Description
Localisé dans la partie nord est du département des Hautes Alpes, le site est établi sur le versant rive droite de la vallée de la Durance, au nord est de la commune de Guillestre.
Ce site au paysage grandiose et contrasté se développe sur des coteaux calcaires secs, entre 910 m et 1930 m d’altitude, aux étages de végétation montagnard et subalpin, au sein de la zone périphérique du Parc National des Ecrins. Il est dominé sur sa partie est par la vallée de la Biaysse et la montagne de l’Aiguillas (2856m).
Il est essentiellement composé des roches sédimentaires variées du Trias et du Lias appartenant à la zone briançonnaise : calcaires massifs, dolomies, schistes noirs, brèches… Des recouvrements d’éboulis quaternaires sont également présents. Le site se caractérise par une structure géomorphologique complexe avec des éléments aussi divers que des crêtes et falaises escarpées, des cascades, des cavernes, de nombreuses grottes, des marmites de géants. Les gorges de la Biaysse, se perdent dans les abîmes du gouffre du Gourfouran avant de se jeter dans la Durance, dévoilant un inoubliable panorama.
Localisé dans la zone biogéographique intra alpine du Briançonnais Guillestrois, il est soumis à un climat montagnard de type continental à sécheresse estivale marquée et à températures saisonnières très contrastées.
Le site comprend une mosaïques de milieux variés avec des forêts de Pins, des fourrés secs, des formations végétales de parois calcaires, surplombants le village de Freissinières. En bas de versant se développe un grand complexe de pelouses sèches d’affinités steppiques et de prairies de fauche. Cette mosaïque de milieux est du plus grand intérêt biologique et permet le développement d’une faune et d’une flore particulière.Milieux remarquables
Les pelouses steppiques sub continentales [all. phyto. Stipo capillatae Poion carniolicae (34.31)], disséminés sur l’ensemble du site, les matorrals arborescents à Génévrier thurifère (Juniperus thurifera) et à Amélanchier à feuilles ovales (Amelanchier ovalis) [assoc. phyto. Amelancherio ovalis Juniperetum thuriferae (32.136)] et les les entrées de grottes et les balmes thermophiles à annuelles [asso. phyto. Anthrisco caucalidis Asperugetum procumbentis) (65)], accueillant une végétation de petites plantes annuelles, dont de nombreuses espèces à forte valeur patrimoniale, constituent les trois habitats déterminants du site.
Les pelouses steppiques sub continentales sont parmi les plus importantes de la rive droite de la Durance. D'une très grande valeur patrimoniale, ces milieux semi ouverts thermoxérophiles apparaissent de manière très caractéristique, avec l’ensemble de leur cortège floristique, enrichi d'espèces végétales d'origine orientale et méditerranéenne).
Quatre autres habitats remarquables sont présents : les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillon caulescentis (62.151)] qui se répartissent sur l’ensemble du site, associées aux éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)], les pinèdes de Pin sylvestre (Pinus sylvestris) [all. phyto. Ononido rotundifolii Pinion sylvestris (42.53)], typique du climat sec et ensoleillé des vallées internes des Alpes, qui se développent sur les versants arides et rocailleux.
De plus, deux autres milieux à forte valeur patrimoniale sont également présents sur le site de manière ponctuelle. Il s’agit des pelouses pionnières calcicoles écorchées sur dalles rocheuses calcaires à Orpins (Sedum pl. sp.) et Joubarbes (Sempervivum pl. sp.) [all. phyto. Alysso sedion albi (34.1)], milieux ponctuels disséminés au sein du complexe de pelouses, et des formations végétales des sources d'eaux dures constituant des concrétions de tuf [all. phyto. Riccardio pinguis Eucladion verticillati (54.12)].Flore
Le site comprend treize espèces végétales déterminantes. Deux sont protégées au niveau national : le Panicaut des Alpes (Eryngium alpinum) et l'Astragale queue de renard des Alpes (Astragalus alopecurus), fabacée atteignant 1 m de hauteur, à floraison spectaculaire, affectionnant les pelouses et landes d’affinités steppiques. Cinq sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Myosotis à petites fleurs (Myosotis minutiflora), petite boraginacée des balmes et entrées de grottes calcaires, l'Ephèdre de Négri (Ephedra negrii), rarissime plante archaïque des rochers calcaro marneux très xériques, l'Euphraise visqueuse (Macrosyringion glutinosus), plante hémi parasite des pelouses sèches dont les populations briançonnaises (les seules françaises) sont excentrées de l'aire sud est européenne de cette espèce, le Cotonéaster du Dauphiné (Cotoneaster delphinensis) et la Fraxinelle blanche (Dictamnus albus), belle rutacée des lisières et broussailles sèches. Six espèces n’ont pas de statut de protection : l'Aster linosyris (Galatella linosyris), l'Astragale d'Autriche (Astragalus austriacus), petite fabacée plus largement répartie en Europe centrale, très rare en France, où elle se localise aux seules vallées de la Durance et de l'Ubaye, où elle occupe les pelouses d'affinités steppiques, la Pulsatille des montagnes (Anemone montana), belle renonculacée à floraison printanière liée aux pelouses sèches à répartition très restreinte en France, la Potentille inclinée (Potentilla inclinata), le Cotonéaster de l'Atlas (Cotoneaster nebrodensis) et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius).
