ZNIEFF 930012613
VALLONS DE DONARÉOU, DU ROGUEZ - CRÊTE DE LINGADOR

(n° régional : 06100109)

Commentaires généraux

Description de la zone

La présence des vallons obscurs est liée au réseau hydrographique des poudingues du Var. Ce sont des dépôts issus d’une sédimentation marine datée du pliocène qui a comblé l’ancienne bouche du Var envahie par la mer.
Les vallons creusés dans cette région sont des canyons à parois verticales ou surplombantes. Les fonds de vallons sont constitués de boyaux, de ponts naturels, de cascades et d’abris sous roche.
La position géographique des vallons obscurs se situe au carrefour d’influences floristiques eurosibérienne, méditerranéenne et pantropicale dont on retrouve des représentants dans les divers milieux.
Ces fonds de vallons, sont caractérisés par un microclimat à forte hygrométrie et des températures relativement basses de telle sorte qu’ils abritent des espèces montagnardes en position abyssale et des éléments de la flore subtropicale humide. Chaque ravin constitue un microcosme original et complémentaire des autres car les échanges avec les vallons voisins sont extrêmement limités pour certaines espèces.

Flore et habitats naturels

La végétation est caractérisée par un contraste remarquable entre d’une part les groupements végétaux xérophiles des crêtes et interfluves, typiquement méditerranéens, avec des garrigues à romarin (Fumano thymifoliae Rosmarinetum officinalis), des maquis à arbousier et bruyère arborescente (Erico arboreae Arbutetum unedi), des matorrals à chênes verts (Pistacio lentisci Rhamnetalia alaterni), des yeuseraies à laurier tin (Viburno tini Quercetum ilicis), des pinèdes de pin d’Alep (Querco Pinetum halepensis), et d’autre part les groupements des fonds de vallons et de canyon, mésophiles, et les groupements hygrophiles liés à l’hydrosystème, avec l’ostryaie mésoxérophile à frêne à fleur (Fraxino orni Quercion ilicis), l’ostryaie mésophile de bas de versant à Viburnum tinus (Carpinion orientalis, Lauro nobilis Quercenion pubescentis), l’ostryaie ripicole à mélique à une fleurs (Melico uniflorae Ostryetum carpinifoliae) et les taillis de laurier noble associés, la mégaphorbiaie à eupatoire chanvrine et épilobe hirsute (Convolvulion sepium). Le principal intérêt réside cependant dans la présence d’une communauté exubérante de paroi humide ombragée riches en fougères et en bryophytes (Polysticho setiferi Phyllitidion scolopendri), et de cascades de tufs et parois travertinisées caractérisées par des bryophytes incrustantes (Cratoneurion commutati). Le microclimat humide de ce réseau de vallons est en outre propice au développement d’une riche bryoflore, dont on dénombre plus d’une centaine d’espèces, et de communautés lichéniques épiphytes (notamment follicoles sur Ruscus aculeatus et Laurus nobilis) du plus haut intérêt.
Parmi les espèces patrimoniales des Alpes Maritimes, on note par exemple la Scolopendre (Asplenium scolopendrium), les Laîches de Griolet (Carex grioletii) et de Maire (Carex mairei), la Circée de Paris (Circaea lutetiana), l’Ibéris en ombelle (Iberis umbellata), le Millepertuis androsème (Hypericum androsaemum), la Marguerite en forme de disque (Leucanthemum virgatum), le Mouron grêle (Anagallis tenella), l’Orchis parfumé (Anacamptisfragrans), le Polystic à dents sétacées (Polystichum setiferum) ou encore la Fougère de Crète (Pteris cretica).

Faune

Ces vallons abritent neuf espèces animales d’intérêt patrimonial dont deux sont déterminantes.
Les mammifères sont représentés par le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce déterminante et la Vespère de Savi (Hypsugo savii) et le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), deux espèces remarquables.
L’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse, est représentée par le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare et déterminant mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur et plusieurs espèces remarquables, l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), rapace forestier, d’affinité médioeuropéenne, affectionnant les grands massifs forestiers avec des clairières jusqu’à 2 000 m d’altitude, nicheur certain dans ces vallons, le Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), nicheur certain, rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage et le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), espèce rupicole qui se nourrit préférentiellement dans les terrains dégagés proches des falaises et autres escarpements rocheux où il niche généralement, jusqu’à 2 600 m d’altitude, nicheur certain.
Les arthropodes d’intérêt patrimoniaux sont représentés par deux insectes : la Mouche Saraiella crypta, espèce déterminante de Psychodidés, endémique des Alpes occidentales et méridionales, menacée et partout très rare, quasiment disparue aujourd’hui alors qu’elle était autrefois commune, dont les larves vivent sur les tufs suintants pauvres en nourriture et le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce cavernicole remarquable d’orthoptère, endémique franco italienne du sud ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, aux galeries de mines, aux cavités sombres et humides, aux fentes des rochers, aux recoins obscurs et humides des maisons.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF intègre le réseau des vallons drainés par le vallon du Donareou ainsi que les collines situées sur la crête de Lingador.