ZNIEFF 930012597
HAUTES GORGES DU LOUP

(n° régional : 06100154)

Commentaires généraux

Description de la zone

Les Gorges du Loup sont connues pour compter parmi les plus beaux monuments naturels des Préalpes du Sud.
Le Loup s'écoule au fond de gorges très encaissées, entre de hautes parois verticales, séparant les plateaux karstiques de Caussols et de Saint Barnabé. Il traverse une région très pittoresque présentant une multitude de curiosités naturelles : grottes, cascades (cascade de Courmes), barres rocheuses spectaculaires, énormes marmites, grottes. L'effet esthétique est encore augmenté par la coloration particulière de la roche. Au dessus de ces paysages spectaculaires dominent de curieuses agglomérations perchées : Courmes, Gourdon, Le Bar sur Loup. Très grande richesse archéologique et historique (pont du Loup, etc...). C'est une zone d'un grand intérêt biologique, faunistique et floristique.

Flore et habitats naturels

On retrouve dans ces gorges un curieux mélange de flore mésophile, au bord de la rivière la Scolopendre (Asplenium scolopendrium), et d'une flore thermophile voire xérophile sur les escarpements rocheux avec le Chou des montagnes (Brassica montana), l'Amarinthe (Prangos trifida), la Lavatère maritime (Malva subovata)...
Il convient de souligner la présence de l'Ephedra des Monts Nébrodes (Ephedra major) de découverte récente et très rare dans les Alpes-Maritimes.

Faune

Les hautes gorges du Loup offrent un intérêt faunistique très élevé avec 50 espèces animales d’intérêt patrimonial dont 15 sont déterminantes.

L’intérêt mammalogique du site résulte de la présence du Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région PACA, présent jusqu’à 2 500 m, de la Genette (Genetta genetta), petit carnivore remarquable, originaire d’Afrique et d’affinité méridionale, en expansion géographique dans notre pays, habitant les mosaïques de milieux variés avec forêts, bocages, coteaux, friches buissonneuses, broussailles, rochers, éboulis et cours d’eau, jusqu’à 2 000 m d’altitude, ainsi que de plusieurs chauves-souris: le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile, préférant les milieux boisés clairs sur substrat calcaire qui alternent avec des espaces dégagés, assez rare en montagne mais présent jusqu’à 2 000 m d’altitude, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce remarquable et menacée, en diminution partout en France, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable arboricole et forestière, relativement fréquente, présente jusqu’à 2 200 m d’altitude, le Vespertilion de Capaccini (Myotis capaccinii), espèce déterminante rare d’affinité méditerranéenne, s’alimentant essentiellement dans les formations de ripisylves, le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce cavernicole remarquable, commensale des rhinolophes, localisée et peu fréquente, thermophile et d’affinité méridionale, en régression en France, affectionnant les milieux boisés et buissonnants proches de cavités rocheuses, jusqu’à au moins 1 500 m d’altitude, le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii), espèce grégaire remarquable, menacée, en régression partout en France y compris dans notre région, d’affinité méditerranéenne et typiquement cavernicole et troglophile, recherchant les grottes et les cavernes proches d’endroits dégagés, les paysages karstiques riches en falaises avec cavités, jusqu’à 2 000 m d’altitude et le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis).

L’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse, locale est représentée par une espèces déterminante, le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace rupicole rare et localisé en France et en PACA mais en augmentation, et plusieurs espèces remarquables comme l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), rapace actuellement en légère augmentation après avoir fortement régressé, occupant préférentiellement les régions accidentées avec zones rocheuses et étendues forestières, le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, l'Autour des palombes (Accipiter gentilis), espèce forestière peu commune et discrète, le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), espèce rupicole qui se nourrit préférentiellement dans les terrains dégagés proches des falaises et autres escarpements rocheux où il niche généralement, jusqu’à 2 600 m d’altitude, le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), espèce liée aux cours d’eau froids, propres et bien oxygénés, à courant plutôt vif, entre 100 et 2 400 m d’altitude, le Monticole bleu (Monticola solitarius), espèce rupicole d’affinité méditerranéenne, se rencontrant dans les zones de falaises et d’escarpements rocheux, les gorges, les ruines, les garrigues claires rocailleuses, jusqu’à 1 600 m d’altitude ou encore le Bruant fou (Emberiza cia).

