ZNIEFF 930012751
MONTAGNE DE L'AUP OU DE SAINT-GENIS - LE REVUAIRE

(n° régional : 05128229)

Commentaires généraux

Description

Synclinal formant un cirque annulaire allongé et quasi fermé, la Montagne de St Genis s’étend entre les vallées du Buëch à l’ouest et de la Durance à l’est, dans la partie sud ouest du département des Hautes Alpes.

Sur le plan géologique, le site s’inscrit dans une série de roches sédimentaires d’âge secondaire associant des terrains calcaires et marno calcaires du Berriasien et du Valanginien, qui occupent l’essentiel du cœur du synclinal, avec des calcaires massifs plus durs du Kimméridjien supérieur et du Tithonique, lesquels constituent les crêtes sommitales ainsi que les spectaculaires falaises verticales de ceinture. Sur les versants du pourtour du site apparaissent des calcaires marneux de l’Oxfordien et du Callovien. Ces divers terrains calcaro marneux, situés au cœur du synclinal ou sur la périphérie du site, sont en grande partie recouverts de colluvions de pente et d’éboulis récents, stabilisés ou localement encore actifs.

Situé dans la zone biogéographique des préalpes delphino provençales, à la rencontre des influences méditerranéennes et alpines, le site est inclus dans les étages de végétation supra méditerranéen supérieur et montagnard, entre 681 m et 1432 m d’altitude.

L’influence méditerranéenne y est ici importante. Sa forme et sa localisation en font un site remarquable, qui associe de multiples habitats en mosaïque. Ces derniers concernent aussi bien des milieux rocheux de falaise, grottes et éboulis marneux, des pelouses sèches, des fruticées et des forêts de feuillus et de conifères.

Milieux remarquables

Le site recèle de nombreux habitats de fort intérêt patrimonial, dont quatre sont déterminants. Ce sont : les landes épineuses franco ibériques à Genêt de Villars (Genista pulchella subsp. villarsii) [All. phyto. Genistion lobelii (31.74)] qui se situent sur les crêtes au niveau de replats rocheux ventés, les entrées de grottes et les balmes thermophiles à annuelles [asso. phyto. Anthrisco caucalidis Asperugetum procumbentis) (65)] constituées par une végétation de petites plantes annuelles, dont de nombreuses espèces à forte valeur patrimoniale, les boisements de Genévrier thurifère (Juniperus thurifera) [all. phyto. Juniperion thuriferae (42.A28)] généralement associés aux matorrals arborescents à Genévrier thurifère (Juniperus thurifera) [assoc. phyto. Amelanchiero ovalis Juniperetum thuriferae (32 136)]. Dans le département des Hautes-Alpes, seuls quatre sites présentent de très beaux peuplements de Thurifères : Saint Crépin, le plus célèbre d’entre eux, l’adret de Théus, le Bois du Revuaire à Saint Genis et la Forêt Domaniale de l’Eygues à Saint André de Rosans. Localisés essentiellement dans les Alpes du sud, ils constituent un habitat rare particulièrement remarquable en France. A ce titre ils sont classés déterminants.

Les autres habitats remarquables du site comprennent les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)], les hêtraies à Andosace de Chaix (Androsace chaixii) (41.1752)] et les pinèdes sylvestres sèches supra méditerranéennes [all. phyto. Cephalanthero rubrae Pinion sylvestris (42.59)].

D’autres habitats, plus répandus en région semi méditerranéenne, mais très représentatifs du site et à floraison remarquable, sont également présents, tels les landes supra méditerranéennes et oro méditerranéennes à Genêt cendré (Genista cinerea) et Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) [all. phyto. Lavandulo angustifoliae Genistion cinereae (32.61 et 32.62)] et les garrigues supra méditerranéennes à Thym (Thymus vulgaris) [all. phyto. Helianthemo italici Aphyllanthion monspeliensis (32.63)], formations sous ligneuses étendues sur les versants sud.

Flore

Le site comprend seize espèces déterminantes dont trois sont protégées au niveau national : l'Orchis de Spitzel (Orchis spitzelii), l'Inule variable (Inula bifrons), composée à fleurs jaunes des lisières et broussailles sèches, et le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée à floraison spectaculaire typique des hêtraies sèches et hêtraies-pinèdes sylvestres.
Six autres espèces sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : l'Aspérule des teinturiers (Asperula tinctoria), rubiacée très discrète et très rare affectionnant les pelouses acidiclines, localisée à quelques rares stations dans les Alpes du Sud, la Biscutelle à tiges courtes (Biscutella brevicaulis), crucifère des éboulis et rocailles calcaires, le Chiendent pectiné en forme de crête (Agropyron cristatum subsp. pectinatum), graminée prestigieuse récemment découverte en France dans le département des Hautes Alpes et seulement présent dans trois stations en France, la Diplachné tardive (Kengia serotina), graminée rare des pelouses rocailleuses très sèches, la Dauphinelle fendue (Delphinium fissum), rare renonculacée des rocailles et éboulis xériques, et le Cotonéaster du Dauphiné (Cotoneaster delphinensis).
L'Aster linosyris  (Galatella linosyris), le Buplèvre de Toulon (Bupleurum ranunculoides subsp. telonense), la Julienne à feuilles laciniées (Hesperis laciniata), crucifère liée aux rochers, rocailles et landes xériques sur calcaire, le Cytise faux lotier (Cytisus lotoides), sub endémique franco espagnole, en limite nord de son aire de répartition, l'Asarum d'Europe (Asarum europaeum), le Cotonéaster de l'Atlas (Cotoneaster nebrodensis) et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius) sont les autres espèces déterminantes de ce site.

