ZNIEFF 930012779
VERSANT ADRET DE LA CERVEYRETTE, DU LAC DES SARAILLES AUX TRAVERSES - VERSANT SUD-EST DU CHENAILLET

(n° régional : 05106121)

Commentaires généraux

Description

Localisé au nord est du département des Hautes Alpes, dans la région du Briançonnais, le site comprend un vaste versant adret appuyé sur la frontière italienne, face aux contreforts nord du massif du Queyras et contre le Massif du Chenaillet.
Il s'étend sur un substrat d'éboulis et de moraines mélangés, ponctué d'affleurements basaltiques et de roches vertes (gabbros).
Localisé dans la zone biogéographique des Alpes internes briançonnaises, il est soumis à un climat montagnard de type continental marqué.
Débutant à l’étage de végétation subalpin, à environ 1950 m d'altitude, le site culmine à 2650 m au Chenaillet. Il est inclus dans les étages de végétation subalpin et alpin.
Entouré de crêtes ébouleuses, il est caractérisé par de grandes étendues herbeuses pâturées ou localement encore fauchées, parsemées d'un chapelet de lacs d'altitude et bas marais occupant des talwegs.

Milieux remarquables

Les cinq habitats déterminants du site comprennent des milieux humides et des éboulis calcaires. Ce sont : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)], les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)], milieux d'une très grande valeur patrimoniale, qui occupent des surfaces ponctuelles dans de nombreux secteurs du site, où ils possèdent une composition floristique très caractéristique, les ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)] et les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)].
Sept autres habitats remarquables sont représentés et se répartissent principalement entre des marécages et des milieux rocheux. Ce sont : les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] et siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii et Asplenion septentrionalis (62.2)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)] et les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae et Dryopteridion abbreviatae (61.1)]. A ceux ci s'ajoutent les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)].

Flore

Le site comprend douze espèces végétales déterminantes dont deux sont protégées au niveau national : la Laîche des tourbières (Carex limosa), rare cypéracée caractéristique des tourbières et bas marais tremblants, et l'Avoine odorante (Hierochloe odorata), rarissime graminée des pelouses tourbeuses et marécages boréo alpins inscrite au Livre Rouge National des plantes menacées. Sept sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Potamot des Alpes (Potamogeton alpinus), l'Orchis nain des Alpes (Chamorchis alpina), l'Aéthionème de Thomas (Aethionema thomasianum), rarissime crucifère des éboulis calcaires ne comptant en France que quelques rares stations réparties dans le Briançonnais, la Cardamine de Plumier (Cardamine plumieri), crucifère inféodée aux fissures de parois et blocs rocheux sur roches vertes, l'Androsace septentrionalis (Androsace septentrionalis), la Petite utriculaire (Utricularia minor), petite plante carnivore aquatique des mares de tourbières acides, et la Laîche à deux étamines (Carex diandra), rare cypéracée caractéristique des tourbières et bas marais tremblants. Trois espèces n’ont pas de statut de protection : l'Armoise noirâtre (Artemisia atrata), la Pesse d'eau (Hippuris vulgaris), présente en bordure de quelques lacs et seule station du département des Hautes Alpes, et le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins.

Par ailleurs, le site comprend deux espèces végétales remarquables protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, et le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude.

Faune

Neuf espèces animales patrimoniales, toutes remarquables, fréquentent le site.
Les mammifères d’intérêt patrimonial comprennent localement le Cerf élaphe (Cervus elaphus). Les oiseaux nicheurs sont représentés par la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, semble-t-il en régression, la Caille des blés (Coturnix coturnix), le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes et le Bruant ortolan (Emberiza hortulana).
La faune entomologique est représentée par l’Apollon (Parnassius apollo), espèce relicte de l’ère tertiaire, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, la Miramelle des frimas (Melanoplus frigidus frigidus), criquet d'affinité boréo alpine qui s'observe surtout au-dessus de 2000 m et jusqu'à la limite des névés, le Sténobothre alpin (Stenobothrus rubicundulus), orthoptère présent dans la Péninsule balkanique et dans les Alpes qui affectionne surtout les milieux secs et pierreux.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_106_100   Vallées de la haute Cerveyrette et du Blétonnet   versants ubacs du Grand pic de Rochebrune».
Relativement enclavé dans une haute vallée, il dispose de peu de connexions avec les vallons voisins par l’intermédiaire de quelques cols, crêtes ébouleuses et par sa partie inférieure à l’entrée de la vallée de Cervières.
La fréquentation touristique, très importante du fait de la présence de paysages grandioses et de lacs d'altitude, peut avoir des conséquences directes sur la flore et ses habitats (création de drailles, cueillette, piétinement, érosion, pollution visuelle et sonore liée aux nombreux passages et aux détritus abandonnés sur place).
Le développement conséquent de la station de ski italienne de Cesanna Torinese pourrait avoir à court terme des incidences sur le versant français, susceptibles de porter atteintes à la qualité de ces lieux.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre du site englobe un complexe fonctionnel hydrologique associant divers types de milieux humides interconnectés (sources, ruisselets, bas-marais et tourbières…) à très forte valeur patrimoniale, établis sur un versant adret. Les limites se calent sur les éléments topographiques, tels que les lignes de crêtes et sur les systèmes fonctionnels tels que les bassins versants liés aux zones humides.