ZNIEFF 930012711
MASSIF DE LA MONTAGNE DE COUPE - BARRE DES DOURBES - LE COUARD

(n° régional : 04123100)

Commentaires généraux

Description

Localisé au centre du département des Alpes de Haute Provence, à l’est de la ville de Digne-les-Bains, le site couvre un petit massif dont la crête est orientée nord/sud.

Sur le plan géologique, le site est composé de roches sédimentaires associant des calcaires, marno calcaires et marnes du Crétacé et du Jurassique. Les calcaires tithoniques (Jurassique supérieur) plus durs ont engendrés des escarpements et de petites falaises qui couronnent généralement les crêtes sommitales (Barre des Dourbes). Les terrains marneux du Valanginien qui occupent le versant est du site et les terres noires du Bathonien Oxfordien du côté ouest sont nettement plus friables et parcourus de ravines profondes. Les éboulis anciens ou encore actifs et les zones de glissements occupent des surfaces importantes, en particulier sur le versant ouest du site.

Le site est soumis à un climat de montagne aux influences supra méditerranéennes marquées.

Etendu entre 750 m et près de 2000 m d'altitude, il s'inscrit dans les étages de végétation supra méditerranéen, montagnard et subalpin inférieur.

Falaises et escarpements calcaires, éboulis, pelouses et prairies subalpines et montagnardes, landes et fruticées, hêtraies, pinèdes, mélèzins et chênaies pubescentes sont les composantes du paysage minéral et végétal du site.

Milieux naturels

Le site compte six habitats remarquables ou représentatifs avec les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)], les éboulis calcaires alpins, à éléments moyens, à Tabouret à feuilles rondes (Noccaea rotundifolia) [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.22)], qui possèdent de nombreuses plantes endémiques des Alpes sud occidentales, les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)], les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], les pelouses écorchées à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) des Alpes du sud [sous all. phyto. Ononido cristatae Helictotrichenion sempervirentis (36.432)], les landes xérophiles d’adret à Genévrier nain (Juniperus nana) et/ou Raisin d’ours (Arctostaphylos uva ursi) [all. phyto. Juniperion nanae (31.43)], et les pinèdes sylvestres sèches supra méditerranéennes [all. phyto. Cephalanthero rubrae Pinion sylvestris (42.59)].

Flore

Le site comprend une flore remarquable avec treize espèces végétales déterminantes, dont six sont protégées au niveau national : la Pivoine officinale (Paeonia officinalis subsp. huthii), plante spectaculaire des bois clairs, lisières et landes, l’Orchis de Spitzel (Orchis spitzelii), l'Inule variable (Inula bifrons), composée à fleurs jaunes des lisières et broussailles sèches, le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée à floraison spectaculaire typique des hêtraies sèches et hêtraies pinèdes sylvestres, le Dracocéphale d'Autriche (Dracocephalum austriacum), lamiacée à floraison spectaculaire inféodée aux pelouses sèches sur corniches et pentes rocheuses, rarissime en France, et l’Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest. Deux autres espèces déterminantes sont protégées au niveau régional : le Cyclamen d'Europe (Cyclamen purpurascens) et la Dauphinelle fendue (Delphinium fissum), rare renonculacée des rocailles et éboulis xériques. Il abrite également cinq autres espèces déterminantes avec le Doronic à feuilles cordées (Doronicum pardalianches), l’Oeillet à tiges courtes (Dianthus subacaulis), caryophyllacée des pelouses rocailleuses et des éboulis calcaires, le Cotonéaster de l'Atlas (Cotoneaster nebrodensis), le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius) et la Scrophulaire printanière (Scrophularia vernalis), rarissime dans ce département.

Par ailleurs, le site comprend une espèce remarquable : la Primevère marginée (Primula marginata), protégée au niveau national, que l’on rencontre sur les parois calcaires du site.

Faune

Ce site possède un cortège faunistique dont l’intérêt biologique est très élevé, puisqu’il renferme quarante et une espèces animales patrimoniales, dont quinze sont déterminantes.

