ZNIEFF 930012757
VALLÉES ET PARC NATUREL RÉGIONAL DU QUEYRAS - VAL D'ESCREINS

(n° régional : 05108100)

Commentaires généraux

Description de la zone

Etabli dans la partie est du département des Hautes-Alpes, en limite frontalière avec l'Italie, entre le Briançonnais au nord, la vallée de l'Ubaye au sud et la vallée de la Durance à l'ouest, ce vaste site montagneux correspond à l’essentiel du Parc Naturel Régional du Queyras.

Sa partie occidentale est principalement calcaire avec localement des affleurements de quartzites, alors que la partie orientale du massif est composée des schistes lustrés de la zone piémontaise associés à des affleurements de roches vertes, gabbros, ophiolites,... Le seul glacier persistant actuellement dans le Queyras est celui d'Asti.
Localisé dans la zone biogéographique intra alpine du Briançonnais Queyras, le site est soumis sur sa majeure partie à un climat montagnard de type continental sec marqué d’influences méditerranéennes. En revanche, sa partie est frontalière avec l’Italie, est fortement soumise aux influences climatiques de la plaine du Pô qui apportent de l’humidité, en particulier dans les secteurs du Haut Guil et de Valpréveyre.

Débutant à l’étage de végétation montagnard à environ 900 m d'altitude, ce très beau site ordonné autour de la vallée du Guil, culmine à 3 387 m au Pics de la Font Sancte. Il s’inscrit dans les étages de végétation montagnard, subalpin et alpin.
Le climat et la géologie du Queyras ont engendré une végétation caractéristique, marquée notamment par :

- l'important développement de formations steppiques en fond de vallée ;
- la remontée en altitude des étages forestiers sur de vastes surfaces (pinèdes thermo xérophiles, mélézeins/cembraies) ;
- d'immenses étendues herbeuses alpines, offrant aux troupeaux des pâturages de très bonne qualité et parsemés de nombreux lacs et bas marais ;
- de nombreux éboulis, d'imposantes crêtes ébouleuses et des falaises abruptes.

La présence de plusieurs lacs d'altitude, des paysages remarquables marqués par le pastoralisme, une opulente richesse écologique et biologique font de ce territoire l'un des joyaux naturalistes des Alpes françaises.

Habitats naturels

Les seize habitats déterminants que compte le site sont principalement des pinèdes, des marécages, des éboulis calcaires et des formations steppiques. Ce sont : les forêts fraîches d’ubac sur calcaire à Pin à crochets (Pinus uncinata) ou à Pin sylvestre (Pinus sylvestris) [all. phyto. Erico carneae Pinion sylvestris (G3.311)], les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (D4.18)], les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (D4.21)] habitats d'une très grande valeur patrimoniale, qui apparaissent ponctuellement dans de nombreux secteurs du site où ils possèdent une composition floristique tout à fait caractéristique, les ceintures péri-lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (D2.211)], les tourbières de transition [all. phyto. Caricion lasiocarpae (D2.31)], habitat particulièrement rare et localisé en région Provence Alpes Côte d’Azur, les cariçaies palustres à Laîche renflée (Carex rostrata) (D4.1C), les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (E5.511)], les landines riches en lichens à Airelle bleue (Vaccinium uliginosum) et Azalée naine (Loiseleuria procumbens) [all. phyto. Loiseleurio procumbentis Vaccinion microphylli (F2.211)], établies au niveau des crêtes ventées et froides, qui rappellent les origines artico alpines d’une partie de la végétation des Alpes, les mélézins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembro (Pinus cembra) (G3.23), les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (H2.42)] et les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (H2.43) et Berardietum lanuginosi (H2.43)].

Les formations végétales d’affinités steppiques constituent également les types d’habitats déterminants, parmi les plus typiques et caractéristiques du site et sur le plan national. Elles y occupent des surfaces importantes, en fond de vallées. Elles comprennent les pelouses steppiques sub continentales [all. phyto. Stipo capillatae Poion carniolicae (E1.24)] constituées de manière très caractéristique, avec l’ensemble de leur cortège floristique enrichi d'espèces végétales d'origine orientale et les mattorals arborescent à Genévrier thurifère (Juniperus thurifera) et à Amelanchier à feuilles ovales (Amelanchier ovalis) [assoc. phyto. Amelancherio ovalis Juniperetum thuriferae (F5.136)] et les landes sèches d’adret à Genévrier sabine (Juniperus sabina) [sous all. phyto. Berberido vulgaris Juniperenion sabinae (F2.2322)], éléments de dynamique succédant aux pelouses sèches.

