Description
Etabli dans la partie centre nord du département des Alpes de Haute Provence, sur la commune de Monclar, ce site se localise à quelques kilomètres au sud du lac de retenue de Serre Ponçon.
Il correspond au lac tourbière de Saint Léger, installé dans une petite dépression, un peu au nord ouest du col Saint Jean.
Le substrat géologique est constitué d’une accumulation de tourbe, qui repose sur des terrains glaciaires récents d’âge Quaternaire.
Positionné dans la zone biogéographique des Alpes intermédiaires des Alpes de Haute Provence, le site est soumis à un climat de moyenne montagne de type continental, teinté d’influences supra méditerranéennes.
Réparti entre 1 300 m et 1 350 m, le site est inclus dans l’étage de végétation montagnard.
Sa végétation est constituée d’un complexe de communautés végétales hygrophiles et de milieux humides disposés en ceinture autour du lac de Saint Léger et particulièrement original pour la région.
Milieux naturels
La végétation du site, renommée pour son lac tourbière, comprend quatre habitats déterminants liés aux milieux humides, palustres et tourbeux, d’une grande rareté dans la région Provence Alpes Côte d’Azur. Ce sont : les cariçaies palustres à Laîche renflée (Carex rostrata) (54.2C), les tourbières de transition à Laîche à fruits velus (Carex lasiocarpa) [all. phyto. Caricion lasiocarpae (54.5)], les cuvettes à Laîche des bourbiers (Carex limosa) (51.121) et les herbiers aquatiques à feuilles flottantes de Nénuphar blanc (Nymphaea alba) [all. phyto. Nymphaeion albae (22.431)], dont il s’agit ici de la seule localité du département des Alpes de Haute Provence et l’une des rares de la région Provence Alpes Côte d’Azur.
Un autre habitat remarquable est présent avec les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)].
Le site compte en outre, un autre habitat d’intérêt patrimonial marqué, constitué par les prairies humides oligotrophes à Molinie bleutée (Molinia caerulea) [all. phyto. Molinion caeruleae (37.3)].
Flore
La flore du site, d’une grande originalité pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, comprend neuf espèces végétales déterminantes, toutes liées à un complexe tourbeux exceptionnel. Deux d’entre elles sont protégées au niveau national : la Laîche des tourbières (Carex limosa), rare cypéracée caractéristique des tourbières et marais tremblants, et le Choin ferrugineux (Schoenus ferrugineus), et quatre sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Lys des étangs (Nymphaea alba), la Pédiculaire des marais (Pedicularis palustris), la Laîche à deux étamines (Carex diandra) et la Laîche à fruits velus (Carex lasiocarpa), toutes deux caractéristiques des tourbières et marais tremblants. La Gentiane des marais (Gentiana pneumonanthe), le Pigamon simple (Thalictrum simplex) et l'Utriculaire citrine (Utricularia australis) constituent les deux autres espèces déterminantes du site.
Faune
En l’état actuel des connaissances, treize espèces patrimoniales animales sont signalées du périmètre, dont une seule espèce déterminante.
Les oiseaux sont représentés par deux espèces remarquables, la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce remarquable de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle, dont un couple niche dans les bosquets présents en bordure de la zone humide et le Fuligule morillon (Aythya fuligula), anatidé remarquable, nicheur rare et localisé en PACA sur quelques petits plans d’eau des Alpes du Sud, nicheur sur le lac certaines années.
Chez les chiroptères, deux espèces remarquables fréquentent le site en chasse, il s’agit de la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri) et du Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis)
Les peuplements d’insectes sont très intéressants car ils abritent une espèce emblématique des zones humides, l'Azuré de la sanguisorbe (Maculinea teleius), espèce déterminante de lépidoptère, rare et en régression, protégée au niveau européen, strictement inféodée aux prairies humides et bordures marécageuses peuplées par sa plante hôte la Sanguisorbe officinale et ses fourmis hôtes du genre Myrmica (notamment Myrmica scabrinodis). D’autres espèces remarquables de lépidoptères sont signalées, l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte la Gentiane croisette (Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki) et l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), espèce d’Hespéridés en régression, inféodée aux milieux ouverts et secs.
Les coléoptères patrimoniaux sont représentés par le Géotrupe (Trypocopris vernalis), espèce remarquable des pelouses et prairies pâturées, localement commune dans les Alpes mais sensible aux traitements chimiques antiparasitaires des troupeaux. Dans la ceinture marécageuse du Lac, se trouve une espèce remarquable d’orthoptère, le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce remarquable d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses.
Le cortège d’odonates est diversifié et comporte un intérêt particulier de part la présence de quatre espèces remarquables, soit l'Agrion joli (Coenagrion pulchellum), odonate Zygoptères (Demoiselles) inféodé à divers milieux stagnants mais en forte régression et le Leste des bois (Lestes dryas), odonate Zygoptères (Demoiselles) en limite d'aire méridionale dans les Alpes du sud, localisé et inféodé aux pièces d'eau temporaires, la Cordulie à taches jaunes (Somatochlora flavomaculata), espèce rare et en limite d'aire méridionale dans les Alpes du sud et le Sympétrum vulgaire (Sympetrum vulgatum), espèce rare et en régression en région PACA, où elle se trouve en limite méridionale de son aire de répartition.
Chez les mollusques, notons la présence de Vertigo angustior, espèce déterminante eurasiatique vulnérable, présent en PACA où il occupe exclusivement des zones humides.
Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.
Cette zone humide entretient des relations et des échanges avec les autres zones humides proches ou plus éloignées. C’est en particulier une halte appréciée pour les oiseaux migrateurs inféodés à ce type de milieux.
Ce complexe très original de milieux humides entretient des relations étroites avec le bassin versant. Une tendance à l’eutrophisation est actuellement constatée. Il convient donc de veiller à maintenir un mode d’exploitation limitant les apports d’azote sur le bassin versant proche de la tourbière et de ne pas modifier le régime hydrique du bassin versant.
De plus les radeaux flottants péri lacustres sont fragiles et peuvent souffrir du piétinement et de la fréquentation. Celle ci doit donc être maîtrisée.
Ce petit site englobe un petit lac tourbière et ses bordures palustres. Ses limites comprennent sa bordure périphérique immédiate (prairies humides) et incluent le fond de la cuvette, où est établie cette zone humide. Elles se calent sur les dessertes locales, qui bordent au sud et à l’est le site et sur les éléments topographiques les plus remarquables.