ZNIEFF 930012656
FORÊT DE LA FRACHA - MONTAGNE DE L'ESTROP

(n° régional : 06100142)

Commentaires généraux

Description de la zone

Cette zone est localisée sur le territoire du Parc National du Mercantour. A sa limite septentrionale, plusieurs sommets dépassent 2 000 m. Le relief s’atténue vers le sud aux alentours de 1 000 m dans les vallées. C’est un paysage de pelouses et de bois pâturés qui tranche avec les sommets secs et rocailleux de la chaîne du Mounier. Les formations végétales sont rattachées aux étages mésoméditerranéen supérieur, collinéen de type supraméditerranéen et de type médioeuropéen, montagnard, subalpin et alpin.

La partie est de la ZNIEFF est constituée de barres rocheuses qui laissent apparaître le contact entre le socle géologique et sa couverture sédimentaire. Le paysage est constitué de pâturages, de forêts de Mélèzes et de Pins sylvestres.

Flore et habitats naturels

L’étage collinéen de type médioeuropéen est présent en quelques points et est représenté par des forêts acidophiles de chêne sessile (Quercus petraea) et châtaignier (Castanea sativa) du Quercion roboris, type forestier rare dans les Alpes Maritimes. Dans le montagnard, de remarquables pineraies de pin à crochets calcicoles (Erico carneae Pinion sylvestris) occupent en particulier les pentes du Testal à Roubion, ainsi qu’à Péone. Des pessières calcicoles mésoxérophiles de l’Erico carneae Pinion sylvestris sont bien caractérisées à Roubion. Le lac de Beuil accueille des herbiers aquatiques à potamot nageant (Potamogeton natans) et renouée amphibie (Persicaria amphibia), communautés rarissimes dans les Alpes Maritimes. Parmi les nombreux éléments patrimoniaux de cette zone (13 espèces déterminantes), on peut noter la Potentille blanche (Potentilla alba), espèce rare dont cette station est disjointe de son aire plus orientale ainsi que la Rhapontique des Alpes (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium) dans une de ses rares localités des Alpes-Maritimes.

Faune

Le peuplement faunistique de cette zone est très riche, avec 84 espèces animales d’intérêt patrimonial dont 33 sont des espèces déterminantes.

L’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse, et estivante est composée de 5 espèces déterminantes : Râle des genêts (Crex crex), espèce en danger d’extinction au niveau national dont plusieurs mâles chanteurs fréquentent certaines prairies d’altitude en période de reproduction depuis plusieurs années, Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace rupicole encore assez rare et localisé mais en expansion numérique et géographique en France et en région P.A.C.A., Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, plutôt âgés, jusqu’à 2 300 m d’altitude, Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum), une espèce rare et très localisée dans les Alpes Maritimes, Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce en déclin au niveau national et localisée dans les Alpes Maritimes. Elles sont accompagnées de plusieurs espèces remarquables : Autour des palombes (Accipiter gentilis), rapace d’affinité médioeuropéenne, affectionnant les grands massifs forestiers avec des clairières jusqu’à 2 000 m d’altitude, Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, Caille des blés (Coturnix coturnix), espèce des milieux dégagés à végétation herbeuse haute (prairies et cultures notamment), jusqu’à 2 200 m d’altitude, Lagopède alpin (Lagopus mutus helveticus), espèce menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent entre 1 800 et 3 700 m d’altitude, Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce assez rare et en léger déclin, d’affinité montagnarde, typique des écotones entre forêts (lisières), prairies, pelouses et landes, entre 1 100 et 2 500 m d’altitude, Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1 100 et 2 900 m d’altitude, semble-t-il en régression, Petit-duc scops (Otus scops), espèce d’affinité méridionale, en diminution aujourd’hui, présent jusqu’à 1 800 m d’altitude, Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), espèce rupicole, qui se nourrit préférentiellement dans les terrains dégagés proches des falaises et autres escarpements rocheux où il niche généralement, jusqu’à 2 600 m d’altitude, Pic épeichette (Dendrocopos minor), espèce plutôt localisée et peu fréquente en région P.A.C.A., liée aux forêts claires de feuillus caducifoliés jusqu’à 1 600 m d’altitude, affectionnant en particulier les formations de ripisylves, Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle, Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), espèce grégaire et rupicole assez rare et en légère régression, d’affinité montagnarde, présente jusqu’à 2 300 m d’altitude, propre aux falaises et escarpements rocheux (où il niche) situés à proximité de prairies, landes et pâturages (où il se nourrit), Venturon montagnard (Serinus citrinella), espèce paléomontagnarde typique des boisements de conifères semi ouverts (sapinières, pessières, pinèdes et mélézins), proches de prairies, pelouses et pâturages ensoleillés, entre 1 000 et 2 200 m d’altitude, Bruant fou (Emberiza cia), passereau d’affinité à la fois méridionale et montagnarde, propre aux milieux ouverts et rocailleux, secs et ensoleillés, de 300 à 2 600 m d’altitude, Bruant ortolan (Emberiza hortulana), espèce xérothermophile des milieux ouverts et semi ouverts, secs et ensoleillés, parsemés d’arbres et de buissons, d’affinité méridionale, en nette régression en France depuis 1950, jusqu’à 1 300 m d’altitude.

Les amphibiens sont représentés par le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), espèce remarquable peu abondante, correspondant à un endémique franco-italien présent en France uniquement dans les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence, recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude.

