ZNIEFF 930012635
VALLON ET FORÊT DE CAÏROS

(n° régional : 06135151)

Commentaires généraux

Description de la zone

Cette zone est localisée sur le territoire du Parc National du Mercantour. Il s’agit d’un ensemble de formations végétales rattachées aux étages mésoméditerranéens supérieurs, supraméditerranéens et montagnards, présentant une grande diversité spécifique avec des boisements remarquables par leur richesse et la continuité des forêts de résineux et de feuillus.

Flore et habitats naturels

La Forêt de Caïros représente un patrimoine forestier remarquable. Les forêts principalement situées aux ubacs ainsi que les rochers aux adrets et les fonds de gorges présentent de nombreuses espèces rares ou endémiques. L’ubac du vallon est principalement occupé par une sapinière neutrophile du Troschiscantho Abietetum, gérée en forêt de production, et des forêts de charme houblon du Carpinion orientalis. Les rochers calcaires abritent des associations du Saxifragion lingulatae, peuplées par de nombreuses espèces endémiques et protégées : la primevère d’Allioni (Primula allionii), la potentille saxifrage (Potentilla saxifraga), la ballote buissonnante (Acanthoprasium frutescens), la sabline à feuilles d’orpin (Moehringia sedoides), l’orpin odorant (Sedum fragrans), l’aspérule à feuilles par six (Asperula hexaphylla). Le plateau de la Céva, majoritairement calcaire, présente des lentilles gréseuses où s’observe localement des formations herbacées humides en bordure de dolines avec la potentille arbustive (Potentilla fruticosa) et la laîche courte (Carex curta). On observe également sur grès des mouillères de pente à molinie bleue où se localise le rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia).

Faune

Ce secteur abrite un patrimoine faunistique d’un intérêt biologique marqué. En effet, il regroupe plus de 60 espèces animales patrimoniales dont 23 sont déterminantes.
Les mammifères d’intérêt patrimonial sont représentés par le Loup (Canis lupus), carnivore déterminant, rare et localisé mais aujourd’hui à nouveau présent et en expansion dans la région depuis au moins 1992, après avoir été exterminé en France, dont les populations provenço-alpines correspondent à la sous espèce italienne, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) et le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) deux espèces également déterminantes, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable arboricole, forestière, assez fréquente jusqu’à 2 200 m d’altitude, et le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde, d’affinité méridionale, qui exploite les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude.

Le cortège avien local comprend plusieurs espèces nicheuses, ou probablement nicheuses, d’intérêt patrimonial, avec la présence de trois espèces déterminantes, le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo-alpine forestière, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, plutôt âgés, jusqu’à 2 300 m, la Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro-sibérienne rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies), accompagnées de plusieurs espèces remarquable comme l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), rapace diurne actuellement en légère augmentation après avoir fortement régressé, occupant préférentiellement les régions accidentées avec zones rocheuses et étendues forestières, le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce assez rare et en léger déclin, d’affinité montagnarde, typique des écotones entre forêts (lisières), prairies, pelouses et landes, entre 1 100 et 2 500 m d’altitude, la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses de 1 100 à 2 900 m d’altitude, en régression, le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), espèce rupicole qui se nourrit préférentiellement dans les terrains dégagés proches des falaises et autres escarpements rocheux où il niche généralement, jusqu’à 2 600 m d’altitude et le Bruant fou (Emberiza cia), passereau d’affinité à la fois méridionale et montagnarde, propre aux milieux ouverts et rocailleux, secs et ensoleillés, de 300 à 2 600 m d’altitude.

Chez les amphibiens, citons le Spélerpès de Strinati (Speleomantes strinatii) espèce remarquable peu abondante à répartition très localisée dans la région et endémique franco-italien présent en France uniquement dans deux départements (Alpes-Maritimes essentiellement et Alpes-de-Haute-Provence), recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude.

Trois reptiles remarquables sont également observables sur le site, le Lézard ocellé (Timon lepidus) espèce des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

Les arthropodes d’intérêt patrimonial sont représentés par de nombreux cortèges.

Quatre espèces de trichoptères déterminants sont présents : Catagapetus nigrans, Monocentra lepidoptera, Plectrocnemia praestans, Sericostoma galeatum, ainsi qu’un éphéméroptère déterminant, Ecdyonurus zelleri, et un diptère également déterminant, Simulium galloprovinciale.

