ZNIEFF 930012728
HAUTE VALLÉE DE L'UBAYE - MASSIF DE CHAMBEYRON - ROCHERS DE SAINT-OURS - TÊTE DE MOÏSE

(n° régional : 04101100)

Commentaires généraux

Description

Localisé à l’extrémité nord est du département des Alpes de Haute Provence, le site englobe l’essentiel du bassin versant de la haute Ubaye, en amont de Saint Paul, et le versant orienté sud-ouest, situé en rive droite de l’Ubayette. Il atteint à l’est le Col de Larche.

Cette zone possède une géologie complexe, s’inscrivant pour l’essentiel dans les nappes sédimentaires des zones piémontaise et briançonnaise et débordant un peu à l’ouest sur les nappes de l’Embrunais Ubaye. Si la majeure partie des roches sont des schistes calcaires et calcschistes, une très grande variété de substrats tant calcaire que siliceux d’âge Crétacé à anté Permien est également représentée, comprenant notamment des marbres, des calcaires plus massifs, des dolomies, des grès, des quartzites, des conglomérats houillers, des schistes rhyolitiques d’origine volcano détritique et des mêta brêches basaltiques. Les dépôts d’âge Quaternaire associant des éboulis, cônes de déjection, alluvions torrentielles, moraines et glaciers rocheux encore actifs recouvrent localement les roches en place, notamment en pied de versant et dans les fonds de vallons. Ponctuellement quelques dépôts tourbeux sont à remarquer, ainsi que plusieurs petits glaciers sur le versant nord des Aiguilles de Chambeyron.

Positionné dans la zone biogéographique intra alpine, le site est soumis à un climat de haute montagne aux contrastes thermiques accusés et à enneigement prolongé. Etendu entre 1350 m et 3300 m d'altitude, il s'inscrit dans les étages de végétation montagnard, subalpin, alpin et nival.

Pinèdes de Pin sylvestre (Pinus sylvestris), de Pin à crochets (Pinus uncinata) et de Pin cembrot (Pinus cembra), mélèzins, landes subalpines, prairies, pâturages, pelouses alpines, formations rases des combes à neige, éboulis, escarpements rocheux et localement lacs, ruisselets, torrents et bas marais constituent la palette du paysage minéral et végétal du site.

Milieux naturels

Cinq habitats déterminants sont représentés sur le site. Ce sont : les ceintures péri-lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)], les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)], les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)], milieux d'une très grande valeur patrimoniale, qui apparaissent ponctuellement sur des surfaces restreintes, et les éboulis calcaires fins représentés, notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)].

De très nombreux autres habitats remarquables ou représentatifs sont également présents sur ce site d’exception. Ce sont notamment : les saulaies arctico alpines des bas marais et bords de ruisseaux à Saule arbrisseau (Salix foetida) [all. phyto. Salicion lapponi glaucosericeae (31.6212)], les saulaies arctico alpines des pentes rocheuses froides et humides à Saule soyeux (Salix glaucosericea) ou Saule helvétique (Salix helvetica) [all. phyto. Salicion helveticae (31.6211)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)], dont certaines sont caractérisées par l’Avoine des montagnes (Helictotrichon sedenense) ou l’Avoine de Parlatore (Helictotrichon parlatorei), les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], les landes à Genévrier nain (Juniperus sibirica) [all. phyto. Juniperion nanae (31.43)], les landes sèches d’adret à Genévrier sabine (Juniperus sabina) [sous all. phyto. Berberido vulgaris Juniperenion sabinae (31.43)], les fruticées d’arbustes divers [all. phyto. Berberidion vulgaris (31.81)], les landes à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) et Airelles (Vaccinium myrtillus, Vaccinium uliginosum, Vaccinium vitis idaea) [all. phyto. Rhododendro Vaccinion (31.4)], les mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3), les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)], les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae et Dryopteridion abbreviatae (61.1)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] et siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii (62.2)].

