ZNIEFF 930012669
MONT SAINT-HONORAT - AIGUILLES DE PÉLENS - TÊTE DE L'ENCOMBRETTE

(n° régional : 06100143)

Commentaires généraux

Description de la zone

Ce territoire de moyenne et de haute montagne est situé au carrefour des domaines biogéographiques alpin et méditerranéen, des étages montagnards et méditerranéens, des secteurs provençal et préligure.

Flore et habitats naturels

Cette zone offre une grande diversité de biotopes. Les formations forestières sont relativement bien représentées. Le secteur de Voya et de Pelens présente de belles forêts collinéennes, montagnardes et subalpines, des pelouses et des landes subalpines et des habitats de rochers et d’éboulis.

Une des grandes originalités de cette ZNIEFF est la présence, en limite extrême sud de répartition, de la formation des bas marais arctico alpins du Caricion incurvae (Carex bicolor, Juncus arcticus, Trichophorum pumilum). Notons aussi la présence, quasiment unique dans l'arc alpin (quelques localités proches dans les Alpes-de-Haute-Provence), de l'espèce pyrénéo cantabrique Adonis des pyrénées (Adonis pyrenaica), qui orne les éboulis des environs du Col des Champs, ainsi que la présence des seules populations des Alpes Maritimes de la rare hépatique Riccia breidleri.

Faune

Ce secteur abrite un cortège faunistique d’un intérêt patrimonial très élevé avec près de 100 espèces patrimoniales dont 39 sont déterminantes.

Au niveau de l’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse et estivante, citons la présence de 3 espèces déterminants : Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, plutôt âgés, jusqu’à 2 300 m d’altitude, Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro-sibérienne rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies), Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace rupestre assez rare mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, accompagnées de plusieurs espèces déterminantes : Aigle royal (Aquila chrysaetos), rapace actuellement en légère augmentation après avoir fortement régressé, occupant préférentiellement les régions accidentées avec zones rocheuses et étendues forestières, Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, Caille des blés (Coturnix coturnix), espèce des milieux dégagés à végétation herbeuse haute (prairies et cultures notamment), jusqu’à 2 200 m d’altitude, Lagopède alpin (Lagopus mutus helveticus), espèce menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent entre 1 800 et 3 700 m d’altitude, Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce assez rare et en léger déclin, d’affinité montagnarde, typique des écotones entre forêts (lisières), prairies, pelouses et landes, entre 1 100 et 2 500 m d’altitude, Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1 100 et 2 900 m d’altitude, semble-t-il en régression, Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), espèce rupicole qui se nourrit préférentiellement dans les terrains dégagés proches des falaises et autres escarpements rocheux où il niche généralement, jusqu’à 2 600 m d’altitude, Huppe fasciée (Upupa epops), espèce de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, en diminution aujourd’hui, Monticole de roche (Monticola saxatilis), espèce rupicole des terrains accidentés secs, rocailleux et ensoleillés à végétation rase, jusqu’à 2 700 m d’altitude, Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce typiquement rupicole et d’affinité montagnarde, peu abondante, liée aux falaises, canyons, gorges et parois rocheuses abruptes, entre 400 et 2900 m d’altitude, Cincle plongeur (Cinclus cinclus), espèce liée aux cours d’eau froids, propres et bien oxygénés, à courant plutôt vif, entre 100 et 2 400 m d’altitude, Venturon montagnard (Carduelis citrinella), espèce paléomontagnarde typique des boisements de conifères semi ouverts (sapinières, pessières, pinèdes et mélézins), proches de prairies, pelouses et pâturages ensoleillés, entre 1 000 et 2 200 m d’altitude.

Le peuplement mammalogique local est riche et diversifié avec la présence du Bouquetin des Alpes (Capra ibex), espèce déterminante alpine de ruminant, d’intérêt communautaire, très localisée en France où les effectifs de ses populations sont encore assez faibles, affectionnant les zones montagneuses avec éboulis, parois rocheuses, pelouses et arbres épars, entre 2 000 et 3 500 m d’altitude, du Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable,  et du Lièvre variable (Lepus timidus), espèce en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1 200 à 3 100 m d’altitude. Ce peuplement est complété par la présence de nombreuses espèces de chiroptères : le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce déterminante et menacée, en diminution partout en France, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations, le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile, préférant les milieux boisés clairs sur substrat calcaire qui alternent avec des espaces dégagés, assez rare en montagne mais présent jusqu’à 2 000 m d’altitude, le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce cavernicole déterminante, commensale des rhinolophes, localisée et peu fréquente, thermophile et d’affinité méridionale, en régression en France, affectionnant les milieux boisés et buissonnants proches de cavités rocheuses, jusqu’à au moins 1 500 m d’altitude, la Noctule commune, espèce arboricole et sylvicole remarquable, vulnérable et en voie de raréfaction actuellement, d’affinité médioeuropéenne, plutôt rare dans le tiers méridional de la France, affectionnant les forêts claires et les parcs riches en vieux arbres, présente jusqu’à 2 100 m d’altitude, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable arboricole et forestière, relativement fréquente, présente jusqu’à 2 200 m d’altitude, plus méridionale et moins rare que la précédente, la Sérotine de Nilsson (Eptesicus nilssoni), espèce nordique déterminante, correspondant à la plus septentrionale des chauves-souris, rare et localisée en France et en région P.A.C.A. où elle se trouve en limite d’aire sud occidentale de son aire de répartition, à effectifs faibles et en danger latent, vestige de la faune « froide » et relicte glaciaire, présente jusqu’à 2 300 m d’altitude en montagne (c’est la chauve-souris qui monte le plus haut en altitude), notamment dans les bois clairs riches en broussailles, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude et le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce rupicole remarquable, rare, à effectifs faibles et donc vulnérable et en danger, thermophile d’affinité méditerranéenne, affectionnant les zones de collines et de montagnes avec falaises, ravins, grottes, constructions, ruines et murailles, jusqu’à 2 500 m d’altitude.

