ZNIEFF 930012767
VALLON ET RÉSERVE COMMUNALE DU VAL D'ESCREINS

(n° régional : 05108141)

Commentaires généraux

Description

Localisé dans le nord est du département des Hautes Alpes, dans la partie sud ouest du Parc Naturel Régional du Queyras, le site correspond à la vallée du Rif Bel et au vallon Laugier bordés par de hautes montagnes, constituées essentiellement de calcaire, culminant à plus de 3000 m.
Il s’inscrit dans les Alpes internes et bénéficie d’un climat de type continental.
De forte amplitude altitudinale et réparti entre 1100 m et 3385 m d’altitude, le site se distribue depuis l’étage de végétation montagnard jusqu’à l’étage nival.
Les imposantes falaises et les vastes éboulis donnent au paysage un aspect minéral. La végétation se répartit entre les étages de végétation montagnard, subalpin et alpin.
Outre la végétation spécialisée d’éboulis et de falaises, le site présente aux altitudes inférieures de belles forêts de Pin à crochets (Pinus uncinata) et de Méléze (Larix decidua) et de grandes étendues de pelouses alpines.

Milieux remarquables

Trois habitats déterminants sont recensés sur le site : les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)], les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)] et les ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)].
Il possède de plus neuf habitats remarquables : les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3), les pinèdes de Pin à crochets (Pinus uncinata) (42.4), les pinèdes de Pin sylvestre (Pinus sylvestris) [all. phyto. Ononido rotundifolii Pinion sylvestris (42.53) et Deschampsio flexuosae Pinion sylvestris (42.55)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides à Laîche noire (Carex nigra) [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].

Flore

Le site comprend vingt sept espèces végétales déterminantes. Onze sont protégées au niveau national : l'Ail dressé (Allium lineare), l'Orchis de Spitzel (Orchis spitzelii), le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée à floraison spectaculaire typique des hêtraies sèches et hêtraies pinèdes sylvestres, l'Epipogon sans feuilles (Epipogium aphyllum), rare orchidée forestière des boisements montagnards denses et ombragés, l'Inule variable (Inula bifrons), composée à fleurs jaunes des lisières et broussailles sèches, l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), l'Astragale queue de renard des Alpes (Astragalus alopecurus), fabacée atteignant 1 m de hauteur, à floraison spectaculaire, affectionnant les pelouses et landes d’affinités steppiques, la Violette à feuilles pennées (Viola pinnata), la Laîche faux Pied d'oiseau (Carex ornithopoda subsp. ornithopodioides), petite cypéracée affectionnant les rocailles longuement enneigées de l'étage alpin, et la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico alpins froids d’altitude. Huit sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Gymnadenie odorante (Gymnadenia odoratissima), la Listère en forme de cœur (Neottia cordata), discrète orchidée forestière de montagne, la Bardanette réfléchie (Hackelia deflexa), la Pyrole moyenne (Pyrola media), le Pâturin vert glauque (Poa glauca), le Saxifrage à deux fleurs (Saxifraga biflora), anciennement signalé et à rechercher, le Saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensioides) et la Renoncule à feuilles de parnassie (Ranunculus parnassifolius subsp. heterocarpus), très rare renonculacée à fleurs blanches d'éboulis calcaires. Huit espèces n’ont pas de statut de protection : la Passerage de Villars (Lepidium villarsii), le Sainfoin de Briançon (Hedysarum brigantiacum), légumineuse récemment décrite, l'Astragale d'Autriche (Astragalus austriacus), petite fabacée plus largement répartie en Europe centrale, très rare en France, où elle se localise aux seules vallées de la Durance et de l'Ubaye, où elle occupe les pelouses d'affinités steppiques, la Laîche très noire (Carex atrata var. aterrima), la Calamagrostide velue (Calamagrostis villosa), graminée associée aux mégaphorbiaies et forêts subalpines de conifères en situations fraîches, sur substrats acides, la Pulsatille des montagnes (Anemone montana), belle renonculacée à floraison printanière liée aux  pelouses sèches à répartition très restreinte en France, le Pied d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraiches, et le Saxifrage à tige dressée (Saxifraga adscendens).

