ZNIEFF 930012744
MONTAGNE DE CHABRE ET SES CONTREFORTS

(n° régional : 05135100)

Commentaires généraux

Description

Localisé à l’extrémité ouest de la région des Baronnies, dans le sud du département des Hautes Alpes (Laragnais), ce site englobe le sommet de la Montagne de Chabre ainsi que ses parties basses plongeant vers la rivière du Céans.
Le site s’inscrit dans un ensemble de roches sédimentaires qui comprennent surtout des calcaires marneux et marnes du Callvien Oxfordien et du Berriasien, associés à des calcaires gris plus massifs et plus durs du Tithonique et du Kimméridgien, lesquels constituent l’ossature des crêtes sommitales en engendrant souvent de petites falaises et escarpements verticaux.
Le climat est de type supra méditerranéen à tendance continentale.
Situé dans la zone biogéographique des préalpes delphino provençale, le site est compris dans les étages de végétation supra méditerranéen et montagnard, entre 560 m et 1350 m d’altitude.
Sa végétation se compose principalement de boisements et, sur la crête ou sur les parties les plus pentues, de pelouses, de garrigues et de landes.

Milieux remarquables

Ce site compte trois habitats déterminants : les pelouses steppiques sub continentales [all. phyto. Stipo capillatae Poion carniolicae (34.31)], qui se trouvent ici appauvries, car en limite occidentale d’aire de répartition alpine, les boisements de ravins ombragés et frais sur éboulis [all. phyto. Tilion platyphylli et Tilio platyphylli Acerion pseudoplatani (41.4)], situés principalement en ubac au pied des barres rocheuses, et les landes épineuses franco ibériques à Genêt de Villars (Genista pulchella subsp. villarsii) [All. phyto. Genistion lobelii (31.74)] qui se situent sur les crêtes au niveau de replats rocheux ventés.
Trois autres habitats remarquables sont recensés : les pelouses écorchées pionnières des bas de falaises, des rebords de corniches et des vires rocheuses ombragées d’ubac à Seslérie bleutée (Sesleria caerulea) [all. phyto. Seslerion elegantissimae (34.325)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], qui occupent le fond de certains talwegs humides, et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].

Flore

La flore du site est d’une très grande valeur patrimoniale. Celui-ci abrite treize espèces déterminantes dont sept sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : la Biscutelle à tiges courtes (Biscutella brevicaulis), crucifère des éboulis et rocailles calcaires, l'Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), l'Holostée en ombelle hérissée (Holosteum breistrofferi), petite caryophyllacée endémique des Préalpes provençales inféodée aux plages terreuses d'annuelles de la crête de Chabre, l'Ephèdre de Négri (Ephedra negrii), rarissime plante archaïque des rochers calcaro marneux très xériques, qui serait à retrouver sur le site, le Chiendent pectiné en forme de crête (Agropyron cristatum subsp. pectinatum), graminée prestigieuse récemment découverte en France dans le département des Hautes Alpes et seulement présent dans trois stations en France, la Dauphinelle fendue (Delphinium fissum), rare renonculacée des rocailles et éboulis xériques, anciennement signalée et à rechercher, et le Cotonéaster du Dauphiné (Cotoneaster delphinensis), toujours localement rare où il occupe les buxaies de haut de versant d’ubac. Les autres espèces déterminantes du site sont le Buplèvre de Toulon (Bupleurum ranunculoides subsp. telonense), la Julienne à feuilles laciniées (Hesperis laciniata), crucifère liée aux rochers, rocailles et landes xériques sur calcaire, le Silène du Valais à feuilles de graminée (Silene petrarchae), endémique à aire très restreinte essentiellement connue de Mont Ventoux, liée aux éboulis et rocailles calcaires, occupant sur la crête de Chabre une surface de quelques cm², la Clématite droite (Clematis recta), rare renonculacée d’affinité orientale liée aux lisières et bois clairs des plaines alluviales, le Cotonéaster de l'Atlas (Cotoneaster nebrodensis) et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius).
Le site abrite par ailleurs deux espèces remarquables, dont une protégée au niveau Provence Alpes Côte d’Azur : la Violette de Jordan (Viola jordanii). La dernière espèce remarquable de ce site est le Sélin à feuilles de silaus (Katapsuxis silaifolia), rencontrées les chênaies.

Faune

Ce site possède un cortège faunistique d’un intérêt assez marqué. Il est constitué de sept espèces animales patrimoniales, dont deux sont déterminantes.
Les oiseaux nicheurs patrimoniaux sont localement représentés par le Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce déterminante paléoxérique, d’affinité méridionale, le Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), le Petit duc scops (Otus scops), le Bruant fou (Emberiza cia). A noter l’observation de la Gélinotte des bois (Bonasa bonasia), galliforme en progression dans les Alpes du Sud, quant au Tétras lyre (Tetrao tetrix), autre galliforme montagnard remarquable, emblématique des Alpes, il est en forte régression sur les massifs périphériques alpins et son statut sur le site serait à préciser. Les amphibiens comprennent notamment le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), espèce déterminante à effectifs faibles et vulnérable, en déclin, d’affinité médio européenne et montagnarde, affectionnant les petits points d’eau peu profonds, dans les endroits restant frais et humides en été. Les populations du sud des Hautes Alpes sont en limite d’aire et abritent probablement de faibles effectifs, des recherches complémentaires seraient à entreprendre.
Les peuplements d’insectes sont peu connus et mériteraient des prospections complémentaires. A noter la présence en périphérie du Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce déterminante de lépidoptère d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea) et qui serait à rechercher dans les secteurs ouverts du site.

Fonctionnalité / liens éventuels avec autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 englobe la ZNIEFF de type 1 : «05_135_242   Montagne de Chabre».

Commentaires sur la délimitation

Les limites du site sont établies de manière à englober une crête montagneuse de moyenne montagne et ses sommets de versant. Elles sont positionnées sur les parties inférieures de versant, en évitant les zones où l’anthropisation est la plus accentuée. Elles se calent au mieux sur des repères visuels marqués, ou sur des éléments topographiques et géographiques importants : réseaux de dessertes forestières ou rurales, lisières, talwegs, ruptures de pentes, etc.