Les chauves-souris d’intérêt patrimonial sont représentées par le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude, l'Oreillard montagnard (Plecotus macrobullaris), espèce remarquable dont la distribution et l'écologie demeure encore peu connue, la Noctule commune (Nyctalus noctula), espèce remarquable arboricole, chassant en hauteur et dans des zones dégagées, très rare en Provence et souvent à plus de 1000 m d'altitude et la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable forestière relativement fréquente.

L’avifaune nicheuse du site comprend des espèces telles que l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) ou encore la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio). 

Chez les reptiles, mentionnons la présence de la Vipère d’Orsini (Vipera ursinii), espèce déterminante d’affinité orientale aujourd’hui rare, très localisée, en régression et menacée d’extinction en France, liée aux pelouses rocailleuses à genévriers et de la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Les invertébrés patrimoniaux sont majoritairement représentés par des lépidoptères et des coléoptères. Parmi les premiers, trois espèces sont déterminantes : citons le Semi Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, à la répartition fragmentée et assez localisée, dont la chenille vit sur la Corydale à bulbe plein (Corydalis solida), des clairières et lisières de bois, surtout entre 1000 et 2000 m d’altitude, l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce peu abondante, d’affinité méditerranéo montagnarde et propre aux régions accidentées et ensoleillées jusqu’à 1700 m d’altitude et le Moiré provençal (Erebia epistygne), Satyrinés méditerranéo montagnard inféodé aux pelouses sèches à Fétuque cendrée (Festuca cinerea). Trois autres espèces déterminantes étaient présentes historiquement mais n’ont pas été observées récemment : le Marbré de Lusitanie (Iberochloe tagis bellezina), la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea) et la Zygène de la Vésubie (Zygaena brizae vesubiana). Sont présentent également de nombreuses remarquables : la Laineuse du prunellier (Eriogaster catax), Lasiocampidés protégé au niveau européen, présent en Europe et Asie mineure, globalement rare et en régression en dehors des Préalpes du sud, inféodé à divers habitats pré forestiers tels que les lisières forestières, bocages et friches, la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), Zygaenidés d’affinité ouest méditerranéenne, protégée en France, liée aux friches, garrigues et boisements clairs où croît la plante nourricière de sa chenille la Badasse (Dorycnium pentaphyllum), la Zygène des bugranes (Zygaena hilaris),  autre Zygénidés, d'affinité ibéro provençale, liée aux pelouses et friches sèches où croît sa plante hôte la Bugrane jaune (Ononis natrix), l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), Hespéridés en régression, inféodée aux milieux ouverts et secs, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce montagnarde et en régression, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnards à alpins, la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce ouest méditerranéenne, dont la chenille vit sur l’Aristoloche Aristolochia pistolochia et dont l’adulte fréquente les éboulis et coteaux pierreux, chauds et ensoleillés, la Téchla du prunier (Satyrium pruni), espèce d'affinité eurasiatique tempérée, rare et en limite d’aire, inféodée par sa chenille au prunellier (Prunus spinosa), la Téchla de l'orme (Satyrium w album), espèce d'affinité eurasiatique tempérée, localisée et peu commune, ayant fortement régressée suite au dépérissement des ormes attaqués par la graphiose.

