Description de la zone
Localisé dans la partie est du département des Hautes-Alpes et au nord du Parc Naturel Régional du Queyras, le site correspond à un vallon suspendu au-dessus en rive droite du Guil.
Il se situe dans la partie orientale du massif du Queyras qui est essentiellement composée de schistes lustrés appartenant à la zone piémontaise.
Localisé dans la zone biogéographique intra alpine du Briançonnais Queyras, il est soumis à un climat montagnard de type continental sec, teinté d'influences adriatiques plus humides en provenance de la plaine du Pô.
Débutant à l’étage de végétation subalpin supérieur à environ 2 020 m d'altitude, le site culmine à 3 250 m au Grand Glaiza. Il est principalement établi dans les étages de végétation subalpin et alpin.
Ce vallon, caractérisé par de grandes étendues herbeuses sur des pentes relativement peu prononcées, est entouré de crêtes ébouleuses. Plusieurs lacs d'altitude, dont la surface de l'un d'entre eux dépasse 5 ha, renforcent l’intérêt écologique du site.
Habitats naturels
Cinq habitats déterminants sont représentés. Il s’agit de milieux humides : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (D4.18)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (D4.13)] et les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (D4.21)]. Ce dernier, d'une très grande valeur patrimoniale, renferme plusieurs espèces végétales rares à forte valeur patrimoniale. Cet habitat est présent ponctuellement dans de nombreux secteurs du site, avec un cortège floristique tout à fait caractéristique. Le site abrite également des mélézins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembro (Pinus cembra) (G3.23) et les landines riches en lichens à Airelle bleue (Vaccinium uliginosum) et Azalée naine (Loiseleuria procumbens) [all. phyto. Loiseleurio procumbentis Vaccinion microphylli (F2.211)], établies au niveau des crêtes ventées et froides, qui rappellent les origines artico alpines d’une partie de la végétation des Alpes.
Cinq autres habitats remarquables sont présents : les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (F7.4E)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (E2.31)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (D2.2)], les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae et Dryopteridion abbreviatae (H2.3111)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (H3.251)].
Flore
Le site comprend 20 espèces végétales déterminantes dont 7 sont protégées au niveau national : le Saule de Suisse (Salix helvetica), la Tofieldie boréale (Tofieldia pusilla), l'Androsace des Alpes (Androsace alpina), l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata) et la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico alpins froids d’altitude. Huit sont protégées en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : l'Orchis de Traunsteiner (Dactylorhiza traunsteineri), la Sabline de Clémente (Facchinia lanceolata), endémique des Alpes du Viso, le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), l'Orchis nain des Alpes (Chamorchis alpina), l'Azalée naine (Kalmia procumbens), le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico-alpine rare des marécages et bords de ruisselets, le Trisète en épi à panicule ovale (Trisetum spicatum subsp. ovatipaniculatum) et le Saxifrage à deux fleurs (Saxifraga biflora). Cinq espèces n’ont pas de statut de protection : la Laîche très noire (Carex atrata var. aterrima), le Sainfoin de Briançon (Hedysarum brigantiacum), légumineuse récemment décrite, le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins, l'Oréochlora fausse seslérie (Oreochloa seslerioides), graminée des pelouses rocailleuses acidophiles à rechercher, et le Saxifrage à tige dressée (Saxifraga adscendens), historiquement signalé et à rechercher également.
Par ailleurs, le site comprend 5 espèces végétales remarquables dont deux sont protégées au niveau national : la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires et le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude. Une est protégée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses. Deux espèces n’ont pas de statut de protection : le Genépi noir (Artemisia genipi) et la Gentiane de Schleicher (Gentiana schleicheri).
Faune
Vingt espèces animales patrimoniales ont été recensées sur ce site dont cinq sont déterminantes.
Une espèce de mammifères d’intérêt y est observé, le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé déterminant de nette affinité montagnarde et d’intérêt communautaire.
