Description
Etabli dans la partie centre sud du département des Alpes de Haute Provence, le site est localisé à l’est du village d’Estoublon et au nord du village de Moustiers Sainte Marie. Il inclut les profondes gorges de Trévans, le ravin de Mayaiches, ainsi que les versants et crêtes associés.
Le substrat géologique du site s’inscrit dans les nappes sédimentaires provençales, associant des calcaires massifs du Jurassique supérieur (calcaires à silex du Kimméridgien et calcaires blancs du Portlandien) à des calcaires marneux et marno calcaires du Crétacé (Berriasien à Hauterivien). Les calcaires durs sont à l’origine de belles falaises verticales, profondément entaillées par l’érosion en gorges et canyon. Les terrains marneux plus tendres sont facilement érodés en ravines. Ces formations sont localeent recouvertes d’éboulis récents encore partiellement actifs.
Etendu entre 900 m et 1500 m d'altitude, le site s'inscrit dans les étages de végétation supra méditerranéen et montagnard.
La végétation du site est très variée. Elle associe aux milieux rupestres de falaises et d’éboulis, qui en sont une des caractéristiques majeures, des formations ouvertes et semi ouvertes comprenant des pelouses rupicoles et de rocailles, des fruticées et des landes sèches.
Une grande variété de formations forestières comprenant des pinèdes de Pin noir (Pinus nigra) et de Pin sylvestre (Pinus sylvestris), des chênaies pubescentes, des hêtraies et des boisements mixtes de feuillus occupent les versants et fonds de gorges.
Milieux naturels
Quatre habitats déterminants sont présents : les formations végétales des rochers et falaises calcaires ensoleillées liguro apennines à Saxifrage à feuilles en languettes (Saxifraga callosa) [all. phyto. Saxifragion lingulatae (62.13)], les sources pétrifiantes d’eau dure, qui engendrent des concrétions de tuf [all. phyto. Riccardio pinguis Eucladion verticillati et Adiantion capilli veneris (54.12)], les boisements de feuillus mixtes des pentes et ravins ombragés et frais sur éboulis [all. phyto. Tilion platyphylli et Tilio platyphylli Acerion pseudoplatani (41.4)] et les matorrals arborescents à Genévrier thurifère (Juniperus thurifera) [Assoc. phyto. Amelanchiero ovalis Juniperetum thuriferae (32 136)].
Deux autres habitats remarquables sont également présents, avec les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] et les hêtraies et hêtraies pinèdes sèches sur calcaire [all. phyto. Cephalanthero rubrae Fagion sylvaticae (41.16)].
Le site comprend également plusieurs habitats typiques ou représentatifs à forte valeur écologique tels que les pelouses pionnières calcicoles écorchées sur dalles rocheuses calcaires à Orpins (Sedum pl. sp.) et Joubarbes (Sempervivum pl. sp.) [all. phyto. Alysso alyssoidis Sedion albi (34.1)], les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)], les garrigues supra méditerranéennes à Thym (Thymus vulgaris) [all. phyto. Helianthemo italici Aphyllanthion monspeliensis (32.63)], les landes supra méditerranéennes et oro méditerranéennes à Genêt cendré (Genista cinerea) et Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) [all. phyto. Lavandulo angustifoliae Genistion cinereae (32.61 et 32.62)], les boisements thermophiles et supra méditerranéens de Chêne pubescent (Quercus humilis) [all. phyto. Quercion pubescenti sessiliflorae (41.711)] et les pinèdes sylvestres sèches supra méditerranéennes [all. phyto. Cephalanthero rubrae Pinion sylvestris (42.59)].
Flore
Le site comprend huit espèces végétales déterminantes, dont trois sont protégées au niveau national : l’Orchis de Spitzel (Orchis spitzelii), la Sabline de Provence (Moehringia intermedia), caryophyllacée endémique de Haute Provence caractéristique des parois calcaires, et l’Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reteuri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest. Trois autres espèces déterminantes sont protégées au niveau régional : le Scolopendre officinale (Asplenium scolopendrium), le Cotonéaster du Dauphiné (Cotoneaster delphinensis), et la Dauphinelle fendue (Delphinium fissum), rare renonculacée des rocailles et éboulis xériques. Le site compte par ailleurs deux autres espèces déterminantes avec le Cotonéaster de l'Atlas (Cotoneaster nebrodenis) et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius).
