ZNIEFF 930012783
BOCAGE DE PUY-SAINT-EUSÈBE ET DE PUY-SANIÈRES

(n° régional : 05116100)

Commentaires généraux

Description

Localisé au niveau de la bordure sud de la partie centrale du département des Hautes Alpes et à l’est de la vallée d’Embrun, le site est établi dans la partie inférieure du versant méridional du Mont Guillaume. Il correspond à une zone bocagère établie sur des pentes douces à moyennes.

Les dépôts glaciaires würmiens abandonnés par l‘ancien glacier de la Durance constituent l’essentiel de la couverture géologique. Ce placage morainique recouvre des terrains marneux (terres noires de Serre Ponçon) du Jurassique qui affleurent très localement. Quelques ravines et cônes torrentiels se remarquent également sur le site.

Etabli dans la zone biogéographique des Alpes intermédiaires sud dauphinoise, le site est inclus dans les étages de végétation collinéen supérieur et montagnard aux affinités climatiques supra méditerranéennes marquées, entre 790 m et 1 210 m d’altitude.

Il est principalement composé par un bocage associant des haies de feuillus divers et des coulées boisées de Chêne pubescent (Quercus humilis), Pin sylvestre (Pinus sylvestris) et Pin noir (Pinus nigra) qui délimitent des milieux prairiaux et culturaux, ainsi que leurs divers faciès d’embuissonnement. Prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus), petits champs de céréales et cultures fourragères encore riches en plantes messicoles, landes à Genêt cendré (Genista cinerea), fruticées xérophiles d’adret riches en arbustes divers, clapiers de pierres sèches, ruisseaux et petits réservoirs constituent autant d’habitats supplémentaires, étroitement associés au bocage, qui contribuent à l’importante biodiversité du site.

Milieux remarquables

De petits champs cultivés (céréales et luzerne notamment) riches en espèces messicoles [all. phyto. Caucalion lappulae (82.3)] et d’autres milieux issus de pratiques agricoles traditionnelles, tels que les prairies hygrophiles [all. phyto. Molinion caeruleae (37.2)], les prairies mésophiles de fauche de plaine et de moyenne altitude à Fromental (Arrhenatherum elatius) [all. phyto. Arrhenatherion elatioris (38.22)], les prairies pâturées [all. phyto. Cynosurion cristati (38.1)] et les prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)], au sein desquelles se développent un grand nombre d’orchidées, constituent une mosaïque d’espaces ouverts de fort intérêt écologique et permettant le maintien d’une biodiversité importante.

Ces espaces ouverts sont délimités par un réseau bocager (84.2) encore bien préservé et qui constitue un maillage important et joue par ailleurs un rôle essentiel de corridor écologique, notamment pour l’avifaune.

Quelques coulées forestières occupent de petits ravins. Ce sont généralement des boisements thermophiles et supra méditerranéens de Chêne pubescent (Quercus humilis) [all. phyto. Quercion pubescenti sessiliflorae (41.711)] ou des pinèdes de Pin sylvestre [all. phyto. Ononido rotundifolii Pinion sylvestris (42.53)] ou issues de reboisements anciens.

Flore

Ce site compte une espèce déterminante, avec la Gentiane des marais (Gentiana pneumonanthe), une espèce en voie de raréfaction généralisée en France, suite à la destruction des zones humides. Des prospections complémentaires seraient à entreprendre sur ce site globalement méconnu.

Faune

Ce site offre un patrimoine faunistique d’un intérêt biologique élevé. Il recèle, en effet, pas moins de 24 espèces animales patrimoniales dont neuf sont déterminantes.

Parmi les mammifères locaux d’intérêt patrimonial figurent ainsi en particulier : le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable d'intérêt communautaire, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable forestière relativement fréquente et le Cerf élaphe (Cervus elaphus).

Le cortège avien nicheur, particulièrement riche en espèces de milieux ouverts, parfois d’affinité steppique méditerranéenne, comprend quatre espèces déterminantes : le Busard cendré (Circus pygargus), rapace remarquable d’affinité steppique méditerranéenne, des milieux ouverts à végétation herbacée plutôt dense et recouvrante, le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre, le Moineau soulcie (Petronia petronia) et le Râle des genêts (Crex crex), espèce typique des prairies humides et extrêmement rare en PACA. Signalons également : la Bondrée apivore (Pernis apivorus), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), le Faucon hobereau (Falco subbuteo), la Caille des blés (Coturnix coturnix), le Petit Gravelot (Charadrius dubius), la Bécasse des bois (Scolopax rusticola), le Petit-duc scops (Otus scops), la Huppe fasciée (Upupa epops), le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), l'Alouette lulu (Lullula arborea), le Pic noir (Dryocopus martius), le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, la Fauvette grisette (Sylvia communis), la Huppe fasciée (Upupa epops), le Bruant fou (Emberiza cia), le Bruant ortolan (Emberiza hortulana) et le Bruant proyer (Embreiza calandra). A noter également le passage du Milan royal (Milvus milvus).

L’herpétofaune locale patrimoniale est représentée par le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce remarquable d'affinité méridionale en limite d'aire et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Parmi les insectes locaux d’intérêt patrimonial, signalons notamment l’Isabelle (Actias isabellae), espèce déterminante de lépidoptère emblématique des Alpes du sud, protégée au niveau européen, de répartition ouest-méditerranéenne morcelée (en France : Hautes-Alpes, Alpes de-Haute-Provence et Pyrénées-Orientales), principalement inféodée aux peuplements de Pin sylvestre des versants abrités entre 600 et 1 800 mètres d’altitude, le Semi Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude et le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce déterminante de lépidoptère d’affinité méditerranéo montagnarde dont l’aire de répartition ibéro provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques, surtout Festuca cinerea.

Fonctionnalité / liens éventuels avec autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 n’englobe pas de ZNIEFF de type 1.

Ce système bocager encore bien conservé, caractérisé par important maillage de haies, est de grand intérêt écologique, car il forme des corridors en contact avec les cours d’eau et les boisements montagnards de bas de versant. Ceux-ci se révèlent indispensables à la circulation et à la diffusion des différentes espèces tant animales que végétales.

Ici ce rôle de corridor prend toute sa signification, en permettant ou en facilitant les échanges entre deux importants massifs (Ecrins au nord-ouest et massifs du sud de l’Embrunais au sud-est).

Commentaires sur la délimitation

Le site intéresse un vaste système bocager encore bien conservé et son espace connexe interstitiel. Si les motivations de la délimitation sont avant tout d’ordre fonctionnel, le positionnement des limites du site est établi, lorsque c’est possible, sur des repères visuels marqués ou sur des éléments topographiques et géographiques importants : réseaux routiers et de dessertes, lisières, talwegs, ruptures de pentes, etc.