Les amphibiens et les reptiles comprennent le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), ou Hydromante, espèce remarquable peu abondante à répartition très localisée dans la région, correspondant à un endémique franco-italien présent en France uniquement dans les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence), recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude, le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce remarquable, présente au sein des versants bénéficiant d’une bonne exposition et à végétation basse jusqu’à 1 200 m d’altitude et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches,

Plusieurs cortèges d’arthropodes d’intérêt patrimonial sont présents sur ce site.

Les Arachnides sont représentés par la Lycose Vesubia jugorum, espèce déterminante endémique franco-italienne exclusivement localisée en France aux Alpes-Maritimes où elle se rencontre dans les éboulis entre 1 800 et 2 700 m d’altitude.

Les insectes liés aux cours d’eau sont représentés par trois espèces déterminantes de trichoptères, Allogamus hilaris, Consorophylax consors et Plectrocnemia praestans et un éphéméroptère déterminant, Ecdyonurus zelleri.

Le cortège des orthoptères est composé d’une espèce déterminante, le Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei), sous espèce endémique de Haute Provence et des Alpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux, et d’espèces remarquables comme le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami) et le Gomphocère des moraines (Aeropedellus variegatus).

Est présent également le bourdon Bombus brodmannicus delmasi, dont la sous espèce est déterminante et endémique des Alpes du sud où il recherche les pentes ensoleillées riches en Cerinthe glabra et C. minor dont il butine les fleurs, et dont la sous espèce nominale ne se trouve qu’au Caucase.

Les coléoptères sont représentés par un grand nombre d’espèces déterminantes avec les Carabidae Laemostenus angustatus, espèce troglophile et guanobie, endémique des Alpes franco italiennes où elle se rencontre presque toujours à haute altitude dans les terriers de mammifères (marmottes notamment), les bergeries obscures, les anfractuosités profondes des rochers, parfois sous les pierres, Pterostichus devillei, espèce de haute altitude, endémique des Alpes Maritimes et des Alpes-de-Haute Provence, Trechus delarouzeei, espèce de haute altitude, Licinus oblongus, espèce d’affinité montagnarde, endémique des départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Hautes-Alpes et des Alpes-Maritimes où elle est très localisée, vivant dans les pelouses et les prairies alpines, ainsi que de deux Curculionidae, Dichotrachelus doderoi, espèce d’affinité montagnarde, rare et endémique du département des Alpes-Maritimes et Otiorhynchus pascuorum, espèce montagnarde, endémique des Alpes-de-Haute-Provence, extrêmement localisée et rare, liée aux pâturages de montagne vers 2 000 m d’altitude et au-dessus. A signaler également la présence ancienne de plusieurs espèces déterminantes qui mériteraient des prospections ciblées : Carabus solieri, Ropalopus insubricus, Athous crassicornis, Athous frigidus et Hypera temperei.

Une punaise déterminante a également été inventoriée sur le site : la Corée alpine (Coriomeris alpinus).

Du côté des lépidoptères, six espèces déterminantes sont présentes  : la Plusie de Bellier (Euchalcia bellieri), Noctuidae très localisée à haute altitude (surtout entre 1 700 et 2 700 m, rare, localisée et endémique des départements des trois départements alpins de la région, et dont la chenille se nourrit sur l’Aconit anti thora (Aconitum anthora), l’Hespérie rhétique (Pyrgus warrenensis), espèce très rare et localisée, endémique des Alpes, occupant certaines pelouses subalpines et alpines, le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde, liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1 700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), espèce endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata) et le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea). Ces papillons sont accompagnés de plusieurs espèces remarquables comme la Zygène des bugranes (Zygaena hilaris), l’Apollon (Parnassius apollo), le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), l’Hespérie du pas d’âne (Pyrgus cacaliae), l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), l’Azuré de la croisette (Phengaris alcon rebeli), le Moiré des pâturins (Erebia melampus), et le Céphalion (Coenonympha gardetta macromma).

Enfin, chez les mollusques, citons la présence de la Maillot des pélites (Solatopupa cianensis), espèce protégée en France et endémique du département des Alpes-Maritimes, vivant à la surface des rochers humides et des éboulis où il est strictement lié aux roches silicatées du Permien (grès rouge) entre 500 et 1 300 m d’altitude et l'Hélicon des granites (Chilostoma zonatum), gastéropode d'altitude déterminant et subendémique alpin, qui se trouve sur substrat acide en montagne, où il vit dans les chaos rocheux et autres éboulis, du Mercantour jusqu'en Vanoise.

Commentaires sur la délimitation

Localisée au nord-ouest du département, la ZNIEFF est constituée des reliefs limitrophes au département des Alpes-de-Haute-Provence et elle est limitée à l’est par la haute vallée du Var.