Description de la zone
Ce territoire de hautes montagnes est inclus en grande partie de la zone d’adhésion du Parc National du Mercantour. Composé presque exclusivement de roches siliceuses (migmatites en majorité), il est composé de plusieurs chaînons montagneux orientés est ouest, séparés par de nombreux torrents.
Flore et habitats naturels
Représenté au sud de la ZNIEFF, l’étage supraméditerranéen sur silice comprend à l’ubac des forêts mixtes mésophiles à Tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos) et Châtaignier (Castanea sativa), et à l’adret des pelouses xérophiles originales du Koelerio macranthae Phleion phleoidis, mêlées à des landes à Bruyère arborescente (Erica arborea), Genêt d’Allemagne (Genista germanica) et Cytise à trois fleurs (Cytisus triflorus) du Genistion tinctorio germanicae. Les grands versants nord des étages montagnard à subalpin sont couverts jusqu’à 1900 mètres par des forêts d’Epicéa (Picea abies) du Piceion excelsae, qui abritent de rares localités de lycopodes : Lycopode en massue (Lycopodium clavatum), Lycopode interrompu (Lycopodium annotinum), ainsi que les orchidées Listère à feuilles en cœur (Listera cordata) et Epipogon sans feuilles (Epipogium aphyllum). Au dessus, c’est la forêt de Mélèze (Larix decidua) et Pin cembro (Pinus cembra) qui est dominante, en mosaïque avec des landes à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum). Les nombreux ruisseaux de l’étage subalpin sont bordés par des mégaphorbiaies bien développées de l’Adenostylion alliariae, qui comprennent des espèces endémiques ou en limite d’aire : le Chérophylle élégant (Chaerophyllum elegans), le Séneçon de Balbis (Tephroseris balbisiana), le Cirse des montagnes (Cirsium alsophilum), le Doronic d’Autriche (Doronicum austriacum). On peut observer en tête des bassins des bas marais acides à Laîche noire (Carex nigra) du Caricion fuscae qui abritent des espèces rares comme la Laîche courte (Carex curta) et diverses espèces de sphaignes (Sphagnum auriculatum, S. teres, S. russowii, S. warnstorfii…). Les parois rocheuses subalpines à alpines sont colonisées par une végétation se rattachant à deux associations (Silenetum cordifoliae et Saxifragetum pedemontanae) caractérisées par des espèces endémiques du massif de l’Argentera : le Silène à feuilles en cœur (Silene cordifolia), le Saxifrage à fleurs nombreuses (Saxifraga florulenta).
Faune
Cette zone extrêmement riche abrite plus de 70 espèces animales d’intérêt patrimonial, dont 40 sont déterminantes.
Parmi les mammifères d’intérêt patrimonial, mentionnons le Loup (Canis lupus), carnivore déterminant, rare et localisé mais aujourd’hui à nouveau présent et en expansion en région P.A.C.A. depuis au moins 1992 après avoir été exterminé en France, dont les populations provenço-alpines correspondent à la sous-espèce italienne, le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé déterminant de nette affinité montagnarde et d’intérêt communautaire, ainsi que diverses chauves-souris plus ou moins rares et localisées dans la région et dans le département des Alpes-Maritimes telles que le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable arboricole et forestière, relativement fréquente, présente jusqu’à 2 200 m d’altitude, la Sérotine de Nilsson ou Sérotine boréale (Eptesicus nilssoni), espèce nordique déterminante, correspondant à la plus septentrionale des chauves-souris, rare et localisée en France et en région PACA où elle se trouve en limite d’aire sud occidentale de son aire de répartition, à effectifs faibles et en danger latent, relicte glaciaire présente jusqu’à 2 300 m d’altitude en montagne (c’est la chauve-souris qui monte le plus haut en altitude), notamment dans les bois clairs riches en broussailles, le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce cavernicole déterminante, commensale des rhinolophes, localisée et peu fréquente, thermophile et d’affinité méridionale, en régression en France, affectionnant les milieux boisés et buissonnants proches de cavités rocheuses, jusqu’à au moins 1 500 m d’altitude.
