ZNIEFF 930012766
LAC-TOURBIÈRE DE ROUE

(n° régional : 05108132)

Commentaires généraux

Description de la zone

Localisé dans la partie est du département des Hautes-Alpes, le site correspond à un petit lac tourbière et ses bordures proches, suspendu en plein versant, en rive droite du Guil au niveau d’une arête, au centre du Parc Naturel Régional du Queyras.

Il se situe en limite occidentale de la partie schisteuse (schistes lustrés de la zone piémontaise) du massif.

Localisé dans la zone biogéographique intra alpine du Briançonnais Queyras, il est soumis à un climat montagnard de type continental marqué.

Située entre 1 840 m et 1 870 m d'altitude, il s’inscrit dans l’étage de végétation subalpin inférieur.

Ce lac est caractérisé par la présence de l'une des rares tourbières acides du département établie, fait particulièrement remarquable, en plein cœur des Alpes internes, au climat continental sec marqué.

Associé à un bas marais, le lac tourbière est entouré de mélézins et de prairies de fauche.

Habitats naturels

Le site comprend deux habitats déterminants : les mélézins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembro (Pinus cembra) (G3.23) et des milieux de tourbières de transition [all. phyto. Caricion lasiocarpae (D2.31)], avec tremblants péri-lacustres à Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata) et Potentille des marais (Potentilla palustris). Cet habitat est particulièrement rare et extrêmement localisé en région Provence Alpes Côte d’Azur.

Deux autres habitats remarquables sont également présents : les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (D2.2)] et les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (E2.31)].

Flore

Le site comprend sept espèces végétales déterminantes. Cinq sont protégées en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), l'Orchis de Traunsteiner (Dactylorhiza traunsteineri), la Laîche à deux étamines (Carex diandra), rare cypéracée caractéristique des tourbières et bas marais tremblants, le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico-alpine rare des marécages et bords de ruisselets, et la Potentille des marais (Comarum palustre), rarissime dans les Alpes du Sud. Deux espèces n’ont pas de statut de protection : le Pigamon simple (Thalictrum simplex) et le Buplèvre des Alpes (Bupleurum alpigenum), grand buplèvre localisé en France à la haute vallée de la Durance et au Queyras, où il occupe les prairies de fauche, mégaphorbiaies et lisières forestières fraîches.

Par ailleurs, le site comprend une espèce végétale remarquable protégée au niveau national : le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude.

Faune

Douze espèces animales patrimoniales remarquables ont été identifiées sur ce site.

Deux espèces d’oiseaux remarquables se reproduisent sur le site. Il s’agit de la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle et du Torcol fourmilier (Jynx torquilla), Picidés évoluant dans des milieux semi-ouverts (bocages, prairies, pelouses sèches, lisières forestières etc.) avec une strate arbustive et de vieux arbres à cavités dans lesquels il niche.
Deux lépidoptères remarquables sont également mentionnés l’Azuré de la croisette (Phengaris alcon), espèce protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki) et la Mélitée des digitales (Melitaea aurelia), espèce euro-sibérienne liée aux pelouses sèches, landes et lisières fleuries jusqu'à 1 500 m d'altitude.

A noter la présence du pentatome Carpocoris melanocerus, espèce déterminante et rare de punaise (hémiptères hétéroptères).

Chez les coléoptères seule le Bostrichidae Stephanopachys substriatus, espèce remarquable dont la larve se nourrit dans les blessures du tronc des conifères de montagne, présente en France seulement dans les trois départements alpins de la région PACA est mentionné.

Plusieurs odonates sont notés en reproduction au sein des milieux aquatiques de la ZNIEFF, l'Agrion joli (Coenagrion pulchellum), espèce remarquable d'odonate Zygoptères (demoiselles), inféodée à divers milieux stagnants, en régression marquée en région PACA, la Cordulie métallique Somatochlora metallica, le Leste des bois (Lestes dryas), espèce remarquable d'odonate Zygoptères (demoiselles), en limite d'aire méridionale dans les Alpes du sud, localisée et inféodée aux pièces d'eau temporaires.

Les orthoptères remarquables sont représentés par le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses et la Miramelle piémontaise (Epipodisma pedemontana), espèce des prés landes des étages alpin et subalpin, entre 1 800 et 2 900 m d’altitude, endémique des Alpes franco-italiennes.

Enfin, citons la présence du Maillot des Alpes (Pupilla alpicola), gastéropode remarquable distribué dans les Alpes, les Carpates et l’Altaï, relique glaciaire et vivant dans les zones humides calcaires d'altitude.


Fonctionnalité lien avec ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930012757 - Vallées et Parc Naturel Régional du Queyras - Val d’Escreins ».

Le lac résulte d’une ancienne tourbière ennoyée par endiguement, dans le but de réaliser un plan d'eau à vocation touristique.

L’aménagement réalisé a considérablement perturbé le fonctionnement de la tourbière dont quelques éléments subsistent sur les bords du lac et sous forme de radeaux flottants.

Des connexions existent avec d'autres zones humides ou lacs du massif, par l'intermédiaire d'autres mares de proximité, des suintements et des bas marais et les ruisselets de montagne, cependant les conditions édaphiques et altitudinales des autres lacs du Queyras ne permettent pas l'installation de tourbières.

Ce milieu original et fragile est sujet depuis à d'importantes variations du niveau d'eau (irrigation, curage), à un atterrissement naturel et à une forte fréquentation touristique aboutissant au piétinement des formations végétales péri lacustres et à une pollution visuelle et sonore liée aux nombreux passages et aux détritus abandonnés sur place.

Commentaires sur la délimitation

Ce petit site englobe un lac-tourbière à forte valeur patrimoniale. Ces limites s’appuient sur les repères paysagers les plus importants, tels que lignes topographiques et éléments géographiques majeurs.