ZNIEFF 930012677
GORGES DE DALUIS

(n° régional : 06100128)

Commentaires généraux

Description de la zone

Il s’agit d’un territoire de montagne méditerranéenne sillonné par les gorges profondes du cours supérieur du Var. C’est un défilé taillé dans les pélites rouges du Permien. La partie ouest et nord de la ZNIEFF est sise sur des affleurements de calcaire du Trias. La route reprend l’ancien tracé de la ligne de chemin de fer Nice Guillaume et offre de multiples points de vue : le pont de la Mariée, le rocher ruiniforme de la Tête de la Femme (dit aussi la Gardienne des Gorges).

Flore et habitats naturels

C’est un territoire presque entièrement inclus dans l’étage supraméditerranéen, avec une dominance des milieux ouverts : garrigues ouvertes sur pélites à genêt cendré (Genista cinerea) et Euphorbe épineuse (Euphorbia spinosa) de l’Euphorbio spinosae Genistetum cinereae, fourrés à buis (Buxus sempervirens) et prunier de Sainte Lucie (Prunus mahaleb) du Berberidion vulgaris. Sur calcaire, on trouve localement des matorrals à genévrier rouge (Juniperus phoenicea) et buis du Buxo sempervirentis Juniperetum phoeniceae. Les boisements sont représentés par des chênaies pubescentes thermophiles à sumac fustet (Cotinus coggygria) du Buxo sempervirentis Quercetum pubescentis cotinetosum coggygriae ou des pineraies de pin sylvestres de substitution. Quelques ravins encaissés dans les gorges accueillent des formations de ravins à tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos) et érable à feuilles d’obier (Acer opalus) du Tilion platyphylli. Les parois sur calcaires et pélites sont colonisées par le Saxifragetum lingulatae, association caractérisée par le saxifrage à feuilles en languettes (Saxifraga callosa), dans laquelle se rencontre la primevère marginée (Primula marginata).

Faune

Ces gorges abritent un patrimoine faunistique d’un grand avec 39 espèces animales d’intérêt patrimonial dont 8 sont déterminantes.

Le peuplement mammalogique se caractérise par la présence du Cerf élaphe (Cervus elaphus) et d’un cortège intéressant de chauves-souris : le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile, préférant les milieux boisés clairs sur substrat calcaire qui alternent avec des espaces dégagés, assez rare en montagne mais présent jusqu’à 2 000 m d’altitude, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce déterminante et menacée, en diminution partout en France, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations, le Grand Murin (Myotis myotis), espèce déterminante plutôt commune mais localement en régression, thermophile et d’affinité méridionale, affectionnant les paysages semi ouverts légèrement boisés jusqu’à 2 000 m d’altitude, le Petit Murin (Myotis blythii), espèce remarquable, thermophile de nette affinité méridionale, liées aux milieux boisés clairs proches de grottes, présente jusqu’à 2 100 m d’altitude.

Les amphibiens sont représentés par le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), espèce remarquable peu abondante et très localisée dans la région, correspondant à un endémique franco-italien présent en France uniquement dans deux départements (Alpes-Maritimes essentiellement et Alpes-de-Haute-Provence), recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude.