Quant à l’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse, d’intérêt patrimonial, elle est représentée par trois espèces déterminantes : Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupicole, rare et localisé mais en expansion numérique et géographique en région PACA, la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo-alpine forestière des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, plutôt âgés, jusqu’à 2 300 m et la Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro-sibérienne rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies). Elles sont accompagnées de nombreuses espèces remarquables : Aigle royal (Aquila chrysaetos), Autour des palombes (Accipiter gentilis), Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), Lagopède alpin (Lagopus mutus helveticus), Tétras lyre (Tetrao tetrix), Pic épeichette (Dendrocopos minor), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), Pie grièche écorcheur (Lanius collurio) ou encore Bruant fou (Emberiza cia).
Les amphibiens comprennent notamment le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), espèce remarquable, endémique franco-italienne peu abondante à répartition très localisée dans les Alpes-Maritimes essentiellement et dans les Alpes-de-Haute-Provence, recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude.
Une espèce remarquable de reptile est également présente, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.
Les peuplements d’arthropodes sont exceptionnellement diversifiés et présentent un très fort enjeu avec la présence de nombreuses espèces endémiques et rares.
Quatre espèces déterminantes d’araignées, dont les données mériteraient d’être actualisées, ont été observées sur le site : Leptoneta alpica, Leptonétidés endémique de deux stations du département des Alpes-Maritimes, sublucicole vivant sous de très grosses pierres, dans la mousse ou les détritus humides, Leptoneta crypticola, Leptonétidés endémique de quelques stations des Alpes-Maritimes, cavernicole et lucifuge, vivant surtout dans les grottes mais aussi sous les pierres, la Lycose Vesubia jugorum, Lycosidés endémique franco italienne exclusivement localisée en France dans les Alpes-Maritimes où l’espèce se rencontre dans les éboulis situés entre 1 800 et 2 700 m d’altitude et Zodarion Zodarion fulvonigrum, Zodarionidés d’affinité méridionale, endémique des Alpes-Maritimes.
Les coléoptères patrimoniaux sont représentés par de nombreuses espèces déterminantes comme l’Athous frigide (Athous frigidus), Elateridae endémique franco-italien ici en limite d’aire, lié aux prairies sèches de montagne et souffrant de la colonisation de ses biotopes ouverts de prédilection par les ligneux, le staphylin Paramaurops varensis, espèce d’affinité méditerranéenne, endémique des Alpes occidentales où elle est bien répandue, le carabique Scotodipnus hirtus, espèce menacée d’extinction, endogée et endémique franco italienne, d’affinité montagnarde, vivant sous les pierres ou sous les couches de feuilles mortes profondément enfoncées dans le sol, le Carabe violacé (Carabus violaceus picenus), espèce endémique franco italienne exclusivement localisée en France au massif de l’Authion dans les champs, les talus et les forêts humides, le Carabe de Solier (Carabus solieri), espèce protégée en France, endémique des Alpes occidentales et de Ligurie, des pelouses subalpines et lisières forestières aux étages montagnards et subalpins, le Carabique Amara lantoscana, espèce d’affinité montagnarde, endémique des Alpes-Maritimes où on la rencontre dans les zones presque dépourvues de végétation aux alentours de 2 000 m d’altitude, sur substrat granitique, le Carabique Cychrus angustatus, espèce d’affinité montagnarde, troglophile et guanobie, en limite d’aire et endémique des Alpes franco italiennes où elle se rencontre presque toujours à haute altitude dans les terriers de mammifères (marmottes notamment), les bergeries obscures, les anfractuosités profondes des rochers, parfois sous les pierres, le Charançon Trachyphloeus lothari, espèce endémique des Alpes-Maritimes où elle est localisée à seulement deux stations, le Charançon Dichotrachelus doderoi, espèce rare et endémique des Alpes-Maritimes, le Charançon Microplontus fairmairei, espèce endémique des trois départements sudalpins, le Saphane de Truqui (Drymochares truquii), Cerambycidae rare et localisée, présent en France exclusivement dans la région dans les Alpes du sud, liée aux forêts riches en noisetiers, notamment les aulnaies et ostryaies, les Chrysomelidae Neocrepidodera cyanescens et Neocrepidodera ligurica, ou encore l'Eucnemidae Epiphanis cornutus, espèce à large répartition néarctique mais très rare et localisée, se développant dans la carie rouge des troncs décomposés de conifères des forêts à caractère naturel. Tous ces coléoptères à fort enjeu sont accompagnés d’espèces remarquables comme l'Acméops septentrional (Acmaeops septentrionis), Cerambycidae paléarctique inféodée aux conifères blessés des forêts de montagne, rare en France où elle ne se trouve que dans les Alpes et le Jura, la Callidie bronzée (Callidium aeneum), espèce eurasiatique boréo-alpine liée aux conifères, principalement dans les Alpes et le Jura en France où elle n'est jamais abondante, Evodinus clathratus, espèce à répartition européenne vivant dans le bois en décomposition des arbres de montagne, présente en France seulement dans les Alpes où elle est rarement abondante, Stictoleptura simplonica, espèce des forêts de montagne vivant dans les branches mortes de conifères et de feuillus, endémique alpine en Suisse, Italie et France, où elle ne se trouve que dans le Mercantour et le Queyras et le Mycetophagidae Entoxylon abeillei, espèce endémique du sud-est de la France et du nord de l'Italie, fongivore sur les champignons lignicoles des branches mortes.