Ce secteur abrite un grand nombre de coléoptères d’intérêt patrimonial. Citons en premier lieu huit espèces déterminantes : l'Acanthocine réticuleux (Acanthocinus reticulatus), espèce rare de Cerambycidae à répartition européenne où elle colonise les sapinières matures froides et humides, sa larve se développant dans les troncs de gros diamètre, Leioderes kollari, espèce saproxylophage dans les petits bois de feuillus, à distribution large mais très morcelée, connu de seulement quelques observations dans le sud de la France, l'Eucnemidae Epiphanis cornutus, espèce à large répartition néarctique mais très rare et localisée, se développant dans la carie rouge des troncs décomposés de conifères des forêts à caractère naturel, le ténébrion Allophylax picipes, l’Athous Megathous nigerrimus, Elatéridae endémique franco‑italienne en limite d’aire en région PACA, à répartition restreinte et localisée et le staphylin Palaeostigus ruficornis liguricus, sous-espèce présente en France uniquement dans les Alpes-Maritimes, puis en Italie et le Salpingidae Sphaeriestes aeratus, espèce euro-maghrébine vivant sous les écorces des branches motes de sapins et hêtres dans les forêts de montagne, faisant l'objet de peu d'observations contemporaines et semblant s'être fortement raréfiée. Ces coléoptères sont accompagnés de quatre espèces remarquables, la Callidie bronzée (Callidium aeneum), Cerambycidae eurasiatique boréo-alpin lié aux conifères, principalement dans les Alpes et le Jura en France où elle n'est jamais abondante, Etorufus pubescens, espèce saproxylique des forêts de pins d'altitude, présente en France seulement dans les Pyrénées et en PACA, Evodinus clathratus, espèce à répartition européenne vivant dans le bois en décomposition des arbres de montagne, présente en France seulement dans les Alpes où elle est rarement abondante, le Mycetophagidae Entoxylon abeillei, espèce endémique du sud-est de la France et du nord de l'Italie, fongivore sur les champignons lignicoles des branches mortes.

Les lépidoptères sont représentés par deux espèces déterminantes, l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), espèce d’affinité méditerranéenne orientale, qui affectionne les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles où sa chenille se développe sur des potentilles (Potentilla hirta et espèces proches) et la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), espèce en forte régression, ne subsistant en France plus que dans les Alpes Maritimes à l’est du fleuve Var, accompagnées de plusieurs espèces remarquables comme l’Hermite (Chazara briseis), espèce en forte régression, liée aux milieux très ouverts et secs où croissent ses plantes hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes), l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), espèce à aire de distribution morcelée, inféodée aux  milieux rocheux où croissent les plantes nourricières de sa chenille, des orpins (Sedum), l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude et le Procris de la vigne (Theresimima ampellophaga), espèce d’affinité méditerranéenne, devenu rare suite à sa forte régression probablement due à l’utilisation de pesticides sur sa plante hôte la vigne (Vitis vinifera).

Les orthoptères sont représentés par deux espèces déterminantes : le Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei), sous espèce endémique de Haute Provence et des Alpes du Sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux et l'Analote ligure (Anonconotus ligustinus), sauterelle aux ailes atrophiées, présente en France uniquement dans les Alpes-Maritimes autour du col de Tende.

Les mollusques sont représentés par une espèce déterminante, la Cochlostome ligure (Cochlostoma simrothi), espèce endémique franco-italienne localisée en France à 5 stations dans les Alpes-Maritimes, notamment vers 600-700 m d’altitude et plusieurs espèces remarquables, Renea elegantissima, espèce d’Aciculidés sud alpine forestière et hygrophile, en limite d’aire en région PACA où on ne la rencontre que dans quelques stations des Alpes-Maritimes, dans la litière des forêts humides et à la surface des rochers, la Clausilie Macrogastra (Macrogastra) attenuata euzieriana, sous espèce endémique des Alpes-Maritimes où elle est localisée à trois stations du haut bassin de la Roya vers 400-500 m d’altitude, notamment sur les rochers, dans la litière ou dans les troncs d’arbres, en particulier dans les bois de châtaigniers, la Perlée massue (Charpentieria itala), habitant les forêts de feuillus et les vieux murs en contexte boisé et dont les populations en agrégat sont morcelées en France, les données contemporaines étant seulement situées en région PACA, du Vaucluse aux Alpes-Maritimes et le Maillot sud-alpin (Pagodulina austeniana), escargot localisé, principalement présent à l'est de la région, dans les Alpes-Maritimes et au sud-est des Alpes-de-Haute-Provence, d'écologie calcicole et vivant dans les forêts humides entre les rochers ou dans les vieux murs.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF intègre la majeure partie du cirque ouvert sur Saorge limité par les chaînes montagneuses formée par la Cime de la Nauque, la Cime du Diable, et l’Authion. Elle comprend notamment le vallon et la forêt du Caïros.