Deux autres habitats originaux sont à remarquer : les glaciers (63.3), qui sont les plus méridionaux des Alpes françaises, et les landines riches en lichens à Airelle bleue (Vaccinium uliginosum) [all. phyto. Loiseleurio procumbentis Vaccinion microphylli (31.41)] établies au niveau des crêtes ventées et froides, rappellent les origines arctico alpines d’une partie de la végétation des Alpes.

Flore

Le site possède une flore exceptionnelle, avec 63 espèces déterminantes dont 25 sont protégées au niveau national : l'Ail dressé (Allium lineare), l'Astragale queue de renard des Alpes (Astragalus alopecurus), fabacée à floraison spectaculaire, affectionnant les pelouses et landes d’affinités steppiques, le Cystoptéris des montagnes (Cystopteris montana), fougère plus fréquente dans les Alpes du Nord, n’occupant que de rares stations dans les Alpes du Sud où elle affectionne les chaos de blocs, le Panicaut des Alpes (Eryngium alpinum), l'Orchis de Spitzel (Orchis spitzelii), le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée à floraison spectaculaire particulièrement rare dans ce secteur des Alpes, l'Inule variable (Inula bifrons), composée à fleurs jaunes des lisières et broussailles sèches, le Cirse d'Allioni (Cirsium alsophilum), beau chardon dont il s’agit ici de l’une des rares stations départementales, la Primevère de Haller (Primula halleri), belle renonculacée à floraison printanière typique des pelouses et rocailles ventées, historiquement signalée et qui semble avoir disparu du fait du surpâturage, l'Androsace des Alpes (Androsace alpina), l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), l'Androsace de Vandelli (Androsace vandellii), le Dracocéphale d'Autriche (Dracocephalum austriacum), lamiacée à floraison spectaculaire inféodée aux rocailles et pelouses steppiques, rarissime en France, le Dracocéphale de ruysch (Dracocephalum ruyschiana), le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata), le Saule de Suisse (Salix helvetica), la Violette à feuilles pennées (Viola pinnata), la Laîche faux Pied d'oiseau (Carex ornithopoda subsp. ornithopodioides), petite cypéracée affectionnant les rocailles longuement enneigées de l'étage alpin, la Laîche bicolore (Carex bicolor) et la Laîche à petite arête (Carex microglochin), deux rares cypéracées des marécages arctico alpins froids d’altitude, la Rhapontique à feuilles d'Aunée (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium), l'Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest, la Potentille du Dauphiné (Potentilla delphinensis), et l'Avoine odorante (Hierochloe odorata), rarissime graminée des pelouses tourbeuses et marécages boréo alpins inscrite au Livre Rouge National des plantes menacées.

Vingt-deux autres espèces déterminantes sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : l'Azalée naine (Kalmia procumbens), qui est à rechercher sur le site, la Biscutelle à tiges courtes (Biscutella brevicaulis), crucifère des éboulis et rocailles calcaires, le Potamot des Alpes (Potamogeton alpinus), le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), le Chaméorchis des Alpes (Chamorchis alpina), la Gymnadenie odorante (Gymnadenia odoratissima), la Bardanette réfléchie (Hackelia deflexa), la Cardamine à feuilles d'asaret (Cardamine asarifolia), la Sabline de Clemente (Minuartia rupestris subsp. clementei), la Tozzie des Alpes (Tozzia alpina), la Violette des collines (Viola collina), le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, le Pâturin vert glauque (Poa glauca), le Trisète en épi à panicule ovale (Trisetum spicatum subsp. ovatipaniculatum), la Laîche mucronée (Carex mucronata), la Renoncule à feuilles de parnassie (Ranunculus parnassifolius subsp. heterophyllus), très rare renonculacée à fleurs blanches d'éboulis calcaires, le Cotonéaster du Dauphiné (Cotoneaster delphinensis), le Saxifrage à deux fleurs (Saxifraga biflora), le Saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensioides), le Muscari botryoïde (Muscari botryoides), l'Orchis de Traunsteiner (Dactylorhiza traunsteineri) et la Joubarbe d'Allioni (Sempervivum globiferum subsp. allionii). Les autres espèces déterminantes du site sont : la Saussurée des Alpes (Saussurea alpina subsp. alpina), de découverte récente dans ce département, le Cirse faux hélénium (Cirsium heterophyllum), le Cynoglosse de Dioscoride (Cynoglossum dioscoridis), la Passerage de Villars (Lepidium villarsii), le Sainfoin de Briançon (Hedysarum brigantiacum), légumineuse récemment décrite, où elle occupe les pelouses d'affinités steppiques, le Gaillet grêle (Galium aparine subsp. tenerum), la Gentiane asclépiade (Gentiana asclepiadea), l'Oréochlora fausse seslérie (Oreochloa seslerioides), le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins, l'Avoine des Abruzzes (Helictochloa versicolor subsp. praetutiana), graminée franco italienne des pelouses calcaires d’altitude, distribuée dans les montagnes du sud de l’Italie et dans les Alpes du sud, récemment découverte en France, le Pied d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraiches, la Potentille inclinée (Potentilla inclinata), la Potentille des neiges (Potentilla nivalis), à rechercher, le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius), le Saxifrage à tige dressée (Saxifraga adscendens), l'Iberis toujours vert (Iberis sempervirens).

