ZNIEFF 930012732
PLATEAU ET LACS DE LA MONTAGNE DU COL BAS - VALLONS DU LOUP, DE PROVENCE ET DE L'AMBOUIN

(n° régional : 04115119)

Commentaires généraux

Description

Etabli dans la partie centre nord du département des Alpes de Haute Provence, sur les communes de Méolans Revel, Seyne, Lauzet sur Ubaye et Monclar, le site se localise à quelques kilomètres au sud du Lac de Serre Ponçon.

Il correspond au plateau et aux lacs de la Montagne de Col Bas, situés sur le flanc nord est de la Montagne de la Blanche.

Le substrat géologique du site est principalement constitué de grès d’Annot d’âge Tertiaire, bordés à l’ouest de calcaires et marno calcaires du Secondaire. Ces terrains sont partiellement recouverts de dépôts glaciaires et d’éboulis du Quaternaire. Un glacier rocheux se loge en contrebas de la crête de Gênes.

Situé dans la zone biogéographique des Alpes intermédiaires méridionales de Haute Provence, le site est soumis à un climat de type continental, marqué d’influences méditerranéennes.

Etendu entre 1 600 m et 2 400 m, il se répartit entre les étages de végétation montagnard supérieur et alpin.

La végétation est constituée dans les parties basses de forêts comprenant en particulier des hêtraies et mélézins, et dans les parties hautes d’un complexe de pelouses alpines, d’éboulis, de falaises, de zones humides et de petits lacs.

 

Milieux remarquables

Le site compte cinq habitats déterminants : les hêtraies et hêtraies sapinières neutrophiles méridionales des Alpes du sud à Trochiscanthe à fleurs nues (Trochiscanthes nodiflora) [all. phyto. Fagion sylvaticae – Asso. phyto. Trochiscantho fagetum (41.17)], les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Berardietum lanuginosi (61.2322)], habitat caractérisé par une flore riche en espèces endémiques des Alpes sud occidentales, et trois habitats de marécages comprenant les tourbières de transition à Laîche à fruits velus (Carex lasiocarpa) [all. phyto. Caricion lasiocarpae (54.5)], les cuvettes à Laîche des bourbiers (Carex limosa) (51.121) et les herbiers palustres et flottants d’étangs et plans d’eau à Utriculaire des marais (Utricularia vulgaris) et Myriophylle en épis (Myriophyllum spicatum) (22.414).

Quatre autres habitats remarquables sont présents. Ce sont : les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)], les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae (37.81)].

Ce site compte également un autre habitat d’intérêt patrimonial marqué avec les formations amphibies à Rubanier à feuilles étroites (Sparganium angustifolium) des rives exondées, des lacs, étangs et mares (22.3).

 

Flore

Le site se singularise par un complexe exceptionnel d’habitats marécageux et par les nombreuses espèces végétales rares ou menacées que celui-ci renferme. Il compte onze espèces végétales déterminantes, dont deux sont protégées au niveau national : la Laîche des tourbières (Carex limosa), rare cypéracée caractéristique des tourbières et marais tremblants, et la Laîche de Buxbaum (Carex buxbaumii). Cinq autres sont protégées au niveau régional avec la Listère en forme de cœur (Listera cordata), discrète orchidée affectionnant les forêts froides de montagne, la Laîche blanchâtre (Carex curta), la Laîche à deux étamines (Carex diandra) et la Laîche à fruits velus (Carex lasiocarpa), toutes deux liées aux tourbières et marais tremblants, et l’Orpin de Montéréale (Sedum monregalense), inféodé aux milieux rocheux acides. Les autres espèces végétales déterminantes du site sont : le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), l’Utriculaire citrine (Utricularia australis), le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum) et le Vulpin roux (Alopecurus aequalis), se développant dans les pièces d’eau temporaires.

Par ailleurs, le site abrite quatre autres espèces végétales remarquables, dont deux sont protégées au niveau national avec la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, et la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires, et une protégée au niveau régional : la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris). Parmi les autres espèces remarquables, il faut remarquer le Sainfoin de Boutigny (Hedysarum hedysaroides subsp. boutignyanum).

 

Faune

Quatorze espèces patrimoniales sont recensées au sein du périmètre, dont 5 espèces sont déterminantes.

