ZNIEFF 930012683
MONTAGNE DES MIOLANS - BOIS DE CUMI ET DE SAUMA-LONGA - FORÊT DE LA BRASQUE

(n° régional : 06100137)

Commentaires généraux

Description de la zone

Il s’agit d’une zone montagneuse qui domine la vallée de l’Estéron. On y trouve quelques villages pittoresques, comme Ascros, Toudon et Pierrefeu. C’est également un beau site forestier avec la Forêt de la Brasque dont la végétation est un mélange de Chênes verts, de Chênes pubescents et de Pins sylvestres.
Dans la partie est, cette région est une illustration remarquable de l’état actuel de la moyenne montagne des Alpes-Maritimes. Il existe de larges étendues en déprise agro pastorale avec une forte dynamique des friches, garrigues et fruticées sur d’anciennes terrasses.

Flore et habitats naturels

On trouve dans ce secteur peu connu, quelques espèces d'intérêt patrimonial fort comme la Campanule blanchâtre (Campanula albicans) en continuité des populations de la Clue du Riolan. Les chênaies pubescentes claires ou les lisières forestières abritent quelques espèces remarquables comme la Violette de Jordan (Viola jordanii) et la Fraxinelle (Dictamnus albus). La Rose de France (Rosa gallica), ancêtre de nombreux rosiers cultivés, est visible en peuplements dispersés sur les zones ouvertes (talus, bords de pistes).
Dans la partie ouest, la topographie favorise l’imbrication des groupements (rochers, pelouses, brousses et forêts) rattachés aux étages méditerranéen, supraméditerranéen collinéen de type médioeuropéen et montagnard. Les pinèdes sylvestres calcicoles mésophiles montagnardes (Erico carneae Pinion sylvestris) abritent la rare orchidée Orchis de Spitzel (Orchis spitzelii). Le secteur de Saint Antonin présente de vastes affleurements de grès siliceux, où se développe notamment une lande à callune (Calluna vulgaris) et genêt d’Allemagne (Gensita germanica) du Genistion tinctorio germanicae.

Faune

Cette zone possède un peuplement faunistique composé de 59 espèces animales d’intérêt patrimonial, dont 10 sont déterminantes.

Les mammifères sont représentés par le Cerf élaphe (Cervus elaphus), une espèce remarquable présente au sein des grandes entités forestières.

L’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse, locale est représentée par des espèces essentiellement forestières et rupicoles : Bondrée apivore (Pernis apivorus), rapace forestier remarquable, d’affinité médioeuropéenne, recherchant les forêts claires de feuillus et les mosaïques de milieux boisés et de milieux ouverts, Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace remarquable d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, Autour des palombes Accipiter gentilis, rapace forestier remarquable, d’affinité médioeuropéenne, affectionnant les grands massifs forestiers avec des clairières jusqu’à 2 000 m d’altitude, Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupicole déterminant, rare et localisé en France et en région PACA mais en augmentation, nicheur possible localement, Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), espèce remarquable rupicole, qui se nourrit préférentiellement dans les terrains dégagés proches des falaises et autres escarpements rocheux où il niche généralement, jusqu’à 2 600 m d’altitude, Monticole bleu Monticola solitarius, passereau rupicole remarquable d’affinité méditerranéenne, se rencontrant dans les zones de falaises et d’escarpements rocheux, les gorges, les ruines, les garrigues claires rocailleuses, jusqu’à 1 600 m d’altitude, Bruant fou Emberiza cia, passereau remarquable d’affinité à la fois méridionale et montagnarde, propre aux milieux ouverts et rocailleux, secs et ensoleillés, de 300 à 2 600 m d’altitude.

Les reptiles sont quant à eux représentés par quatre espèces remarquables, le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce qui affectionne les zones ouvertes et bien ensoleillées, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

Les amphibiens comprennent notamment le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), espèce remarquable peu abondante et très localisée en région PACA, correspondant à un endémique franco-italien présent en France uniquement dans deux départements (Alpes-Maritimes essentiellement et Alpes-de-Haute-Provence), recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude.

Chez les poissons, mentionnons la présence du Barbeau méridional (Barbus meridionalis), espèce remarquable d’affinité méridionale, liée aux cours d’eau clairs et bien oxygénés à débit rapide sur substrat de graviers.

Les arthropodes comprennent plusieurs cortèges.

