ZNIEFF 930012765
VERSANTS ADRETS DU COL D'IZOARD ET DU PIC DE ROCHEBRUNE - VALLON DE CLAPEYTO - LACS DU COL DE NÉAL

(n° regional: 05108126)

General comments

Description de la zone

Localisé dans le nord-est du département des HautesAlpes, dans la partie nord-ouest du Parc Naturel Régional du Queyras, au nord du village de Brunissard, le site correspond aux versants adrets du Col d’Izoard et du Pic de Rochebrune, et inclut le Vallon de Clapeyto.

Essentiellement constituées de roches sédimentaires calcaires, les plus hauts sommets culminent à 3 197 m au Pic de Rochebrune. Les imposantes falaises calcaires dolomitiques verticales et les vastes éboulis confèrent au site un aspect minéral de grand intérêt paysager, comme à la Casse Déserte, sous le col d’Izoard.

Il s’inscrit dans les Alpes internes et bénéficie d’un climat de type continental intra alpin aux contrastes thermiques saisonniers marqués.

Etabli entre 1 800 m et 3 240 m, il se répartit entre les étages de végétation subalpin, alpin et nival.

Outre la végétation spécialisée d’éboulis et de falaises, le site présente aux altitudes inférieures de belles forêts de Pin à crochets et de Mélèze et à Clapeyto, de larges surfaces de prairies subalpines et de pelouses alpines englobant un remarquable complexe de zones humides.

Habitats naturels

Le site compte dix habitats déterminants : les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (H2.43) et Berardietum lanuginosi (H2.43)], les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (E4.432)], formations herbacées à recouvrement important sur le site et dont certaines sont caractérisées par l’Avoine de Parlatore (Helictotrichon parlatorei), les mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembro (Pinus cembra) (G3.23), les pinèdes de Pin à crochets (Pinus uncinata) (G3.321) et cinq habitats de marécages : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (D4.18)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (D4.13)], les cariçaies palustres à Laîche renflée (Carex rostrata) (D4.1C), les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (D4.21)] et les ceintures péri-lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (D2.211)].

Deux autres habitats remarquables y sont recensés, parmi lesquels : les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (F7.4E)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (6H3.251)].

Flore

Le site comprend 15 espèces végétales déterminantes. Six sont protégées au niveau national : l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata), le Saule de Suisse (Salix helvetica), la Violette à feuilles pennées (Viola pinnata), la Laîche faux Pied d'oiseau (Carex ornithopoda subsp. ornithopodioides), petite cypéracée affectionnant les rocailles longuement enneigées de l'étage alpin, et la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico alpins froids d’altitude. Cinq sont protégées en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : la Biscutelle à tiges courtes (Biscutella brevicaulis), crucifère des éboulis et rocailles calcaires, le Potamot des Alpes (Potamogeton alpinus), l'Orchis nain des Alpes (Chamorchis alpina), historiquement signalé et à rechercher, le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico-alpine rare des marécages et bords de ruisselets, et le Saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensioides). Quatre espèces n’ont pas de statut de protection : le Pied-d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraîches, la Pulsatille des montagnes (Pulsatilla montana), la Laîche très noire (Carex atrata var. aterrima), le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico-alpins qui serait à rechercher sur le site.

Par ailleurs, le site comprend 7 espèces végétales remarquables. Cinq sont protégées au niveau national : la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires, le Sainfoin de Boutigny (Hedysarum boutignyanum), la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude, et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Deux espèces n’ont pas de statut de protection : le Pissenlit à ligules en capuchon (Taraxacum cucullatum) et le Genépi noir (Artemisia genipi).

Faune

Cette zone possède un patrimoine faunistique d’un intérêt élevé. Il renferme un cortège de 47 espèces patrimoniales dont 12 sont déterminantes.

Notons la présence du Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1 200 et 3 100 m d’altitude.