Parmi les coléoptères, citons la présence de plusieurs espèces déterminantes : la Rhagie ermite (Rhamnusium bicolor), Cerambycidae vivant dans le bois mort des cavités d'arbres vivants, répandu en Europe mais à distribution discontinue et devenue très rare suite à la fragmentation de son habitat, le Carabe de Solier (Carabus solieri), Carabidés très localisée, endémique de Provence, du sud-ouest des Alpes et de Ligurie (endémique franco-italien), recherchant divers milieux boisés, notamment en terrain argilo siliceux, recouvert d’une épaisse couche de feuilles mortes et d’humus, les éboulis et les pierriers entre 100 et 2500 m d’altitude, le Charançon Polydrusus griseomaculatus, Curculionidés endémique provençal des départements du Vaucluse (où on ne la rencontre qu’au Mont Ventoux), des Alpes de Haute Provence et des Alpes-Maritimes, le Charançon Trachyphloeus recognitus, endémique de la Barre des Dourbes, le charançon Pseudomeira ruteri, la Phytoécie blessée (Phytoecia vulneris), Cérambycidé Lamiiné rare,, notamment lié au Plantain Plantago serpentina, localisé au bassin nord oriental de la Méditerranée et en France essentiellement à la région Provence Alpes Côte d’Azur où il est en limite d’aire occidentale, rendu vulnérable par l’urbanisation des friches l’Agriote Agriotes brevis, Elatéridés Agriotinés (Taupins), d’affinité méridionale, inféodée aux milieux ouverts et très sensible aux pesticides et à la colonisation des prairies par les ligneux, l’Athous frigide (Athous frigidus), Elatéridés endémique franco-italienne liée aux prairies sèches de montagne et souffrant de la colonisation de ses biotopes ouverts de prédilection par les ligneux, le taupin (Athous olbiensis), le taupin Athous puncticollis, endémique franco-italien ici en limite d’aire et recherchant les milieux forestiers, l’Athous Megathous nigerrimus, taupin endémique franco‑italienne en limite d’aire en région Provence‑Alpes‑Côte d’Azur, à répartition restreinte et localisée. Ce cortège de coléoptères est accompagné d’espèces remarquables : le longicorne Plagionotus floralis, espèce euro-sibérienne des pelouses et garrigues présente en France principalement dans le quart sud-est, les reliefs du couloir rhodanien abritant l'essentiel de ses populations, le Mycetophagidae Entoxylon abeillei, espèce endémique du sud-est de la France et du nord de l'Italie, fongivore sur les champignons lignicoles des branches mortes, le Silphe à quatre points (Dendroxena quadrimaculata), espèce arboricole se nourrissant de la processionnaire du chêne, commun dans le nord de l'Europe mais rare et sporadique en région méditerranéenne, le longicorne Anaglyptus gibbosus, espèce ouest-méditerranéenne inféodée aux arbres feuillus des boisements thermophiles, le Carabe doré de Honnorat (Carabus auratus honnorati), sous espèce de Carabidés, protégée en France et endémique de Provence où on ne le trouve que dans quelques stations du Var, du Vaucluse et des Alpes de Haute Provence, dans les champs, les cultures et les jardins, là où l’intensification de l’agriculture, avec en particulier l’utilisation intensive de pesticides et d’insecticides, ne l’a pas éliminé, le Sténochore du chêne (Anisorus quercus), espèce de Cerambycidae inféodée aux chênes à feuilles caduques et aux érables, rare en France où la région PACA abrite ses plus importantes populations, le longicorne Etorufus pubescens, espèce saproxylique des forêts de pins d'altitude, présente en France seulement dans les Pyrénées et en PACA, le longicorne Pidonia lurida, espèce dont la larve vit dans les racines des feuillus et conifères de montagne et l'adulte est floricole, localisée en PACA principalement dans les Hautes-Alpes et Alpes-de-Haute-Provence,et l’Anobiidé Ochina latreillii.

Notons enfin la présence de Porcellio orarum, espèce remarquable de Crustacé isopode (cloporte), endémique corso provençale.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 englobe la ZNIEFF de type 1 suivante : « Barre des Dourbes - sommets de Couard, de Cucuyon et de Cluchemet - col de la Cine ».

Commentaires sur la délimitation

Le site intéresse le massif de la Montagne de Coupe. Il englobe une série d’habitats et de populations d’espèces à très forte valeur patrimoniale. Dans son ensemble, sa délimitation repose sur la topographie et localement sur des repères géographiques remarquables, tels que hautes crêtes, talwegs, dessertes, etc.