Trois autres habitats originaux sont à noter : les glaciers rocheux (H4.31), où la glace, non visible en surface occupe les interstices entre les blocs rocheux qui composent l’essentiel du glacier, les fourrés d'Aulne vert (Alnus alnobetula) (F2.3111) rares et localisés dans le Queyras et qui témoignent de situations particulièrement fraîches dans les sites soumis régulièrement aux avalanches,  et les prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (E1.262)].

Flore

La flore du site est d’une très grande valeur patrimoniale et recèle de nombreuses espèces rares, protégées ou remarquables. Il abrite 91 espèces déterminantes, dont 29 sont protégées au niveau national : l'Ail dressé (Allium strictum), le Cystoptéris des montagnes (Cystopteris montana), fougère plus fréquente dans les Alpes du Nord, n’occupant que de rares stations dans les Alpes du Sud où elle affectionne les chaos de blocs, la Tofieldie boréale (Tofieldia pusilla), le Panicaut des Alpes (Eryngium alpinum), l'Orchis de Spitzel (Orchis spitzelii), le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée typique des hêtraies sèches et hêtraies pinèdes sylvestres, l'Epipogon sans feuilles (Epipogium aphyllum), rare orchidée forestière des boisements montagnards denses et ombragés, l'Inule variable (Inula bifrons), composée à fleurs jaunes des lisières et broussailles sèches, le Cirse d'Allioni (Cirsium alsophilum), chardon dont il s’agit ici de l’une des rares stations départementales, l'Aster amelle (Aster amellus), astéracée à floraison automnale affectionnant les pelouses sèches et les lisières forestières se trouvant en voie de raréfaction généralisée en France, la Nonnée brune (Nonea pulla), le Pastel des Alpes (Isatis alpina), crucifère des éboulis à endémisme très restreint, localisée au pourtour du Mont Viso, la Primevère de Haller (Primula halleri), renonculacée à floraison printanière typique des pelouses et rocailles ventées, connue en France de deux localités du Queyras, l'Androsace des Alpes (Androsace alpina), l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), l'Androsace de Vandelli (Androsace argentea), (Astragalus alopecurus), fabacée atteignant 1 m de hauteur, à floraison spectaculaire, affectionnant les pelouses et landes d’affinités steppiques, (Dracocephalum austriacum), lamiacée inféodée aux rocailles et pelouses steppiques, rarissime en France, le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata), le Saule de Suisse (Salix helvetica), la Violette à feuilles pennées (Viola pinnata), le Choin ferrugineux (Schoenus ferrugineus), la Laîche faux Pied d'oiseau (Carex ornithopoda subsp. ornithopodioides), petite cypéracée affectionnant les rocailles longuement enneigées de l'étage alpin, la Laîche brun noirâtre (Carex atrofusca), la Laîche bicolore (Carex bicolor), la Laîche à petite arête (Carex microglochin), toutes trois rares cypéracées des marécages arctico alpins froids d’altitude, l'Avoine odorante (Hierochloe odorata), rarissime graminée des pelouses tourbeuses et marécages boréo alpins inscrite, et le Saxifrage du Pays de Vaud (Saxifraga valdensis). Vingt-cinq autres espèces déterminantes sont protégées en PACA : l'Euphraise visqueuse (Macrosyringion glutinosum), plante hémi-parasite des pelouses sèches dont les populations briançonnaises (les seules françaises) sont excentrées de l'aire sud-est européenne de cette espèce, le Cotonéaster du Dauphiné (Cotoneaster delphinensis), la Biscutelle à tiges courtes (Biscutella brevicaulis), crucifère des éboulis et rocailles calcaires, le Potamot des Alpes (Potamogeton alpinus), la Renoncule à feuilles de parnassie (Ranunculus parnassifolius subsp. heterocarpus), la Gymnadenie odorante (Gymnadenia odoratissima), la Listère en forme de cœur (Neottia cordata), orchidée forestière de montagne, le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), l'Orchis nain des Alpes (Chamorchis alpina), l'Orchis de Traunsteiner (Dactylorhiza traunsteineri), la Saussurée discolore (Saussurea discolor), la Bardanette réfléchie (Hackelia deflexa), la Cardamine de Plumier (Cardamine plumieri), crucifère inféodée aux fissures de parois et blocs rocheux sur roches vertes, la Drave des bois (Draba nemorosa), la Sabline de Clemente (Facchinia lanceoata), la Pyrole moyenne (Pyrola media), l'Azalée naine (Kalmia procumbens), l'Androsace septentrionalis (Androsace septentrionalis), la Violette des collines (Viola collina), la Laîche à deux étamines (Carex diandra), rare cypéracée caractéristique des tourbières et bas marais tremblants, la Laîche fimbriée (Carex fimbriata), le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, le Pâturin vert glauque (Poa glauca), le Pâturin hybride (Poa hybrida), graminée liée aux mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, très rare dans le contexte des Alpes du Sud, le Trisète en épi à panicule ovale (Trisetum spicatum subsp. ovatipaniculatum), la Potentille des marais (Comarum palustris), la Fraxinelle blanche (Dictamnus albus), rutacée des lisières et broussailles sèches, historiquement signalée et à rechercher, le Saxifrage à deux fleurs (Saxifraga biflora) et le Saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensioides). Trente-trois autres espèces déterminantes sont présentes sur ce site.

