ZNIEFF 930012714
VALLÉE D'ALLONS - CRÊTE DES SERRES - CRÊTE ET FORÊT DOMANIALE DE CHAMATTE - CRÊTE DES TRAVERSES - PUY DE RENT - BOIS DE LA COLLE BAUDET

(n° régional : 04130100)

Commentaires généraux

Description

Localisé dans la partie sud est du département des Alpes de Haute Provence, ce site de moyenne montagne s’étend à l’est de la petite ville de Saint André les Alpes. Il englobe la vallée d’Allons, ainsi que les crêtes et versants qui la délimitent.

Sur le plan géologique, le site se compose essentiellement de roches sédimentaires d’âge secondaire, comprenant surtout des marnes noires, marno calcaires et calcaires du Crétacé supérieur. Des marnes bleues du Tertiaire occupent le fond de la vallée d’Allons, jusqu’au sommet de la Chamatte en une bande nord sud. Des formations d’éboulis du Quaternaire recouvrent ces diverses formations en pied de versant.

Ce site subit un climat sec et ensoleillé, d’affinité provençale.

L’altitude maximale du site est à 1879 m, au Pic de Chamatte. Les crêtes des Serres culminent quant à elles à 1777 m. Débutant à environ 850 m d'altitude, il s'inscrit dans les étages de végétation supra méditerranéen supérieur, montagnard et subalpin inférieur.

Le site présente une importante variété de milieux et de formations végétales comprenant des habitats rocheux qui associent éboulis et falaises, ainsi que de nombreux types de forêts, dont des chênaies pubescentes et pinèdes mésophiles de Pin noir (Pinus nigra) et de Pin sylvestre (Pinus sylvestris), des hêtraies et hêtraies sapinières et des mélèzins. Les formations arbustives occupent également des surfaces importantes, avec des landes à Buis (Buxus sempervirens) et à Genêt cendré (Genista cinerea). Les pelouses sont très variées, avec des formations méditerranéennes, montagnardes et subalpines.

 

Milieux naturels

Le site possède trois milieux déterminants composés par : les formations végétales des rochers et falaises calcaires ensoleillées liguro apennines à Saxifrage à feuilles en languettes (Saxifraga callosa) [all. phyto. Saxifragion lingulatae (62.13)], les hêtraies et hêtraies sapinières neutrophiles méridionales des Alpes du sud à Trochiscanthe à fleurs nues (Trochiscanthes nodiflora) [all. phyto. Fagion sylvaticae – Asso. phyto. Trochiscantho fagetum (41.17)] et les matorrals arborescents à Genévrier thurifère (Juniperus thurifera) [Assoc. phyto. Amelanchiero ovalis Juniperetum thuriferae (32 136)].

Cinq autres habitats remarquables, sont également représentés avec les Ostyaies supra méditerranéennes à Ostrya feuilles de charme (Ostrya carpinifolia) (41.81), formations décidue en limite d’aire, les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], les pelouses écorchées à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) des Alpes du sud [sous all. phyto. Ononido cristatae Helictotrichenion sempervirentis (36.432)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].

Plusieurs autres habitats typiques ou représentatifs sont également présents et comprennent : les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)], les boisements thermophiles et supra méditerranéens de Chêne pubescent (Quercus humilis) [all. phyto. Quercion pubescenti sessiliflorae (41.711)], les pinèdes sylvestres sèches supra méditerranéennes [all. phyto. Cephalanthero rubrae Pinion sylvestris (42.59)] et les hêtraies et hêtraies pinèdes sèches sur calcaire [all. phyto. Cephalanthero rubrae Fagion sylvaticae (41.16)].

 

Flore

Le site possède une flore d’une grande diversité. Il comprend treize espèces végétales déterminantes, dont cinq sont protégées au niveau national : l'Epipogon sans feuilles (Epipogium aphyllum), rare orchidée forestière des boisements montagnards denses et ombragés, la Gagée de Burnat (Gagea reverchonii), gagée inféodée aux crêtes essentiellement des Préalpes du Verdon, l'Orchis de Spitzel (Orchis spitzelii), la Pivoine officinale (Paeonia officinalis subsp. huthii), plante spectaculaire des bois clairs, lisières et landes, et l'Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest. Trois sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Biscutelle à tiges courtes (Biscutella brevicaulis), crucifère des éboulis et rocailles calcaires, l'Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum) et la Rhapontique à feuilles d'Aunée (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium). Les cinq autres espèces végétales déterminantes du site sont : le Doronic à feuilles cordées (Doronicum pardalianches), le Cynoglosse de Dioscoride (Cynoglossum dioscoridis), l'Oeillet à tiges courtes (Dianthus subacaulis), caryophyllacée des pelouses rocailleuses et des éboulis calcaires, la Scrophulaire printanière (Scrophularia vernalis) et la Minuartie de Burnat (Minuartia glomerata subsp. burnatii), petite caryophyllacée inféodée aux crêtes rocailleuses essentiellement des Préalpes du Verdon.