Par ailleurs, le site comprend sept espèces végétales remarquables. Quatre sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires, le Sainfoin de Boutigny (Hedysarum boutignyanum) et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris). Deux espèces n’ont pas de statut de protection : le Genépi noir (Artemisia genipi) et l'Anémone de Haller (Anemone halleri), belle renonculacée à floraison printanière typique des pelouses et rocailles ventées.

Faune

Ce site dispose d’un patrimoine faunistique dont l’intérêt biologique est élevé. Vingt et une espèces animales patrimoniales, dont cinq déterminantes, y sont présentes.
Chez les mammifères d’intérêt patrimonial, citons le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 à 3100 m d’altitude.
Les oiseaux nicheurs sont quant à eux représentés par deux espèces déterminantes : le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare et déterminant mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur et la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière et déterminante, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins. Elles sont accompagnées par de nombreuses espèces remarquables : l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce fragile, emblématique des Alpes, le Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, le Pic noir (Dryocopus martius), le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, le Sizerin flammé (Carduelis flammea), nicheur localisé et assez peu fréquent, que l’on rencontre dans les aulnaies vertes, les ripisylves, les mélézins et les rhodoraies, le Venturon montagnard (Serinus citrinella), espèce paléomontagnarde typique des boisements de conifères semi ouverts, la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléomontagnarde caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés, le Bruant fou (Emberiza cia) et le Bruant ortolan (Emberiza hortulana).
Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par de nombreuses espèces déterminantes et remarquables, souvent d’affinités médio européenne, euro sibérienne, alpine, boréo alpine ou arctico alpine. Le cortège de papillons de jour est singulièrement diversifié avec la présence d’une espèce déterminantes, l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce déterminante de lépidoptère protégée au niveau européen, rare et peu abondante, d’affinité méditerranéo montagnarde et propre aux régions accidentées et ensoleillées jusqu’à 1700 m d’altitude, où croît sa plante hôte principale Ptychotis saxifraga. Elle est accompagnée par de nombreuses espèces remarquables : la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes (Biscutella laevigata et Sisymbrium ssp.), l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude, l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos ), espèce protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aïzoon (Saxifraga aizoides), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce en régression, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, entre 500 et 2500 m. d’altitude.
Chez les autres insectes citons le Bourdon Bombus brodmannicus delmasi, dont cette sous espèce est déterminante et endémique des pentes fleuries ensoleillées, riches en Cerinthe glabra et C. minor dont il butine les fleurs, des Alpes du sud, et dont la sous espèce nominale ne se trouve qu’au Caucase et deux orthoptères remarquables, le Sténobothre cottien (Stenobothrus cotticus), criquet en limite d’aire en région Provence Alpes Côte d’Azur, inféodée aux éboulis, rochers à végétation maigre et pelouses écorchées entre 2000 et 2800 m. d’altitude, endémique de l’arc alpin et le Gomphocère des moraines (Aeropedellus variegatus variegatus), espèce de répartition arctico alpine et euro sibérienne, très thermophobe, localisée en France aux Alpes internes (Savoie et Alpes du sud), où ses populations ne se rencontrent que dans quelques stations relictuelles et isolées de pelouses, cariçaies et éboulis de l’étage sub nival, généralement au-dessus de 2300 m d’altitude.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_108_100   Vallées et Parc Naturel Régional du Queyras   val d'Escreins».

Commentaires sur la délimitation

Le site est délimité par sa topographie très marqué et son relief accidenté. De hautes crêtes rocheuses délimitent précisément le vallon du Val d’Escreins, où coexistent une grande variété d’habitats et de populations d’espèces à forte valeur patrimoniale.