Deux espèces remarquables d’amphibiens ont également été observées sur le site : le Pelodyte ponctué (Pelodytes punctatus), espèce ouest-européenne d'affinité méridionale et le Spélèrpes de Strinati (Speleomantes strinatii), urodèle endémique de l'extrémité est des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes et du nord-ouest de la Ligurie qui apprécie les affleurements rocheux humides et les cavités (grottes, avens, etc.), ainsi que trois espèces remarquables de reptiles, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

Le Loup héberge aussi un poisson remarquable : le Barbeau méridional (Barbus meridionalis), espèce d’affinité méridionale, liée aux cours d’eau clairs, rapides et bien oxygénés sur substrat de graviers, espèces toutes deux protégées au niveau européen.

Les arthropodes patrimoniaux sont représentés des espèces appartenant à différents ordres.
Du côté des Arachnides, citons la présence de la Lycose de Narbonne (Lycosa tarantula), espèce remarquable d'affinité ouest-méditerranéenne qui recherche les pelouses sèches dans lesquelles elle creuse son terrier.
Chez les coléoptères citons plusieurs espèces déterminantes comme le carabique Duvalius brujasi, Carabidés cavernicole dont la sous espèce devillei est endémique des Alpes Maritimes, le Carabique (Pterostichus ochsi = Troglorites ochsi), espèce très rare appartenant à un genre très ancien, endémique du département des Alpes Maritimes, où on la rencontre dans les fentes des rochers, les avens et les grottes, sur substrat calcaire, le Carabe de Solier (Carabus solieri), espèce protégée en France de coléoptère endémique des Alpes occidentales et de Ligurie, qui fréquente surtout les pelouses subalpines et lisières forestières des étages montagnards et subalpins, Lepretius poutiersi, Curculionidés endémique des Alpes Maritimes où elle est localisée aux gorges du Loup, au pied des Genêts cendrés (Genista cinerea), le charançon Meira vauclusiana (= Peritelus vauclusianus), espèce endémique des Préalpes du sud (Vaucluse, Alpes-de-Haute Provence, Alpes Maritimes) dont la sous espèce stierlini est endémique des Alpes Maritimes où il est présent dans quelques stations, Raymondionymus hoffmanni, espèce méditerranéo montagnarde de Curculionidés, endémique du Var et des Alpes Maritimes, recherchant plus particulièrement les sols calcaires, la silphe Troglodromus bucheti, espèce endémique des Alpes-Maritimes.
Les lépidoptères sont également bien représentés avec la présence de deux espèces déterminantes, l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1 700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga et la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), espèce en forte régression, ne subsistant en France plus que dans les Alpes-Maritimes à l’est du fleuve Var, accompagnées de plusieurs espèces remarquables comme l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), Hespéridés en régression, inféodée aux milieux ouverts et secs, la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéo asiatique, protégée au niveau européen, localement surtout inféodée à Aristolochia pistolochia, dans les chênaies claires et pentes rocailleuses bien exposées jusqu’à 1300 m d’altitude, la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce d’affinité ouest méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés, la Thécla de l'orme (Satyrium w-album), Lycénidés d'affinité eurasiatique tempérée, localisée et peu commune, ayant fortement régressée suite au dépérissement des ormes attaqués par la graphiose, l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), espèce à aire de distribution morcelée, inféodée aux milieux rocheux où croissent les plantes nourricières de sa chenille, des orpins (Sedum), l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude et la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), espèce d’affinité ouest méditerranéenne, protégée en France, liée aux friches, garrigues et boisements clairs.
Un unique représentant des orthoptères est cité, il s’agit du Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce cavernicole remarquable, endémique franco-italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, fentes des rochers et autres recoins obscurs et humides.

Citons également la présence de l’Écrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes), Crustacé décapode remarquable, en régression et devenu assez rare et localisé en région PACA aujourd’hui.

Enfin, les mollusques gastéropodes patrimoniaux sont représentés par une espèce déterminante, la Fausse-veloutée de la Riviera (Urticicola moutonii), espèce endémique distribuée entre les Préalpes d'Azur jusqu'à  la Riviera où elle fréquente les milieux frais et humides et quatre espèces remarquables, Macularia niciensis, le Cochlostome du Verdon (Cochlostoma macei), espèce rare et localisée, d’affinité méditerranéenne, endémique du Var, des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute Provence, se rencontrant à la surface des rochers calcaires, l’Aiguillette de Grasse (Renea moutonii moutonii), sous espèce d’Aciculidés rare et vulnérable, endémique provençale du Var et des Alpes Maritimes, protégée en France, habitant la litière des forêts et les rochers et le Luisant fragile (Oxychilus maceanus), espèce endémique des Alpes-Maritimes, entre 200 et 900 m d’altitude.

Commentaires sur la délimitation

Suivi des gorges pour englober toutes les populations et les habitats caractéristiques du milieu.