Description
Etabli dans la partie ouest du département des Alpes de Haute Provence, sur les communes d’Oppedette, Revest des Brousses, Simiane la Rotonde, Vachères, Banon et Montsalier, ce site se localise à quelques kilomètres du département du Vaucluse, entre les villages de Simiane la Rotonde, Montsalier et Revest des Brousses.
Le site correspond à un ensemble de collines et de plateaux entaillés de combes et de ravins.
Le substrat géologique est constitué de terrains secondaires avec principalement, au nord de Monsalier, des calcaires fins du Bédoulien, au sud de Monsalier, d’ouest en est, des calcaires fins du Bédoulien, des marnes du Gargasien, des grès verts du Clansayésien Albien, des grès bariolés et des marnes grises du Cénomanien. Les grès et calcaires gréseux ont engendré par érosion des accumulations sableuses. Quelques zones de remplissages colluviaux et de cailloutis calcaires occupent également les dépressions et fonds de vallons.
Le site est soumis à un climat globalement supra-méditerranéen, teinté de nettes influences tempérées et montagnardes. Le climat et surtout par endroits le substrat gréseux engendrent des sols acides, qui confèrent une grande originalité à ce site avec une flore riche et diversifiée.
Etendu entre 450 m et 850 m d'altitude, le site s'inscrit dans les étages de végétation mésoméditerranéen supérieur, supra méditerranéen et montagnard inférieur.
La végétation est dominée par des boisements associant essentiellement la chênaie pubescente avec localement la chênaie verte, la chênaie sessiliflore, la hêtraie et les pinèdes de Pin sylvestre (Pinus sylvestris) et de Pin maritime (Pinus pinaster). Une partie de ce secteur est occupée par une magnifique chênaie sessiflore, formation rarissime en Provence. Le Chêne sessile (Quercus petraea) est associé dans les configurations favorables au Hêtre (Fagus sylvatica) et au Châtaignier (Castanea sativa).
Les formations ouvertes de pelouses, en particulier sableuses, de garrigues, de landes et de fourrés plus ou moins rocailleux occupent néanmoins par endroit de larges plages.
Milieux naturels
Trois habitats déterminants sont présents : les landes épineuses franco ibériques à Genêt de Villars (Genista pulchella subsp. villarsii) [all. phyto. Genistion lobelii (31.74)] qui occupent les crêtes au niveau de replats rocheux ventés, les maquis silicicoles hauts à Ciste à feuilles de laurier (Cistus laurifolius) [all. phyto Cistion laurifolii (32.33)] et les pelouses siliceuses méditerranéennes à annuelles [all. phyto Helianthemion guttati (35.3)], qui occupent les substrats sableux xériques.
Quatre autres habitats remarquables sont représentés avec les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis (62.15)], les pelouses écorchées pionnières des bas de falaises, des rebords de corniches et des vires rocheuses ombragées d’ubac à Seslérie bleutée (Sesleria caerulea) [all. phyto. Seslerion elegantissimae (34.325)], les prairies mésophiles de fauche, de plaine et de moyenne altitude, à Fromental (Arrhenatherum elatius) [all. phyto. Arrhenatherion elatioris (38.22)] et les chênaies sessiliflores acidiphiles médio européennes [Quercion roboris (41.57)].
Le site compte également plusieurs autres habitats de fort intérêt patrimonial, comme en particulier les formations végétales liées aux zones humides tels que les gazons méditerranéens des mares temporairement humides acidiphiles et oligotrophes à Jonc capité (Juncus capitatus) [all. phyto. Isoetion durieui (22.3)], les prairies humides oligotrophes à Molinie bleutée (Molinia caerulea) [all. phyto. Molinion caeruleae (37.3)], les formations à Petite Massette (Typha minima) [all. phyto Phalaridion arundinaceae (53.16)] colonisant les vases temporairement immergées au niveau des berges à courant lent ou dans les bras morts, et les marécages acidiphiles abritant la Laîche à deux nervures (Carex binervis).
Flore
Le site possède une flore particulièrement remarquable qui compte dix-sept espèces végétales déterminantes, dont trois sont protégées au niveau national : l'Oeillet magnifique (Dianthus superbus), l'Euphorbe à feuilles de graminée (Euphorbia graminifolia) et le Rosier de France (Rosa gallica), très bel églantier sauvage, protégé au niveau national. Ce dernier est l’un des ancêtres des rosiers horticoles et demeure très rare dans le département des Hautes Alpes, où il est assez vulnérable du fait de l’isolement. Six sont protégées en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : la Minuartie visqueuse (Minuartia viscosa), l'Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), le Paronyque en forme de cyme (Chaetonychia cymosa), la Venténate douteuse (Ventenata dubia), l'Orchis à fleurs lâches (Anacamptis laxiflora) et le Scolopendre officinale (Asplenium scolopendrium), qui serait à rechercher sur le site.