Il s’agit pour les amphibiens du Triton alpestre (Triturus alpestris), localement en régression, localisée et rare dans les Alpes de Haute Provence, liée aux pièces d’eau pauvres en poissons, localement en montagne.

Concernant les insectes, notons plusieurs odonates dont la Cordulie alpestre (Somatochlora alpestris), espèce déterminante rare et menacée en Provence-Alpes-Côte d'Azur, d'affinité boréo alpine, dont la larve se développe dans les marais et tourbières d'altitude, la Leucorrhine douteuse (Leucorrhinia dubia), espèce déterminante très rare en PACA (une seule localité au col Bas) des tourbières acides dont elle fréquente les étendues d'eau, le Cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), espèce remarquable peu commune et localisée, inféodée aux modestes écoulements des versants montagneux, et le Leste des bois (Lestes dryas), qui affectionne les pièces d’eau temporaires ou à niveau fluctuant des étages montagnard et subalpin.

Les pelouses subalpines abritent de nombreux lépidoptères (papillons) peu communs ou rares, en particulier le Moiré piémontais (Erebia aethiopella), espèce déterminante endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata). Il est accompagné par le Céphalion (Coenonympha darwiniana), espèce remarquable endémique du centre et de l’ouest des Alpes, à aire de répartition disjointe, inféodée aux pelouses et fourrés de l’étage subalpin. Sur les pentes rocailleuses, sont signalés le Moiré des pierriers (Erebia scipio), espèce remarquable endémique franco-italienne des Alpes occidentales, qui fréquente les éboulis calcaires où croît sa plante hôte l’Avoine des montagnes (Helictotrichon sedenense), et l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable qui peuple les éboulis et autres milieux rocheux, protégée au niveau européen.

Les peuplements d’orthoptères présentent un intérêt du fait de la présence du Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce remarquable d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses, surtout à partir de 1000 mètres d’altitudes.

Enfin, une espèce déterminante de coléoptère a été inventoriée, la Callidie coriace (Callidium coriaceum), espèce boréo-alpine, très rare et limitée en France aux Alpes et au Jura où elle est localisée dans les forêts de conifères d'altitude riches en bois mort, accompagnée de trois espèces remarquables de Cerambycidae, l'Acméops septentrional (Acmaeops septentrionis), espèce paléarctique inféodée aux conifères blessés des forêts de montagne, rare en France où elle ne se trouve que dans les Alpes et le Jura, la Callidie violacée (Callidium violaceum), espèce eurasiatique boréo-alpine liée aux conifères, principalement dans les Alpes et le Jura en France où elle est discrète et localisée et le Lamie berger (Iberodorcadion fuliginator meridionale), sous-espèce aptère dont les larves terricoles se nourrissent de racines de fétuques, endémique de Provence.



Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930012731 - Massif de la montagne de la Blanche - vallon de la Blanche de Laverq - tête de l'Estrop - montagne de l'Ubac - haute vallée de la Bléone ».



Le site, établi à l’extrémité de la chaîne de montagnes qui relient la Montagne de la Blanche à la région d’Allos, fait la jonction entre les Alpes intermédiaires et les Alpes internes.

Ce territoire, encore bien marqué par l'empreinte des activités humaines traditionnelles extensives (agriculture avec des pratiques extensives pastoralisme, sylviculture), accueille de nombreux promeneurs sur les sentiers de randonnées et de nombreux skieurs au niveau des remontées mécaniques situées dans la moitié nord du site. Cette fréquentation touristique, importante du fait de l'accessibilité de ces vallons, de la présence de lacs d'altitude et de la station de ski, peut entraîner des conséquences directes sur la flore et ses habitats (création de drailles, terrassements pour la création pistes de ski et de remontées mécaniques, et prélèvements d’espèces, cueillette, piétinement, érosion, pollution des milieux aquatiques, pollution visuelle et sonore liée aux nombreux passages et aux détritus abandonnés sur place).

Commentaires sur la délimitation

Les limites du site englobent un vaste plateau d’altitude et des vallonnements peu marqués parsemés de lacs et zones humides. L’ensemble forme un écocomplexe d’habitats et d’espèces de fort intérêt patrimonial. Les limites se calent au mieux sur des éléments topographiques marqués (lignes secondaires de crêtes, ruptures de pentes…) et sur des repères géographiques importants (sentiers, lisières…), lorsqu’il en existe.