ZNIEFF 930012775
COTEAUX STEPPIQUES EN RIVE DROITE DE LA DURANCE DE SAINT-CLÉMENT-SUR-DURANCE À CHÂTEAUROUX

(n° regional: 05100154)

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Description

Localisé dans la partie est du département des Hautes Alpes, dans la région du Guillestrois, entre le massif des Ecrins à l'ouest et le massif du Queyras à l'est, le site correspond au bas de versant situé en rive droite de la vallée de la Haute-Durance.
Il s'étend sur un substrat d'éboulis et de moraines mélangés, où affleurent localement des calcaires et des flyschs.
Localisé dans la zone biogéographique intra alpine dauphinoise, il est soumis à un climat montagnard de type continental marqué.
Il s’étend de 880 m à 1280 m d'altitude, et est entièrement inclus dans l’étage de végétation montagnard.
Longé par la Durance dans sa partie basse et bordé par des pinèdes sylvestres dans sa partie haute, il est caractérisé par les plus belles pelouses d'affinité steppique des Alpes françaises, au regard de leur diversité biologique et de leur état de conservation. Celles ci sont installées sur la partie inférieure des versants de la vallée, où se remarque également une lande à Buis (Buxus sempervirens) en limite d'aire de répartition.

Milieux remarquables

Les pelouses steppiques sub continentales [all. phyto. Stipo capillatae Poion carniolicae (34.31)] constituent le seul habitat déterminant du site. Il s’agit d’un milieu semi ouvert thermoxérophile, d'une très grande valeur patrimoniale, qui apparaît de manière très caractéristique, avec l’ensemble de son cortège floristique, enrichi d'espèces végétales d'origine orientale et méditerranéenne.
Trois autres habitats remarquables sont également présents : les pinèdes de Pin sylvestre (Pinus sylvestris) [all. phyto. Ononido rotundifolii Pinion sylvestris (42.53)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], milieux localisés sur le site, et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis (62.15)].
Deux autres habitats présentant un intérêt écologique important sont à signaler : les prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)], et les fruticées à Buis (Buxus sempervirens) (31.82), formations remarquables par leur situation intra alpine, en limite est d'aire géographique dans le département des Hautes Alpes.

Flore

Le site comprend neuf espèces végétales déterminantes dont deux sont protégées au niveau national : le Choin ferrugineux (Schoenus ferrugineus) et l'Astragale queue de renard des Alpes (Astragalus alopecurus), fabacée atteignant 1 m de hauteur, à floraison spectaculaire, affectionnant les pelouses et landes d’affinités steppiques. Trois sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : l'Orchis des marais (Anacamptis palustris), la Gymnadénie odorante (Gymnadenia odoratissima) et l'Orchis de Traunsteiner (Dactylorhiza traunsteineri). Quatre espèces n’ont pas de statut de protection : l'Orchis musc (Herminium monorchis), la Gesse blanchâtre (Lathyrus pannonicus), l’Anémone des montagnes (Anemone montana) et l'Astragale d'Autriche (Astragalus austriacus), petite fabacée plus largement répartie en Europe centrale, très rare en France, où elle se localise aux seules vallées de la Durance et de l'Ubaye, où elle occupe les pelouses d'affinités steppiques.
Par ailleurs, le site comprend une espèce végétale remarquable protégée au niveau national : la Gagée des champs (Gagea villosa).

Faune

L’intérêt patrimonial du peuplement faunistique de ce site est relativement élevé. On y rencontre vingt-cinq espèces animales patrimoniales, dont six sont déterminantes.
La Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), espèce forestière déterminante, vulnérable et en régression, d’affinité médio-européenne, très résistante au froid a été captée sur le site.
L’avifaune nicheuse locale recèle de nombreuses espèces intéressantes: Aigle royal (Aquila chrysaetos), Autour des palombes (Accipiter gentilis), Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), Faucon pèlerin (Falco peregrinus), Perdrix Bartavelle (Alectoris graeca), espèce remarquable méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1 100 et 2 900 m, Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, Bécasse des bois (Scolopax rusticola), espèce forestière remarquable d’affinité médio européenne, Huppe fasciée (Upupa epops), Torcol fourmilier (Jynx torquilla), Pic épeichette (Dendrocopos minor), Fauvette orphée (Sylvia hortensis), Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce déterminante paléoxérique, d’affinité méridionale, Bruant fou (Emberiza cia), Bruant ortolan (Emberiza hortulana), Venturon montagnard (Carduelis citrinella), espèce paléo-montagnarde remarquable, typique des boisements de conifères semi ouverts, Alouette lulu (Lullula arborea), espèce remarquable des paysages ouverts à semi-ouverts.
Les mammifères d’intérêt patrimoniaux sont représentés par le Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région PACA, présent jusqu’à 2 500 m.
Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par deux lépidoptères déterminants : le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea) et l’Isabelle de France (Actias isabellae), papillon de nuit emblématique des Alpes du Sud, protégée au niveau européen, de répartition ouest méditerranéenne morcelée (en France : Hautes Alpes, Alpes-de Haute Provence et Pyrénées Orientales), principalement inféodée aux peuplements de Pin sylvestre sur les versants abrités entre 600 et 1 800 m d’altitude. Ils sont accompagnés de trois espèces remarquables : l’Hermite (Chazara briseis), espèce en forte régression, liée aux milieux très ouverts, secs et rocailleux où croissent ses plantes-hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, entre 500 et 2 500 m. d’altitude, l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon), espèce protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki).

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.
De par sa position le long de la Durance, large vallée glaciaire, qui est une voie importante de pénétration à l’intérieur des Alpes, le site se trouve sur un flux migratoire nord sud.
Cette position géographique privilégiée se traduit dans les cortèges floristiques aux influences orientales et montagnardes marquées, auxquels s’ajoutent des remontées d’espèces méditerranéennes.
L'abandon des cultures ou de l’irrigation et de la fauche, sur les anciennes terrasses agraires, a conduit à l'installation de pelouses sèches propices à l’établissement de zones de parcours ovins. La pression pastorale tendant actuellement à se réduire, la dynamique de végétation se poursuit par la colonisation par une végétation ligneuse comprenant des landes et des fourrés, prémices du reboisement par des Pin sylvestre (Pinus sylvestris). Ce stade ultime de végétation qui accroît les risques d'incendies et banalise le paysage tend à se généraliser sur ce site.

Comments on the delimitation

L’assemblage d’habitats rocheux et xérophiles (pelouses sèches, fruticées, boisements thermophiles) et de populations d’espèces à forte valeur patrimoniale est le critère essentiel ayant servi à la délimitation du site, dont le périmètre se cale sur des éléments topographiques marqués et sur des repères géographiques importants (ruptures de pente, routes, dessertes, etc.)