On y rencontre quatre espèces d’oiseaux remarquables : la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1 100 et 2 900 m, le Lagopède alpin (Lagopus muta), galliforme menacé et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où il occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, le Monticole de roche (Monticola saxatilis), qui affectionne les éboulis et les affleurements rocheux bien exposés des étages montagnard et subalpin, entre 1 200 et 2 500 m d'altitude et la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléo-montagnarde, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés.
Un amphibien déterminant est également présent : la Salamandre de Lanza (Salamandra lanzai), espèce endémique du massif du Mont Viso.
Plusieurs papillons de jour (rhopalocères) notables ont été recensés dont deux déterminants, le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), espèce endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata) et le Solitaire (Colias palaeno europomene), protégé en France, et dont cette sous-espèce est localisée et endémique des Alpes internes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.). Six taxons remarquables s'y ajoutent : l’Hespérie du pas-d’âne (Pyrgus cacaliae), espèce de la famille des Hespéridés, dont la répartition est limitée aux Alpes avec deux isolats en Bulgarie et Roumanie, liée à des potentilles dans les pelouses subalpines, surtout en bordure de zones humides, l'Azuré de la canneberge (Agriades optilete), espèce holarctique remarquable localisée en France dans les Alpes internes et du nord, dans les landes et tourbières à airelles (Vacciinum ssp.), l’Azuré de la croisette (Phengaris alcon), protégé en France, lié aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude, le Petit Apollon (Parnassius corybas), papillon protégé nationalement des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux-aïzoon (Saxifraga aizoides), et la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes des Brassicacées.
Concernant les orthoptères, on notera la présence de quatres espèces remarquables : la Miramelle piémontaise (Epipodisma pedemontana), vivant dans les prés et landes des étages alpin et subalpin, entre 1 800 et 2 900 m d’altitude, endémique des Alpes franco-italiennes, la Miramelle des frimas (Melanoplus frigidus frigidus), criquet d'affinité boréo-alpine qui s'observe surtout au-dessus de 2 000 m et jusqu'à la limite des névés, du Sténobothre cottien (Stenobothrus cotticus), espèce endémique de l’arc alpin, inféodée aux éboulis, rochers à végétation maigre et pelouses écorchées entre 2 000 et 2 800 m d’altitude et du Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), d’affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement lié aux prairies très humides et surfaces marécageuses.
D’autres insectes sont à mentionner, notamment le trichoptère Drusus lepidopterus qui est déterminant et Agolius abdominalis, espèce remarquable de Scarabaeidae.
Des inventaires complémentaires seraient à entreprendre concernant la faune.
Fonctionnalité lien avec ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930012757 - Vallées et Parc Naturel Régional du Queyras - val d'Escreins ».
De nombreuses connexions existent entre ce vallon ouvert et ses voisins au niveau des cols, des crêtes, et des entrées de vallons, du fait d’un relief relativement peu accusé.
La gestion pastorale du site semble actuellement permettre un relativement bon état de conservation de la flore et des habitats présents et semble avoir trouvé un équilibre avec une abondante faune sauvage (mammifères). La pression pastorale forte est toutefois susceptible de menacer la pérennité de certaines espèces végétales rares, particulièrement sensibles comme la Tofieldie naine (Tofieldia pusilla) et nécessite des efforts actifs de gestion conservatoire.
En revanche, les abords des lacs du Malrif subissent une forte fréquentation touristique aboutissant au piétinement du sol et des plantes et à une pollution visuelle et sonore liée aux nombreux passages et aux détritus abandonnés sur place. Signalons l'attrait des Genépis et en particulier, du Genépi des glaciers (Artemisia glacialis) sur les éboulis de calcschistes à des fins de récoltes privées et commerciales. Cela peut aboutir ponctuellement à des arrachages excessifs de ces plantes et à une érosion accélérée du sol par les déplacements répétitifs des cueilleurs.
L’ensemble est délimité par la topographie très marquée qui détermine un haut vallon d’altitude, comprenant un important complexe de zones humides variées en inter-relations : sources, ruisselets, bas-marais de pente et lacs d’altitude.