Il abrite également trois espèces remarquables dont une est protégée en Provence Alpes Côte d’Azur : la Violette de Jordan (Viola jordanii). Le Sélin à feuilles de silaus (Katapsuxis silaifolia) et l'Anémone de Haller (Anemone halleri), belle renonculacée à floraison printanière typique des pelouses et rocailles ventées, sont les autres espèces remarquables de ce site.


Faune

Le site présente un intérêt assez élevé pour la faune puisque 24 espèces animales patrimoniales, dont 6 déterminantes y sont recensées.

A noter la présence d’au moins cinq espèces de Chiroptères : la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), espèce forestière déterminante, vulnérable et en régression, d’affinité médio-européenne, très résistante au froid, le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii), espèce déterminante typiquement méditerranéenne et strictement cavernicole présente dans les régions aux paysages karstiques riches en grottes, le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce remarquable de haut vol, aux mœurs rupestres pour ses gîtes, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude et le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée en région, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne.

Les oiseaux nicheurs sont représentés par une espèce déterminante : le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur. Il est accompagné par plusieurs espèces remarquables comme l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), espèce holarctique assez rare en région et présente du littoral à la haute montagne (concentrée sur les trois départements alpins) dans les milieux ouverts à sites rupestres, l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), espèce forestière peu commune et discrète, le Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, la Chouette chevêche ou Chevêche d’Athéna (Athene noctua), le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), la Huppe fasciée (Upupa epops), le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), espèce liée aux cours d’eau froids, propres et bien oxygénés, à courant plutôt vif, entre 100 et 2 400 m. d’altitude, le Bruant fou (Emberiza cia), le Torcol fourmilier (Jynx torquilla). Le statut actuel du Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable, emblématique des Alpes et en forte régression sur les massifs périphériques, serait à préciser.

L’herpétofaune locale patrimoniale comprend une espèce déterminante, le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), espèce à effectifs faibles et vulnérable, en déclin, d’affinité médio européenne et montagnarde, affectionnant les petits points d’eau peu profonds, dans les endroits restant frais et humides en été ainsi que deux espèces remarquables, le Lézard ocellé (Timon lepidus), plus grand lézard européen et d’affinité méditerranéenne et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce rà répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Les peuplements d’insectes présentent un grand intérêt grâce à la présence d’un cortège de lépidoptères étroitement liés aux milieux rocailleux ou rocheux et aux pelouses sèches. Citons le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce déterminante d’affinité méditerranéo montagnarde dont l’aire de répartition ibéro provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea), l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), espèce remarquable d’Hespéridés en régression, inféodée aux milieux ouverts et secs, l'Hespérie de l'Herbe au vent (Sloperia proto), espèce remarquable de lépidoptère Hespériidés d'affinité méditerranéenne, peu commune et localisée aux pelouses et friches sèches, dont la chenille se nourrit principalement de Phlomis herbaventi, l’Azuré du baguenaudier (Iolana iolas), espèce méditerranéenne très localisée, strictement inféodée à la présence de son unique plante hôte Colutea arborescens, le Louvet (Hyponephele lupina), lépidoptère d’affinité méditerranéo steppique très localisé et globalement rare, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable relicte de l’ère tertiaire, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), lépidoptère diurne d’affinité ouest méditerranéenne, protégé en France, lié aux friches, garrigues et boisements clairs où croît les plantes nourricières de sa chenille, localement la Badasse (Dorycnium pentaphyllum) et/ou des sainfoins (Onobrychis).


Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930012752 - Massifs des préalpes delphino provençales de Céüse, Crigne Aujour et de l'aup Saint Genis ».

Ce site s’inscrit au sud d’une série de trois synclinaux perchés delphino provençaux, avec la montagne de Céüse, au nord, et la Montagne de l’Aup ou de Saint Genis, le Pic de Crigne – Crête des Selles au centre. L’ensemble de ces massifs présente de grandes similitudes floristiques et constitue un complexe méditerranéo montagnard en inter relations étroites. Le massif de l’Aup ou de Saint Genis est à la fois une zone refuge pour de nombreuses espèces en limite d’aire.

Commentaires sur la délimitation

C’est une logique de massif, qui préside ici à la définition de ce site, lequel correspond à un vaste synclinal d’orientation est-ouest. Ses limites tentent d’exclure des espaces boisés de moindre intérêt biologique, comme les reboisements monospécifiques de Pin noir (Pinus nigra s.l.) au centre du synclinal ou en périphérie sur les versants. Elles essaient de s’appuyer sur des repères géographiques, tels que les pistes forestières ou les éléments topographiques les plus importants, lorsqu’il en existe.