Par ailleurs, il abrite six espèces remarquables dont trois sont protégées au niveau national : l'Ophrys de la Drôme (Ophrys bertolonii subsp. saratoi), la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires protégée au niveau national, et la Gagée des prés (Gagea pratensis), rare liliacée des pelouses sèches. Les autres espèces remarquables sont : le Moloposperme du Péloponnèse (Molopospermum peloponnesiacum), grande et spectaculaire ombellifère localisée en France au sud des Alpes, à la bordure sud du Massif Central et aux Pyrénées orientales, l'Euphorbe de Canut (Euphorbia hyberna subsp. canutii) et la Passerine dioïque (Thymelaea dioica).

 

Faune

Sur ce site ont été recensées dix neuf espèces animales patrimoniales.

Le cortège chiroptérologique local est marqué par la présence du Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne. Les oiseaux nicheurs sont quant à eux représentés par quatre espèces remarquables : le Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce fragile, emblématique des Alpes, la Gélinotte des bois (Bonasia bonasia), espèce paléarctique, d’affinité nordique, recherchant préférentiellement les forêts mixtes et la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, semble t il en régression.

Les arthropodes patrimoniaux comprennent notamment le Cloporte Caeroplastes porphyrivagus, espèce remarquable connue uniquement de France et de Sardaigne, présente sur la quasi totalité de la région et qui se rencontre du littoral et des îles côtières (d’Hyères et de Lérins) jusque dans les régions de moyenne montagne où elle peut atteindre 1 000 m d’altitude. Chez les coléoptères six espèces sont déterminantes : l’Athous frigide (Athous frigidus), Elatéridés (Taupins) endémique franco-italienne ici en limite d’aire, liée aux prairies sèches de montagne et souffrant de la colonisation de ses biotopes ouverts de prédilection par les ligneux, le taupin Athous puncticollis, endémique franco-italien ici en limite d’aire et recherchant les milieux forestiers, l’Athous Megathous nigerrimus, espèce endémique franco‑italienne en limite d’aire en région Provence‑Alpes‑Côte d’Azur, à répartition restreinte et localisée, le Carabe de Solier (Carabus solieri), espèce protégée en France, endémique des Préalpes occidentales et de Ligurie, des pelouses subalpines et lisières forestières aux étages montagnards et subalpins, et plus localement à plus basse altitude dans des pinèdes humides dans les collines azuréennes, le Ropalope lombard (Ropalopus insubricus), espèce des longicornes (Cérambycidés), rare, inféodée aux érables, plus rarement aux aulnes et aux frênes, présente en France presque exclusivement en région Provence-Alpes-Côte d’Azur et le staphylin Xenobythus serullazi. Ces espèces sont accompagnées par un longicorne (Cerambycidés) remarquable, la Rosalie des Alpes (Rosalia alpina), espèce protégée à l'échelle européenne et inféodée au bois sénescent des vieux arbres feuillus, surtout des hêtres.

La présence de six espèces de papillons patrimoniaux est également signalée. Parmi celles-ci, deux sont déterminantes : l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga et le Semi-apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude. Les espèces remarquables qui les accompagnent sont : l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches à serpolets jusqu’à 2400 m d’altitude, l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte locale Gentiane croisette (Gentiana cruciata) et vit ses fourmis hôtes (surtout Myrmica schencki), la Thécla du Coudrier (Satyrium pruni), espèce d'affinité eurasiatique tempérée, rare et discrète, inféodée par sa chenille au prunellier (Prunus spinosa) et l’Apollon (Parnassius apollo), espèce alpine en régression, relicte de l’ère tertiaire, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, entre 300 et 2500 m d’altitude

 

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 englobe la ZNIEFF de type 1 suivante : «Gontier - crêtes du Puy».

Commentaires sur la délimitation

Le site s’articule autour de la vallée d’Allons et des crêtes de moyenne altitude qui la ceinturent. Il englobe un complexe d’habitats et de populations d’espèces à forte valeur patrimoniale. Si les motivations de sa délimitation sont avant tout d’ordre fonctionnel, le positionnement de ses limites est établi autant que possible sur des repères topographiques, géographiques ou visuels marqués : talwegs, ruptures de pente, réseau de dessertes, petites routes, lisières, etc.