Faune
24 espèces animales patrimoniales, dont 11 sont déterminantes, ont été dénombrées sur ce site.
Les mammifères patrimoniaux comprennent cinq espèces déterminantes et trois remarquables de chauves souris, telles que le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce et menacée, en régression partout en France, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce forestière relativement fréquente, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite les milieux forestiers surtout riverains de l’eau pour la chasse et les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce localisée et peu fréquente, le Petit Murin (Myotis blythi), le Grand Murin (Myotis myotis), espèce plutôt commune mais localement en régression, la Barbastelle (Barbastella barbastellus), espèce forestière et vulnérable, en régression, d’affinité médio européenne, très résistante au froid. Le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) et l’Aigle royal (Aquila chrysaetos) sont deux espèces aviennes patrimoniales nicheuses dans le secteur.
Chez les insectes, citons dans les milieux ouverts le Semi apollon, Papilionidés déterminant et protégé au niveau européen, espèce montagnarde liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses rases sur les crêtes et en lisières forestière, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce déterminante de lépidoptère d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea) et l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), espèce déterminante de Lépidoptères Hespériidés Pyrginés, d’affinité méditerranéenne orientale, vivant dans les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles dont la chenille vit sur différentes Potentilles (Potentilla hirta et espèces proches). Ils sont accompagnés par un cortège de lépidoptères remarquables que sont l’Apollon (Parnassius apollo), espèce de Papilionidés remarquable, d’affinité montagnarde et en régression, relicte de l’ère tertiaire, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), Lycénidé Polyommatinés en régression, plutôt localisé, protégé au niveau européen, menacé en Basse Provence par la destruction de son habitat (les bois clairs et ensoleillés, les prairies, les zones buissonneuses et les friches sèches à serpolets jusqu’à 2400 m d’altitude, et,la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), Zygénidé remarquable et protégé en France, d’affinité ouest méditerranéenne, lié aux friches, garrigues et boisements clairs où croît la plante nourricière de sa chenille, la Badasse (Dorycnium pentaphyllum). Parmi les Hétéroptères (papillons de nuit), le Sphinx de Nice (Hyles nicaea) a été signalé sur ce secteur, il s’agit d’une espèce méditerranéenne déterminante de la famille des Sphingidae qui vole en juin juillet dans les garrigues méditerranéennes où pousse sa plante de prédilection, Euphorbia nicaensis.
Parmi les coléoptères forestiers, citons le Clyte à antenne rousse (Chlorophorus ruficornis), Coléoptère longicorne (Cerambycidés) déterminant dont la larve se développe dans les branches mortes de chênes qui ont été tuées par un coléoptère bupreste. Il est accompagné par le Purpuricène globuleux (Purpuricenus globulicollis), coléoptère remarquable dont la larve affectionne le bois des branches terminales de feuillus, surtout des érables..
Chez les Mollusques, mentionnons la présence des Gastéropodes Cochlostoma macei, espèce remarquable rare et localisée de Cochlostomatidés, d’affinité méridionale, endémique des départements du Var, des Alpes Maritimes et des Alpes de Haute Provence, se rencontrant à la surface des rochers calcaires, Chondrina megacheilos caziotana, espèce remarquable de Chondrinidés, protégée en France, endémique des Alpes méridionales françaises (Alpes de Haute-Provence et Alpes-Maritimes), entre 1000 et 1500 m d’alttude, et Argna ferrari blanci, sous espèce remarquable rare d’une espèce de Gastéropodes Argnidés, exclusivement répandue en France (uniquement dans les Alpes Maritimes), Espagne et Italie, où on le trouve dans les bois humides et parmi les rochers.
Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «Massif du mourre de Chanier - serre de Montdenier gorges de Trévans - pré Chauvin - la font d'Isnard».
Le site s’articule autour de profondes gorges et inclut les crêtes et versants voisins. Il englobe une importante variété d’habitats et populations d’espèces à très forte valeur patrimoniale. La délimitations s’appuie autant que possible sur les repères géographiques et topographiques les plus remarquables, tels que lignes de crêtes principales et secondaires, talwegs, ruptures de pentes, dessertes routières et forestières.