Le site abrite également 18 espèces remarquables dont 7 sont protégées au niveau national, comme le Sainfoin de Boutigny (Hedysarum boutignyanum), l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina), belle renonculacée aux grandes fleurs d'un bleu vif, la Petite massette (Typha minima), la Tulipe sauvage (Tulipa sylvestris subsp. sylvestris), belle liliacée aux fleurs jaunes affectionnant les friches culturales, la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), la Primevère marginée (Primula marginata), la Gagée des champs (Gagea villosa), petite liliacée rudérale aux fleurs jaunes, ou encore la Gagée jaune (Gagea lutea), qui serait à retrouver sur le site. Deux espèces sont protégées en région PACA : la Minuartie des rochers (Facchinia rupestris) et le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses.

Faune

Ce site présente un intérêt faunistique exceptionnel avec la présence de près de 200 espèces patrimoniale dont plus de 60 espèces déterminantes.

Chez les mammifères, mentionnons la présence d’espèces déterminantes telles que le Loup (Canis lupus), le Lynx boréal (Lynx lynx), le Mulot alpestre (Apodemus alpicola) et le Bouquetin des Alpes (Capra ibex). Plusieurs chiroptères déterminants sont cités sur le secteur : le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) espèce menacée, en déclin dans la région, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations, la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), espèce forestière vulnérable et en régression, d’affinité médio-européenne, très résistante au froid, le Petit Murin (Myotis blythii) espèce thermophile occupant des cavités souterraines ou bâtis en reproduction et chassant en milieux ouverts et le Grand Murin (Myotis myotis), espèce plutôt commune mais localement en régression.

L’avifaune nicheuse du site est caractérisée par la présence d’espèces déterminantes comme la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo-alpine forestière, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, plutôt âgés, jusqu’à 2 300 m, le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, le Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce paléoxérique, d’affinité méridionale, la Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro-sibérienne rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies). Certaines espèces sont uniquement présentes en alimentation ou en halte migratoire comme le Vautour moine (Aegypius monachus), le Busard cendré (Circus pygargus), le Gypaète barbu (Gypaetus barbatus), le Vautour fauve (Gyps fulvus). De nombreuses espèces remarquables sont également mentionnées. Elles sont présentes en nidification ou bien en transit / halte migratoire.

Deux espèces déterminantes d’amphibiens sont présentes sur le site : le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), espèce à effectifs faibles et vulnérable, en déclin, d’affinité médio européenne et montagnarde, affectionnant les petits points d’eau peu profonds, dans les endroits restant frais et humides en été et la Salamandre de Lanza (Salamandra lanzai), espèce endémique du massif du Mont Viso.
Le cortège des arthropodes d’intérêt patrimonial est composé de nombreuses espèces.