Plusieurs reptiles fréquentent également le site ; le Lézard ocellé (Timon lepidus) espèce remarquable des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Les mammifères d’intérêt patrimonial sont représentés par le Loup (Canis lupus), carnivore déterminant, rare et localisé mais aujourd’hui à nouveau présent et en expansion en région P.A.C.A. depuis au moins 1992 après avoir été exterminé en France, dont les populations provenço-alpines correspondent à la sous espèce italienne, le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé déterminant de nette affinité montagnarde et d’intérêt communautaire, le Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région P.A.C.A., présent jusqu’à 2 500 m d’altitude, le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile, préférant les milieux boisés clairs sur substrat calcaire qui alternent avec des espaces dégagés, assez rare en montagne mais présent jusqu’à 2 000 m d’altitude, le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce rupicole remarquable, rare, à effectifs faibles et donc vulnérable et en danger, thermophile d’affinité méditerranéenne, affectionnant les zones de collines et de montagnes avec falaises, ravins, grottes, constructions, ruines et murailles, jusqu’à 2 500 m d’altitude, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable arboricole et forestière, relativement fréquente, présente jusqu’à 2 200 m d’altitude.

Les cortèges d’arthropodes patrimoniaux sont très variés et présentent un très grand intérêt.

Sept espèces déterminantes de coléoptères ont été inventoriées dans cette zone : l’Otiorrhynque Otiorhynchus stomachosus, Curculionidés, inféodé aux pierriers de l’étage alpin et endémique des trois départements sud alpins, le staphylin Bryaxis pastoralis, le Carabidae Laemostenus angustatus, espèce d’affinité montagnarde, troglophile et guanobie, en limite d’aire et endémique des Alpes franco-italiennes où elle se rencontre presque toujours à haute altitude dans les terriers de mammifères (marmottes notamment), les bergeries obscures, les anfractuosités profondes des rochers, parfois sous les pierres, le Carabe de Solier (Carabus solieri), protégée en France, endémique des Préalpes occidentales et de Ligurie, des pelouses subalpines et lisières forestières aux étages montagnards et subalpins, et plus localement à plus basse altitude dans des pinèdes humides dans les collines azuréennes, le Carabidae Duvalius cornilloni, le Ptérostique dilaté (Pterostichus dilatatus), espèce déterminante endémique franco-italienne localisée en France aux Alpes-Maritimes où elle fréquente la zone alpine et les forêts supérieures et le Cantharidea Macrocerus tunicatus. A signaler également la présence ancienne de quatre autres espèces qui mériteraient des prospections ciblées : Athous frigidus, Laemostenus obtusus, Licinus oblongus et Malthinus pseudobiguttatus. L'Aiguille en deuil (Phytoecia nigricornis), espèce remarquable de Cerambycidae vivant dans les prairies fraiches à Asteracées, répandue en Europe mais rare et localisée dans le sud de la France, est aussi mentionnée.

Une punaise déterminante fréquente le site : la Corée alpine (Coriomeris alpinus), une espèce phytophage.

Le Bourdon Bombus brodmannicus delmasi, dont cette sous espèce est déterminante et endémique des Alpes du sud est également présente sur le site. Elle est liée aux pentes fleuries ensoleillées en montagne, riches en Mélinets (Cerinthe glabra et C. minor) dont elle butine les fleurs.

Cinq espèces de lépidoptères déterminants ont été inventoriés : l'Acidalie festonnée (Idaea spissilimbaria), Geometridae très rare et cité en France uniquement de Corse, des Hautes-Alpes et des Alpes-Maritimes, la Zygène de la Vésubie (Zygaena brizae), espèce protégée en France, rare et localisée, qui fréquente les pelouses à cirses et dont la sous-espèce vesubiana est endémique franco-italienne des Alpes du Sud, le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1 700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, et la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), espèce en forte régression, ne subsistant en France plus que dans les Alpes-Maritimes à l’est du fleuve Var. Elles sont accompagnées de plusieurs espèces remarquables comme l’Apollon (Parnassius apollo), l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), l’Azuré de la croisette (Phengaris alcon rebeli), l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), l’Hespérie du pas d’âne (Pyrgus cacaliae), la Zygène des bugranes (Zygaena hilaris), ou encore la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus).

Les orthoptères sont représentés par le Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei), sous espèce déterminante et endémique de Haute Provence et des Alpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux.

Citons enfin la présence du trichoptère déterminant Plectrocnemia praestans et de quatre mollusques d’intérêt patrimonial : l'Hélice du Mercantour (Arianta arbustorum vareliensis), escargot déterminant et subendémique, vit en milieux boisés dans les vallées ou en alpage densément peuplés de graminées et est exclusivement présent dans le massif du Mercantour, Urticicola mounierensis, espèce déterminante d’Hygromiidés, endémique du département des Alpes-Maritimes et le Maillot sud-alpin (Pagodulina austeniana), la Bythinelle de Roubion (Bythinella roubionensis), espèce remarquable d’Hydrobiidés, endémique du département des Alpes-Maritimes où elle n’est connue que d’une seule station vers 800 m d’altitude, sur substrat silicaté, Urticicola mounierensis, espèce déterminante d’Hygromiidés, endémique du département des Alpes-Maritimes et le Maillot sud-alpin (Pagodulina austeniana), escargot remarquable localisé, principalement présent à l'est de la région, dans les Alpes-Maritimes et au sud-est des Alpes-de-Haute-Provence, d'écologie calcicole, il vit dans les forêts humides entre les rochers ou dans les vieux murs.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF s’adosse à la chaîne formée par la montagne de l’Alp et du Mont Mounier. Elle est limitée à l’ouest par le torrent de la Barlate et la vallée du Var, et à l’est par la Tinée.