Le site comporte également sept espèces végétales remarquables dont cinq sont protégées au niveau national : l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina), la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires protégée au niveau national, la Gagée des champs (Gagea villosa) et le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude. Deux autres espèces remarquables sont protégées au niveau régional : le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses, et la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris).

Faune

Ce site présente un intérêt majeur pour la faune, avec plus de 60 espèces animales patrimoniales, dont 31 sont déterminantes.

Les oiseaux nicheurs sont représentés par diverses espèces d’intérêt patrimonial, souvent d’affinité montagnarde ou médio européenne et dont certaines sont peu fréquentes en Provence Alpes Côte d’Azur : Bondrée apivore (Pernis apivorus), Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable, emblématique des Alpes, Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, qui occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment déneigées et balayées par le vent, Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), Bruant fou (Emberiza cia), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), Niverolle alpine (Montifringilla nivalis). Le site présente une importance particulière pour le Gypaète barbu (Gypaetus barbatus) avec la présence d'un couple nicheur depuis 2007 qui est encore actuellement le seul couple reproducteur des Alpes du Sud. Il a réussi sa reproduction pour la première fois en 2008, et par la suite en 2011, 2012 et 2013.

Une zone de sensibilité majeur (ZSM) a été délimitée pour limiter les perturbations autour de l'aire en particulier les survols d'aéronefs. Elle est communiquée régulièrement aux principaux acteurs (PGHM, clubs de vol de la région, Armée de l'air). Ces actions de protection et de suivi sont menées notamment dans le cadre du Plan national d'action "Gypaète". En outre, depuis 2012, deux oiseaux territoriaux sont présents à cheval sur les vallées de l'Ubayette, de la Stura et du val Maira. L'installation d'un autre couple est probable sur cette zone dans les années qui viennent. A noter qu’un autre vautour, le Vautour fauve (Gyps fulvus), fréquente assidument ce territoire pour son alimentation.

Pour les mammifères, notons l’observation de nombreuses espèces de Chiroptères dont le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce déterminante glaneuse capturant les mouches et araignées, souvent liée aux milieux rivulaires et très stratifiés, et plusieurs espèces remarquables comme la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce forestière, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m. d’altitude, la Noctule commune (Nyctalus noctula), espèce arboricole, chassant en hauteur et dans des zones dégagées, la Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii), espèce migratrice partielle en Provence, le Murin de Brandt (Myotis brandtii), espèce forestières contactée à plus de 1000 m d'altitude et l'Oreillard montagnard (Plecotus macrobullaris). Mentionnons également la présence du Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé alpin déterminant, dont le développement de la population vers le nord est capital, permettant une connexion génétique avec les populations du Mont Viso. Le Crossope de Miller (Neomys anomalus), micromammifère inféodé au milieu humide et dont l’habitat est très peu connu en région PACA, a été signalé sur ce secteur, ainsi que le Lièvre variable (Lepus timidus).

