ZNIEFF 930012638
CHAÎNONS FRONTALIERS DE LA CIME DE VÉLÈGUE À LA TÊTE DE MARTA

(n° régional : 06135149)

Commentaires généraux

Description de la zone

Il s’agit d’un territoire de moyenne et haute montagne, s’étageant du supraméditerranéen jusqu’à l’alpin, dominé par le Mont Bertrand (2 482 m). Cette zone englobe les pâturages d’altitude du versant sud du Mont Bertrand et les forêts du versant nord de la chaîne des Mont Saccarel à la Tête de Nava, depuis le fond du vallon du Mont Noir jusqu’aux sommets frontaliers.

Flore et habitats naturels

L’étage supraméditerranéen est assez boisé, avec essentiellement des pineraies de pins sylvestres acidophiles du Deschampsio flexuosae Pinion sylvestris, développées sur flysch. Les ubacs de l’étage montagnards sont occupés par des sapinières du Troschiscantho Abietetum albae floristiquement riches, avec localement la présence remarquable pour le secteur de peuplements de hêtres comme au Bois de Sanson. Les pâturages montagnard à subalpin de la crête frontalière sont représentés par de magnifiques prairies fleuries à fétuque paniculée (Festuca paniculata) et trèfle de Hongrie (Trifolium pannonicum). La ZNIEFF accueille la seule station française confirmée du Séneçon de Persoon (Jacobaea persoonii) qui pousse dans de pelouses rocailleuses subalpines. Le taux d’endémisme des espèces est très élevé.

Faune

Ces chaînons proches de la frontière italienne sont dotés d’un intérêt biologique élevé avec 41 espèces animales patrimoniales, dont 20 sont déterminantes.
Chez les mammifères,  trois espèces déterminantes sont présentes : le Loup (Canis lupus), carnivore rare et localisé mais aujourd’hui à nouveau présent et en expansion dans la région depuis au moins 1992 après avoir été exterminé en France et dont les populations provenço-alpines correspondent à la sous-espèce italienne, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce menacée, en diminution partout en France, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations, et du Petit Murin Myotis blythii, espèce thermophile de nette affinité méridionale, liées aux milieux boisés clairs proches de grottes, présente jusqu’à 2 100 m d’altitude.
L’avifaune nicheuse d’intérêt patrimonial est représentée par deux espèces déterminantes : la Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro sibérienne rare de la taïga et des forêts claires et étendues de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies), entre 1 000 et 2 400 m d’altitude et la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus) espèce rare dans les Alpes Maritimes, inféodée aux hêtraies sapinières. Elles sont accompagnées de plusieurs espèces remarquables : Aigle royal (Aquila chrysaetos), rapace diurne actuellement en légère augmentation après avoir fortement régressé, occupant préférentiellement les régions accidentées avec zones rocheuses et étendues forestières, Lagopède alpin (Lagopus mutus helveticus), espèce menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent de 1 800 à 3 700 m d’altitude, Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce assez rare et en léger déclin, d’affinité montagnarde, typique des écotones entre forêts (lisières), prairies, pelouses et landes, entre 1 100 et 2 500 m d’altitude, Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses de 1 100 à 2 900 m d’altitude, semble-t-il en régression, Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), espèce rupicole, qui se nourrit préférentiellement dans les terrains dégagés proches des falaises et autres escarpements rocheux où il niche généralement, jusqu’à 2 600 m d’altitude.
Une espèce d’amphibiens remarquable est présent, le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), également appelé Hydromante, espèce peu abondante à répartition très localisée dans la région, correspondant à un endémique franco-italien présent en France uniquement dans deux départements (Alpes-Maritimes essentiellement et Alpes-de-Haute-Provence), recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude.
Les arthropodes d’intérêt patrimonial sont représentés par plusieurs cortèges.
Cinq coléoptères déterminants sont présents : les Carabidae Trechus liguricus nicoleae, sous-espèce endémique des Alpes-Maritimes, d’affinité montagnarde elle se rencontre dans les zones boisées autour de 1 700 1 800 m d’altitude et Duvalius gentilei spagnoloi (D. gentilei vaccae (Gestro, 1885)), sous-espèce de coléoptères Carabidés endémique des Alpes-Maritimes, de mœurs cavernicoles et signalé de seulement quelques grottes et avens, le cantharide Macrocerus tunicatus, la chrysomèle Derocrepis sodalis et le staphylin Palaeostigus ruficornis liguricus, sous-espèce présente en France uniquement dans les Alpes-Maritimes, puis en Italie.
Le peuplement des lépidoptères est riche de dix espèces déterminantes avec l'Ecaille rose (Arctia festiva), espèce autrefois répandue en France sur terrain calcaire et aujourd’hui en très nette régression, elle n’est plus citée que de quelques départements méditerranéens, la Nyssie florentine (Lycia florentina), Geometridae présente en France uniquement dans les Alpes-Maritimes dans les creux humides et boisés vers 900 m d'altitude, la Noctuelle des peucédans (Gortyna borelii), Noctuidae dont la sous-espèce lunata n'est présente en France que dans les pelouses xérophiles calcaricoles des Alpes-Maritimes, du Var et de la Corse, la Zygène de la Vésubie (Zygaena brizae), espèce protégée en France, rare et localisée, qui fréquente les pelouses à cirses et dont la sous-espèce vesubiana est endémique franco-italienne des Alpes du Sud, l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), espèce d’affinité méditerranéenne orientale, qui affectionne les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles où sa chenille se développe sur des potentilles (Potentilla hirta et espèces proches), l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce déterminante de papillon de jour, protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1 700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga et le Semi-Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude. Ces espèces sont accompagnées par deux papillons remarquables, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude et l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude.
Les orthoptères sont représentés par le Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei (Azam, 1893)), sous espèce déterminante et endémique de Haute Provence et des Alpes du Sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux, le Sténobothre alpin (Stenobothrus rubicundulus), espèce remarquable d'orthoptère présente dans la Péninsule balkanique et dans les Alpes qui affectionne surtout les milieux secs et pierreux et le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce cavernicole remarquable, endémique franco italienne du sud ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes,  fentes des rochers, et autres recoins obscurs et humides.
Enfin, une espèce déterminante de mollusque est présente dans la zone, le Chondrinidae Solatopupa psarolena.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF est adossée à la frontière entre les Alpes-Maritimes et la Ligurie, de la Cime de Vélègue à la Cime de Marta et s’étend pratiquement jusqu’à La Brigue. Les zones anthropisées ont été exclues.