Concernant le groupe des coléoptères déterminants, notons la présence du Bostrichidae Stephanopachys linearis, dont la larve se nourrit dans les blessures du tronc des conifères de montagne, connue de seulement trois départements français dont les Hautes-Alpes où elle semble cantonnée aux environs du Queyras, du Carabe de Solier (Carabus solieri), espèce protégée en France, endémique des Préalpes occidentales et de Ligurie, des pelouses subalpines et lisières forestières aux étages montagnards et subalpins, et plus localement à plus basse altitude dans des pinèdes humides dans les collines azuréennes, de l’Acanthocine réticuleux (Acanthocinus reticulatus), rare Cerambycidae à répartition européenne qui colonise les sapinières matures froides et humides, sa larve se développant dans les troncs de gros diamètre, de l'Acméops marginé (Acmaeops marginatus), espèce eurasiatique liée en France aux conifères blessés des forêts de montagne, très localisée et jamais abondante, de Cornumutila lineata, lié au bois mort des blessures du tronc et des branches sommitales dans les forêts de conifères des montagnes européennes, extrêmement rare en France où il est connue uniquement dans le Queyras, du Saphane de Truqui (Drymochares truquii), espèce rare et localisée, présente en France exclusivement en région PACA dans les Alpes du sud, liée aux forêts de feuillus telles que les boisements de noisetiers, aulnaies, ostryaies et hêtraies et qui se développe dans les branches mortes de feuillus de petit diamètre, de Chrysomela lapponica, de Anostirus gabilloti, de l'Eucnemidae Epiphanis cornutus, espèce à large répartition néarctique mais très rare et localisée, se développant dans la carie rouge des troncs décomposés de conifères des forêts à caractère naturel, du Cardinal triste (Pytho depressus), espèce ouest-paléarctique, prédatrice sous-corticale dans les conifères morts des forêts de haute montagne en France, où elle est rare et cantonnée aux vieux boisements, du Salpingidae Sphaeriestes bimaculatus, espèce boréo-alpine cantonnée en France aux forêts de pins de l'étage subalpin où elle est très rare et localisée. Ces espèces déterminantes sont accompagnées de nombreuses espèces remarquables.

Chez les lépidoptères déterminantes citons l’Hespérie rhétique (Pyrgus warrenensis), très rare et localisée, endémique des Alpes, occupant certaines pelouses subalpines et alpines, la Plusie de Bellier (Euchalcia bellieri), espèce de Noctuidés (Noctuelles), très localisée à haute altitude (surtout entre 1 700 et 2 700 m), rare, localisée et endémique des trois départements alpins de la région, et dont la chenille se nourrit sur l’Aconit anti thora (Aconitum anthora), la Sympiste de l'Herbe-aux-Cerfs (Sympistis nigrita), l'Alpestre (Rhegmatophila alpina), Notodontidae dont les chenilles se nourrissent de saules et de peupliers, le Nacré des Balkans (Boloria graeca tendensis), espèce à distribution fractionnée, des Balkans et des Alpes occidentales, dont la sous-espèce tendensis est endémique franco-italienne des Alpes-du-Sud, dans les pelouses subalpines rases et sèches à Violette éperonnée (Viola calcarata), le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata), le Moiré de Provence (Erebia epistygne), lépidoptère d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea), le Moiré aveugle (Erebia pharte), espèce alpine liée aux prairies subalpines humides et aux pelouses entre 1 500 et 2 000 m et sensible au surpâturage, l’Alexanor (Papilio alexanor), protégé au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodé aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1 700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, le Semi-Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, le Solitaire (Colias palaeno europomene), protégé en France, dont cette sous-espèce est localisée et endémique des Alpes internes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.), le Sphinx de l'argousier (Hyles hippophaes), protégé en Europe, inféodé aux ravines sèches, berges de cours d'eau peuplées d'Argousiers, rare et probablement en régression, dont le bassin de la Durance représente un bastion en France, la Psodos valaisanne (Psodos bentelii), et l’Isabelle (Graellsia isabellae), emblématique des Alpes du sud, protégée au niveau européen, de répartition ouest-méditerranéenne morcelée (en France : Hautes-Alpes, Alpes de-Haute-Provence et Pyrénées-Orientales), principalement inféodée aux peuplements de Pin sylvestre des versants abrités entre 600 et 1 800 m d’altitude.