Les reptiles comprennent le Lézard des souches (Lacerta agilis), espèce remarquable d’affinité médio européenne nordique, des landes, lisières de forêts et prairies herbeuses jusqu’à 2000 m d’altitude. Les amphibiens sont représentés par la Salamandre de Lanza (Salamandra lanzai), espèce déterminante et rare, endémique du sud-ouest de l’arc alpin, habitant les pelouses alpines humides et proches de ruisseaux, ainsi que les talus et pentes caillouteuses et herbeuses. Observée en 1995, elle a été depuis recherchée en vain. Le biotope étant favorable il est possible que cette espèce, passe inaperçue, ou qu'il s'agissait d'une population relictuelle ayant disparu depuis.

L’entomofaune locale abrite maintes espèces d’affinité alpine ou arctico alpine, parfois endémiques. Les lépidoptères se distinguent par la présence d’espèces déterminantes telles que la Plusie de Bellier (Euchalcia bellieri), Noctuidae très localisée à haute altitude (surtout entre 1 700 et 2 700 m), rare, localisée et endémique des Alpes du sud, et dont la chenille se nourrit sur l’Aconit anti thora (Aconitum anthora), le Solitaire (Colias palaeno europomene), espèce protégée en France, localisée et dont cette sous espèce est endémique des Alpes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.), l’Hespérie rhétique (Pyrgus warrenensis), espèce rare et localisée, endémique des Alpes, occupant certaines pelouses subalpines et alpines, le Moiré aveugle (Erebia pharte), espèce alpine liée aux prairies subalpines humides et aux pelouses entre 1 500 et 2 000 m et sensible au surpâturage, le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), espèce endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata). Ces papillons sont accompagnés de plusieurs espèces remarquables comme le Petit Apollon (Parnassius sacerdos), l’Apollon (Parnassius apollo), l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon), la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), le Moiré des pâturins (Erebia melampus), et le Céphalion (Coenonympha darwiniana).

Chez les Hyménoptères, signalons deux espèces déterminantes, Bombus brodmannicus delmasi dont cette sous espèce est endémique des Alpes du sud où elle est liée aux pentes fleuries ensoleillées, riches en Mélinets (Cerinthe glabra et C. minor) dont il butine les fleurs et Bombus gerstaeckeri, espèce montagnarde rare et localisée en France aux Pyrénées et aux Alpes du sud.

Les peuplements de Coléoptères comportent également un très fort intérêt patrimonial grâce à la présence de plusieurs espèces déterminantes de Carabidae : Trechus aubei, espèce orophile endémique des Alpes franco italiennes, très localisée en France où on la rencontre exclusivement dans les forêts de l’étage subalpin des départements des Alpes-de-Haute Provence et des Hautes Alpes, Harpalus punctipennis, espèce orophile endémique des départements des Alpes de Haute Provence et des Alpes Maritimes où elle est très localisée, présente sous les pierres dans les éboulis et les prairies alpines, le Carabe violacé (Carabus violaceus picenus), espèce endémique franco-italienne en limite d’aire en région PACA, exclusivement localisée en France au massif de l’Authion, dans les champs, les talus et les forêts humides, Laemostenus angustatus, espèce d’affinité montagnarde, troglophile et guanobie, en limite d’aire et endémique des Alpes franco-italiennes où elle se rencontre presque toujours à haute altitude dans les terriers de mammifères (marmottes), les bergeries obscures, les anfractuosités profondes des rochers, parfois sous les pierres, Pterostichus truncatus imitator, espèce liée aux forêts supérieures de montagne, endémique des départements des Alpes de Haute-Provence et des Alpes-Maritimes. Signalons aussi le Ropalope lombard (Ropalopus insubricus), Cerambycidae rare, inféodée aux érables, plus rarement aux aulnes et aux frênes, présente en France presque exclusivement en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Dichotrachelus alpestris, Curculionidé, endémique des trois départements alpins de la région, où il est rencontré entre 2000 et 3000 m d’altitude sous les pierres, dans les mousses ou dans l’humus, le Brachyte de Born (Brachyta borni), Cerambycidae, orophile de haute altitude, endémique des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence mais peu menacée compte tenu de sa localisation dans des milieux peu accessibles à l’homme, et dont la larve terricole est inféodée à la Potentille de Krantz (Potentilla krantzi) et aux Benoîtes (Geum sp.).