Les autres espèces végétales déterminantes du site sont : le Bifora testiculé (Bifora testiculata), rare ombellifère messicole des cultures peu intensives, la Globulaire commune (Globularia vulgaris), la Mâche à piquants (Valerianella echinata), l'Ornithope délicat (Ornithopus perpusillus), l'Airopsis délicat (Airopsis tenella), graminée des terrains acides plus répandue dans les Massifs siliceux du littoral méditerranéen, localisée à quelques rares stations plus au nord dans le Lubéron et le pied de la Montagne de Lure, le Corynéphore blanchâtre (Corynephorus canescens), la Renoncule flammette (Ranunculus flammula) et le Ciste à feuilles de laurier (Cistus laurifolius subsp. laurifolius).
Par ailleurs, il abrite huit autres espèces végétales remarquables, dont trois sont protégées au niveau national : l'Ophrys de la Drôme (Ophrys bertolonii subsp. saratoi), la Gagée des champs (Gagea villosa) et la Petite massette (Typha minima), et une en Provence Alpes Côte d’Azur : l'Ophrys de Provence (Ophrys provincialis). Le Narcisse à feuilles de jonc (Narcissus assoanus), l'Aristoloche pâle (Aristolochia pallida), la Laîche espacée (Carex remota) et la Houlque molle (Holcus mollis) constituent les autres espèces remarquables connues de ce site.
Faune
Le cortège faunistique propre à ce site présente un intérêt biologique assez élevé : il est riche de vingt espèces animales patrimoniales, dont six sont déterminantes.
Concernant les mammifères, les chiroptères sont représentés par le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce déterminante et menacée, en régression partout en France et le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile. Une belle population de Cerf élaphe (Cervus elaphus) est également à mentionner.
Le peuplement avien nicheur est composé de Aigle royal (Aquila chrysaetos), de l’Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus), espèce d’affinité steppique et en régression, de la Pie grièche méridionale (Lanius meridionalis), de la Chevêche d’Athéna (Athene noctua), du Guêpier d’Europe (Merops apiaster) et du Pic épeichette (Dendrocopos minor).
Notons du côté des reptiles et des amphibiens la présence du Psammodrome d’Edwards (Psammodromus hispanicus), reptile méditerranéen des terrains sablonneux dénudés et le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus) petit crapaud discret.
Dans cette région aux cours d’eau souvent intermittents, les poissons d’eau douce sont notamment représentés par le Barbeau méridional (Barbus meridionalis), espèce remarquable d’affinité méridionale, rare dans les Alpes de Haute Provence mais semble t il en extension, liée aux cours d’eau clairs et bien oxygénés à débit rapide sur substrat de graviers.
Les insectes patrimoniaux sont ici localement représentés par le Marbré de Lusitanie (Euchloe tagis bellezina), espèce déterminante très localisée représentée par la sous-espèce bellezina, endémique du sud de la France et de l’extrême nord-ouest de l’Italie, inféodée aux milieux ouverts où croît sa plante nourricière Iberis pinnata, le Sablé de la luzerne (Polyommatus dolus dolus), espèce déterminante dont la sous-espèce dolus est endémique de Provence et peuple les chênaies claires, lisières et pelouses où croissent ses plante hôtes des sainfoins (Onobrychis ssp), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce alpine remarquable et en régression de lépidoptères Papilionidés, relique de l’ère tertiaire, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnards à alpins, entre 300 et 2500 m d’altitude, l’Agriote (Agriotes brevis), espèce déterminante de coléoptères Elatéridés (Taupins), d’affinité méridionale, inféodée aux milieux ouverts et très sensible aux pesticides et à la colonisation des prairies par les ligneux, l’Athous (Athous puncticollis), espèce déterminante de coléoptères Elatéridés (Taupins), endémique franco-italien ici en limite d’aire, recherchant les milieux forestiers et souffrant des incendies, l’Athous frigide (Athous frigidus), espèce déterminante de coléoptères Elatéridés (Taupins), endémique franco-italien ici en limite d’aire, liée aux prairies sèches de montagne et souffrant de la colonisation de ses biotopes ouverts de prédilection par les ligneux.
Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 2 englobe la ZNIEFF de type 1 suivante : « Collines et plateaux entre Revest-des-Brousses, Oppedette et Simiane-la-Rotonde - Fuyara - les Savels».
Le substrat siliceux (grès) assure une continuité entre ce site et le bassin d’Apt. Cet ensemble est marqué par une flore acidiphile méditerranéenne en limite nord de son aire de répartition dans la région.
Le site assemble un complexe de collines et de petits plateaux, en grande partie forestiers, de faible altitude. Si les motivations de la délimitation de cette ZNIEFF sont avant tout d’ordre fonctionnel, de façon à inclure des habitats et populations d’espèces à forte valeur patrimoniale, le positionnement de ses limites est établi au mieux sur des repères visuels marqués et sur des éléments topographiques ou géographiques importants : ruptures de pentes, talwegs, crêtes secondaires, réseau routier local, dessertes, lisières, etc.