ZNIEFF 930012768
PENTES ET ZONES HUMIDES DU COL DE VARS - LE VALLON - CRÊTES DE CHÂTELERET - PENTES EN UBAC DE LA TÊTE DE PANEYRON

(n° regional: 05100162)

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Description

Localisé dans la partie est du département des Hautes Alpes en limite départementale avec les Alpes de Haute Provence, et au sud ouest du Massif du Queyras, le site correspond au secteur du col de Vars et à ses pentes proches.
Le site s'étend sur un substrat carbonaté de calcaires et de flysch.
Localisé dans la zone biogéographique intra alpine sud dauphinoise, il est soumis à un climat montagnard de type continental marqué.
Débutant à l’étage de végétation subalpin à environ 1880 m d'altitude, le site qui culmine à 2785 m à la Tête de Paneyron, est compris dans les étages de végétation subalpin et alpin.
Entouré de crêtes gazonnées et localement de falaises, il est caractérisé par de grandes étendues herbeuses de pâturages, prairies subalpines et pelouses alpines, ainsi que par quelques forêts de Mélèze (Larix decidua) et de landes extrasylvatiques sur les ubacs. Quelques lacs contribuent à la riche diversité de ce secteur.

Milieux remarquables

Les trois habitats déterminants que compte le site sont des milieux humides et d’éboulis calcaires. Ce sont : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)] qui apparaissent ponctuellement sur plusieurs secteurs de ce site, et les éboulis calcaires fins représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)].
Huit autres habitats remarquables sont également présents : les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3), les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].
Deux autres habitats de fort intérêt écologique contribuent à la biodiversité du site : les eaux dormantes oligotrophes (22.11) créent de bonnes conditions stationelles propices à l'installation des magnocariçaies de grandes laîches [all. phyto. Magnocaricion elatae (53.21)] et à quelques espèces végétales rares, qui se trouvent ici en limite d'aire ou appartiennent au cortège floristique arctico alpin.

Flore

Le site comprend vingt sept espèces végétales déterminantes. Sept sont protégées au niveau national : l'Ail dressé (Allium lineare), le Panicaut des Alpes (Eryngium alpinum), la Primevère de Haller (Primula halleri), belle renonculacée à floraison printanière typique des pelouses et rocailles ventées qui serait à rechercher sur le site, la Violette à feuilles pennées (Viola pinnata), historiquement signalée et à rechercher, le Choin ferrugineux (Schoenus ferrugineus), l'Avoine odorante (Hierochloe odorata), rarissime graminée des pelouses tourbeuses et marécages boréo alpins inscrite au Livre Rouge National des plantes menacées, la Potentille du Dauphiné (Potentilla delphinensis) anciennement signalée sur le site et à rechercher. Neuf sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : l'Azalée naine (Kalmia procumbens), le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), l'Orchis de Traunsteiner (Dactylorhiza traunsteineri), la Petite utriculaire (Utricularia minor), petite plante carnivore aquatique des mares de tourbières acides, la Pédiculaire des marais (Pedicularis palustris), le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, la Potentille des marais (Comarum palustris), le Saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensioides) et la Renoncule à feuilles de parnassie (Ranunculus parnassifolius subsp. heterocarpus), très rare renonculacée à fleurs blanches d'éboulis calcaires. Onze espèces n’ont pas de statut de protection : la Potentille inclinée (Potentilla inclinata), le Buplèvre des Alpes (Bupleurum alpigenum), grand buplèvre localisé en France à la haute vallée de la Durance et au Queyras, où il occupe les prairies de fauche, mégaphorbiaies et lisières forestières fraîches, le Cirse faux hélénium (Cirsium heterophyllum), la Passerage de Villars (Lepidium villarsii), la Gentiane asclépiade (Gentiana asclepiadea), le Saule à feuilles étroites (Salix repens), le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins, la Laîche très noire (Carex atrata var. aterrima), la Calamagrostide velue (Calamagrostis villosa), graminée associée aux mégaphorbiaies et forêts subalpines de conifères en situations fraîches, sur substrats acides, le Pigamon simple (Thalictrum simplex) et le Pied d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraiches, qui serait à rechercher.