Signalons la présence d’un coléoptère déterminant, le Carabe de Solier (Carabus solieri), espèce déterminante et protégée en France, endémique des Alpes occidentales et de Ligurie, des pelouses subalpines et lisières forestières aux étages montagnards et subalpins et d’un remarquable, la Grande cétoine verte (Cetonischema speciosissima), espèce discrète, colonisant les cavités élevées dans les troncs des vieux arbres feuillus.

Les lépidoptères sont représentés par sept espèces déterminantes : l'Ecaille rose (Arctia festiva), espèce autrefois répandue en France sur terrain calcaire et aujourd’hui en très nette régression, elle n’est plus citée que de quelques départements méditerranéens, l'Hespérie de la ballote (Carcharodus baeticus), espèce d'affinité ouest-méditerranéenne, en régression et affectionnant les pelouses sèches et surfaces pâturées où croissent ses plantes hôtes, en particulier le Marrube commun (Marrubium vulgare), l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), espèce d’affinité méditerranéenne orientale, qui affectionne les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles où sa chenille se développe sur des potentilles (Potentilla hirta et espèces proches), l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, le Sablé de la luzerne (Polyommatus dolus), espèce dont la sous-espèce dolus est endémique de Provence et peuple les chênaies claires, lisières et pelouses où croissent ses plante hôtes des sainfoins (Onobrychis ssp), la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), espèce méditerranéenne en forte régression, ne subsistant en France plus que dans les Alpes-Maritimes à l’est du fleuve Var, le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea). Ces espèces sont accompagnées de onze espèces remarquables, avec  le Procris de la vigne (Theresimima ampellophaga), la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), la Diane (Zerynthia polyxena), la Proserpine (Zerynthia rumina), l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), la Thécla du prunier (Satyrium pruni), la Thécla de l'orme (Satyrium w-album), l’Azuré du baguenaudier (Iolana iolas), l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), l'Azuré des orpins (Scolitantides orion) ou encore l’Hermite (Chazara briseis).

Les orthoptères sont représentés par quatre espèces remarquables : l'Arcyptère provençale (Arcyptera kheili), criquet à mobilité réduite endémique de Provence, qui peuple les pelouses sur les plateaux calcaires et garrigues ouvertes, le Criquet marginé (Chorthippus albomarginatus), espèce d’affinité médio-européenne, rare et localisée en PACA où elle est strictement inféodée aux prairies humides, le Grillon testacé (Eugryllodes pipiens), espèce ouest-méditerranéenne dont la sous-espèce provincialis est endémique du sud de la France, qui peuple les pentes rocailleuses et pelouses sèches sur les reliefs exposés et le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce cavernicole endémique franco-italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, fentes des rochers et autres recoins obscurs et humides.

Du côté des odonates, citons la présence de trois espèces remarquables : le Caloptéryx occitan (Calopteryx xanthostoma), espèce ouest-méditerranéen, inféodée aux rivières à eaux claires, la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), espèce protégée au niveau européen, d’affinité ouest-méditerranéenne, dont la larve aquatique se développe au niveau du chevelu racinaire des arbres qui bordent les cours d’eau de plaine et certains lacs et le Sympétrum du Piémont (Sympetrum pedemontanum), espèce des canaux et cours d'eau intermittents, peu commune en France et dont le bassin de la Durance représente un bastion.

Citons également la présence du Cloporte Armadillidium simoni, espèce remarquable calcicole, des pinèdes, chênaies et garrigues jusqu’à 650 mètres d’altitude, liée aux substrats datant de l’ère secondaire, principalement les calcaires jurassiques, endémique des Alpes-Maritimes mais localement abondante.

Enfin, deux mollusques remarquables sont cités : la Marbrée de Dupuy (Macularia niciensis dupuyi) sous-espèce protégée en France, endémique provençale localisée aux Alpes-Maritimes, Var et Alpes de Haute-Provence, fréquentant les rochers, les vieux murs, les oliveraies, surtout sur substrat calcaire, jusqu’à 2 500 m d’altitude et le Maillot sud-alpin (Pagodulina austeniana), escargot localisé, principalement présent à l'est de la région, dans les Alpes-Maritimes et au sud-est des Alpes-de-Haute-Provence. D'écologie calcicole, il vit dans les forêts humides entre les rochers ou dans les vieux murs.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF intègre une partie des Préalpes de Grasses, localisée entre les vallées du Var et de l’Estéron. Elle s’étend des Collonques à l’ouest à Pierrefeu à l’est.