Chez les Hémiptères, citons la Punaise Myrmedobia distinguenda, espèce déterminante de Microphysidés, d’affinité boréo alpine affectionnant les forêts de conifères d’altitude où elle recherche en particulier les hautes branches des conifères couvertes de lichens et traînant à terre, et plus rarement les prairies.

Les peuplements d’orthoptères comportent un très fort intérêt de par la présence de deux espèces déterminantes, le Criquet de Cottius (Chorthippus sampeyrensis), micro endémique inféodée aux surfaces écorchées de haute altitude, pelouses alpines éparses mélées aux éboulis rocheux et le Criquet des torrents (Chorthippus pullus), espèce rare et en régression, strictement liée aux grèves de cours d'eau dynamique, accompagnées de plusieurs espèces remarquables comme le Criquet de la Bastide (Chorthippus binotatus daimei), sous espèce endémique de Haute Provence et des Alpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux, le Gomphocère des moraines (Aeropedellus variegatus), espèce de répartition arctico alpine et euro sibérienne et très thermophobe, localisée dans des stations relictuelles et isolées de pelouses et éboulis de l’étage subnival, généralement au-dessus de 2300 m d’altitude, la Miramelle piémontaise (Epipodisma pedemontana), espèce des prés landes des étages alpin et subalpin, entre 1800 et 2900 m d’altitude, endémique des Alpes franco italiennes, le Sténobothre cottien (Stenobothrus cotticus), espèce endémique de l’arc alpin, inféodée aux éboulis et pelouses écorchées entre 2000 et 2800 m d’altitude, le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses.

Concernant les insectes dont une partie de leur développement s’effectue en milieu aquatique, citons deux espèces déterminantes : le Trichoptère Ecdyonurus zelleri et le Plécoptère Leuctra marinettae.

Enfin chez les mollusques, citons la présence de la Fausse-veloutée du Mercantour (Urticicola mounierensis), espèce polytypique déterminante, endémique de l'Ubaye et du Mercantour qui, comme la plupart des espèces de son genre, fréquente les éboulis calcaires à l'étage subalpin ou alpin., de Quickella arenaria, espèce remarquable de Succinidés, rare et localisée des bas marais et des suintements de pente et du Maillot des rochers (Pupilla sterrii), espèce remarquable localisée dans le Jura et les Alpes, liées aux milieux montagnards orientaux de la région et vivant dans les habitats rocailleux et ensoleillés.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 englobe les six ZNIEFF de type 1 suivantes : « Lac et vallon du Longet - col du Longet - ravin de la tête Noire - tête des Toilies » ; «Vallée de la haute Ubaye au niveau des cabanes du Rayne et du Peyron » ; «Plan du Parouart » ; «Haut vallon de Mary - lacs du Roure - lacs et glacier de Marinet » ; «Bas du versant adret de la vallée de la haute Ubaye, au niveau de la Grande Serenne - Chatelet » & «Vallon de Plate Lombarde - le Vallonnet - tête de Viraysse - tête de Sautron » .

Commentaires sur la délimitation

La délimitation du site intéresse la haute vallée de l’Ubaye et le versant adret (rive droite) de la vallée de l’Ubayette jusqu’au Col de Larche, de façon à inclure des habitats et populations d’espèces à très forte valeur patrimoniale. Les limites s’appuient sur les plus hautes crêtes qui coïncident au nord-ouest avec le pourtour départemental mitoyen aux Hautes-Alpes et à l’est avec la frontière franco-italienne. Côté aval les secteurs les plus fortement anthropisés sont exclus et le périmètre du site suit les repères et éléments topographiques ou géographiques les plus marqués : talwegs, ruptures de bas de versant, dessertes routières locales.