ZNIEFF 930012766
LAC-TOURBIÈRE DE ROUE

(n° regional: 05108132)

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Description

Localisé dans la partie est du département des Hautes Alpes, le site correspond à un petit lac tourbière et ses bordures proches, suspendu en plein versant, en rive droite du Guil au niveau d’une arête, au centre du Parc Naturel Régional du Queyras.
Il se situe en limite occidentale de la partie schisteuse (schistes lustrés de la zone piémontaise) du massif.
Localisé dans la zone biogéographique intra alpine du Briançonnais Queyras, il est soumis à un climat montagnard de type continental marqué.
Située entre 1840 m et 1870 m d'altitude, il s’inscrit dans l’étage de végétation subalpin inférieur.
Ce lac, caractérisé par la présence de l'une des rares tourbières acides du département établie, fait particulièrement remarquable, en plein cœur des Alpes internes, au climat continental sec marqué. Associé à un bas marais, le lac tourbière est entouré de mélézins et de prairies de fauche.

Milieux remarquables

Le seul habitat déterminant du site comprend les milieux de tourbières de transition [all. phyto. Caricion lasiocarpae (54.5)], avec tremblants péri lacustres à Tréfle d’eau (Menyanthes trifoliata) et Potentille des marais (Potentilla palustris). Cet habitat est particulièrement rare et extrêmement localisé en région Provence Alpes Côte d’Azur.
Trois autres habitats remarquables sont également présents : les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)] et les mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3).

Flore

Le site comprend sept espèces végétales déterminantes. Cinq sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), l'Orchis de Traunsteiner (Dactylorhiza traunsteineri), la Laîche à deux étamines (Carex diandra), rare cypéracée caractéristique des tourbières et bas marais tremblants, le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, et la Potentille des marais (Potentilla palustris), rarissime dans les Alpes du Sud. Deux espèces n’ont pas de statut de protection : le Pigamon simple (Thalictrum simplex) et le Buplèvre des Alpes (Bupleurum alpigenum), grand buplèvre localisé en France à la haute vallée de la Durance et au Queyras, où il occupe les prairies de fauche, mégaphorbiaies et lisières forestières fraîches.
Par ailleurs, le site comprend une espèce végétale remarquable protégée au niveau national : le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude.

Faune

Neuf espèces animales patrimoniales remarquables ont été identifiées sur ce site.
Il s’agit d’une espèce de chiroptère, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable forestière relativement fréquente, de deux oiseaux nicheurs de milieux semi ouverts, la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio) et la Huppe fasciée (Upupa epops), et de six insectes: la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes (Biscutella laevigata et Sisymbrium ssp.), l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude, le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aizoon (Saxifraga aizoides), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce en régression protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, entre 300 et 2500 m d’altitude, le Criquet ensanglanté (Stetophyma grossum), espèce d'orthoptère d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses, et l'Agrion joli (Coenagrion pulchellum), odonate Zygoptères (Demoiselles), inféodée à divers milieux stagnant mais en forte régression.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_108_100   Vallées et Parc Naturel Régional du Queyras   val d'Escreins».
Le lac résulte d’une ancienne tourbière ennoyée par endiguement, dans le but de réaliser un plan d'eau à vocation touristique.
L’aménagement réalisé a considérablement perturbé le fonctionnement de la tourbière dont quelques éléments subsistent sur les bords du lac et sous forme de radeaux flottants.
Des connexions existent avec d'autres zones humides ou lacs du massif, par l'intermédiaire d'autres mares de proximité, des suintements et des bas marais et les ruisselets de montagne, cependant les conditions édaphiques et altitudinales des autres lacs du Queyras ne permettent pas l'installation de tourbières.
Ce milieu original et fragile est sujet depuis à d'importantes variations du niveau d'eau (irrigation, curage), à un atterrissement naturel et à une forte fréquentation touristique aboutissant au piétinement des formations végétales péri lacustres et à une pollution visuelle et sonore liée aux nombreux passages et aux détritus abandonnés sur place.

Comments on the delimitation

Ce petit site englobe un lac-tourbière à forte valeur patrimoniale. Ces limites s’appuient sur les repères paysagers les plus importants, tels que lignes topographiques et éléments géographiques majeurs.