ZNIEFF 930012780
VALLON ET MONTAGNE DU MALRIF - LACS DU MALRIF

(n° régional : 05108127)

Commentaires généraux

Description

Localisé dans la partie est du département des Hautes Alpes et au nord du Parc Naturel Régional du Queyras, le site correspond à un vallon suspendu au dessus en rive droite du Guil.
Il se situe dans la partie orientale du massif du Queyras qui est essentiellement composée de schistes lustrés appartenant à la zone piémontaise.
Localisé dans la zone biogéographique intra alpine du Briançonnais Queyras, il est soumis à un climat montagnard de type continental sec, teinté d'influences adriatiques plus humides en provenance de la plaine du Pô.
Débutant à l’étage de végétation subalpin supérieur à environ 2020 m d'altitude, Le site culmine à 3250 m au Grand Glaiza. Il est principalement établi dans les étages de végétation subalpin et alpin.
Ce vallon, caractérisé par de grandes étendues herbeuses sur des pentes relativement peu prononcées, est entouré de crêtes ébouleuses. Plusieurs lacs d'altitude, dont la surface de l'un d'entre eux dépasse 5 ha, renforcent l’intérêt écologique du site.

Milieux remarquables

Deux habitats déterminants sont représentés. Il s’agit de milieux humides : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)] et les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)]. Ce dernier, d'une très grande valeur patrimoniale, renferme plusieurs espèces végétales rares à forte valeur patrimoniale. Cet habitat est présent ponctuellement dans de nombreux secteurs du site, avec un cortège floristique tout à fait caractéristique.
Sept autres habitats remarquables sont présents : les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3), les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae et Dryopteridion abbreviatae (61.1)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].
La présence d'un autre habitat original mérite d’être signalée : les landines riches en lichens à Airelle bleue (Vaccinium uliginosum) et Azalée naine (Loiseleuria procumbens) [all. phyto. Loiseleurio procumbentis Vaccinion microphylli (31.41)], établies au niveau des crêtes ventées et froides, qui rappellent les origines artico alpines d’une partie de la végétation des Alpes.

Flore

Le site comprend dix-sept espèces végétales déterminantes dont six sont protégées au niveau national : la Tofieldie boréale (Tofieldia pusilla), l'Androsace des Alpes (Androsace alpina), l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata) et la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico alpins froids d’altitude. Sept sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Sabline de Clemente (Minuartia rupestris subsp. clementei), endémique des Alpes du Viso, le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), l'Orchis nain des Alpes (Chamorchis alpina), l'Azalée naine (Kalmia procumbens), le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, le Trisète en épi à panicule ovale (Trisetum spicatum subsp. ovatipaniculatum) et le Saxifrage à deux fleurs (Saxifraga biflora). Quatre espèces n’ont pas de statut de protection : le Sainfoin de Briançon (Hedysarum brigantiacum), légumineuse récemment décrite, le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins, l'Oréochlora fausse seslérie (Oreochloa seslerioides), graminée des pelouses rocailleuses acidophiles à rechercher, et le Saxifrage à tige dressée (Saxifraga adscendens), historiquement signalé et à rechercher également.

Par ailleurs, le site comprend six espèces végétales remarquables dont deux sont protégées au niveau national : la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires et le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude. Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses. Deux espèces n’ont pas de statut de protection : le Genépi noir (Artemisia genipi) et la Gentiane de Schleicher (Gentiana schleicheri).

Faune

Six espèces animales patrimoniales ont été recensées sur ce site dont deux sont déterminantes.
On y rencontre ainsi deux espèces d'oiseaux : l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), espèce remarquable holarctique présente du littoral à la haute montagne (concentrée sur les trois départements alpins) dans les milieux ouverts à sites rupestres et le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax). Un amphibien déterminant est également présent : la Salamandre de Lanza (Salamandra lanzai), espèce endémique du massif du Mont Viso. Trois papillons de jour (rhopalocères) ont été recensés : le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), espèce  déterminante endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata), le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce remarquable et protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est principalement inféodée au Saxifrage faux aizoon (Saxifraga aizoides) et l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable relicte de l’ère tertiaire, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude.
Des inventaires complémentaires seraient à entreprendre concernant la faune.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_108_100   Vallées et Parc Naturel Régional du Queyras   val d'Escreins».
De nombreuses connexions existent entre ce vallon ouvert et ses voisins au niveau des cols, des crêtes, et des entrées de vallons, du fait d’un relief relativement peu accusé.
La gestion pastorale du site semble actuellement permettre un relativement bon état de conservation de la flore et des habitats présents et semble avoir trouvé un équilibre avec une abondante faune sauvage (mammifères). La pression pastorale forte est toutefois susceptible de menacer la pérennité de certaines espèces végétales rares, particulièrement sensibles comme la Tofieldie naine (Tofieldia pusilla) et nécessite des efforts actifs de gestion conservatoire.
En revanche, les abords des lacs du Malrif subissent une forte fréquentation touristique aboutissant au piétinement du sol et des plantes et à une pollution visuelle et sonore liée aux nombreux passages et aux détritus abandonnés sur place. Signalons l'attrait des Genépis et en particulier, du Genépi des glaciers (Artemisia glacialis) sur les éboulis de calcschistes à des fins de récoltes privées et commerciales. Cela peut aboutir ponctuellement à des arrachages excessifs de ces plantes et à une érosion accélérée du sol par les déplacements répétitifs des cueilleurs.

Commentaires sur la délimitation

L’ensemble est délimité par la topographie très marquée qui détermine un haut vallon d’altitude, comprenant un important complexe de zones humides variées en inter-relations : sources, ruisselets, bas-marais de pente et lacs d’altitude.