Description
Localisé dans la partie sud est du département des Alpes de Haute Provence, à l’ouest de la petite ville de Castellane, le site est établi sur les communes de Majastres, de La Palud sur Verdon, de Rougon, de Blieux et de Castellane. Ce très grand site est formé par les montagnes et les crêtes du Chiran (1905 m), du Petit et du Grand Mourre (culminant respectivement à 1873 m et 1897 m), et du Mourre de Chanier (1930m). Il s'étend à l'ouest jusqu'au col de Colle Basse, qui suit la crête de Berbené. D'une grande complexité géomorphologique, il comprend des zones de versants de toutes orientations et d’inclinaisons variées, de vastes secteurs de pierriers calcaires, et d'importantes barres rocheuses calcaires.
La forte complexité du substrat géologique du site se traduit par la présence de nombreuses roches sédimentaires calcaires et marneuses emboîtées, allant du Crétacé au Lias et comprenant des vastes étendues de terrains calcaires du Portlandien et du Kimméridgien (Jurassique) qui couvrent une grande partie des croupes sommitales. L'ensemble est recouvert d'éboulis actifs, liés à l'érosion des affleurements rocheux présents, et fait l'objet d'un jeu de failles particulièrement important.
Du point de vue climatique, le site est soumis à un climat de moyenne montagne nettement marqué par les influences supra méditerranéennes à l’origine d’un ensoleillement important et d’une sécheresse estivale accusée.
Compris entre 1000 m et 1930 m d’altitude, ce vaste site de montagnes calcaires est compris essentiellement dans les étages de végétation supra méditerranéen montagnard et subalpin inférieur.
Le site est composé par un grand complexe de pelouses et de broussailles, accompagné par des formations végétales des falaises calcaires et des éboulis. Il comprend également des secteurs de zones humides et quelques zones forestières constituées de Hêtre (Fagus sylvatica), de Sapin (Abies alba) et plus bas de Pin sylvestre (Pinus sylvestris) et de Chêne pubescent (Quercus humilis).
Milieux remarquables
Le site compte un habitat déterminant composé par les landes épineuses franco ibériques à Genêt de Villars (Genista pulchella subsp. villarsii) [all. phyto. Genistion lobelii (31.7456)] qui occuent les crêtes au niveau de replats rocheux ventés.
Sept autres habitats remarquables sont également présents. Ils comprennent les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)], les pelouses écorchées à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) des Alpes du sud [sous all. phyto. Ononido cristatae Helictotrichenion sempervirentis (36.432)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] et les éboulis calcaires d'altitude du Thlaspion rotundifolii (61.22).
Ce site compte également plusieurs autres habitats d’intérêt patrimonial marqué, comprenant en particulier les pelouses pionnières calcicoles écorchées sur dalles rocheuses calcaires à Orpins (Sedum pl. sp.) et Joubarbes (Sempervivum pl. sp.) [all. phyto. Alysso alyssoidis Sedion albi (34.1)], )], les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)] et les garrigues supra méditerranéennes à Thym (Thymus vulgaris) [all. phyto. Helianthemo italici Aphyllanthion monspeliensis (32.63)],
Flore
Le site possède une flore de très grande valeur patrimoniale et comprend neuf espèces végétales déterminantes, dont deux sont protégées au niveau national : l’Ancolie de Bertoloni (Aquilegia bertolonii), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest, et la Pivoine officinale (Paeonia officinalis subsp. huthii), plante spectaculaire des bois clairs, lisières et landes, et une au niveau régional avec la Biscutelle intermédiaire (Biscutella brevicaulis), une crucifère qui colonise les éboulis et rocailles calcaires du site.
Le site compte par ailleurs, six autres espèces déterminantes avec l’Armoise d'Arménie (Artemisia armeniaca), armoise de découverte récente en France localisé aux Préalpes du Verdon, le Dryoptéris submontagnard (Dryopteris submontana), fougère d’observation récente dans la région du Verdon, inféodée à des formations karstiques d'altitude, l’Anthémis de Gérard (Anthemis cretica subsp. gerardiana), l’Oeillet à tiges courtes (Dianthus subacaulis), caryophyllacée des pelouses rocailleuses et des éboulis calcaires, le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius) et la Pulsatille des montagnes (Anemone montana), belle renonculacée à floraison printanière liée aux pelouses sèches à répartition très restreinte en France.
Le site possède également une autre espèce végétale remarquable qui est protégée au niveau national : la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires.
Faune
Les inventaires naturalistes ont permis de recenser sur ce site 14 espèces animales patrimoniales, dont trois sont déterminantes.
L’avifaune nicheuse locale est représentée par une espèce déterminante, le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), nicheur rupestre assez rare en PACA et plusieurs espèces remarquables remarquables comme l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, semble-t-il en régression, et le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce avienne remarquable et fragile, emblématique des Alpes.
Deux espèces remarquables de reptiles ont été inventoriées, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.
Du côté du peuplement entomologique local, citons deux espèces de lépidoptères déterminants, le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea) et le Semi-apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, il fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 mètres d’altitude et quatre espèces remarquables : l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce en régression, plutôt localisé, protégé au niveau européen, menacé en Basse Provence par la destruction de son habitat (les bois clairs et ensoleillés, les prairies, les zones buissonneuses et les friches sèches à serpolets jusqu’à 2400 m d’altitude, la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), Zygaenidé d’affinité ouest méditerranéenne, protégé en France, lié aux friches, garrigues et boisements clairs où croît la plante nourricière de sa chenille, la Badasse (Dorycnium pentaphyllum) l’Hermite, espèce en forte régression, lié aux milieux très ouverts et secs où croissent ses plantes hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes), et l’Apollon (Parnassius apollo), espèce montagnarde et en régression, relicte de l’ère tertiaire, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude.
Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930012695 - Massif du mourre de Chanier - serre de Montdenier - gorges de Trévans - pré Chauvin - la font d'Isnard ».
La pression pastorale, qui tend actuellement à se réduire, conduit dans les pelouses sèches à l’installation d’une végétation ligneuse comprenant des landes et des fourrés, précurseur de l’installation de boisements de Pin sylvestre (Pinus sylvestris). Ce stade végétal ultime présente quelques inconvénients : risques d'incendies accrus, banalisation du paysage, diminution de la biodiversité, réduction de l'espace pastoral et de sa valeur.
Les délimitations du site associent une succession de crêtes de moyenne montagne, qui se succèdent en formant un croissant. Son périmètre englobe des habitats et populations d’espèces à très forte valeur patrimoniale. Si la délimitation cherche avant tout à être fonctionnelle, de façon à englober les éléments remarquables identifiés, elle s’appuie sur les ruptures topographiques les plus marquées et sur les repères paysagers ou géographiques les plus évidents, tels que dessertes, sentiers, lisières… ; lorsqu’il en existe.