Description de la zone
Localisé dans le nord-est du département des Hautes-Alpes, dans la partie sud-ouest du Parc Naturel Régional du Queyras, le site correspond au massif délimité par les vallées du Mélézet au sud et du Cristillan au nord.
Le substrat géologique est dominé par les quartzites, mais comprend aussi des formations de gypse et de calcaire.
Il s’inscrit dans la zone biogéographique des Alpes internes et bénéficie d’un climat de type continental aux contrastes thermiques marqués. Réparti entre 1 640 et 2 660 m d’altitude, le site est compris dans les étages de végétation subalpin et alpin.
La végétation se répartit entre les étages de végétation montagnard supérieur, subalpin et alpin. Les parties basses sont colonisées par des forêts de Pin à crochets (Pinus uncinata), de Pin cembrot (Pinus cembra) et de Mélèze (Larix decidua), des pelouses xérothermophiles sur les fortes pentes et par des prairies de fauche sur les faibles pentes et les replats. Les pelouses alpines prédominent aux altitudes supérieures.
Habitats naturels
Cinq habitats déterminants sont recensés sur ce site : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (D4.18)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (D4.13)], les mélézins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembro (Pinus cembra) à Calamagrostide velue (Calamagrostis villosa) [assoc. phyto. Larici Cembretum Calamagrostietosum villosae (G3.23)], les pinèdes de Pin à crochets (Pinus uncinata) (G3.321) et les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (E5.511)].
Il possède de plus trois habitats remarquables : les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (E2.31)], les bas marais acides à Laîche noire (Carex nigra) [all. phyto. Caricion fuscae (D2.2)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (H3.251)].
Flore
Le site comprend 5 espèces végétales déterminantes, dont 3 protégées en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), la Pyrole moyenne (Pyrola media) et la Bardanette réfléchie (Hackelia deflexa), et deux espèces sans statut de protection : le Buplèvre des Alpes (Bupleurum alpigenum), grand buplèvre localisé en France à la haute vallée de la Durance et au Queyras, où il occupe les prairies de fauche, mégaphorbiaies et lisières forestières fraîches, et la Calamagrostide velue (Calamagrostis villosa), graminée associée aux mégaphorbiaies et forêts subalpines de conifères en situations fraîches, sur substrats acides.
Deux espèces remarquables sont également présentes : l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina), belle renonculacée aux grandes fleurs d'un bleu vif, protégée sur le plan national, et la Fausse Giroflée des montagnes (Coincya monensis subsp. cheiranthos), protégée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Faune
Ce site possède un patrimoine faunistique d’un intérêt élevé. Les inventaires naturalistes y ont dénombré 18 espèces animales patrimoniales dont cinq sont déterminantes.
En ce qui concerne les mammifères d’intérêt patrimonial, mentionnons la présence du Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région PACA, présent jusqu’à 2 500 m.
Quant aux oiseaux nicheurs, ils sont représentés par trois espèces déterminantes : la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo-alpine forestière, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, plutôt âgés, jusqu’à 2 300 m, le Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce paléoxérique, d’affinité méridionale et la Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro-sibérienne rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies). Elles sont accompagnées par sept espèces remarquables : l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), espèce holarctique assez rare en PACA et présente du littoral à la haute montagne (concentrée sur les trois départements alpins) dans les milieux ouverts à sites rupestres, la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1 100 et 2 900 m, le Tétras lyre (Lyrurus tetrix), espèce assez rare, en léger déclin, d’affinité montagnarde, typique des écotones entre forêts (lisières), prairies, pelouses et landes, entre 1 100 et 2 500 m, le Bruant fou (Emberiza cia), qui affectionne les pelouses et les landes avec rocailles bien ensoleillées, les éboulis avec des buissons et des arbres clairsemés, les landes ouvertes, etc. et menacé par la fermeture des milieux, le Venturon montagnard (Carduelis citrinella), espèce paléo-montagnarde typique des boisements de conifères semi-ouverts, le Pic noir (Dryocopus martius), oiseau des forêts de conifères assez âgées, entre 700 et 2 200 m d'altitude, d'où il dépend d'arbres de grande taille dans lesquels il peut creuser ses cavités de repos ou de nidification, la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce de milieux ouverts et semi-ouverts, en régression à l’heure actuelle.
Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par plusieurs lépidoptères avec notamment deux espèces déterminantes, l’Isabelle (Graellsia isabellae), espèce emblématique des Alpes du sud, protégée au niveau européen, de répartition ouest-méditerranéenne morcelée (en France : Hautes-Alpes, Alpes de-Haute-Provence et Pyrénées-Orientales), principalement inféodée aux peuplements de Pin sylvestre des versants abrités entre 600 et 1 800 m d’altitude et le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), espèce endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata). Elles sont accompagnées de plusieurs espèces remarquables, l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude, l’Azuré de la croisette (Phengaris alcon), espèce protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes des Brassicacées et l’Apollon (Parnassius apollo), espèce en régression protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, entre 500 et 2 500 m. d’altitude.
Une espèce d’orthoptère est aussi inventoriée sur la zone : le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce remarquable d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses.
Fonctionnalité lien avec ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930012757 - Vallées et Parc Naturel Régional du Queyras - val d'Escreins ».
Les limites du site sont fondées sur la topographie et s’appuient sur des lignes de crêtes secondaires et talweg. Elles englobent des écocomplexes forestiers à forte valeur patrimoniale, associés à leurs milieux connexes et populations d’espèces végétales et animales remarquables.