Les oiseaux nicheurs comportent de nombreuses espèces d’intérêt patrimonial, d’affinité souvent montagnarde ou nordique. Une espèce s’y reproduisant est considérée déterminante, la Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro-sibérienne rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies). Elle est accompagnée par de nombreuses espèces remarquables telles que : l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), espèce holarctique assez rare en PACA et présente du littoral à la haute montagne (concentrée sur les trois départements alpins) dans les milieux ouverts à sites rupestres, la Caille des blés (Coturnix coturnix), fréquentant les prairies naturelles et artificielles, les pelouses alpines, les champs de céréales ou les parties sèches du bord des marais et menacé par la mécanisation de l'agriculture et les aléas climatiques, le Lagopède alpin (Lagopus muta), espèce menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, le Tétras lyre (Lyrurus tetrix), assez rare, en léger déclin, d’affinité montagnarde, typique des écotones entre forêts (lisières), prairies, pelouses et landes, entre 1 100 et 2 500 m, le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, le Bruant fou (Emberiza cia), qui affectionne les pelouses et les landes avec rocailles bien ensoleillées, les éboulis avec des buissons et des arbres clairsemés, les landes ouvertes, etc. et menacé par la fermeture des milieux, le Venturon montagnard (Carduelis citrinella), espèce paléo-montagnarde typique des boisements de conifères semi ouverts, le Monticole de roche (Monticola saxatilis), qui affectionne les éboulis et les affleurements rocheux bien exposés des étages montagnard et subalpin, entre 1 200 et 2 500 m d'altitude, et la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléo-montagnarde caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés.

Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par deux espèces déterminantes de lépidoptères, le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), lépidoptère endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata), et le Solitaire (Colias palaeno europomene), espèce déterminante de lépidoptère, protégée en France, dont cette sous-espèce est localisée et endémique des Alpes internes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.). Elles sont accompagnées de plusieurs espèces remarquables, la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes (Biscutella laevigata et Sisymbrium ssp.), l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce en régression, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, entre 300 et 2 500 m d’altitude, l'Hespérie des frimas (Pyrgus andromedae), espèce boréo-alpine de la famille des Hespéridés, localisée et peu abondante dans les Alpes fréquentant les prairies et pelouses d'altitude, entre 1000 et 3000 mètres d'altitude, l’Hespérie du pas-d’âne (Pyrgus cacaliae), espèce de la famille des Hespéridés, dont la répartition est limitée aux Alpes avec deux isolats en Bulgarie et Roumanie, liée à des potentilles dans les pelouses subalpines, surtout en bordure de zones humides, l'Azuré de la canneberge (Agriades optilete), espèce holarctique localisée en France dans les Alpes internes et du nord, dans les landes et tourbières à airelles (Vacciinum ssp.), l’Azuré de la croisette (Phengaris alcon), espèce protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), le Moiré des pierriers (Erebia scipio), espèce endémique franco-italienne des Alpes occidentales, qui fréquente les éboulis calcaires où croît sa plante hôte, l’avoine des montagnes (Helictotrichon sedenense) et le Petit Apollon (Parnassius corybas), espèce protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux-aïzoon (Saxifraga aizoides).

Six espèces remarquables d’orthoptères sont également présentes, le Sténobothre cottien (Stenobothrus cotticus), criquet endémique de l'arc alpin, inféodée aux éboulis, rochers à végétation maigre et pelouses écorchées entre 2 000 et 2 800 m d’altitude, le Gomphocère des moraines (Aeropedellus variegatus), espèce à répartition arctico-alpine et euro-sibérienne, très thermophobe, localisée en France aux Alpes internes (Savoie et Alpes du sud) , où ses populations ne se rencontrent que dans quelques stations relictuelles et isolées de pelouses, cariçaies et éboulis de l’étage subnival, généralement au-dessus de 2300 m d’altitude, la Miramelle piémontaise (Epipodisma pedemontana), espèce des prés landes des étages alpin et subalpin, entre 1 800 et 2 900 m d’altitude, endémique des Alpes franco italiennes, la Miramelle des frimas (Melanoplus frigidus frigidus), criquet d'affinité boréo-alpine qui s'observe surtout au-dessus de 2 000 m et jusqu'à la limite des névés, l'OEdipode stridulante (Psophus stridulus), orthoptère boréo-montagnarde qui affectionne les milieux rocailleux des pelouses xérothermiques et des alpages bien exposés, et le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), orthoptère d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses.