Par ailleurs, le site comprend deux espèces végétales remarquables. Une est protégée au niveau national : la Gagée des champs (Gagea villosa), l’autre protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : l'Agripaume cardiaque (Leonurus cardiaca).
FauneLe patrimoine faunistique du site revêt un intérêt élevé. Il comporte en effet plus de 40 espèces animales patrimoniales, dont sept sont déterminantes.
Les mammifères locaux d’intérêt patrimonial comprennent une espèce déterminante, le Loup (Canis lupus) qui fréquente le site, deux espèces remarquables de chauves-souris, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce déterminante et menacée, en régression dans la région se reproduit sur le site, et le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite les milieux forestiers surtout riverains de l’eau pour la chasse et les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, ainsi que le Cerf élaphe (Cervus elaphus).
Les oiseaux nicheurs sont quant à eux représentés par beaucoup d’espèces d’intérêt patrimonial : Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax), nicheur plutôt rare en Provence, très localisé dans les Alpes, Bondrée apivore (Pernis apivorus), Aigle royal (Aquila chrysaetos), Autour des palombes (Accipiter gentilis), Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), Faucon pèlerin (Falco peregrinus), Caille des blés (Coturnix coturnix), Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), Petit duc scops (Otus scops), Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis), Torcol fourmilier (Jynx torquilla), Huppe fasciée (Upupa epops), Pic épeichette (Dendrocopos minor), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), Monticole de roche (Monticola saxatilis), Fauvette orphée (Sylvia hortensis), Alouette lulu (Lullula arborea), Pipit rousseline (Anthus campestris, Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce paléomontagnarde remarquable et relativement rare, recherchant les gorges et escarpements rocheux, Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Pie grièche méridionale (Lanius meridionalis), Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce déterminante paléoxérique, d’affinité méridionale, Bruant fou (Emberiza cia), Bruant ortolan (Emberiza hortulana), Bruant proyer (Miliaria calandra). La Perdrix bartavelle (Alectoris graeca) est également signalée sur ce site.
La Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches, peut s’observer dans cette zone.
Le peuplement entomologique local inclut diverses espèces de lépidoptères d’intérêt patrimoniales telles que : l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon), espèce remarquable et protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce déterminante et protégée en Europe, d’affinité méditerranéo montagnarde propre aux régions accidentées et ensoleillées jusqu’à 1700 m. d’altitude, la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce ouest méditerranéenne remarquable et protégée en France dont la chenille vit sur l’Aristoloche Aristolochia pistolochia et dont l’adulte fréquente les pentes sèches, éboulis et coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1500m. d’altitude, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable et protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, entre 500 et 2 500 m. d’altitude, le Grand Sylvain (Limenitis populi), espèce forestière remarquable d’affinité euro sibérienne, que l’on rencontre dans les clairières des forêts humides de feuillus jusqu’à 1 700 m. d’altitude, dont la chenille se développe principalement sur le Tremble (Populus tremula), le Moiré provençal (Erebia epistygne), espèce déterminante dont la répartition est étroitement limitée au sud-ouest de l’Europe et en France à quelques départements méridionaux, qui se rencontre dans les pelouses jusqu’à 1 500m. d’altitude où vit la plante hôte de sa chenille (des fétuques, surtout festuca cinerea), l’Hermite, espèce en forte régression, lié aux milieux très ouverts et secs où croissent ses plantes hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes), le Louvet (Hyponephele lupina), espèce d’affinité méditerranéo steppique très localisé, rare et en régression, l’Isabelle de France (Actias isabellae), l’Isabelle de France (Actias isabellae), espèce déterminante emblématique des Alpes du sud, protégée au niveau européen, de répartition ouest méditerranéenne morcelée (en France : Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence et Pyrénées-Orientales), principalement inféodée aux peuplements de Pin sylvestre des versants abrités entre 600 et 1 800 mètres d’altitude.
A signaler également le Sympétrum vulgaire (Sympetrum vulgatum), espèce rare et en régression dans la région, où elle se trouve en limite méridionale de son aire de répartition.
Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.
L’enjeu principal de ce site consiste en la conservation voire la restauration des pelouses sèches sub steppiques.
L’assemblage d’habitats rocheux et xérophiles (pelouses sèches, fruticées, boisements thermophiles) et de populations d’espèces à forte valeur patrimoniale est le critère essentiel ayant servi à la délimitation du site, dont le périmètre se cale sur des éléments topographiques marqués et sur des repères géographiques importants (ruptures de pente, routes, dessertes, etc.).