ZNIEFF 930012743
GORGES DE LA MÉOUGE - RÉSERVE BIOLOGIQUE DOMANIALE

(n° régional : 05100243)

Commentaires généraux

Description

Etabli à l’extrémité sud est de la région des Baronnies, dans la partie sud ouest du département des Hautes Alpes, entre les villages de Barret le Bas et d’Antonaves, le site comprend les Gorges de la Méouge et la Réserve Biologique Domaniale, ainsi que les parties basses des versants situés de part et d’autre des gorges, principalement en dessous de 750 m d’altitude.
Le site s’inscrit dans un ensemble de roches sédimentaires qui comprennent surtout des calcaires marneux et marnes du Berriasien et du valanginien, associés à des calcaires gris plus massifs et plus durs du Tithonique et du Kimméridgien, lesquels constituent les petites falaises et escarpements verticaux qui bordent les gorges. Des éboulis stabilisés ou encore actifs occupent les bas de versants.
Situé dans la zone biogéographique des préalpes sud dauphinoises, le site est soumis à un climat de type supra méditerranéen, bénéficiant de micro conditions d’abri à la faveur des gorges.
Le site est inclus dans l’étage de végétation supra méditerranéen entre 552 m et 920 m d’altitude. Sa végétation se compose de forêts et de milieux ouverts associant des rocailles, pelouses et garrigues. Les nombreuses et imposantes falaises des gorges creusées par la Méouge confèrent à ce site une valeur paysagère remarquable.

Milieux remarquables

Ce site compte trois habitats déterminants : les sources d'eaux dures qui engendrent des concrétions de tuf [all. phyto. Riccardio pinguis Eucladion verticillati (54.12)], qui couvrent ponctuellement une large surface sur les parois rocheuses bordant la route, les pelouses steppiques sub continentales [all. phyto. Stipo capillatae Poion carniolicae (34.31)], localisées sur des replats et pentes douces, qui se trouvent ici appauvries car en limite occidentale d’aire de répartition alpine, et les entrées de grottes et les balmes thermophiles à annuelles en pied de falaise [asso. phyto. Anthrisco caucalidis Asperugetum procumbentis) (65)], constituées par une végétation de petites plantes annuelles dont la Clypéole (Clypeola jonthlaspi) en est l’élément le plus caractéristique et qui comprennent de nombreuses espèces végétales à forte valeur patrimoniale.
Il possède de plus deux autres habitats remarquables, avec les boisements riverains en galeries d’Aulne blanc (Alnus incana) [all. phyto. Alnion incanae (44.21)], localisés en quelques secteurs en bordure de la Méouge, et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].
Parmi les autres milieux représentatifs ou typiques du site, figurent les garrigues supra méditerranéennes à Thym (Thymus vulgaris) [all. phyto. Helianthemo italici Aphyllanthion monspeliensis (32.63)] qui occupent des surfaces importantes sur l’adret.

Flore

Le site possède une flore d’une valeur patrimoniale exceptionnelle, avec dix espèces végétales déterminantes dont deux sont protégées au niveau national : l'Euphorbe à feuilles de graminée (Euphorbia graminifolia) et le Scandix étoilé (Scandix stellata), rarissime ombellifère, protégée au niveau national et à aire de répartition circumméditerranéenne et irano touranienne très morcelée. Quatre autres espèces sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : l'Ephèdre de Négri (Ephedra negrii), rarissime plante archaïque des rochers calcaro marneux très xériques, la Diplachné tardive (Kengia serotina), graminée rare des pelouses rocailleuses très sèches, la Dauphinelle fendue (Delphinium  fissum), rare renonculacée des rocailles et éboulis xériques, et le Cotonéaster du Dauphiné (Cotoneaster delphinensis). Les autres espèces déterminantes de ce site sont : le Picride pauciflore (Picris pauciflora), la Julienne à feuilles laciniées (Hesperis laciniata), crucifère liée aux rochers, rocailles et landes xériques sur calcaire, la Pulsatille des montagnes (Anemone montana), belle renonculacée à floraison printanière liée aux pelouses sèches à répartition très restreinte en France, et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius).
Ce site abrite également trois espèces remarquables, dont une est protégée au niveau national : la Gagée des champs (Gagea villosa). Une autre est protégée en Provence Alpes Côte d’Azur : la Violette de Jordan (Viola jordanii). La dernière espèce remarquable de ce site est l'Ail pâlissant (Allium  pallens).


Faune

Les Gorges de la Méouge abritent 17 espèces animales patrimoniales, dont 4 sont déterminantes.

Les oiseaux nicheurs, ou probablement nicheurs sont représentés par la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), passereau caractéristique des torrents montagnards ou encore le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo).

Deux reptiles remarquables peuvent également être observés, le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Le Barbeau méridional (Barbus meridionalis) est également présent dans le cours d'eau.

Les peuplements d’insectes présentent un grand intérêt grâce à la présence d’un cortège de lépidoptères étroitement liés aux milieux rocailleux ou rocheux et aux pelouses sèches. Une espèce déterminante est présente, le Moiré de Provence (Erebia epistygne), d’affinité méditerranéo montagnarde dont l’aire de répartition ibéro provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à Fétuque cendrée Festuca cinerea. Il est accompagné de plusieurs espèces remarquables : l’Apollon (Parnassius apollo), espèce protégée d'affinité montagnarde à alpine dont la population des Gorges de la Méouge se maintient à une altitude si basse grâce à l’ombrage de son milieu vital (milieux rocheux à plantes grasses : Crassulacées) qui assure une période de gel prolongée en hiver, la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce ouest méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires rocailleuses et sur les coteaux chauds et ensoleillés, l’Azuré des orpins (Scolitantides orion), espèce d’affinité méridionale à aire de distribution morcelée, inféodée aux milieux rocheux où croissent les plantes nourricières de sa chenille, des orpins (Sedum), dont la population des Gorges de la Méouge est la seule station des Hautes Alpes, l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets, et de sa principale fourmi hôte Myrmica sabuleti et la Thècle du frêne (Laesopis roboris), espèce méditerranéenne ibéro provençale liée aux ripisylves et fonds de vallon où croissent ses plantes hôtes, surtout des frênes.

A noter également la présence de trois coléoptères Cerambycidae déterminants, le lepture dantesque (Pedostrangalia revestita), espèce dont la larve vit dans la carie rouge humide des vieux arbres feuillus, rendue rare et menacée sur toute sa répartition européenne par la disparition de son habitat, la Saperde intermédiaire (Saperda similis), espèce se développant seulement sur saule marsault et saule pourpre, à distribution sporadique et très rare en PACA et Stictoleptura erythroptera, espèce vivant dans le bois mort des vieux arbres feuillus creux peuplant les forêts matures, très rare en France où ses plus belles populations se trouvent dans le sud-est. Elles sont accompagnées par une espèce remarquable, le Lamie berger (Iberodorcadion fuliginator meridionale), sous-espèce de Cerambycidae aptère dont les larves terricoles se nourrissent de racines de fétuques, endémique de Provence.



Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.

Commentaires sur la délimitation

Les limites du site sont avant tout tributaires de la topographie, qui délimite une gorge profonde, refuge d’espèces à forte valeur patrimoniale. Dictées par les ruptures de pente les plus marquées, elles englobent les versants raides des gorges et excluent les plateaux et collines qui surmontent ces dernières.