Montagne du Chier délimité au sud par la combe de Cagne et le vallon du Ruth, au nord par le ruisseau de Bouyon et s’étend à l’est jusqu’au village du Broc.