ZNIEFF 930012761
MONTAGNE DE FURFANDE - VALLON DE CLAPOUZE - BOIS DU DEVEZ

(n° régional : 05108133)

Commentaires généraux

Description de la zone

Localisé dans le nord-est du département des Hautes-Alpes, dans la partie nord-ouest du Parc Naturel Régional du Queyras, le site correspond aux versants adrets du Col d’Izoard et du Pic de Rochebrune, et inclut le Vallon de Clapeyto. Il culmine à 2 910 m au Pic du Béal Traversier.
Son substrat géologique est essentiellement constitué de calcaire.

Le site s’inscrit dans les Alpes internes et bénéficie d’un climat de type continental aux contrastes thermiques saisonniers marqués.

Les imposantes falaises et les vastes éboulis confèrent à la zone un aspect minéral de grand intérêt paysager.

Etablit entre 1 410 m et 2 910 m d’altitude, le site s’inscrit dans les étages de végétation montagnard supérieur, subalpin et alpin.

Outre la végétation spécialisée d’éboulis et de falaises, le site présente aux altitudes inférieures de belles forêts de Pin à crochets (Pinus uncinata) et de Mélèze (Larix decidua) et de grandes étendues de pelouses alpines.

Habitats naturels

Neuf habitats déterminants sont recensés sur ce site : les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (H2.43) et Berardietum lanuginosi (H2.43)], les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (D4.18)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (D4.13)], les ceintures péri-lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (D2.211)], les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (E4.432)], les mélézins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembro (Pinus cembra) (G3.23), les pinèdes de Pin à crochets (Pinus uncinata) (G3.311) et les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (E5.511)].

Le site possède de plus quatre autres habitats remarquables :  les formations herbacées à fort recouvrement sur le site et dont certaines sont caractérisées par l’Avoine de Parlatore (Helictotrichon parlatorei) et les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (F7.4E)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (E2.31)], les bas marais acides à Laîche noire (Carex nigra) [all. phyto. Caricion fuscae (D2.2)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (H3.251)].

Flore

Sept espèces végétales déterminantes sont présentes dont trois sont protégées au niveau national : l'Orchis de Spitzel (Orchis spitzelii), belle orchidée des forêts de pins à raisin d’ours, l'Androsace pubescente (Androsace pubescens) et l'Avoine odorante (Hierochloe odorata), rarissime graminée des pelouses tourbeuses et marécages boréo alpins inscrite au Livre Rouge National des plantes menacées. Trois autres sont protégées en Provence-Alpes-Côte-d’Azur : le Potamot des Alpes (Potamogeton alpinus), le Saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensioides), espèce rupicole, et le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta). La dernière espèce déterminante du site est le Pied d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraiches.

Il abrite également six espèces remarquables dont trois sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires, et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une est protégée sur le plan régional : le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses. La Pulsatille de Haller (Pulsatilla halleri), belle renonculacée à floraison printanière typique des pelouses et rocailles ventées, et le Genépi noir (Artemisia genipi) sont les dernières espèces remarquables de ce site.

Faune

Ce site présente un cortège faunistique doté d’un intérêt patrimonial relativement élevé. Trente-quatre espèces animales patrimoniales, dont huit déterminante, y ont été recensées.

Pour les mammifères il convient de citer le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé déterminant de nette affinité montagnarde et d’intérêt communautaire, le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1 200 à 3 100 m d’altitude ainsi que le Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région PACA, présent jusqu’à 2 500 m.

Les oiseaux nicheurs, ou probablement nicheurs, sont quant à eux représentés par de nombreuses espèces remarquables (espèces forestières, rupicoles, aquatiques, paludicoles, steppiques et de milieux ouverts, en mélange) dont certaines sont très rares en Provence Alpes Côte d’Azur : le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, la Bondrée apivore (Pernis apivorus), rapace forestier d’affinité médioeuropéenne, recherchant les forêts claires de feuillus et les mosaïques de milieux boisés et de milieux ouverts, la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1 100 et 2 900 m, le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, le Bruant fou (Emberiza cia), oiseau qui affectionne les pelouses et les landes avec rocailles bien ensoleillées, les éboulis avec des buissons et des arbres clairsemés, les landes ouvertes, etc. et menacé par la fermeture des milieux, le Venturon montagnard (Carduelis citrinella), espèce paléo-montagnarde typique des boisements de conifères semi ouverts, le Monticole de roche (Monticola saxatilis), oiseau qui affectionne les éboulis et les affleurements rocheux bien exposés des étages montagnard et subalpin, entre 1 200 et 2 500 m d'altitude, la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléo-montagnarde caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés, le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce paléo-montagnarde et relativement rare, recherchant les gorges et escarpements rocheux et le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), Picidés évoluant dans des milieux semi-ouverts (bocages, prairies, pelouses sèches, lisières forestières etc.) avec une strate arbustive et de vieux arbres à cavités dans lesquels il niche.
Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par plusieurs cortèges.