Deux reptiles remarquables sont également présents sur le site : le Lézard ocellé (Timon lepidus) espèce des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Le cortège avien nicheur ou probablement nicheur comprend une espèce déterminante, le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupicole rare et localisé en France et dans la région mais en augmentation, nicheur possible sur le site, accompagné de plusieurs espèces remarquables : Aigle royal (Aquila chrysaetos), rapace, actuellement en légère augmentation après avoir fortement régressé, occupant préférentiellement les régions accidentées avec zones rocheuses et étendues forestières, correspondant à un nicheur possible sur le site, Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, Autour des palombes (Accipiter gentilis), espèce forestière peu commune et discrète, Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), espèce rupicole, qui se nourrit préférentiellement dans les terrains dégagés proches des falaises et autres escarpements rocheux où il niche généralement, jusqu’à 2 600 m d’altitude, Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1 100 et 2 900 m, Pic épeichette (Dendrocopos minor), le Pic noir (Dryocopus martius), Monticole bleu (Monticola solitarius), espèce rupicole d’affinité méditerranéenne, se rencontrant dans les zones de falaises et d’escarpements rocheux, les gorges, les ruines, les garrigues claires rocailleuses, jusqu’à 1 600 m d’altitude, Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle, Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), espèce grégaire et rupicole, assez rare et en légère régression, d’affinité montagnarde, présente jusqu’à 2 300 m d’altitude, propre aux falaises et escarpements rocheux (où il niche) situés à proximité de prairies, landes et pâturages où il se nourrit), Alouette lulu (Lullula arborea), espèce des paysages ouverts à semi-ouverts, Bruant fou (Emberiza cia), Bruant ortolan (Emberiza hortulana), espèce xérothermophile des milieux ouverts et semi ouverts, secs et ensoleillés, parsemés d’arbres et de buissons, d’affinité méridionale, en nette régression en France depuis 1950, jusqu’à 1 300 m d’altitude, Venturon montagnard (Carduelis citrinella), espèce paléo-montagnarde, typique des boisements de conifères semi ouverts, Fauvette grisette (Sylvia communis), espèce de milieux ouverts buissonnants, actuellement en régression.

Le peuplement entomologique est caractérisé par un cortège de lépidoptères intéressant avec deux espèces déterminantes : la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), espèce en forte régression, ne subsistant en France plus que dans les Alpes-Maritimes à l’est du fleuve Var et l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1 700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga. Ces deux espèces sont accompagnées de sept espèces remarquables : l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), espèce en régression, inféodée aux milieux ouverts et secs, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude, la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce d’affinité ouest-méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1 100 m d’altitude, l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude, l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), espèce dont l’aire de distribution est morcelée, et inféodée aux milieux rocheux où croissent les plantes nourricières de sa chenille, des orpins (Sedum), le Grand sylvain (Limenitis populi), espèce typique des lisières et clairières à Trembles et l’Hermite (Chazara briseis), espèce en forte régression, liée aux milieux très ouverts, secs et rocailleux où croissent ses plantes-hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes).
Chez les orthoptères, deux espèces remarquables ont été inventoriées sur le site : le Grillon testacé (Eugryllodes pipiens), espèce ouest-méditerranéenne dont la sous-espèce provincialis est endémique du sud de la France, qui peuple les pentes rocailleuses et pelouses sèches sur les reliefs exposés et le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce cavernicole endémique franco-italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, fentes des rochers et autres recoins obscurs et humides.
A signaler également la présence du longicorne Phytoecia rubropunctata, espèce remarquable liée à deux Apiacées (Seseli montanum et Trinia glauca), à répartition limitée à l'Espagne, la France et l'Italie.

Signalons enfin la présence de quatre espèces de mollusques : la Maillot des pélites (Solatopupa cianensis), espèce déterminante, protégée en France et endémique du département des Alpes-Maritimes (seulement 2 stations où elle est cependant très fréquente), vivant à la surface des rochers humides et des éboulis où il est strictement lié aux roches silicatées du Permien (grès rouge) entre 500 et 1 300 m d’altitude, et, plus rare que l’espèce précédente, la Marbrée des pélites (Macularia saintivesi), espèce déterminante et protégée en France, endémique du département des Alpes-Maritimes (seulement 2 stations) où elle est liée comme l’espèce précédente aux roches silicatées du Permien (grès rouge), entre 500 et 1 300 m d’altitude, la Marbrée de Dupuy (Macularia niciensis dupuyi) sous-espèce remarquable, protégée en France, endémique provençale localisée aux  Alpes-Maritimes, Var et Alpes de Haute-Provence, fréquentant les rochers, les vieux murs, les oliveraies, surtout sur substrat calcaire, jusqu’à 2 500 mètres d’altitude et Urticicola glabellus, espèce remarquable.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF intègre les Gorges du Daluis, exception faite du cours du Var. Elle s’étend de la Roche de Richermenque au nord à la Tête de la Femme au sud.