Les diptères présentent un fort intérêt avec l’observation de Ulomyia montium, Ulomyia szaboi, Szaboiella foliacea, Szaboiella spinosa, Berdeniela boreonica, et Berdeniela brauxica, espèces orophiles déterminantes de Diptères, endémiques du secteur du Mercantour et donc du département des Alpes Maritimes, à des altitudes élevées, et d’Orphnephilina carthusiana, espèce déterminante orophile de Diptères Thaumaléidés, très menacée par la dégradation de son habitat, endémique du Mercantour, recherchant les sources d’eau très pures et froides.
Du côté des hémiptères, citons deux punaises déterminantes d’un grand intérêt, Loricula bedeli, espèce gravement menacée d’extinction, d’affinité méditerranéenne, à aire de répartition « tyrrhénienne », présente en France dans les départements du Var, des Alpes-Maritimes et de Corse, xérothermophile vivant à terre parmi les feuilles et les aiguilles de pins mortes dans les endroits secs et chauds jusqu’à 1 100 m d’altitude, et la Corée Phyllophya laciniata, espèce d’affinité méridionale, vivant sur les Paronyques (Paronychia sp.), dans les endroits très ensoleillés.
Les lépidoptères sont quant à eux représentés par quatre espèces déterminantes : la Zygène de la Vésubie (Zygaena brizae), espèce protégée en France, rare et localisée, qui fréquente les pelouses à cirses et dont la sous-espèce vesubiana est endémique franco-italienne des Alpes du Sud, la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), papillon en forte régression, ne subsistant en France plus que dans les Alpes Maritimes à l’est du fleuve Var, le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, et le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), espèce déterminante endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata). Ces papillons sont accompagnés de plusieurs espèces remarquable comme l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude, l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude et l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), espèce à aire de distribution morcelée, inféodé aux milieux rocheux où croissent les plantes nourricières de sa chenille, des orpins (Sedum).
Une seule espèce patrimoniale d’orthoptère est signalée, le Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei), sous espèce déterminante et endémique de Haute Provence et des Alpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux.
Citons également la présence de la Perle Dinocras ferreri, espèce déterminante de Plécoptères, de répartition alpine occidentale nord apennine, en limite d’aire en région PACA, exclusivement localisée en France dans les Alpes-Maritimes.
Enfin, les mollusques sont également représentés par une espèce déterminante, Chondrina megacheilos caziotana, sous espèce de Chondrinidés protégée en France, très localisée et endémique des Alpes méridionales françaises (Alpes-de-Haute-Provence et Alpes-Maritimes), entre 1 000 et 1 500 m d’altitude et une espèce remarquable, Chilostoma crombezi, Hélicidés endémique des Alpes-Maritimes, où elle se trouve trouve dans les fissures des rochers, sur les falaises, dans les éboulis et sur les murs, entre 400 et 2 500 m d’altitude.
La ZNIEFF prend en compte les massifs situés à l’est de Saint Martin de Vésubie. Elle est limitée par les cours d’eau du Boréon, de la Vésubie, de Gordolasque. Le cours de la Vésubie est intégré à la ZNIEFF Haute vallée de la Vésubie et vallée du Boréon.