Les odonates sont représentées par la Cordulie alpestre (Somatochlora alpestris), espèce déterminante très rare et menacée en PACA, d'affinité boréo-alpine, dont la larve se développe dans les marais et tourbières d'altitude, ainsi que par plusieurs espèces remarquables.

Plusieurs orthoptères déterminants sont présents sur le secteur : l'Analote du Queyras (Anonconotus baracunensis), espèce aux ailes atrophiée et endémique des pelouses alpines du Queyras, le Tridactyle panaché (Xya variegata), espèce rare et en régression, liée aux plages sablonneuses ou limoneuses dans le lit ou sur les rives des cours d'eau en tresses, le Gomphocerippus cialancensis, le Criquet des iscles (Gomphocerippus pullus), espèce rare et en régression, strictement liée aux grèves de cours d'eau en tresses.

Dix espèces d’insectes aquatiques déterminants fréquentent la zone : l'éphéméroptère Ecdyonurus zelleri, Leuctra queyrassiana, Apatania mercantoura, Allogamus antennatus, Allogamus hilaris, Alpopsyche ucenorum, Consorophylax consors, Melampophylax melampus, le trichoptère Plectrocnemia praestans, et Drusus lepidopterus.
Concernant les autres arthropodes, le secteur abrite deux espèces d’arachnides déterminantes : l'araignée Aculepeira carbonaria, espèce qui se trouve exclusivement à haute altitude dans les Alpes, lorsque la végétation se réduit à de l'herbe rase et qui fait sa toile dans les éboulis rocheux dont sa robe imite la couleur grise et les taches de lichen, et Pardosa saturiator, espèce présente au bord des torrents en montagne, à plus de 1 400 m jusqu'à l'étage nival, uniquement signalée des Hautes-Alpes dans notre région. On y retrouve aussi deux espèces déterminantes d’hémiptères : la Corée alpine (Coriomeris alpinus), espèce phytophage et le pentatome Carpocoris melanocerus, espèce rare de punaise. Un hyménoptère remarquable est mentionné : Panurginus montanus. Un diplopode déterminant, l’Iule des sables (Ommatoiulus sabulosus), espèce appartenant à la famille des Iulidés, de grande taille, fréquente en montagne où elle peut dépasser 2000 m d’altitude dans les Alpes mais globalement localisée en région Provence Alpes Côte d’Azur, également signalée de Crau est mentionné. Enfin, une espèce de blatte est inventoriée sur la zone : Planuncus nicaeensis.

Pour finir, trois espèces de mollusques déterminants ont été observées sur le site : l’Hélice du Queyras (Arianta arbustorum repellini), espèce subendémique qui fréquente les chaos rocheux composés de gros blocs, uniquement présente dans le massif du Queyras et au sud des Ecrins, l'Hélicon des granites (Chilostoma zonatum), gastéropode d'altitude subendémique alpin, qui se trouve sur substrat acide en montagne, où il vit dans les chaos rocheux et autres éboulis, du Mercantour jusqu'en Vanoise, et le Maillot des hêtraies (Pagodulina subdola), escargot distribué sur la bordure sud des Alpes centrales, présent en France seulement dans les départements alpins de la région PACA où il fréquente les forêts de feuillus calcaires relativement humides. Elles sont accompagnées de douze espèces remarquables.


Fonctionnalité lien avec ZNIEFF

Cette très vaste ZNIEFF de type 2 englobe 17 ZNIEFF de type 1.

Commentaires sur la délimitation

Le site intéresse la petite région naturelle du Queyras et englobe, pour ainsi dire, le bassin versant du Guil dans sa quasi-totalité. La délimitation s’opère au niveau des plus hautes crêtes, qui correspondent à l’est et nord est à la frontière franco-italienne et au sud à la limite départementale. Délimité par de hautes crêtes, sur son côté ouest, le site du Val d’Escreins, ZNIEFF de type 1 de forte valeur biologique, est rattaché à cet ensemble ; ainsi que les basses gorges du Guil et le rocher de Mont Dauphin. Quelques secteurs fortement anthropisés ou de moindre intérêt sont exclus du site.