Du côté des coléoptères, deux espèces déterminantes sont signalées, le Salpingidae Sphaeriestes bimaculatus, espèce boréo-alpine cantonnée en France aux forêts de pins de l'étage subalpin où elle est très rare et localisée et l'Acméops marginé (Acmaeops marginatus), Cerambycidae eurasiatique liée en France aux conifères blessés des forêts de montagne, très localisée et jamais abondante, ainsi que le Scarabaeidae Agoliinus satyrus, espèce remarquable localisée dans les Pyrénées et les Alpes.

A signaler également la présence d’autres arthropodes déterminants comme l'araignée Aculepeira carbonaria, espèce qui se trouve exclusivement à haute altitude dans les Alpes, lorsque la végétation se réduit à de l'herbe rase et qui fait sa toile dans les éboulis rocheux dont sa robe imite la couleur grise et les taches de lichen, Sympistis nigrita, une espèce d’hétérocères, la Cordulie alpestre (Somatochlora alpestris), odonates (libellule) très rare et menacée en Provence-Alpes-Côte d'Azur, d'affinité boréo-alpine, dont la larve se développe dans les marais et tourbières d'altitude.

Trois espèces d’insectes aquatiques déterminants sont aussi inventoriées sur le secteur : Apatania mercantoura, Alpopsyche ucenorum et Drusus lepidopterus. Une autre espèce d’odonate est observée : le Leste des bois (Lestes dryas), espèce remarquable d'odonate Zygoptères (demoiselles), en limite d'aire méridionale dans les Alpes du sud, localisée et inféodée aux pièces d'eau temporaires.

Parmi les mollusques d’intérêt patrimonial, une espèce déterminante a été inventoriée, l'Hélicon des granites (Chilostoma zonatum), gastéropode d'altitude subendémique alpin, qui se trouve sur substrat acide en montagne, où il se trouve dans les chaos rocheux et autres éboulis, du Mercantour jusqu'en Vanoise, accompagnée par sept espèces remarquables, le Maillot des Alpes (Pupilla alpicola), gastéropode distribué dans les Alpes, les Carpates et l’Altaï, relique glaciaire et vivant dans les zones humides calcaires d'altitude, la Limace des Alpes (Limax erythrus), endémique des Alpes, présente dans la région uniquement dans le Queyras, fréquentant les rochers bien exposés en altitude ainsi qu'en montagne, l'Hélicon des glaciers (Delphinatia glacialis), Helicidae dont l'aire est limitée aux alpes du sud-ouest (des Hautes-Alpes à la Haute-Savoie), fréquente les éboulis calcaires d'altitude jusqu'à 2500m d'altitude, la Luisantine brune (Nesovitrea petronella), espèce nordique de la famille des Gastrodontidae, en limite d'air de répartition dans l'est de la France, dans les massifs du Jura et des Alpes, le Maillot montagnard (Granaria stabilei), escargot fusiforme à la distribution limitée aux massifs montagneux du sud-est de la France où il fréquente les milieux secs et ensoleillés des crêtes rocheuses et éboulis de montagnes jusqu'à 2 700m, le Maillot des rochers (Pupilla sterrii), espèce localisée dans le Jura et les Alpes, liées aux milieux montagnards orientaux de la région et vivant dans les habitats rocailleux et ensoleillés et la Limace Phenacolimax stabilei, Vitrinidé provenço ligure, en limite d’aire en région PACA.


Fonctionnalité lien avec ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930012757 - Vallées et Parc Naturel Régional du Queyras - val d'Escreins ».

Comments on the delimitation

L’ensemble est essentiellement délimité par la topographie très marquée, dans un secteur au relief accusé caractérisé de crêtes élevées. Il englobe l’ensemble du vallon de Clapeyto et le versant adret du Col d’Izoard, où sont présents une importante variété d’habitats et d’espèces à forte valeur patrimoniale.