ZNIEFF 930012689
CLUE ET FORÊT DOMANIALE DE SAINT-AUBAN

(n° régional : 06100122)

Commentaires généraux

Description de la zone

Région traversée du nord au sud par la haute vallée de l’Estéron, remarquable par les gorges qui se trouvent au niveau de la Clue de Saint-Auban. Des parois à pic se dressent, surplombant le torrent parfois de 700 m. Les falaises sont minées d’immenses grottes, d’avens et de phénomènes érosifs divers. Après la clue, l'Estéron s'écoule dans une plaine plutôt boisée située entre deux petits massifs montagneux : au Nord, se développe l'Ubac de Tra Castel qui culmine à 1 409 m et au sud, le Pensier Oriental (1 595 m).

Habitats naturels

Si les boisements mixtes à pin sylvestre constituent la trame dominante du massif, ce sont les milieux ouverts qui présentent les végétations les plus remarquables en termes d’originalité, de richesse et de diversité.

En fonction de l’exposition et de la topographie, le substrat rocheux calcaire peut se revêtir des cortèges du Stipion calamagrostis H. Jenny ex Quantin 1932, de l’Alysso-sedion albii Oberd. & T. Müll. in T. Müll. 1961 jusqu’aux pelouses sèches des Festuco-Brometea Braun-Blanq. & Tüxen ex Klika & Hadač 1944 sur les parties les plus planes dans les zones sommitales

Les parois calcaires verticales des clues présentent des communautés végétales rupicoles tout à fait singulières, notamment dans leurs configurations plus ombragées : c’est ici le domaine du Phyteumetum villarsii Quézel 1950, association endémique des Préalpes du sud.

Flore

C’est sans conteste les parois calcaires des clues qui abritent le plus grand nombre d’espèces patrimoniales et notamment d’endémiques telles que l’unique localité connue de la raiponce de Villars (Phyteuma villarsii) pour le département des Alpes-Maritimes, le passerage à feuilles d'Halimium (Hormatophylla halimifolia) ou encore la primevère marginée (Primula marginata). On peut également y trouver dans les cavités abritées le rare myosotis des grottes (Myosotis speluncicola), l’orpin à odeur suave (Sedum fragrans), le gaillet bâtard (Galium spurium = G. aparine subsp. tenerum) ou l’hépatique rare Athalamia hyalina.

Les ubacs boisés contiennent de belles populations de Pivoine officinale (Paeonia officinalis subsp. huthii) et ponctuellement la Fraxinelle (Dictamnus albus). Les troncs pourrissant de pin sylvestre ou de sapin abritent la mousse protégée Buxbaumie verte (Buxbaumia viridis).
Des populations de gagée de Reverchon (Gagea reverchonii) sont présentes au sein de lambeaux de pelouses sèches sur les parties sommitales ouvertes du massif, tandis que les prairies plus mésophiles en piémont peuvent localement abriter l’ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum).

Faune

La Clue et la forêt domaniale de Saint Auban hébergent 24 espèces animales patrimoniales dont six espèces déterminantes.

Les oiseaux nicheurs, ou probablement nicheurs, sont représentés par cinq espèces remarquables, la Bondrée apivore (Pernis apivorus), rapace forestier d’affinité médioeuropéenne, recherchant les forêts claires de feuillus et les mosaïques de milieux boisés et de milieux ouverts, le Grand-duc d'Europe (Bubo bubo), espèce qui utilise tous les habitats rocheux comme lieux de reproduction, du niveau de la mer à l'étage subalpin, la Huppe fasciée (Upupa epops), espèce de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, le Pic noir (Dryocopus martius), oiseau des forêts de conifères assez âgées, entre 700 et 2 200 m d'altitude, d'où il dépend d'arbres de grande taille dans lesquels il peut creuser ses cavités de repos ou de nidification et la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle.

Du côté des insectes, le peuplement des coléoptères compte deux espèces déterminantes, le Carabique Duvalius convexicollis, Carabidae endémique des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes, localisé en montagne dans les racines d’orties au pied des parois rocheuses et le Pique-prune ou Osmoderme (Osmoderma eremita), espèce de Scarabaeidae protégée au niveau européen, rare et en régression, inféodée aux vieux arbres dans lesquels sa larve se développe au sein des cavités volumineuses pleines d’humus, accompagnées de Megapenthes lugens, Elateridae remarquable rare en PACA et dont la larve prédatrice se développe dans le terreau des cavités des arbres feuillus.
Quatre espèces de papillons de jour d’intérêt patrimonial fréquentent le site, le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce déterminante de lépidoptère d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea) accompagné de trois espèces remarquables, la Zygène des bugranes (Zygaena hilaris), hétérocère diurne d'affinité ibéro-provençale, liée aux pelouses et friches sèches où croît sa plante hôte (Bugrane jaune Ononis natrix), l’Azuré de la croisette (Phengaris alcon), espèce protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki) et l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude.

Les autres insectes appartiennent au groupe des orthoptères, avec la présence de quatre espèces remarquables, l'Arcyptère provençale (Arcyptera kheili), criquet à mobilité réduite et endémique de Provence, qui peuple les pelouses sur les plateaux calcaires et garrigues ouvertes, l'OEdipode stridulante (Psophus stridulus), espèce boréo-montagnarde qui affectionne les milieux rocailleux des pelouses xerothermiques et des alpages bien exposés, le Grillon testacé (Eugryllodes pipiens), espèce ouest-méditerranéenne dont la sous-espèce provincialis est endémique du sud de la France, qui peuple les pentes rocailleuses et pelouses sèches sur les reliefs exposés et le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce cavernicole endémique franco-italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, fentes des rochers et autres recoins obscurs et humides.

Les mollusques sont quant à eux représentés par une espèce déterminante, le Maillot de Caziot (Chondrina megacheilos), espèce protégée en France, très localisée des Alpes méridionales françaises (Alpes-de-Haute-Provence et Alpes-Maritimes), entre 1 000 et 1 500 m d’altitude et cinq espèces remarquables, le Cochlostome du Verdon (Cochlostoma macei), espèce rare et localisée, d’affinité méditerranéenne, endémique du Var, des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute-Provence, se rencontrant à la surface des rochers calcaires, l'Aiguillette ventrue (Cecilioides veneta), espèce à distribution ponto-méditerranéenne qui possède la particularité d'être aveugle, ses milieux de vie étant les sols rocailleux calcaires et les vieux murets, l’Escargot de Nice (Macularia niciensis), espèce endémique franco-italienne, protégée en France, fréquentant rochers, vieux murs et oliveraies, surtout sur substrat calcaire, jusqu’à 2 500 mètres d’altitude, la Fausse-veloutée des vallées (Urticicola glabellus), escargot à répartition limitée cantonné au sud-est de France, de la Savoie aux Alpes-Maritimes et la Columelle édentée (Columella edentula), espèce Truncatillinidés, peu commune et inféodée aux habitats humides à très humides.

Pour terminer, citons la présence du Gloméris tacheté ou Gloméris à taches fauves (Glomeris guttata), espèce déterminante de diplopodes Glomeridés endémique de Provence, dans les lieux chauds (garrigues et forêts claires), souvent sous les pierres.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF englobe la clue à l'exception du cours d'eau traité par ailleurs ainsi que le massif dans son ensemble. Le petit massif du Pensier a été intégré pour des raisons de cohérences des cortèges floristiques et faunistiques.