Par ailleurs, le site comprend six espèces végétales remarquables. Trois sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires, et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris). Deux espèces n’ont pas de statut de protection : le Genépi noir (Artemisia genipi) et l'Anémone de Haller (Anemone halleri), belle renonculacée à floraison printanière typique des pelouses et rocailles ventées.

Faune

Ce site héberge un patrimoine faunistique d’un intérêt relativement élevé. Vingt espèces animales patrimoniales, dont quatre déterminantes, y ont été observées.
L’avifaune nicheuse locale comporte une espèce déterminante, la Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum) petite chouette des forêts claires de montagne et quelques espèces remarquables : Aigle royal (Aquila chrysaetos), Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce fragile, emblématique des Alpes, Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, Pie grièche écorcheur (Lanius collurio).
Les insectes d’intérêt patrimonial comprennent quatre espèces déterminantes comme le Charançon Otiorhynchus stomachosus, espèce peu répandue de Coléoptères Curculionidés, endémique des pierriers de l’étage alpin des trois départements alpins de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (06, 04, 05), le Brachyte de Born (Brachyta borni), Cérambycidés (longicornes) orophile de haute altitude, endémique des départements des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence mais peu menacée compte tenu de sa localisation dans des milieux peu accessibles à l’homme, et dont la larve terricole est inféodée à la Potentille de Krantz (Potentilla krantzi) et aux Benoîtes (Geum sp.), le Moiré aveugle (Erebia pharte), espèce alpine liée aux prairies subalpines humides et aux pelouses entre 1500 et 2000 m et sensible au surpâturage, le bourdon Bombus gerstaeckeri, espèce montagnarde, spécialisée sur les fleurs d'Aconits (Aconitum), rare et très localisée en France aux Pyrénées et aux Alpes du Sud où elle se trouve en limite de son aire de répartition et le Bourdon Bombus brodmannicus delmasi dont cette sous espèce est endémique des pentes fleuries ensoleillées, riches en Cerinthe glabra et C. minor dont il butine les fleurs, des Alpes du sud, et dont la sous espèce nominale ne se trouve qu’au Caucase. Elles sont accompagnées par plusieurs espèces remarquables : la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes (Biscutella laevigata et Sisymbrium ssp.), l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce en régression de Lépidoptères Papilionidés, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, entre 300 et 2500 m d’altitude, le Criquet ensanglanté (Stetophyma grossum) espèce d'orthoptère d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses et la Decticelle des bruyères (Metrioptera brachyptera), sauterelle remarquable d'Europe occidentale inféodée aux prairies humides (mais parfois présente en prairie sèche à végétation haute).

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.
De nombreuses connexions existent entre ce vallon ouvert et ses voisins par l’intermédiaire de cols, crêtes et entrée du vallon. La forte concentration d'espèces arctico alpines sur le site, provient des conditions climatiques favorables, particulièrement froides.
L'abandon de la fauche sur les anciennes prairies conduit à une importante réduction de la diversité floristique, accentuée et accélérée par le pâturage ovin qui succède à cette pratique.
La fréquentation touristique, très importante du fait de la présence du col de Vars facilement accessible en automobile, de paysages de montagne et de lacs d'altitude, peut avoir des conséquences directes sur la flore et ses habitats (création de drailles, cueillette), en particulier aux abords des lacs, piétinement du sol et des plantes, pollution visuelle et sonore liée aux nombreux passages et aux détritus abandonnés sur place.

Comments on the delimitation

Le site, qui correspond à un vallon d’altitude établi de part et d’autre du Col du Vars, s’appuie au sud sur la limite départementale. Le reste de son périmètre, qui s’efforce de suivre les lignes topographiques principales (crêtes et talwegs), englobe une importante panoplie d’habitats diversifiés et de populations d’espèces à forte valeur patrimoniale.