Chez les lépidoptères citons la présence de 5 espèces déterminantes, l’Hespérie rhétique (Pyrgus warrenensis), espèce très rare et localisée, endémique des Alpes, occupant certaines pelouses subalpines et alpines, le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), espèce endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata), le Solitaire (Colias palaeno europomene), espèce protégée en France, dont cette sous-espèce est localisée et endémique des Alpes internes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.), la Psodos valaisanne (Psodos bentelii) et la Plusie de Bellier (Euchalcia bellieri), espèce très localisée à haute altitude (surtout entre 1 700 et 2 700 m), rare et endémique des trois départements alpins de la région, et dont la chenille se nourrit sur l’Aconit anti thora (Aconitum anthora). Ces papillons sont accompagnés de plusieurs espèces remarquables comme l'Hespérie des frimas (Pyrgus andromedae), espèce boréo-alpine de la famille des Hespéridés, localisée et peu abondante dans les Alpes fréquentant les prairies et pelouses d'altitude, entre 1 000 et 3 000 m d'altitude, l’Hespérie du pas-d’âne (Pyrgus cacaliae), espèce dont la répartition est limitée aux Alpes avec deux isolats en Bulgarie et Roumanie, liée à des potentilles dans les pelouses subalpines, surtout en bordure de zones humides, l'Azuré de la canneberge (Agriades optilete), espèce holarctique localisée en France dans les Alpes internes et du nord, dans les landes et tourbières à airelles (Vacciinum ssp.), l’Azuré de la croisette (Phengaris alcon), espèce protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude, le Moiré des pierriers (Erebia scipio), espèce endémique franco-italienne des Alpes occidentales, qui fréquente les éboulis calcaires où croît sa plante hôte, l’avoine des montagnes (Helictotrichon sedenense), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude, le Petit Apollon (Parnassius corybas), espèce protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux-aïzoon (Saxifraga aizoides), et la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes des Brassicacées.

Plusieurs espèces remarquables d’orthoptères sont aussi mentionnées localement avec la Miramelle des frimas (Melanoplus frigidus frigidus), criquet d'affinité boréo-alpine qui s'observe surtout au-dessus de 2 000 m et jusqu'à la limite des névés, l'OEdipode stridulante (Psophus stridulus), espèce boréo-montagnarde qui affectionne les milieux rocailleux des pelouses xérothermiques et des alpages bien exposés, le Sténobothre cottien (Stenobothrus cotticus), espèce endémique de l'arc alpin, inféodée aux éboulis, rochers à végétation maigre et pelouses écorchées entre 2 000 et 2 800 m d’altitude, le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses.
Une espèce de coléoptère déterminante est identifiée sur le secteur, le longicorne Cornumutila lineata, espèce liée au bois mort des blessures du tronc et des branches sommitales dans les forêts de conifères des montagnes européennes, extrêmement rare en France où elle est connue uniquement dans le Queyras.

Une araignée d’intérêt est présente : Aculepeira carbonaria, espèce qui se trouve exclusivement à haute altitude dans les Alpes, lorsque la végétation se réduit à de l'herbe rase et qui fait sa toile dans les éboulis rocheux dont sa robe imite la couleur grise et les taches de lichen.


Fonctionnalité lien avec ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930012757 - Vallées et Parc Naturel Régional du Queyras - Val d'Escreins ».

Commentaires sur la délimitation

L’ensemble est délimité par les éléments majeurs de la topographie (lignes de crêtes et talwegs) et géomorphologiques, là où se concentrent l’essentiel des éléments patrimoniaux comprenant une palette d’habitats et d’espèces diversifiées.